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JEAN XII

.) E AN Mil

fameux : prima sedes a neminc judicatur, couramment

invoqué en des circonstances analogues, dans le cas. par exemple, du pape S mimique ou du pape Léon [IL Si peu intéressant que fut. dans l’espèce, le pape incriinine. il n’en refait pas moins le dépositaire légitime de l’autorité : le cas du concile de 963 constituait un précédent des plus fâcheux. Tous les antipapes que créeront dans la suite des ftges les césars germaniques seront opposes au pape légitime par application du même procédé sommaire. Le césaro-papisme de Byzance est rejoint et même dépasse.

Et, puisqu’on entrait délibérément dans la voie de l’illégalité, on en commettait une seconde en appelant au siège apostolique un certain Léon, protoscriniaire de l’Église romaine, un simple laïque, et ceci en dépit d’une règle dont la violation n’avait jamais passé sans protestation. Le néophyte Léon, qui compte comme le pape Léon VIII. reçut en deux jours tous les ordres ; le 6 décembre, il était consacré à Saint-Pierre. C’est sans doute à ce moment que le Privilège d’Otton reçut le remaniement dont nous avons parlé. « Le serment de fidélité à l’empereur que devra prêter tout nouvel élu au siège pontifical sera celui-là même qu’a prêté spontanément Léon. » On canonisait ainsi une autre mesure prise au moment de l’entrée d’Otton au mois de novembre. Au dire de Liutprand les Romains s’étaient alors engagés à ne plus élire ni ordonner aucun pape en dehors du consentement et du choix de l’empereur ou de son successeur. » Ceci d’ailleurs exprimait beaucoup mieux la réalité que la formule quelque peu hypocrite du Prii’ilège.’En fait le choix du pape passait aux mains de l’empereur. Et, sans doute, il n’y avait là qu’une substitution de personnes : le pouvoir que depuis soixante ans s’était arrogé un Théophylacte, une Marozie, un Albéric était attribué au César allemand ; mais ce qui était plus grave, c’était de voir cette abdication très solennellement consignée dans un traité. Nous dirons à l’article Léon VIII, comment les publicistes aux gages du parti impérial exploiteront plus tard les concessions faites alors.

Mais si Léon VIII s’était installé auLatran, JeanXII n’avait pas dit son dernier mot. Retiré en Campanie, il intéressait à sa cause lecomte de Capoue, Pandolphe. Dans Rome même il avait des partisans dévoués. On profita du départ d’Otton qui, en janvier 964 avait dû reprendre la campagne contre Bérenger. En février Jean rentrait à Rome, d’où Léon VIII s’était enfui en petit équipage. Le premier soin de Jean, après qu’il eut exercé sur les partisans les plus compromis d’Otton de sévères représailles, fut de réunir à Saint-Pierre un synode, qui casserait tous les actes du synode impérial. Nous en avons les actes que Baronius a publiés. La première session déposa Léon, le déclara déchu de tous ses droits et offices d’évêque et même de clerc, et. au cas où il s’aviserait de faire les fonctions sacrées, le frappa d’une excommunication dont il ne pourrait être relevé, qu’à l’article de la mort. On régla aussi le sort de ceux qui avaient été par lui ordonnés prêtres et diacres aux quatre-temps de décembre. Le concile les rétrograda ; ils furent introduits dans l’assemblée, revêtus îles ornements de l’ordre qu’ils avaient usurpé, et chacun d’eux dut écrire sur un billet : Pater meus nihil sibi habuit, nihil mihi dédit, reconnaissant par là même l’invalidité de l’ordination reçue. A la seconde session, les évéques de Portoet d’Albano, qui avaient assisté l’évêque d’Ostie pour la consécration de Léon, vinrent demander et obtinrent leur pardon. Seul, le principal coupable, l’évêque d’Ostie demeurait introuvable. Il fut jugé par contumace a la troisième session, frappé de suspense et d’excommunication au cas ou il enfreindrait l’interdit porté contre lui.

Ainsi Jean était victorieux, provisoirement du moins.

