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FAVELL1 JEAN SAINT), LA QUESTION JOHANNIQUE

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semble dépendre en plusieurs points, ainsi que de Capréolus.

Quétif-Echard, Sariptores ordinis prædicatorum, 1721, t. ii, p. 104-105 ; Aeta Capitulorum generalium, Mit. Reichert, t. iv. p. 49, 70, 1 1 * ». 150, I7â.

Sur la controverse avec Pomponaszi : R. Charboimel, La Pensée italienne au A 17’siècle et le courant libertin, Paris, 1919, p. 226-22’J : L. Mabillea.il, Étude historique sur la philosophie de la Renaissance en Italie, Paris, 1881, p. 115116 ; et, tout récemment II. Busson, Les sources et le développement du rationalisme dans la littérature française de la / ; < naissance, Paris. 1922. p. 32-40 ;

M. -D.Chenu.

1. JEAN (Saint), apôtre et évangéliste, à qui la tradition ecclésiastique rapporte la composition du quatrième évangile, de trois épîtres et de l’Apocalypse.

I. Renseignements biographiques sur l’apôtre Jean.

Les faits de la première partie de sa vie sont connus par les Évangiles et les Actes des Apôtres ; sur ses dernières années, nous ne possédons que les renseignements transmis par la tradition ecclésiastique.

D’après les synoptiques.

Jean était fils de Zébédee. Matth.. iv, 21 et passages parallèle, et de Salomé, Marc. xv. 40 ; Matth.. xxvii. 56 : et frère de saint Jacques le Majeur. Originaire de Galilée, "probablement de Bethsaïde, sur le lac de Tibériade, il était pécheur comme son père. Appelé l’un des premiers par Jésus, il quitta tout pour s’attacher à sa personne, Matth., iv, 18-22 et passages parai. ; choisi pour être un des douze apôtres, il est mentionné comme présent auprès de Jésus, en plusieurs circonstances où le Sauveur ne prit avec lui que trois disciples privilégiés : à la résurrection de la fille de Jaïre. Marc, v, 37 ; à la transfiguration. Matth., xvii, 1 et parai. ; à l’agonie au jardin de Gethsémani, Matth., xxvi, 37 et parai. Son caractère impétueux et passionné se révèle dans l’interdiction qu’il avait faite à un homme de chasser les démons au nom de Jésus, parce qu’il ne faisait pas partie du groupe apostolique, Luc, ix, 40, et dans la demande que, avec son frère, il fit à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur les Samaritains, qui avaient refusé de laisser passer le Sauveur, Luc. i. 51-56 ; mais sa générosité se manifeste par contre dans l’empressement avec lequel il accepta, ainsi que son frère, de boire le calice de souffrance que leur proposait Jésus, Matth., xx, 20-23 ; Marc, x, 35-41. On suppose que c’est par allusion à cette impétuosité de caractère que Jésus donna aux deux fils de Zébédée le nom de Boanergès c’est-à-dire : fils du tonnerre, Marc, iii, 17. C’est Jean que Jésus chargea, en même temps que Pierre, de préparer la dernière Pâque, qu’il voulait manger avec ses disciples, Luc, xxti, 8. Les synoptiques n’assignent aucun rôle spécial à Jean dans les récits de la passion et de la résurrection du Sauveur.

D’après le quatrième évangile.

Ils sont à compléter, spécialement sur ce point, par le quatrième évangile, si l’on admet, avec la tradition ecclésiastique, dont la valeur ; i cet égard sera examinée plus loin, col. 542 sq., qu’il faut reconnaître Jean dans le disciple anonyme, a qui Jean-Baptiste désigna Jésus comme l’Agneau de Dieu, Joa., i, 35-40 ; dans l’autre disciple. connu du grand prêtre, qui en même temps que Pierre, suivit Jésus après son arrestation, Joa., xviii, 15 ; et qui, avec Pierre encore, courut au tombeau, sur l’avis de Madeleine que Jésus était ressuscité, Joa.. xx, 2-8. Bans ce dernier passage, « l’autre disciple » est désigné aussi comme « le disciple que Jésus aimait. Or la même péripl désigne le disciple qui, a la Cène placé à côté de Jésus, demanda au Maître le nom du traître, Joa., mu, 23-26, celui qui.au Calvaire, était présent au pied de la croix, et à qui Jésus confia sa mère, Joa., xix, 26 ; enfin, dans le récit de l’apparition du lac de Tibériade, le disciple qui fut le premier à reconnaître Jésus, Joa., xxi, 7. C’est dans cette dernière circonstance que le Sauveur prononça sur le sort futur du disciple bienaimé des paroles qui furent interprétées ensuite, à tort, fait remarquer l’évangéliste, comme la prédiction que ce personnage ne mourrait pas. Joa., xxi, 20-23. Sur le caractère et l’authenticité du c. xxi, auquel appartiennent ces deux dernières mentions du disciple bien-aimé, voir la suite de l’article, col. 550.

