Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/270

Cette page n’a pas encore été corrigée

JANSÉNISME, LA PAIX DE CLÉMENT IX

522

rait les obliger d’y mettre aucun terme obscur, ambigu ou équivoque » : or on leur imposait de faire signer le formulaire, on leur envoyait une lettre au pape toute faite et cette lettre était pleine d’obscurités et d’ambiguïtés. Les courriers succédaient aux courriers, tandis qu’on faisait prendre patience au nonce. Eu tin, l’evèque d’Alet signa le 10 septembre et le 14, l’archevêque de Sens « rempli de joie », porta la lettre au nonce qui lit aussitôt connaître la bonne nouvelle à Rome (17 septembre) et expédia la lettre des quatre évoques au pape. Ceux-ci déclarent avoir fait souscrire le formulaire dans leur diocèse « comme leurs confrères Vyant assemblé, comme eux, les synodes

de nos diocèses et ordonne une nouvelle souscription, nous avons souscrit nous-mêmes : ce qu’ils ont explique à leurs ecclésiastiques, nous l’avons expliqué aux nôtres ; l’obéissance qu’ils ont exigée des leurs, nous l’avons exigée des nôtres. Et comme nous étions de tous points unis avec eux pour le dogme, nous nous y sommes encore unis pour ce point de discipline. » Cette lettre des quatre évêques est antidatée (1 er septembre), bien que les synodes auxquels on fait allusion n’aient eu lieu que les 14, 15 et 18 septembre. D’après les procès-verbaux de ces synodes, l’evèque d’Alet, dans son discours (18 septembre), s’exprima ainsi : A l’égard du fait contenu dans le formulaire, vous êtes seulement obligés à une soumission de respect et de discipline qui consiste à ne vous point élever contre la décision qui en a été faite et à demeurer dans le silence pour conserver l’ordre qui doit régler, en ces sortes de matière, la conduite des inférieurs à l’égard des supérieurs ecclésiastiques, parce que l’Église n’étant point infaillible dans ces sortes de faits qui regardent les sentiments de leurs auteurs ou de leurs livres, elle ne prétend pas obliger, par la seule autorité de sa décision, ses enfants à les croire. » Ces synodes n’avaient eu lieu que pour la forme, afin qu’on pût dire à Rome qu’on avait ordonné une nouvelle signature. Histoire des cinq pioposilions de Dumas, t. ii, p. 180-201.

Les quatre évêques remercient le nonce de ses bons offices et l’evèque de Laon écrit au pape (22 septembre), pour l’assurer que les quatre évêques avaient signé le formulaire : « par une nouvelle et sincère souscription, ils se sont conformés au reste des évêques de qui ils s’étaient distingués en quelque sorte par leur manière de faire signer le formulaire de foi ; ils en donnent l’assurance en termes exprès. » Dans sa lettre au cardinal Patron, l’évêque de Laon est encore plus explicite : « ils ont signé de bon cœur et fait signer avec beaucoup de sincérité et un bien grand désir de donner des marques effectives de leur soumission au Miint-Siège et une grande passion de. contribuer à la paix et à l’uniformité entière de l’Église de France. » La lettre du roi et celle des quatre évêques au pape arriva à Rome le 25 septembre ; dès le 28, le pape tint une congrégation des cardinaux et il fit expédier un bref au roi ; il y exprime sa joie d’apprendre que les quatre évêques se sont soumis à la souscription pure et simple et il demande au roi « s’il reste encore quelque chose à achever, d’employer son autorité royale pour faire qu’on mette la dernière main à un si grand ouvrage qui ne regarde pas moins l’intérêt de l’État que la sûreté de la religion. Le bref fut reçu à Paris le 8 octobre par le nonce qui l’envoya aussitôt au roi. Un arrêt du Conseil d’État (23 octobre), déclara que tout était terminé. Le roi y « défend à tous ses sujets de s’attaquer et de se provoquer à l’avenir les uns les autres sous couleur de ce qui s’était passé, ni d’user des termes injurieux d’hérétiques, de jansénistes et de semi-pélagiens ou de quelqu’autre nom de parti, ni même d’écrire ou de publier les libelles sur les matières contestées ou de blesser par des tenues inju rieux la réputation de qui que ce soit. » Le 27 du même mois, le roi écrivait aux quatre évêques pour les féliciter