Attardé à ses opérations militaires, l’empereur remi l à plus tard de débrouiller l’affaire romaine. Il semble que Jean ait essayé de nouer des négociations avec lui. pour conjurer une nouvelle catastrophe. Vainqueur de Bérenger, (Ht on marchait néanmoins sur Rome ; en chemin il apprit la mort de Jean. Selon Liutprand. « Dieu voulant montrer à tous les siècles la justice de l’action entreprise contre le pape par ses évêques et son peuple », permit que ce malheureux trouvât la mort dans des circonstances bien pénibles. Quatlam nocie dum se viri cu.ju.sdam more obleclarct, in temporibus adeo a diabolo est percussus, ut infra dicrum oclo spatium eodem sit vulnere mortuus, serf eucharisties viaticum ipsius instinctu qui eum percusseraï, non percepit. Nous ne sommes pas obligé d’en croire Liutprand sur parole.

I. Sources.

Outre les Utiles de Jean XII, dent en trouvera le reiev édansjaflé, Ttegesla Pontificum Romanorum, t. i, p. 463-467, les trois sources principales pour la biographie de ce pape sont : Liutprand, Liber de rébus gestis Ottonis niagni imperatoris, dans Monum. Germ. hist., Script., t. iii, p. 340-346. et dans P. L., t. cxxxvi, col. 897-910 ; la notice du Liber Pontificalis, édit. Duchesne, t. ii, p. 240249 ; la Chronique de Benoit de Saint-André du Mont-Soracte, dans Momtm. Germ. hist..Script., t. ni. p. 711-710. Ces trois récits semblent indépendants. Pour les autres chroniques soit contemporaines, soit postérieures, il convient de remarquer que plusieurs dépendent directement ou indirectement de Liutprand. C’est vrai tout spécialement du Continuateur de Régmon, dans Monum., ibid., t. i, p. 021626, le plus précis pour toute cette période. On trouvera dans Watterich, Ponlif. rom. vitec, t. i, p. 41-62, et p. 072679, les principaux extraits des diverses chroniques, qu’il sera toujours bonde revoir dans leur texte, car Watterich fait parfois des coupures tendancieuses. Baronius, Annales ecclesiastici, ad an. 954-964, a connu à peu près tous ces documents ; bien qu’il accorde trop de confiance à Liutprand, il vaut encore d’être consulté, surtout pour les remarques qu’il entremêle à ses citations. — Le texte des conciles dans Liutprand et Baronius, reproduit dans Mansi, Concil., t. xviii, col. 465-476. Le texte du Priuilegium Ottonis, dans Watterich, toc. cit., p. 18-22 : P. L., t. cxxxviii, col. 841846 et mieux dans Th. Sickel, dos Privilegium Ottos I fur die ronii.se/ic Kirche, Inspruck, 1883.

IL Travaux. - — Toutes les histoires générales de l’Église et de l’Allemagne traitent naturellement de la question de Jean XII à propos du sacre d’Otton. Celles qui sont rédigées par des Allemands doivent être utilisées avec précaution. On fera exception pour A. Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, 3’édit., t. iii, 1900, p. 220-230, qui est remarquablement impartial. Ilefele, Histoire des Conciles, abonde trop facilement dans le sens allemand, voir les rectifications faites par Dom Leclercq, t. ib, p. 777-816. Duchesne. Les premiers temps de l’État pontifical, p. 172-184 ; Langen, Geschichte der rômischen Kirche von Nikolaus I bis Gregor VII, p. 336-351 ; Gregorovius, Geschichte der Stadl Boni., t. iii, p. 310-339 ; IL J. Floss, Die Papslwahl unler den Ottonen, Fribourg-en B., 1858. — Pour ce qui concerne le privilège d’Otton, le travail capital est celui de Sickel, déjà cité, les travaux plus récents qui le prennent pourpoint de départ sont énumérés dans Hauck, loc. cit., p. 220, noie 1.

E. Amann.

14. JEAN XIII. pape, consacré le Ie’oc loi ire 90."), mort le 6 septembre 972. Depuis le o décembre 963, c’est-à-dire depuis le pacte conclu entre l’empereur Otton I er et sa créature le pape Léon VIII, la désignation (lu souverain pontife appartenait, en droit comme en lait, a < M Ion ri a ses successeurs. Aussi à la mort (le Léon VIII, mars 965, les Romains, sans se

préoccuper du malheureux Benoît V, toujours exilé a Hambourg, députèrent a l’empereur germanique

pour lui demander un pape. Celui-ci l’ail accompagner la députation romaine par deux missi, dont l’un était Liutprand. évêque de Crémone ; arrivés a Home, les envoyés de l’empereur fonl alors procéder par tout le peuple a l’élection de Jean, évêque de Narni. qui devient le pape Jean Mil (1 r oclobrc 965). Avec lui c’était la maison de Théophj lacle qui remontait sur le