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JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE


1029, 1108 ; De duabus volant., 41, t. xcv. col. 181 a. Tout en apportant le salut à l’humanité, l’incarnation a procuré en même temps la gloire de Dieu, en manifestant à la fois sa bonté, sa sagesse, sa justice et sa puisssance. De fideorth., I. 111, 1, col. 984.

A la question : Pourquoi le Fils s’est-il incarné, et non pas le Père ou le Saint-Esprit-7 Jean répond : « Pour que la propriété hypostatique de filiation, t) u16tïjç, ne lût pas transférée à un autre, el restai immuablement à Celui qui était déjà Fils. » Ibid., 1. IV. I. col. 1108 a. Cf. De sancta Trin., 1, t. xcv, col. 12 a. Il convenait que celui qui était le Fils de Dieu lût également le Fils de la Vierge.

2. Définition et explication de l’union hypostatique. Nous avons déjà expliqué plus haut col. 712, ce que Jean entend par union hypostatique en général, et combien d’unions hypostatiques il distingue. L’union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique hypostase du Verbe est : insi définie, ou plutôt décrite par lui : « Aussitôt après le consentement de lu Vierge, le Saint-Esprit descendit sur elle pour la purifier, la rendre capable de recevoir le Verbe et de devenir sa mère. I.a Vertu et la Sagesse subsistante du Très-Haut, c’est-à-dire le Fils de Dieu, consubstantiel au Père, la couvrit de son ombre, et se forma de sa substance immaculée et très pure une chair animée d’une âme raisonnable et intelligente, prémices de notre masse et cela, par voie de créai ion immédiate par l’opération du Saint-Esprit, où ar.£piia.-.x.&ç, àX>.â 87 ; j.uo’jpytxû( ;, Sià toû àyîou nveôjjLaToç. El la forme du corps ainsi créé ne se constitua pas par des accroissements insensibles et progre s i f s ; mais ce corps acquit d’emblée sa configuration parfaite, où ~oùc, xa-rà |j.i.xp6v TCpoaOïjxatç àirapTi-Çojaévoo toû a/r, |j.aTOç, àXX’ûcp’êv TeXeitoOèv-roç. Le Verbe de Dieu lui-même servit d’hypostase à la chair ; car ce n’est pas à une chair ( une nature humaine) préalablement douée de subsistence indépendante que le Verbe s’est uni oùyàp 7ïpoG7toa~àair] xaO’èa’j-rr ;  ; aapxi r)VW071 ÔŒtoç Aôyoç ; mais le Verbe lui-même est devenu hypostase pour la chair : de sorte que, aussitôt que la chair a existé, au même moment elle a été la chair de Dieu le Verbe, au même moment elle a été animée d’une âme raisonnable et intelligente. C’est pour cela que nous parlons non d’un homme déifié mais d’un Dieu incarné. Celui qui était déjà par nature Dieu parfait, le même est devenu par nature homme parlait. Il n’a pas subi de changement dans sa nature ; il ne s’est pas non plus présenté à nous sous les dehors d’un fantôme humain, où tpavTaaaç t})V otx.ovoji.iav ; mais a la chair prise de la sainte Vierge et animée d’une âme raisonnable et Intelligente et ayant trouvé l’exis tence en lui xalèv ocÙtco tô elvai Àa/oùo-f), il s’est uni selon [’hypostase, sans contusion ni changement, ni

s ; p irai ion. Il n i pas : h uig-, la n dure de sa di ii.il ; en la substance de la chair ; il n’a pas non plus l’ait une seule nature composée, [itocv qpooiv œiSvOstov, de sa nature divine et de la nature humaine qu’il a prise, i De iule orth., I. III, u. col. 985-988. Cf. ibid., III, 12, coi. 1032 ; Contra jacobitas, 79, col. l 176 c.

(in aura remarqué un mol capital dans cette définition : Le Verbe a servi d’hypostase à l’humanité qu’il

a prise ; PImmunité n trouvé son existence, son être, to eïvou, en lui. r, èv aÙ7<T> ~C> Aôy<.> Glapît. ;, lbul.. 12, col. 1032 c. Des le premier instant de la conception dans le sein Virginal, la nature humaine a été support ce

dans l’être par le Verbe ; elle a participé à la subsistence même du Verbe, c’est dire que le Damascène fait

consister ce que nous appelons la personnalité, la subsistence, dans l’existence même, t6 elvoti, /) ÙTrap ; i ;. I.a nature humaine du Christ n’a jamais été une personne, parce que, des le premier instant, elle a partii l’existence même du Verbe et a i rouvé eu lui son

appui pour subsister. Cela même fait voir combien l’union hypostatique est étroite. Intime, vraiment substantielle, tout en respectant l’intégrité îles deux natures.

