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585 JEAN SAIN1. ORIGINE ET CARACTÈRE DES ÉPITRES JOI1ANMQUES ">SG

demeurer dans la vérité : la vraie marque de l’union à Dieu et au Christ est l’observation des commandements, spécialement du précepte de la charité fraternelle, sur lequel l’auteur insiste a plusieurs reprises, n. 7. Il : m. 1-24 ; vi, 7-21. Il faut enfin— et c’est le troisième théine essentiel de l’épître — que les fidèles gardent d’aimer le monde et ce qui est dans le monde, i. 15-18 ; iv, 1-7 ; v. 19.

2. La II* Joaiinis. — La seconde épître, beaucoup plus courte que la première, porte la suscription suivante : L’Ancien à la Dame élue, jv.Asv.7f ; v.upix. et à ses enfants et se termine par cette salutation : « Les enfants de ta sœur l’élue te saluent, i La destinataire de cette lettre semble bien être non point une personne privée du nom d’Electa, mais plutôt une communauté chrétienne, une Ég’ise particulière, personnifiée comme le sont les sept églises auxquelles sont adressées les lettres par lesquelles s’ouvre l’Apocalypse, et désignée par un nom symbolique. Le but de cette lettre, qui est une sorte de résumé de la première épître, est de préciser d’une façon plus personnelle les avertissements donnés dans celle-ci en termes généraux, et d’accentuer spécialement la réprobation des erreurs doctrinales sur la personne du Christ.

3. La III* Joannis. — La troisième épître, la plus courte des trois, est adressée par « l’Ancien » à un chrétien du nom de Gaïus, qui doit être un individu réel, et non point, comme l’ont pensé certains critiques, un personnage symbolique à la façon de la Dame élue de la seconde lettre. L’auteur félicite Gaïus pour l’hospitalité qu’il donne aux frères itinérants qui passent dans la communauté chrétienne à laquelle il appartient, et blâme par contre un certain Diotréphès, qui ne reçoit pas ces frères et tient de méchants propos contre < l’Ancien ».

2° Origine des épîtres johanniques d’après la tradition et la critique. — 1. La 1* Joannis. — a) La tiadition. — Cette épître est indubitablement nommée par des écrivains ecclésiastiques du iie siècle. Eusèbe, H. E., t. III, c. xxxix. P. G., t. xx, col. 300, atteste qu’elle était citée par Papias. Saint Irénée, Cont. hæres., . III, c.xvi, n. 8, P. G., t. vii, col. 927, en cite plusieurs passages et dit qu’elle a été écrite par Jean, le disciple du Seigneur. Le Canon de Muratori en reproduit le premier verset, en l’attribuant à saint Jean. Les écrivains postérieurs, même Denys d’Alexandrie qui contestait l’authenticité de l’Apocalypse, l’attribuent unanimement, ainsi que le quatrième évangile, à l’apôtre saint Jean. Seuls les aloges (cf. la première partie de cet article, col. 545), en rejetaient l’authenticité comme celle de l’évangile, dont nul ne mettait en doute que l’auteur fût le même que celui de la première épître.

b) Opinions des critiques. — Les critiques, catholiques ou protestants, qui admettent l’authenticité johannique du quatrième évangile admettent également l’authenticité de la I 1 Joannis. Plusieurs de ceux qui pensent que l’évangile n’est pas de saint Jean, reconnaissent du moins l’unité d’auteur de l’évangile et de la première épître, ainsi Harnack, Jûlicher, Stanton et d’autres. Certains, J. Réville, Wellhausen, Schmiedel, etc. se refusent à reconnaître dans l’épître la même main que dans l’évangile. Enfin ceux qui admettent plusieurs rédactions successives pour le quatrième évangile supposent volontiers que l’épître pourrait être l’œuvre d’un de ces rédacteurs. Ainsi Loisy, qui nie que l’épître ait rien de commun avec l’écrit fondamental qu’il suppose à la base du quatrième évangile, mais qui, croyant reconnaître dans le texte actuel de l’épître certaines interpolations, certains remaniements, mettrait volontiers en rapport la rédaction primitive de la lettre et le travail rédactionnel qui lui aurait donné sa forme actuelle avec l’œuvre des deux rédacteurs successifs

