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ISA [E, LE LIVRE - Al THENTICITÉ

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prophétie, xxiv-xxvi, 19, est placée en dehors de l’histoire. Elle décrit ce qui se passera à la fin des temps. Il est Impossible de dire quelles sont les circonstances historiques qui l’ont influencée. La ville mystérieuse

détruite peut avoir plusieurs acceptions, aucune ne s’impose. Dans la seconde partie, xxvi, 20-xxvii, la ville détruite, xxvii. 10 pourrait bien être Samaric. Cette partie a beaucoup de ressemblances avec l’oracle du chapitre xvii contre Éphralm, qui est certainement d’Isaie, et avec les prophéties d’Osée contre Samarie. Les exiles dont on attend le retour sont ceux d’Éphraïm, et rien ne nous oblige à descendre plus bas que la première captivité assyrienne pour trouver les circonstances historiques qui ont se. ryi de point de départ aux prédictions d’avenir. — (3) Ni la langue, ni le style n’indiquent manifestement un auteur postérieur à la captivité assyrienne, et rien ne permet de conclure avec certitude qu’ils ne sont pas d’isaïe. — y) Quant au genre et à l’esprit du morceau, qui rappellent les apocalypses de Daniel, de Zacharie et de Joël, pourquoi Isaïc n’aurait-il pu les inaugurer ? Le genre apocalyptique a bien dû commencer… S’il est né pendant les persécutions, du besoin de consoler les âmes et de les fort i lier, la chute de Samarie et les menaces dont Jérusalem était l’objet ne suffisent-elles pas à en expliquer l’apparition ?

Voici, nous semble-t-il, ce que l’on peut admettre, avec les critiques qui rejettent l’authenticité des chapitres xxjv-xxvii : Les circonstances historiques qui ont inlluencé les descriptions eschatologiques de ces chapitres, les faits réels pris comme symboles de ce qui arrivera à la fin des temps, sont bien en réalité les suivants : la captivité de Juda, la chute de Babylone, le retour de l’exil, la reconstruction de Jérusalem, la situation de la communauté postexilienne. Mais, de ce chef, la question d’authenticité n’est pas encore tranchée. Le fait que les circonstances historiques que nous venons de rappeler servent de point de départ aux descriptions d’avenir, prouve-t-il que l’apocalypse a été composée à une époque où ces circonstances étaient réalisées" ? [sale n*a-t-il pu, sous l’influence de l’inspiration prophétique, se transporter en esprit à cette époque ? C’est toujours le problème suscité à propos des chapitres xm-xiv, xxi, qui revient. La critique interne nous paraît impuissante à fournir un témoignage définitif contre la tradition, favorable à l’authenticité, et déjà consacrée par l’Ecclésiastique, xlviii, 27, qui voit dans Isaïe un prophète cschatologique : Spiritu magna vidil ultima.

A) xxxiii. Dansée beau poème, le prophète chante la destruction du dévastateur qui a pillé Israël, 1-12, la terreur des impies, la confiance des justes, 13-16, la délivrance de Jérusalem, 17-21, le règne de Jahvé en Sion, 22-21. Cette prophétie a dû être prononcée pendant l’invasion assyrienne, un an après celle des chapitres xxix-xxxii, alors que l’angoisse du peuple était a sou comble. Sennachérib avait pris beaucoup de villes fortes, imposé un tribut à Ézéchias, puis, prétextant sans doute une trahison, il demande une seconde la capitulation de Jérusalem. XXXIII, 7-8. Isaïc s’applique a calmer et à rassurer le peuple. Cette situalion a du se vérifier peu de temps après les événements dans IV Reg., xviii, 13-16. La différence « le

ton entre cet oracle et ceux des chapitres pièce. lents

i par l’imminence du danger. Plusieurs criti dre aux conclusions extrêmes de

Duhm H’le Marti qui placent cet oracle en 163-162 av..1 —C, ad met tel il que si ce chapitre est i sa le n pour le

fond, il peut difficilement l’être pour la [orme et le style. I ! pourrait être d’un disciple d’Isaie qui aurait voulu in ter la manière du maître. Ces critiques doivent supposer que l’auteui du morceau se place par l’imaginai ion au temps de l’invasion de Sennachérib.

Dès lors, n’est-il pas plus simple de l’attribuer à Isaïe ? Les raisons qu’on fait valoir contre l’authenticité sont subjectives, dit Sellin, Einleilung, p. 83, sans aucun fondement historique.