Seul, le Fils s’est incarné. Ce l’ère et le Saint-Esprit n’ont participé en rien à l’incarnation, sinon pour opérer les merveilles qui l’ont accompagnée, parce qu’ils l’ont voulue et approuvée, op. cit., 11, col. 1028 b. Toute la nature divine dans l’une de ses hypostases s’est unie a toute la nature humaine, telle que Dieu la lit à l’origine. Ibid., 6, col. 1004-1005. Seul le péché est exclu, parce que, lui seul est contre nature, p-àvi, i] àjiapTia i : apà tpooiv. Inst it. cleni., 9, t. xcv. col. 109 c.

Le Verbe s’est uni à la chair par l’intermédiaire de l’esprit, vouç, qui est la partie la plus pure de l’âme, et tient les rênes de l’âme et du corps ; mais de l’esprit lui-même Dieu le Verbe tient le gouvernail. De fide orth.. (i, col. 1005 b.

Ce n’est pas à l’humanité considérée comme simple concept, ty ; v èv tyû.fi Gscopîa xaTavoo’j(jévy ; v « pûow, ni à cette humanité commune se retrouvant dans tous les individus humains et constituant ce quon appelle l’espèce humaine. oÙts t}jv èv ttô elâei 0Ecopou[jtivY)v, mais à une nature humaine singulière, bien caractérisée par ses notes individuelles, el rentrant sous l’espèce, tyjv èv àTÔf/cp.TTjv aù-rr ; v oùaav Tfj èv tco el’Seï, que le Verbe s’est uni. Cette nature humaine, sans doute, n’a jamais été un individu, une hypostase, parce qu’elle n’a jamais subsisté en elle-même et à part ; niais elle est èvj— ôaraToç : elle a trouvé son existence et pris ses notes individualités dans l’hyposlase même du Verbe, qui la fait subsister en lui-même dans sa singularité avec tout ce qui la constitue. Ibid., I. III, 11, col. 1021 ; Contra jacobitas, 80, col. 1177 b ; Contra neslorianos, 2, t. xcv, col. 189.

L’union hypostatique est indestructible et n’a jamais été interrompue, même pendant le Iridiium rnorlis. De fide orth., 1. III. col. 1096 1097 ; Homil. in sabbatum, ’20, t. xevi, col. 632 ; cf. col. 625-628, où Jean a ? une manière spéciale de compter les trois jours et les trois nuits.

Par le fait que les deux natures du Christ. la divine et l’humaine, sont unies sans mélange ni confusion dans l’unique hypostase du Verbe, on peut les compter : car elles demeurent réellement distinctes, chacune avec ses propriétés, tout en restant unies et en se compénétrant mutuellement, -cpr/copoGruv èv àXXfjXociç. De même que dans la Trinité, nous comptons une nature el trois hypostases parfaites, réellement distinctes entre elles, bien qu’unies inséparablement et s’envahissant mutuellement ; demême dans l’incarnation nous comptons une hyppstase unique et deux natures distinctes, quoique non séparées. Le nombre, quoi qu’en disent les hérétiques, n’introduit ni la division, ni la séparalion. Son rôle est d’indiquer la quantité des choses comptées. On ne peut donc appeler une seule nature les deux natures du Christ. De fide orth.. t. III, 5, col. 1000-1001.

Ces jacobites font, à propos de la formule catholique 8ûo çoo-ei ;. une objection spécieuse. Ils disent : - Si VOUS compte/, les natures du Christ.ce ne sont pas deux natures seulement, mais trois, que vous devez trouver en lui. En effet, la seule nature humaine comprend elle-même deux natures distinctes, quoique substantiellement unies, à savoir l’âme et le corps. Nous devons, donc affirmer qu’il y a dans le Christ

trois natures : la divinité, lame humaine et le corps humain. » A cette chicane Jean l’ail plusieurs réponses, el d’abord une réponse ad homincm : Si, en vertu de l’object ion, les catholiques doivent dire : « trois natures iluns le Christ ». les jicobiles devront aussi modifier leur formule, et dire : < Le Christ est, non de deux natures, èx Sjo çùaE(ov, mats de trois indurés. » La