D’après les Actes des Apôtres.

La présence de Jean est mentionnée aux côtés de Pierre, lorsque celui-ci, montant au temple, guérit un boiteux, Act., ni, 1, 11 ; mis en prison avec le chef des Douze, il comparut avec lui devant le Sanhédrin, et fut comme lui remis en liberté. Act.. îv. 1-21. Jean apparaît encore comme compagnon de Pierre, dans la mission dont ils furent chargés par les Douze en Samarie, quand il s’agit de donner le Saint-Esprit aux nouveaux convertis. Act., viii, 11. Après avoir signalé le martyre de Jacques son frère, Act., xii, 2, les Actes des Apôtres ne font plus d’autre mention de Jean, niais on sait par saint Paul, Gal., ii, 9, que Jean était à Jérusalem lors de l’assemblée apostolique connue sous le nom de concile de Jérusalem, et que, comme Pierre et Jacques, il paraissait être une des « colonnes » de l’Église.

Les dernières années de saint Jean, d’après la tradition ecclésiastique.

On ne sait pas à quelle époque saint Jean quitta Jérusalem et la Palestine, mais la tradition ecclésiastique est moralement unanime pour affirmer qu’il vint s’établir à Éphèse et y vécut jusqu’à une extrême vieillesse. (Sur la valeur de cette tradition, contestée par beaucoup de critiques, voir la suite de l’article, col. 542). L’auteur de l’Apocalypse, que l’ensemble de la tradition ancienne attribue à l’apôtre saint Jean, déclare, Apoc, i, 9, qu’il a reçu la révélation qu’il va mettre par écrit, dans l’île de Patmos, où il était « à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. » La tradition a interprété ce texte, en ce sens que l’apôtre aurait été relégué en exil à Patmos, au cours d’une persécution contre les chrétiens, probablement celle de Domitien (94 ou 95 après J.-C). Sur ce point, voir l’article Apocalypse, t. i, col. 1470 et Allô, L’Apocalypse, Paris, 1921, p. cciii sq. D’après une autre tradition, dont le plus ancien témoin est Tertullien, De preescriplione. hæreticorum, 36, P. L., t. ii, col. 49, saint Jean aurait subi le martyre à Rome, et aurait été plongé dans l’huile bouillante, avant sa relégation dans une île. Enfin, l’ancienne tradition ramène saint Jean à Éphèse, et place dans cette ville sa mort et sa sépulture. Quelques faits relatifs aux dernières années de saint Jean ont été encore conservés par les chroniqueurs, mais plusieurs de ces faits sont purement légendaires et dépendent plus ou moins directement des Actes apocryphes de Jean. Cf. t. i, col. 354. Aucun de ces récits ne jetant de lumière sur l’interprétation théologique des écrits johanniques, il n’y a pas lieu ici d’en déterminer la valeur historique.

II. La question johannique.

Dans l’ensemble des livres du Nouveau Testament, le quatrième évangile, les trois épîtres dites de saint Jean et l’Apocalypse constituent un groupe a part : le groupe johannique. Ces écrits sont apparentés par le fond et la forme — bien quila ressemblance soi ! moins nette en ce qui regarde l’Apocalypse, en raison du contenue ! du caractère lus spécial de cet ouvrage. - et la tradition ecclésiastique est moralement unanime a les attribuer a un même auteur, l’apôtre saint Jean, qui aurait vécu la dernière période de sa vie a Éphèse, et qui, dans ces cinq écrits, aurait fixé, a l’intention spécialement des Églises d’Asie, son enseignement dogma-