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JEAN CHRYSOSTOME (SAINT), VIE

3. Le plus célèbre de tous les traités de Jean est l’ouvrage en 6 livres de Sacerdotio écrit sans doute à Antioche entre 381 et 385, sous forme de dialogue entre l’auteur lui-même et un de ses amis du nom de Basile, t. xlvii, 623-692 ; la meilleure édition est actuellement celle de J. A. Nairn, De Sacerdotio of St John Chrysostome, dans les Cambridge patristic texts, 1906.

1. Sur l’éducation, il faut signaler un petit traité intitulé De educandis pueris liber aureus, dans l’édition de Fr. Combefis (1656). Ce traité qui ne figure pas dans P. G., a été publié en grec par Fr. Schulte, Joanna Chrysostomus, De inani gloria et de educandis liberis. Münster. 1914.

5. Trois livres Ad Stagirium a dæmone vexatum, écrits entre 381 et 385, P. G., t. xlvii, col. 423-194, sont à rapprocher plus par leur sujet que par l’époque de leur composition de deux autres traités qui parlent aussi de l’utilité des souffrances : Quod nemo lœditur nisi a seipso, t. lu. col. 459-480, et Ad eos qui scandalizati tunt ob adversilates, t. tu, col. 179-528. Ces deux derniers livres ont été composés en 405 ou 406 pendant l’exil de Jean.

6. Deux ouvrages de Jean ont un caractère apologétique : l’un De sancto Babyla contra Juliunum et gentiles, est dirigé contre Julien l’apostat et les païens, t. i, col. 533-572 ; l’autre Contra Judœos et Gentiles quod Christus sit Deus, est une démonstration par les prophéties de la divinité du Sauveur. T. xlviii, col. 813-838.

7. Enfin deux écrits disciplinaires datant des premiers temps de l’élévation de Jean au patriarcat : Adversus eos qui apud se habent virgines subintroductas, t. xi. vu. col. 19.5-51 l, et : Quod regulares feminse viris cohabilare non debeant, t. xi.vu, 513-532.

Les lettres. Il nous reste de Jean environ 240 lettres, généralement assez courtes et qui datent toutes de la période de son second exil (404-407). La plupart de ces lettres sont des écrits de consolation ou d’encouragement, destinés autant à maintenir intacte l’énergie des amis de l’archevêque exilé, qu’à leur donner de ses nouvelles. Les plus intéressantes sont deux lettres au pape Innocent Ier, P. G., t. lii, col. 529-536, et dix-sept lettres à Olympias, une riche veuve de Constantinople qui s’était montrée pleine de dévouement pour son évêque. T. lii, col. 549-623.

6° Parmi les Écrits inauthentiques qui portent le nom de Jean trois doivent être signalés ici, parce qu’il ont spécialement importants, et que le problème de leur origine n’est pas en : ore clairement élucidé.

1. Le premier est la liturgie de saint Jean Chrysostome qui est employée dans les églises grecques-catholiques d’Orient. Le concile quinisexte de 692 ne connaît pas encore de Liturgie de saint Chrysostome : et l’on ne sait ni de quelle date est cet ensemble de prières, ni quand on a commencé à y voir l’œuvre de Jean. Voir les diverses études publiées à ce sujet dans Χρυσοστομιϰά, Rome, 1908, fasc. 2. en particulier, celle de Pl. de Meester, Les origines et les développements du texte grec de la liturgie de saint Jean Chrysostome, p. 245-357.

2. Un manuel d’introduction biblique, sous le titre de Synopsis Veteris et Novi Testamenti n’a été jusqu’ici publié, et peut être ne subsiste que dans un texte lacuneux et Fautif, P. G., t. i.i. col. 313 386 ; l’édition de Montfaucon a été complétée par Bryennios et par Klostermann qui ont fait connaître de nouveaux manuscrits de cet ouvrage, dont l’origine demeure inconnue. E. Klostermann, Analecta zur Sepluaginta, Hexapla mut Patristik 1895, p. 77 sq. ; Th. Zahn, Geschichte des N. T. Kanons, t. ii. p. 326 sq.

