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JE A N - B A P T I S T E B A P T È M 1. I > I. SAIN T. NATURE D U R 1 T K

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Le baptême des prosélytes était un rite d’initiation auquel devait se soumettre tout païen qui se convertissait au Dieu d’Israël. Cf. Lagrange, Évangile selon s lint Marc, p. 5 ; Labauche, Leçons de théologie dogmatique, Paris, 1918, t. iii, p. 19. Ce rite était pour eux comme une nouvelle naissance et le commencement d’une vie nouvelle. D’après Calmet, op. cit., p. 324, Notre-Seigneur aurait eu en vue ie baptême des prosélytes quand il reprocha à Nicodème de ne pas comprendre la possibilité d’une renaissance. Joa., iii, 10. Il est vrai qu’on conteste aujourd’hui que le baptême des prosélytes ait été en usage au temps de Jésus. Cf. Initiation chrétienne, dans d’Alès, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. ii, col. 794. Quoi qu’il en soit de la controverse, il est facile de voir que, dans l’hypothèse de la coexistence des deux rites, il n’était pas possible de les confondre, quelle que fût, d’ailleurs, la parenté qui les unît. Jean baptisait non des convertis de la gentilité, mais des enfants d’Israël ; la vie nouvelle, dont l’ablution du Baptiste, était le symbole, n’était pas une vie de pureté légale, mais déjà une vie de justice ; l’acte du néophyte ne signifiait pas l’engagement de se soumettre aux prescriptions de la Loi, mais l’espérance d’entrer bientôt, régénéré et purifié, dans le royaume du Messie.

3° // est distinct du baptême chrétien et inférieur à lui. Au temps même où ils se donnaient tous deux, le baptême de Jean et le baptême chrétien se distinguaient nettement l’un de l’autre, chacun d’eux ayant des traits caractéristiques. Au cours despremiers siècles, ils furent confondus par quelques hérétiques isolés, luciférienset donatistes contre lesquels s’élevèrent éner giquement saint Jérôme et saint Augustin. Au moyen âge en ne cite dans l’enseignement de l’École qu’une note discordante, celle de Pierre Lombard. Ce n’est cependant qu’après d’assez longues discussions que les Pères du concile de Trente se décidèrent à faire de la supériorité du baptême chrétien niée par la Réforme, une définition de foi.

1. Le langage de la sainte Ecriture, a) Le rite du Baptiste s’appelle le baptême de Jean. — Cf. Matth., m. 7 ; xxi, 25 ; Marc, xi, 30 ; Luc, xx, 4 ; Act., i. 22 ; xviii, 25, xix., ’Î.I.es premiers chrétiens au contraire étaient baptisés au nom de Jésus, Act., ii, 38, au nom du Seigneur. Ad.., 18 ; xix, 5 ; cette seule différence de langage est déjà la preuve que le. deux baptêmes n’étaient pas estimés identiques dans les communautés primitives, l.e rite johannique, quoique d’origine divine, n’était qu’une ablution corporelle, aussi port ait-il le nom de l’homme qui l’exécutait. Qu’on observe que la consigne opposée esi donnée par saint Paul en ce qui concerne le baptême chrétien : … Numquid… in nomine Pauli baplizaii estis ? Grattas ago Dru quod neminnn veslrum baptizavi, nisi Crispum et Caium ; ne quis dicat quad in nomine meo baptizati estis. I Cor., I, 13-15. C’est dans le Christ Jésus que nous avons Ions

été baptisés, Rom., vi, 8 ; Gal., iii, 27. Pourquoi cette différence de vocabulaire ? Saint Thomas nous le dit : Baptismus autrui nova legts non denominatur a ministra qui prlncipalem baptismt effectum non agit, scilicet interiorem emundalionem. Sum, final, [II », q, jtxxviii, a. 2, ad 1’"".

b) C’est un rilr de prépara’ion messianique. - Les bu in blés protestations du Baptiste le laissent entendit’; il se donne CO 16 précurseur du Messie, inférieur a

lui comme l’esclave est inférieur au maître, chargé

seulement de préparer ses voies. Joa., i, 23. Il avait prévenu la liai’sauce du Christ par sa naissance, la prédication du Christ par sa prédication ; il devail

encore prévenir le baptême du Christ par son bapléme. c’était dans l’ordre de ses fondions.