I) xxxiv-xxxv. — L’authenticité de ces chapitres est généralement abandonnée par les critiques indépendants qui les placent au même rang que les chapitres xin-xiv, xxi, xxiv-xxvii. Les termes du problème sont, en effet, sensiblement les mêmes, et les défenseurs de l’authenticité donnent aux difficultés la même réponse. Les objections contre l’attribution de ces chapitres à Isaïe sont les suivantes : La langue et le style diffèrent de ceux d’isaïe. Les couleurs apocalyptiques du morceau plaident pour une date plus récente, surtout la présence de cette curieuse expression ^Cherchez dans le livre de Jahvé et lisez… », xxxiv, 16 ; de même, rénumération de tous les monstres nocturnes et de tous les mauvais génies qui hantent les ruines d’Edom. xx.mv, 11-15. L’imitation de Jéreinie, xlix, 722 ; l-li, de Sophonie et d’Ezéchiel, xxi, xxxv-xxxvi. Il n’est plus question ici de l’Assyrie, ni de l’Egypte ; -Babylone n’y figure pas non plus. Le peuple est supposé en captivité ; l’auteur lui-même paraît être parmi les exilés. La haine qui se fait jour contre Édom ; ce jour de vengeance dont il est parle, xxxiv, 7 ; cette armée de revanche pour la cause de Sion, tout cela nous transporte à la fin de l’exil. L’animosité de l’auteur s’explique par l’hostilité d’Édom. Or, la période de l’exil est précisément celle où Édom paraît s’être attiré la plus violente rancune de la part des Juifs Ce peuple manifesta une grande joie lors de la destruction de Jérusalem par les Chaldéens ; pendant la captivité, il empiéta sur le territoire de Juda et, au retour, les rapatriés eurent à lutter contre lui. Jer., xlix, 7-22 ; Ez., xxv, 12-14 ; xxxv ; Is., lxiii, 1-6 ; Abd., 1-16 ; Joël, iii, 19 ; Lam., iv, 21-22 ; Ps., cxxxvii, 7 ; Mal, i, 2-5. La situation supposée dans les chapitres xxxivxxxv d’isaïe nous invite à les placer dans la période qui va de 538 à 458. D’autres préfèrent ne pas leur assigner de date et se contentent d’observer que l’auteur écrit avant la soumission des Édomites par Jean Hircan. Les exégètes catholiques, qui attribuent encore ces chapitres à Isaïe, font remarquer qu’il n’est pas nécessaire de descendre jusqu’à la captivité pour justifier l’inimitié de Juda contre Édom et les menaces du prophète à son adresse. Cf. Num., xx, 14-21 ; Jud., xi, 17 ; III Reg., xi, 14 sq. ; IV Reg.. viii, 20, etc. Amos n’a-t-il pas déjà une strophe contre Édom, i, 11-12 ? Cette réponse n’est cependant pas adéquate : il ne s’agit pas précisément ici de la vieille inimitié qui existait entre Édom et Juda, mais de la revanche que les rapatriés de Sion prendront contre Édom ; il y a donc bien une allusion aux torts causés par les Édomites pendant l’exil. Aussi, vaudrait-il mieux en appeler a la révélation prophétique, qui a pu transporter, en esprit. un voyant du viiie siècle a l’époque où la situation supposée dans ces oracles était un fait historique.

m) xxxvi-xxxix. — Nous croyons que ces chapitres rapportent des paroles authentiques d’isaïe, comme celles de xxxvii, 6-7, 21-3."> ; xxxviii, 5 8 ; xxxix, 6-7. Nous nous demandons seulement s’ils ont été rédigés dans leur forme actuelle par Isaïe, ou s’ils ont été composés plus tard, à l’aide de documents plus anciens, et ajoutés comme conclusion historique à la première partie du livre d’isaïe. Les exégètes qui regardent Isaïe comme l’auteur unique et le rédacteur définitif de l’ouvrage qui porte son nom, se sentent enclins tout naturellement à attribuer aussi ces chapitres au grand prophète. Les critiques qui regardent le livre d’Isaie connue un recueil d’oracles de divers temps et de diverses provenances, sont unanimes à dire qu’Isaïe n’a pas composé ces chapitres. Mais entre ceux qui sou-