dont il découvre la main dans le quatrième évangile

2. La II* et la III’Joannis. — a) La tradition. — Ces deux épîtres ont toujours été étroitement unies dans la tradition. Il n’est pas étonnant, étant donnée leur brièveté, qu’on n’en trouve pas de nombreuses mentions et citations. Saint Irénée cite la seconde épître. Cont. Hwres., t. I, c. xvi, n. 3 ; t. III, c. xvi, n. 8, P. G., t. vu. col. 633 et 927 ; Tertullien, De pudicilia, 19, P. L., t. ii, col. 1020, parlant de la première épître de Jean, et Clément d’Alexandrie, Strom., t. II, c. xv, P. G., t. viii, col. 1004, citant cette épître comme la plus grande, laissent entendre qu’il en existe au moins une autre Le Canon de Muratori, dans un texte assez obscur, mentionne deux épîtres de saint Jean. Malgré ces attestations, l’ancienne tradition ne s’est pas montrée unanime sur l’authenticité ni même sur la canonicité de la 77* et de la III* Joannis. Origène. au rapport d’Eusèbe, /L, E., t. VI, c. xxv, n. 10, P. G., t. xx, col. 584, indiquait que tous ne regardaient pas les deux dernières épîtres johanniques comme authentiques. Quant à Eusèbe. il déclare pour son compte personnel que, si la première épître est acceptée par tous, les deux autres sont contestées, il les place parmi les à ; Ti>.£- ; ô(i.svoc, ajoutant : « qu’elles soient de l’évangéliste ou d’un autre portant le même nom » II. E.. t. III, c. xxiv, n. 17, c. xxv, n. 3, ibid., col. 268 et 269. Saint Jérôme dans sa notice sur Papias, distingue à la suite d’Eusèbe Jean l’apôtre et Jean le Presbytre et déclare que beaucoup regardent ce dernier comme l’auteur des deux petites épîtres, Vir. Ht, . 18, P. L., t. xxiii, col. 637. Cette distinction est maintenue de fait dans le canon biblique de saint Damase. Voir le texte dans Jacquier, Le Nouveau Testament dans l’Église chrétienne, t. i, p. 328. Parmi les Églises qui n’admettaient pas la canonicité de la 77 a et de la III" Joannis, il faut compter sans doute l’Église de Syrie, car l’ancienne version syriaque, la Peschitto, ne les contenait pas, et les mêmes doutes ont dû exister à un certain moment dans l’Église d’Antioche. Ces doutes peuvent s’expliquer par la brièveté de ces deux épîtres et leur caractère de lettres privées ou du moins adressées à un groupe restreint.

b) Opinions des critiques. — Les critiques modernes admettent pour la plupart que les deux petites épîtres sont du même auteur. Mais un grand nombre n’y reconnaissent pas la même main que dans la première épître. En général ceux qui attribuent a un même auteur l’évangile et la 7 a Joannis supposent un auteur différent pour les deux petites épîtres ; quelques-uns, tels que Harnack, identifient cet auteur avec le presbytre Jean, dont il est question dans le texte de Papias.

3° Arguments intrinsèques en faveur de l’authenticité des épîtres johanniques. — 1. La 7 a Joannis. — Cette épître présente, au point de vue de la langue, du style et des idées, de telles ressemblances avec le quatrième évangile qu’il ne suffit pas de supposer qu’elle provient de la même école, mais qu’il faut attribuer air : deux écrits un même auteur, ou bien admettre que l’auteur de l’épître a systématiquement imité l’évangile. La première hypothèse a pour elle le témoignage de la tradition ; ii faudrait, pour lui préférer la seconde, fourair des objections décisives contre l’identité d’auteur.

Il n’y a pas lieu de relever ici les mots et locutions, images et procédés de style caractéristiques, qui se rencontrent à la fois dans l’évangile et dans la première épître, non plus que les idées qui leur sont communes. On en trouve une liste plus ou moins complète dans les éludes particulières (I les commentaires sur la 7 a Joannis. Cf. Jacquier, Histoire des livres du Nouveau Testament, t. iv ; il. J. Holtzmann, Das Probiem des ersten johanneischen Brtefea in aetnem Verhaltniss zum Evangelium. quatre importants articles