Cependant des bruits fâcheux se répandaient : on ne connaissait pas les procès-verbaux, en particulier, ceux d’Alet et de Pamiers. Le pape apprenait qu’on mettait en doute la sincérité de la signature pure et simple et il crut qu’il avait été trompe ; aussi il demanda au nonce de lui communiquer les déclarations des quatre évêques (2 décembre). L’évêque de Chàlons, Vialart (l’archevêque de Sens, Gondrin, était tombé en disgrâce) fit une déclaration par laquelle il affirmait que les quatre évêques avaient souscrit sincèrement le formulaire et condamné sans restriction les cinq propositions dans tous les sens où elles avaient été condamnées par l’Église. « Quant à l’attribution de ces propositions au livre de Jansénius, ils ont encore rendu et fait rendre au Saint-Siège toute la déférence et toute l’obéissance qui lui est duc. » Cette formule équivoque est un peu précisée : cette soumission consiste « à ne rien dire, ni écrire, ni enseigner rien de contraire à ce qui a été décidé par les papes sur ce sujet. »

Dans un long extrait de la Relation du cardinal Rospigliosi, neveu du pape, sur les événements qui se sont passés en France dans l’affaire de Jansénius, on lit, Recueil historique des bulles, p. 255-266 : « Le Dape voyant qu’enfin les quatre évêques avaient sous it sincèrement h formulaire et condamné sans aucune sorte de restriction les propositions dans tous les sens dans lesquels elles étaient condamnées par l’Église, crut devoir dissimuler l’autre point qui était qu’encore qu’ils ne voulussent pas reconnaître pour article de foi la décision du pape sur le fait, ils s’engageaient néanmoins à la révérer par un silence respectueux et à faire à cet égard ce qu’exigent les cardinaux Baronius. Bellarmin, Richelieu et Pallavicini avec les PP. Sirmond et Petau, dans les écrits desquels on ne trouve rien sur cette matière qui soit préjudiciable au Saint-Siège. »

Clément IX répondit aux quatre évoques par un bref (19 janvier 1669) qui indique les positions prises par lui : il a appris qu’ils ont souscrit sincèrement et fait souscrire le formulaire d’Alexandre VII : « Nous n’aurions jamais admis à cet égard ni exception, ni distinction quelconque ; présentement, toutefois, après les assurances nouvelles et considérables qui Nous sont venues de France, de la vraie et parfaite obéissance avec laquelle vous avez sincèrement souscrit le formulaire, outre qu’ayant condamné sans aucune exception ou restriction les cinq propositions selon tous les sens où elles ont été condamnées par le siège apostolique, vous êtes infiniment éloignés de vouloir renouveler en cela les erreurs que le même Saint-Siège a condamnées. Nous avons bien voulu vous donner ici une marque de notre bienveillance paternelle. » En même temps, le pape écrivait aux trois évêques médiateurs une lettre de félicitation pour leur zèle et leur succès. Le nonce remit au roi ces deux brefs le 2 février 1669.

L’archevêque de Paris fit une ordonnance pour admettre les" religieuses de Port-Royal à signer le formulaire dans les mêmes conditions que les quatre évêques et il leva l’interdit jeté contre le monastère de Port-Royal des Champs. La paix était signée et, pour en conserver le souvenir, Louis XIV lil frapper une médaille.

Pour quelles raisons cette paix [ut-elle troublée si loi après, c’esl ce qu’on examinera ; i l’article

I. MANUSi mis.

Mémoires sur l’histoire ecclésiastique ( 1666-1656), par l’abbé de Beauhruii, Bibliothèque nat.,

mss fr. 13896, 13896 iQuattoiU de ilrnil il <lr /nit (tans les controverses </< la loi, ibiit, 17770 ; Divers document » sur le