Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

581

M AN (SAINT), CONCLUSION

582

au moins quelques remarques générales sur deux points essentiels : l’intluence possible des mystères païens et le rapport entre la doctrine johannique et la théologie de saint Paul.

Il n’y a pas lieu de contester la possibilité d’une certaine adaptation de l’Évangile, en sa forme johannique. au langage employé par les cultes de mystères. Mais, quand on étudie de près les rapprochements qui ont été établis entre certaines idées ou certains termes du quatrième évangile et les religions de mystères, on constate que les ressemblances signalées sont plus extérieures que profondes, plus matérielles et verbales que réelles. On en a vu un exemple à propos du Logos johannique comparé au Logos de Philon. Comment encore confondre la connaissance de Dieu qui constitue la foi. au sens johannique du mot, connaissance vivante et réelle qui comporte l’adhésion morale à la personne du Christ, avec l’illumination passagère produite par l’espèce d’extase qui marquait le point culminant de l’initiation dans les mystères païens’? Comment surtout ne pas se rendre compte de la différence essentielle qu’établit entre la doctrine du quatrième évangile et les cultes hellénistiques la fusion intime dans cet évangile du symbolisme mystique, de l’interprétation spirituelle et métaphysique avec la réalité historique ? Les dieux-sauveurs des religions de mystères étaient des êtres mythiques. Tout divin qu’il soit, le Christ que saint Jean présente à la foi n’est point un mythe, il est identique au Christ de l’histoire, c’est ce Jésus même que les témoins de l’Évangile avaient vu de leurs yeux et touché de leurs mains dans sa réalité humaine. Et cela suffit à creuser un fossé profond entre le christianisme, tel qu’il apparaît dans le quatrième évangile, et le mysticisme païen.

D’autre part, c’est mal comprendre les rapports entre saint Paul et suint Jean que de nier l’originalité de ce dernier, et de ne voir dans la théologie johannique qu’un développement naturel de la théologie paulinienne, combinée avec la tradition évangélique. Une analyse un peu approfondie des deux doctrines montre en effet que, s’il y a chez saint Jean et chez saint Paul un fond de doctrine identique, ils se distinguent l’un de l’autre par des points de vue nettement personnels : ils ne mettent pas l’accent sur les mêmes aspects du christianisme. Dès lors, ainsi qu’on l’a justement noté, Lebreton, op. cit., p. 4 11 : Sanday, Crilicism, p. 232, on peut, dans le développement ultérieur du dogme, discerner les deux influences se perpétuant dans deux écoles théologiques assez distinctes. Les écrits de saint Paul ont pu évidemment influ ?r sur la pensée et le langage théologiques de saint Jean, mais il n’y a pas de l’un à l’autre ûliation proprement dite, l’explication véritable de leur parenté se trouve dans la doctrine commune, celle du Christ lui-même, dont les enseignements des deux apôtres étaient l’écho, le développement à la lumière de l’Esprit divin. Pour saint Jean, en particulier, la figure du Christ qu’il a tracée en son évangile, bien qu’auréolée d’une gloire déjà céleste, est trop humaine et trop vivante pour n’être qu’une combinaison de quelques données historiques empruntées aux synoptiques avec la christologie de saint Paul. « On sent que ce n’est pas la spéculation théologique qui l’a formée, mais l’impression laissée par un homme comme nous sur un cœur d’homme. » Lebreton, op. cit., p. 1 10.

On trouvera une liste assez complète des commentaires et travaux sur le quatrième évangile publiés au cours du i siècle dans MoQatt, Introduction la Ou LiteratUre <*/ the.Y.’/'., Edimbourg, 1911 ; Jacquier, Histoire des livres du s. T., t. iv, Paris, 1908 et’Études de critique et de philologie du N. L. Paris, 1920, p. 373-450, OÙ sont signalés et

inal ses les travaux les pies récent s. Voir aussi 11. L.Jackson,

The fourth Gospel and soine récent Gernum crilicism.

I. Commentaires.

1° Chez les Pères. — Origène, commentaires dont il ne reste que des fragments publiés dans P. G., t. xiv, col. 21-829, et dans Brooke, The commentarg o/ Origen on Si John’s Gospel, Cambridge, 1896 ; s. Jean Cbrysostome, Homiliee, P. G., t. i.i, col. 23-482, dont se sont beaucoup inspires Théophylacte, P. G., I. < xxiii, col. 1133-1147 ; t. cxxiv, col. 10-317, et Euthyrnius, P. G., t. t. xxix, eol. 1207-1501 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Commentarius in S. Joannic El »., P. G., t. î.xxm-i.xxiv. Le commentaire de Théodore de Mopsueste a été édité en syriaque par J.-B. Chabot, dans le Corpus script, christ orient.. Script, syriaci, ser. IV, 1. 1, Paris, 1897.’— Parmi les Pères latins, il faut citer surtout les Tractutus in Johannis lui., de S. Augustin, P. L., t. xxxv.

An moyen âge.

A citer : Les Commentaires de Bède,

P. L., t. xcii, col. 635-938 ; de Rupert, P. L., t. clxix, col. 205-826 ; d’Albert le Grand, dans Opéra, Paris, 1899, t. xxiv ; de S. Thomas d’Aquin, dans Opéra, Paris, 187C, t. xix-xx.

