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JEAN DAMASCÈNE [SAINT), ECRITS

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6. Contre les Sarrasins musulmans Jean a écrit un chapitre dans le Livre des hérésies, que nous avons déjà signale. Ce chapitre n’est pas un simple exposé de la dogmatique musulmane, mais en constitue aussi une brève réfutation. T. xav, col. 763-773. En dehors de ce morceau, Théodore Aboucara († 820) nous a conservé sous forme d’un Dialogue entre un chrétien et un Sarrasin un résumé de controverse avec les musulmans, recueilli aux leçons de Jean Damascène par ses élèves, et peut-être — bien que l’hypothèse n’aille pas sans difficulté — par Théodore lui-même. T. xav, col. 1595-1598. D’un autre dialogue avec un Sarrasin, que sans doute Jean n’a pas composé directement ni revisé, et qui doit résumer des leçons orales, nous avons deux éditions, l’une incomplète pour le texte grec, donnée par Lequien, t. xciv, col. 1585-1596 ; l’autre publiée par Galland, dans sa Bibliotheca Patrum. t. xiii. 272, et reproduite dans P. G., t. xcvi. col. 1335-1348. L’édition de Galland est la meilleure. Dans celle de Lequien, la disposition du contenu n’est pas la même. Cet essai de discussion avec les musulmans est curieux sur plus d’un point.

7. Curieux aussi les deux fragments sur les dragons et les /écs, -epi Spy.x.ôvTwv xocl aTpûyywv, t. xav, col. 1599-1601. L’auteur y combat des superstitions populaires et donne en passant, une explication du tonnerre et de la foudre.

8. Parmi les écrits polémiques de Jean, les plus célèbres, les plus originaux aussi, ceux qui, avec YExposé de la foi orthodoxe, ont le plus illustré sa mémoire, sont ies trois Discours apologétiques contre ceux qui rejettent les saintes /majes, Xéyoi à710Xoyr ( Tixol npb~ tûù ; S’.aJ3âX>.ovTa ; Ta ; àyia ; eîLovaç, t. xav, col. 1231-1420. Cette trilogie peut être considérée comme une triple édition du même traité. Le deuxième et le troisième discours reproduisent en effet, la plus grande partie du premier, mais chacun avec des changements, des éclaircissements, des additions importantes. Tous les trois se terminent par une série assez longue de témoignages patristiques, que l’auteur accompagne parfois d’un court commentaire. Les citations de Denys l’Aréopagite viennent en tête dans les trois discours. L’anglais H. Hody, dans ses prolégomènes à la chronographie de Jean Malalas, a contesté l’authenticité du troisième discours, précisément à cause d’une citation de Jean Malalas, qui serait postérieur à saint Jean Damascène. Mais on sait aujourd’hui que le chroniqueur byzantin a été contemporain de l’empereur Justinien. Cf. Krumbacher, Geschichle der byzanlinischen Litleratur, 2e édit., Munich, 1897, p. 325 sq. Les trois discours furent publiés entre les années 726 et 730 et se suivirent à peu de distance. Nous donnons ci-après des indications plus précises.

Exégèse.

L’unique œuvre exégétique qui nous

soit parvenue de saint Jean Damascène est un bref commentaire des épîtres de saint Paul, tiré en grande partie, et souvent mot à mot, des homélies de saint Jean Chrysostome et aussi des interprétations de Théodoret et de Cyrille d’Alexandrie, t. xcv, col. 1 11103 1. Le saint docteur y a mis bien peu du sien. Çà et là cependant une courte remarque est ajoutée à l’explication des exégètes, antérieurs et nous livre sa pensée personnelle. Voir, par exemple, le commentaire du passage de saint Paul, Rom. v, 12 : èç’qj --L/-s : f^uxprov, in quo omnes peccaverunt, col. 477 a. Le manuscrit qui a servi de base a l’édition de Lequien était en assez mauvais état. C’est ce qui explique, sans doute, l’obscurité de certains passages du commentaire. Quant au texte scripturaire, il dilîère en pas mal d’endroits de celui que saint Jean Chrysostome avait sous les yeux, et il mérite l’attention des exégètes.

