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    1. JEAN DAMASCÈNE (SAINT)##


JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE

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Cependant la- ?G30Xr, n’est jamais donnée comme propriété dlstinctive et incommunicable du Père. Jean dit constamment que le Fils a tout etqu’a le Père

excepte l’innascibilité. rcX^vrife àysw^aiaçxaTà rravTa ôjao-.ov toi lïarpt, De fide orth., 1. 1, 8, col. 816 c, 824 b, 82fi </ : i. III. 13, col. 1033 a ; De duabus volant., 11, coi. 141 b ; deux fois, il ajoute : excepté l’innascibilité et la paternité, -Xf, v ~rr t < ; àysvvr ( alaç xal tt ( ç -aTpoTr.TOç. De imag., iii, col. 1340 ft. t Dans la divinité supersubstantielle, il n’y a rien d’hypostatique ou de personnel que le ~b àyÉwr ; Tov et le ~b Yewrynytbv du Père, le tô yewirjTdx du Fils et le ~b èxTtopeUTÔv du Saint-Esprit. /Je duabus volunt., 33, t. xc.v, col. 169 c. ( >r. c’est seulement par ce qui est personnel, c’est seulement par le mode d’existence et par les propriétés hypostatiqucs, que les trois personnes diffèrent entre elles. De fid. orth., col. 817 a. 824 b. Tout le reste, tout ce qui est dans la ligne de la nature : opération. science, volonté, attributs divers, est commun aux trois.

Quelles sont les relations des personnes entre elles ? Jean pose en principe que le Père, étant lui-même sans principe. àvaÎTioç. àysvvYjTOç est seul principe, seule source dans la Trinité. De lui, en même temps et éternellement, sortent le Fils par génération, yevvtjtgjç, et le Saint-Esprit par procession, sx-opsuTcôç. Il est le yevv^Tcop du Fils et le -poBoXsùç du Saint-Esprit : ô IlaTrp. tcï)yt) xal aiTia ïtoû xal àytoo nv£Ou.aToç… ixôvoç aÏT’.oç ô FlaTT, :. De fuie orth., 1. 1, 12, col. 849 a. b première vue, de telles atlirmations semblent exclure toute participation du Fils à la procession du Saint-Esprit et Jean paraît déjà s’exprimer comme s’exprimera Photius cent ans plus tard. Mais ce n’est qu’une apparence. Le docteur de Damas maintient très fermement le diagramme trinitaire des Pères grecs. Il répète, après Grégoire de Nazianze, que, parti du Père, le mouvement de la vie divine se poursuit vers la dyade pour s’arrêter jusqu’à la Triade : jxovàç à—’àp^ç sic âjàSa xivqŒlaa, y-éyç.’. tt, ç TpiàSoç soty). De hymno Trisagio, 28, t. xcv, col. 60 a. Il dit, après saint Basile, que l’Esprit est conjoint au Père par le Fils, 8’.' Yioù tô riaTpl auva— ~6[i.svov. De fide orth, un, col. 856 ; après Athanase et Cyrille, que le Saint-Esprit est l’image du Fils, comme le Fils est l’image du Père, ôix.ojv toù rTaTpôç ô Ylôç. xal toù ïloû tô rivsûu.a. Ibid. Or, d’après le Damascène lui-même, il existe un lien causal entre l’image et son prototype : y) s’.xwv toû zvOpebTCOU, s ; &Xi}81voû ocWgo toù àvOpu—ou Xsys--. % :. Dialectica, 6, col. 548 c. Les comparaisons qu’il emploie maintiennent au Fils la place du milieu dans la ligne droite qui représente le mystère ; de telle sorte que le Fils apparaît inséparable du Père dans l’acte producteur du Saint-Esprit : « Le Père est la source, le Fils, le fleuve, le Saint-Esprit, la mer ; et ces trois choses ; la source, le fleuve et la mer, sont une seule nature. Le Père est la racine, le Fils, le rameau, le Saint-Esprit, le fruit et dans les trois, il y a une même essence. Le Père est le soleil, le Fils, le rayon, le Saint-Esprit la chaleur ou l’éclat. « De hieres., épil., col. 780. Le Saint-Esprit est le souflle de la bouche du Fils. In Transflg., 18, t. xevi, col. a b.