3° Dans les temps modernes jusqu’au -Y/A’siècle. — Commentaires de Cajétan, dans Opéra, Lyon, 1639, t. iv ; de Tolet, Cologne, 1589 ; de Cornélius a Lapide et de dom Calmet, dans leurs commentaires de toute la Bible ; de Maldonat, dans ses Comm. in quatuor Evangelia, Pont-à-Mousson, 1576-1597.

4° Aux XIX’et XXe siècles. — 1. Catholiques. — Klce, Commentar uber das Evangelium nach Joannes, Mayence, 1829 ; Bisping, Erklàrung des Ev. nach Joannes, Munster, 1869 ; Haneberg, Evangelium nach Johannes, Munich, 1880 ; Corluy, Comm. in Ev., S. Joannis, 3e édit., Gand, 1889 ; Poelzl, Kurzgefasstcr Commentar zum Ev. des hl. Joannes, 2e édit., Gratz, 1896 ; Schanz, Comm. iiber das Ev. des hl. Joannes, Tubingue, 1885 ; Fillion, Évangile selon S. Jean, Paris, 1887 ; Knabenbauer, Comm. in Ev. secundum Joannem, Paris, 1898 ; Calmes, L’évangile selon S. Jean, Paris, 1904 ; Belser, Das Evangelium des heil. Johannes, Fribourg-en-B., 1905 ; Mari, Il Quarto Vangelo, Roma, 1910 ; Tillmann, Das Johannescvangelium iibersetzt und erklàrt, Berlin, 1913-1914. — 2. Non-catlioliques. — a) Conservateurs.

— Liicke, Comm. iiber das Ev. des Johannes, 2e édit. 1840 ; Luthardt, Das Johannische Evangelium, Nuremberg, 1850 (2e édit. 1875) ; H. Ewald, Die Johanneische Schriflen, Gcettingue, 1861 ; Meyer, Krilischexegetisches Handbuch iiber das Ev. des Johannes, 5e édit., Gcettingue, 1869 ; Godet, Comm. sur l’Évangile de S. Jean, Neuchatel, 1864 (nouv. édit. 1901) ; Westcott, Introd. and Commentar (Speaker’s Comm.), Londres, 1880 ; Plummer, The Gospel according to SI. John, Londres, 1881 ; Reynolds, Introd. and Comm. (Pulpit Comment.), Londres, 1887 ; B. Weiss, Evangelium Joliannis, Gcettingue, 1902 ; Zahn, Das Evangelium des Joliannes, Leipzig, 1908. — b) Libéraux. — ililgenfeld, Das Ev. und die Brie/e Johannis, Halle, 1849. ; Scholten, Ilct Evangelie naar Joliannes, Amsterdam, 1866 ; H. Iloltzmann, Handkommentar zum X. T., Fribourg-en-B^, 1890 (3e édit. remaniée par YV. Bauer, 1908) ; Delfî, Das vierte Evangelium, Ilusum, 1890 ; Wendt, Das Johannesevangelium, 1900 ; Wellliausen, Das Evangelium Johannes, _ Berlin, 1908 ; Heitmuller, Das Johannesevangelium, Gcettingue, 1908 (2- édit., 1916) ; YV. Bauer, Joliannes (dans Lietzmann, Handbuch zum.Y. T.), Tubingue, 1913 ; Loisy, Le quatrième évangile, 2e édit., Paris, 1921.

II. Études sur l’origine et le caractère du qi -HUÈHE ÉVANGILE. — 1° Ouvrages généraux. — Toutes les introductions au Nouveau Testament, ainsi que les histoires littéraires du N. T. traitent la question de l’origine du quatrième évangile. A signaler, parmi les plus récentes : 1. Catholiques.

Cornely, Introd. specialis in singulos N. T. libros, Paris, 1897 ; Belser, Einlcilung in das N.T., Fribourgen-B. , 1902 ; Jacquier (supra cit.t : Schàfer-Meinertz, l’.inleitimg in </<LY. P., Padcrborn, 1913 ; Brassæ Manuel biblique, .X. T., Paris, 1911, t. iv. — 2. l’rolestnnls. — IL lloli/inann, Einlettung in dus. L, Fribourg-en-B., 1885-1902 ; I’.. Wcps, Lm/, in dos.Y. P.. Berlin, 1886-1907, Godet, Introduction au N. !.. Lausanne, 1893-1899 ; lîrandt, l>ie evangellsche Geschichte und der Ursprung des Christentums, Leipzig, 1893 : Zahn, Linl. in das.x. T., Leipzig, 1899-1907 ; Jullcher, Einl. in das N. L, Tubingue, 1895-1901 ; Barth, Einl. in das S. L. GQtersIoh, L908 ; Peine, Einl. m da.x. !.. Leipzig, 1913 ; Knopf, Etnfiih* rung in das.Y. T., Giessen, 1919 ; Moffatl (supr. cit.) ; Harnack, Chronologie der altchristlichen l.itcrutur, Leipzig,