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JANSÉNISME, / 1 FRÉQUENTE COMMUNION

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seiçr.eurs tes prélats de France. Œuvres (FArn*. ; iM, t. xxvi, p. 605-618 ; G. Hcrmant. Mémoires, I. r,

La Lettre d’Fusibe Folëniarque contre le livre d’Arnauld s’applique à découvrir « ses artifices, sa mauvaise doctrine et l’imprudence de ses desseins dans la direction des âmes. > Mais ce gros ouvrage attribué au P. Lombard (1590-1646), eut peu de succès « à cause, dit Hermant, op. cit.. p. 232, du style de matamore « qui ne renferme qu’un amas de mots inutiles. » L’écrit du 1’. Petau qui parut quelque temps après avait une tout autre portée, à cause de la vaste érudition de son auteur : De la pénitence publique et de la préparation à la communion, in-4°, Paris, 1644. Petau signale la prétention d’Arnauld de vouloir réformer la pratique actuelle de l’Église pour faire revivre une pratique ancienne et cela contre l’autorité des pasteurs. Pour réfuter Arnauld, il expose d’une manière ferme, les règles qui doivent diriger dans la fréquentation des sacrements : les principes, dit-il, qui inspirent nos actes intérieurs sont immuables ; ceux qui dirigent nos actes extérieurs peuvent varier selon les temps, les lieux, les personnes et autres accidents. Or la pénitence publique d’autrefois ne conrtituait point une partie essentielle du sacrement de pénitence, puisque l’Eglise l’a abandonnée ; par suite, cette pénitence est distincte de la satisfaction sacramentelle que les théologiens regardent comme partie intégrante et, par conséquent, immuable de ce sacrement.

Pour recevoir l’eucharistie, le concile de Trente déclare formellement qu’il suffit d’être en état de grâce ; sans doute, il est louable d’apporter d’autres dispositions de dévotion, mais « c’est assez, er toute rigueur, de s’être confessé et purgé de tout péché mortel. » l*est la préparation « de précepte » à côté de laquelle il y a 1 ? préparation - de conseil. »

Petau examine en détail et, avec une critique très fewne, les décisions du concile’le Trente sur lequel Arnauld avait prétendu s’appuyer et s’applique à montrer que ce concile ne s’est point proposé de rétablir indistinctement toutes les tralitions apostoliques ; d’ailleurs, dit-il, il r’est nullement prouvé que la pratique pénitentielle ait été usitée d’une manière uniforme dans les différentes églises et à toutes les époques. Sans doute, le confesseur a toujours eu le pouvoir de lier et de délier, car ce pouvoir est inséparable du sacerdoce ; mais ce pouvoir ne comporte que la confession et l’absolution des fautes ; l’imposition des peines canoniques n’est qu’extérieure ; elle vient de la juridiction ; elle est purement externe et accessoire ; cette partie cérémonielle de la pénitence a pu varier avec les temps. Petau décrit longuement l’ancienne discipline qui, d’après lui, ne privait pas nécessairement de l’eucharistie et n’était pas infligée pour tout péché mortel, puisque les Pères et les conciles distinguent les péchés mortels capitaux et les péchés mortels plus légers. Bref, ce sont des coutumes et piatiques cerémonielles et d’institution humaine que l’Église peut changer et abolir, p. 15(1 sq.

Relativement a la communion, Petau reproche à Arnauld de confondre les dispositions désirables avec les dispositions strictement nécessaires, et, ainsi, d’éloigner de la communion, en exigeant des condiditions non nécessaires. Il discute les règles particulières posées par Arnauld et montre que l’absence de dévotion sensible ne suffit pas pour écarter de la communion, car la ferveur est plutôt un effet qu’une condition préalable de la communion et les péchés véniels ne sont pas, en soi, un obstacle à la communion menu fréquente.

Il y a une préparation essentielle : la confession sacramentelle pour celui qui est en état dépêché mortel et l’attention raisonnable à ce qu’on fait ; une

I préparai ion encore nécessaire qui est la dévotion avec une révérence actuelle et une intention droite ; une préparation de bienséance, la suppression du péché véniel.