Si le Père est la source originelle de l’existence du Saint-Esprit, s’il est icpojioXeûç, il l’est par le Verbe, son Fils. On cherchera vainement chez notre auteur la formule photienne : Le Saint-Esprit procède du Père seul, est produit par le Père seul, èxTcopeôerai, -pofiâX>."-I. ïv. j.’jP, j TOÛ riarpôç. Mais on trouve chez lui les formules suivantes : Le Père est le générateur du Verbe, et par le Verbe, producteur, rcpoBoXetiç, de l’Esprit manifestateur, xal <v.->. Aoyou npo^oXeoç sxeavropixoC Qveoticrroç. Le Saint-Esprit procède

seûenxi, icpoeun, du Père par le Fils, Le Saint-Esprit procède, -poépysTa’.. du Père, et se repose dans le Fils, tj n<7j-//7.--/, ôv.rvv/ « ; ir le Père le produit comme

à travers le Fils, qui le retient dans ses bras). De fide orth., t. I, 7, col. 805 ; 12, col. 848-849. Cf. De hymno Tris., 28, t. xcv. col. 60 c. Ce que Jean refuse au l-’ils dans la procession du Saint-Esprit, c’est d’être source primordiale et indépendante de la troisième personne. Dans sa pensée, le Fils n’est pas absent de l’acte paternel par lequel surgit le Saint-Esprit ; il y coopère, niais en tant que ne faisant qu’un avec le Père et recevant de lui le pouvoir spirateur. C’est l’équivalent de la formule dogmatique : Le Saint-Esprit procède des deux en tant qu’ils ne sont qu’un seul principe. Mais la nuance que n’indique pas la formule ab utroque, à savoir que si le l-’ils est co-principe avec le Père, il ne l’est pas au même litre que le Père, parce qu’il reçoit du Père d’être spirateur avec lui, notre docteur l’exprime par les prépositions grecques èx et Su ».’Ex indique le principe primordial, le principe sans principe, le principe tout court. Aià, au contraire, indique le principe intermédiaire, le principe ayant lui-même un principe. C’est la clef des passages suivants, qui ont fait croire à certains, et à saint Thomas lui-même, que le Damascène avait nié la doctrine catholique sur la procession du Saint-Esprit : « Le Père seul est principe, piôvoç aÏTioç ô ITaTirjp. — Nous ne disons pas que l’Esprit est du Fils, Ix toû Yloû, bien que nous le nommions Esprit du Fils. Il est l’Esprit du Fils, non comme procédant de lui, s ; aÛTOÛ, mais comme procédant du Père par lui. » De fide orth., t. I, 8, col. 832 ; 12, col. 849 b ; De hymno Trisagio, loc. cil. Ce que notre docteur a dit de plus opposé en apparence au dogme catholique se lit dans l’homélie In sabb. sanctum, 4 : « La Saint-Esprit est dit Esprit du Fils, comme se manifestant par lui, et étant distribué à la créature, mais non comme ayant de lui son existence, <oç ôYaÙToij <pocvepoû[XEvov, xal ttj xtîctei [i.£Toc810’6|jt.evov, àXX’oùx èi ; aÛTOÙ ë/ov ttjv Girap^iAI. » T. xevi, col. 605 b. Mais qu’on le remarque bien : Jean nie simplement que le Saint-Esprit tienne son existence e.r Filio lanquam ex principio originali ; il ne nie pas qu’il tienne son existence ex Pâtre per Filium, c’est-à-dire du Père, par le Verbe comme ne faisant qu’un principe avec le Père. C’est donc là une question de terminologie. Plusieurs Pères grecs, comme Épiphane, Didyme l’Aveugle, Cyrille d’Alexandrie, n’avaient pas poussé jusque-là l’acribie des formules, et avaient employé l’expression ab utroque, èE, ào-epoïv, h àu.cpoTépa>v. A l’époque du Damascène, ces formules étaient démodées. On ne les employait plus : où Xéyo|i.ev, dit-il. Il faut reconnaître, du reste, que la procession du Saint-Esprit paraissait aux théologiens grecs beaucoup plus mystérieuse qu’aux théologiens latins. Ceux-ci avaient dans la théorie augustinienne une belle analogie qui montrait une différence bien nette entre les deux processions, et mettait en lumière le rôle du Fils dans la production du Saint-Esprit.

7° Création. -- La création est l’acte par lequel Dieu fait passer les choses visibles et invisibles du néant à l’être, sx toù |tj) ôvto ; elç tô slvai -apàyei. Dieu crée en pensant, et sa pensée pos.e l’œuvre, que complète le Verbe et qu’achève V Esprit. De fide orth., I. II, 2, col. 861-865. L’acte créateur est, en Dieu, tout à fait libre. < (/est par sa volonté qu’il a amené toutes choses à l’existence. » Ibid., t. I, 8, col. 812, 813 ; t. II, 12. col. 920. C’esl pour cela que la création n’est pas éternelle. Ce qui passe du néant a l’être ne saurait être éternel : r, xtIo’.ç èizl 0eoù 6svi, crEtoç è’pyov oùaa, où ouvat8t6ç ïn~. tôj Qzo>. Ibid., col. 813.

Le motif qui a poussé Dieu à créer n’est autre que son immense boule : étant bon et suprabon.ÛTtrepaYa 00ç.il nes’est pas contenté (le sa propre contemplation, mais dans l’excès de sa bonté, il lui a plu qu’il y eût des dres participant a ses bienfaits et à sa bonté. » (jp ni., i. II. 2. col. 864 ; I. IV. 13, col. L136.