3. Quant à l’Opus imperfectum in Mathæum, commentaire latin, d’ailleurs incomplet sur le Ier évangile, et qui est généralement annexé aux œuvres de Saint Jean Chrysostome, P. G., t. i.vi, col. 615-946, c’est à coup sûr l’œuvre originale d’un écrivain latin sans aucun doute arien et d’origine barbare. On a essayé récemment de le porter au compte de l’évêque goth Maximin. On trouvera les indications nécessaires et la littérature la plus récente dans J. Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l’Empire romain. Paris. 1918, p. 474-482.

III. L’enseignement théologique de Jean Chrysostome. — On se tromperait du tout au tout, si l’on voulait voir dans Jean un théologien au sens strict de ce mot. Les controverses ne l’intéressent pas et n’ont aucune prise sur lui. Il vit d’ailleurs à une époque et dans un milieu où il n’y a pas de grand problème à résoudre : au lendemain des luttes sur la Trinité contre les ariens : à la veille des luttes sur l’Incarnation contre les nestoriens et les eutychiens. Mais son tempérament suffit à expliquer l’indifférence qu’il manifeste pour la spéculation : il est avant tout homme d’action, prédicateur et moraliste. Il enseigne a bien vivre, plutôt qu’à bien penser, coi 1 liant que ceux-là penseront bien qui vivront bien.

Aussi n’est-il pas de ceux qui ont fait progresser la théologie. Il est loin d’avoir dans l’histoire des dogmes l’importance d’un saint Basile ou d’un saint Grégoire de Nysse. On pourrait écrire cette histoire, sans presque citer son nom, rien ne manquerait pour l’intelligence du développement doctrinal. L’intérêt qu’il y a à étudier la théologie de Jean est ailleurs, il vient précisément de ce que cette théologie n’est pas la sienne, mais celle de tout le monde, celle de l’Église d’Antioche où il a été élevé et dans Laquelle il enseigne, celle des simples chrétiens qui ne cherchent qu’à bien vivre sans vouloir expliquer les mystères insondables.

1° Le point de départ de tout l’enseignement de Jean c’est l’Écriture Sainte. Sa prédication est avant tout une exégèse. S’il n’a pas composé de commentaire des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, il a fait, pour le plus grand nombre d’entre eux. ce commentaire en le prêchant. Il n’aurait pas été Antiochien s’il ne s’était pas attaché d’abord à l’explication littérale des textes : de là l’importance qu’il attribue à la solution des difficultés grammaticales, à la discussion des variantes entre les manuscrits, à l’indication des circonstances historiques qui ont accoini l’apparition de tel ou tel livre. Il connaît l’allégorie, si fort en honneur dans l’école d’Alexandrie, mais il préfère de beaucoup l’interprétation littérale qui est plus vraie. In Is., i, 22 ; P. G., t. lvi. col. 23. À propos d’Isaïe, v, 7, il déclare que la sainte Écriture elle-même donne clairement à connaître quand et où l’explication tropologique est permise ou même ordonnée : si elle allégorise, elle explique aussi l’allégorie : ibid., col. 60. Sur Isaïe, vi, 6 sq. après avoir mentionné une interprétation figurée, il poursuit : pour nous, nous nous en tenons à l’histoire : ᾑμεῖς δὲ τέως τῆς ἱστορία ἐχόμεθα. Ibid., col. 72.

Malgré ces déclarations, Jean ne se refuse pas à montrer souvent le caractère allégorique de l’Ancien Testament, et après avoir donné le sens littéral d’un passage de montrer comment il peut s’interpréter ϰατ’ἀναγωγήν ou μυστιϰῶς. Le type est pour lui une prophétie voulue par l’Esprit Saint, prophétie qui ne se distingue de l’autre que parce qu’elle est recouverte non par des mots, mais par des choses Hom. vi de pænit., t. xlix. col. 320. Ainsi dit-il par exemple de l’arche de Noé t : Toul cela avait une signification mystérieuse ; c’était une image de l’avenir : dans l’arche était préfigurée l’Église, dans Noé. le Christ, dans la Colombe, le Saint Esprit, dans la feuille d’olivier. l’amour de Dieu pour les hommes. Hom. vi de Lazaro, 7. t. xlviii. col. 1037. De même interprète-t-il le sacri-