Les évéques approbateurs du livre d’Arnauld fuient mécontents de l’ouvrage de Petau et quelques théologiens accusèrent ce père d’avoir sacrifié la vérité aux intérêts de sa compagnie. Un ouvrage anonyme attribué à G. Hermant, Réflexions du Sieur Dubois. souligne les concessions du jésuite et son accord de fait avec Arnauld. Un autre écrit anonyme : Remarques judicieuses sur le livre de la fréquente communion. in-8 J, 1644, attaque vivement Arnauld ; les docteurs qui ont approuvé son livre sont « des étourdis » et les évéques des « ignorants, t Les mêmes accusations sont reprises par l’écrit intitulé : Sommaire de la théologie de M. Arnauld ; in-8°, 1644. L’auteur, le P. Séguin. S. J.. attribue aux jansénistes des réformes révolutionnaires et fait un pressant appel au pouvoir civil contre Port-Royal.

Mazarin donna à Arnauld et au neveu de Saint-Cyran, Martin de liarcos, l’ordre de se rendre à Rome pour s’expliquer, mais, sur les remontrances du Parlement et les protestations de la Sorbonne et des évéques, au nom des principes gallicans, cet ordre fut retiré. Arnauld fit une déclaration de soumission qui contenta Mazarin et, en même temps, publia une justification de son livre contre les attaques du P. Petau. Ce fut La tradition de VÉtjlise sur le suiet de la pénitence et de la communion, in-4°, Paris, 1644, Œuvres, t. xxviii, p. o9 -460. Comme Petau, il dédie son ouvrage à la reine pour protester « contre les calomnies et les impostures » de ses ennemis, et en particulier, contre le P. Petau qu’il accuse de former une nouvelle cabale, d’introduire une secte de pénitenciers pleine de témérité, d’ouvrir lVntrée aux factions et aux schismes, et d’avancer des maximes scandaleuses qui sont autant contraires à l’État qu’à l’Église catholique ; il ncte que Petau a voulu ruiner l’autorité de tant d’approbateurs qui paraissent à l’entrée de la F f éi ; uenle commi-n’in en lui opposant un livre qui n’est approuvé de personne. Or « la seule qualité de jésuite ne saurait enfermer une autorité plus vénérable pour la décision des vérités chrétiennes que celle des évéques, des archevêques, des primats de l’Église. » Arnauld se défend des attaques portées contre lui : il a voulu seulement détruire des abus, et, en particulier, combattre les casuistes de la Compagnie de Jésus qui sont trop indulgents et accordent trop facilement l’absolution : il ne demande point à la reine d’intervenir dans les débats ; tout au contiaire.il s’appuie sur l’autorité des évéques pour lesquels son maître Saint-Cyran lui a inspiré un grand respect, sans rien attendre de la cour qui ne doit pas se montrer dans les controverses théologiques.

Après cette longue dédicace de 46 pages, qui est une réponse générale au livre du P. Petau, Arnauld entreprend de justifier sa doctrine, en résumant l’enseignemen des Pères et de plusieurs théologiens célèbres sur la pratique de la confession et de la communion. L’autorité de Molina le Chartreux, ni les décisions du concile de Trente sur lesquels Petau prétend s’appuyer, ne tranchent la question. Lui, n’a voulu que démontrer l’utilité, la nécessité même, d’une pénitence plus ri ; reusc et plus conforme à la pratique de l’Église primitive. La pratique actuelle de l’Église est bonne, en elle-même, bien qu’elle soit moins parfaite que celle d’autrefois, niais le grand malheur est que des casuistes, par leur excès d’indulgence, appliquent mal cette discipline légitime et laissent vivre les pécheurs dans leurs pécbés Arnauld n’admet pas que toute ! les prescriptions pénitentielles d’autrefois tussent seulement cerémonielles ; quelques-unes étaient générales et per-