Le baptême de.ban fui donc Institué dans un but particulier : sni ut manifestetur m Israël, propterea veni

ego in aqua baptizans. Joa., i, 31. Le Baptiste ne cessait de prêcher le Messie aux foules qui accouraient sur les rives du Jourdain. Saint Paul dit formellement qu’il baptisait ses néophytes in eum qui venturus esset post ipsum ut crederent, hoc est, in Jesum. Ad., xix, 4. Quand il dut, malgré ses résistances, verser l’eau symbolique sur la tête de Celui qu’il prêchait, il saisit avec empressement cette occasion unique de lui rendre un hommage retentissant. Joa., I, 29, 34, 36.

Toujours il persista dans la même attitude, faisant comprendre à ses disciples que sa mission n’était que temporaire ; il avait insinué tout au début de son ministère que cette mission se terminerait quand commencerait celle de Jésus : « Je vous ai baptisés dans l’eau, mais lui vous baptisera dans’l’Esprit Saint. » Marc., i, 8. Plus tard il dira nettement qu’il doit s’eflacer devant le Christ : « Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’écoute est ravi de joie à la voix de l’époux. Or cette joie qui est la mienne est pleinement réalisée. Il faut qu’il croisse et que je diminue. Joa., iii, 29-30. Ce que saint Thomas commente en ces termes : Quoi’, autem consummatur per sponsum initiutur per paranymphum, scilicet Joannem. Sum. theol., III », q. xxxviii. a. 3, ad l" 1 ". Jean est le paranyinphe : il a préparé la solennité nuptiale, il a travaillé au bonheur de l’époux. Le jour des noces étant arrivé, son rôle est fini ; pour que tous les regards se concentrent sur le héros de la fête qui est l’époux, il doit discrètement se retirer. Ainsi fait Jean : s’il ne cesse pas de baptiser au lendemain même du baptême du Christ, c’est qu’il considère que le but providentiel pour lequel il a été envoyé n’est p ;.., encore atteint. La manifestation du Christ en Israël ne fait que commencer ; et ce n’est pas le baptême du Christ qui était le suprême objectif poursuivi par le Précurseur, mais le. baptême des autres par le Christ. Du reste le déclin prévu ne tarde pas à se produire ; dans le temps très court où les deux baptêmes se conféraient parallèlement, nous savons que le Christ (par ses disciples) baptisait déjà plus que Jean. Joa., iv, 1. De sa prison Jean, qui ne baptisait plus, connut la réalisation de ses prophéties, les progrès et le triomphe du baptême de Jésus.

c) C’est le baptême de pénitence pour la rémission des péchés, et le baptême d’eau. — La purification intérieure dont parle saint Thomas se présente au point de vue théologique sous un double aspect, aspect négatif, la rémission des péchés, aspect positif la présence de l’Esprit Saint. Les deux aspects s’appellent d’ailleurs l’un et l’autre et sont corrélatifs.

La rémission des péchés est obtenue directement sous la loi chrétienne ; le baptême de Jésus est la cause prochaine de la grâce, il la produit ex opère operato ; c’est pourquoi on dit couramment dans la sainte Écriture qu’il lave, qu’il sauve… Eph., v, 26 ; Tit., iii, 5. Au baptême de Jean on est loin d’attribuer une telle vertu ; il s’appelle baptême de pénitence, parce que c’est moyennant la pénitence, donc ex opère operanlis, qu’il obtient pour ceux qui le reçoivent le pardon de leurs fautes. La grâce devail être apportée par le Messie, Joa., i, 17 : le Précurseur y préparait, mais son rite pénitentiel, qui comportait un baptême et la confession des péchés, ne constituait pas tout ce qu’il exigeait de ses néophytes : il était seulement destiné à provoquer de bonnes dispositions de Justice et de piété, seulecapables d’obtenir directement rémission et pardon.

Du reste Jean n’a-t-il pas toul dit quand, de prime

abord, il a établi lui-même une distinction 1res nette entre son baptême et le baptême du « plus puissant » ’? moi Je vous ai baptisés dans l’eau, niais lui vous baptisera dans i<- Saint-Esprtt, Marc, i, .s, dont l’Esprit

Saint ri dans le feu. Matth.. m. Il et Luc. m. 10.