i Morale et ascétique. — 1. Les Parallèles sacrés, -v. îepà Tra : xLX7]Xa. Il nous est parvenu sous le nom de saint Jean Damascène un vaste recueil de textes scripturaires et patristiques rangés sous les lettres de l’alphabet grec et ayant trait à la doctrine des mœurs. On a trouvé de cette compilation deux recensions différentes. La première, tirée du cod. Vatic. 1236, a été publiée intégralement par Lequien dans l’édition des œuvres du Damascène. Migne l’a reproduite t. xcv, col. 1309-1588, et t. xevi, col., ’.(-112. De la seconde, contenue dans un manuscrit ayant appartenu au cardinal François de La Rochefoucauld — d’où le nom bizarre de Parallela Rupefucaldina — le même Lequien n’a donné que des extraits également réédités par Migne, t. xevi, col. 4 12-51 1. Ni l’une ni l’autre de ces recensions, qui présentent entre elles de grandes différences dans l’ordre des matières et le contenu, ne peut être considérée comme l’œuvre primitive de Jean ; mais toutes deux ont été composées — si l’on excepte les citations des deux juifs Philon et Josèphe

— de morceaux empruntés à la compilation originale. De celle-ci nous possédons heureusement la préface authentique, à la phrase près qui a trait à Philon et a Josèphe. T. xcv, col. 1041-1044. Jean y explique la nature et la division de son œuvre, ainsi que la manière pratique de s’en servir rapidement et utilement. Il a voulu faire une anthologie scripturaire et patristiqued sentences et d’exhortations morales sur toutes sortes de sujets se rapportant à la vie du chrétien. Il divisait son travail en trois livres avec une table ingénieuse, dont il explique le maniement, permettant de trouver facilement tout ce qui, dans le recueil, se rapportait au même sujet. Le premier livre traitait de Dieu un et trine, lumière de nos âmes, c’est-à-dire, sans doute, des attributs de Dieu relatifs et de nos devoirs envers lui. Le second avait pour objet la connaissance de l’homme et des affaires humaines. Le troisième roulait sur ies vertus et les vices, chaque vice étant mis en opposition avec une vertu ; d’où le nom de Parallèles spécialement donné à cette troisième partie et qui a été indûment attribué à l’ensemble. Le titre même de Parallèles sacrés n’est pas de Jean, qui intitule son œuvre : Ta iepà, Les (textes) sacrés. Les deux compilateurs postérieurs ont bouleversé cet ordre, chacun suivant son plan particulier, et nous ont présenté en un seul livre une matière distribuée sous les lettres de l’alphabet grec, en utilisant sans doute la table composée par Jean. Aucun des deux, du reste. ne nous livre tout le contenu de l’œuvre primitive. S’ils ont enrichi celle-ci de quelques textes de Philon et de Josèphe, ils n’ont pas reproduit en entier les textes scripturaires et patristiques du recueil. C’est ce qu’on peut allirmer, après les savantes recherches de K. Holl, dans sa longue dissertation : Die Sacra Parallela des Johannes Damascenus, Texte und Untersuchungen, t. xvi, fasc. 1, 1897. Holl s’est livré à de minutieuses recherches sur les sources manuscrites. Il est arrivé à retrouver le premier livre de l’œuvre originale dans le cod. Coislin 276, qui est du xe siècle, et aussi une recension abrégée mais suffisamment fidèle du second iivre, dans le Vatic grasc. 1553. Ses conclusions ont été acceptées dans l’ensemble par les critiques ; mais on les a attaquées sur certains détails, spécialement en ce qui concerne les sources utilisées par le Damascèii". Voir sur ce point l’article de A. Êhrhard : Zu den " Sacra Parallela » des Johannes Damascenus und dem Florilegium des Maximos, dans la Byzantinische Zeilschrift, 1901, t. x, p. 394-415. Il est certain que Jean a eu des modèles pour ce genre de compilation. Il a utilisé notamment les Pandectes du moine Antiochus, la Melissa d’Antonius, et le Florilège dit de Munich. Somme toute, il a réuni la la matière première d’un compendium de théologie morale et ascétique, qui.