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ISA II :. LE l.l RE — l rHENTICITÉ


ce serait cet événement que décrirait prophétiquement

Isaïe. Babylone, dit-on, n’apparaît pas encore ici comme la maîtresse des nations ; son sort excite une vive sympathie dans le coeur du prophète, et la nouvelle de sa chute lui arrache un cri de douleur : c’est que la prise de Babylone marque un nouveau triomphe pour l’Assyrie, dont la puissance grandissante est une menace perpétuelle pour le petit royaume de Juda.

S’il en est ainsi, il n’y a plus la moindre difficulté à admettre l’origine isaïenne de cet oracle. Mais la plupart des auteurs rejettent cette interprétation de PoracL sur Bahylone. Cheyne et Driver qui l’avaient d’abord adoptée, l’ont abandonnée. A l’époque de Sargon, Juda n’a pas encore été battu par l’Assyrie « comme le grain sur l’aire, » 10. Ce ne furent pas lesÉlamites et les Mèdes, j 2, qui attaquèrent alors Babylone, mais les Assyriens, Élam figurait au contraire parmi les alliés de Babylone. Il n’est pas vraisemblable qu’Isaïe, l’adversaire décidé de l’alliance entre Ézéchias et Mérodach, ait souffert de la prise de Babylone par Sargon ; il a dû plutôt s’en réjouir. Pour toutes ces raisons, il faut interpréter l’oracle contre Babylone de la prise de cette ville par Cyrus en 538. L’association des Élamites et des Medes nous transporte tout naturellement à cette époque. Le peuple « foulé, battu comme le grain, représente la communauté juive en exil, ou les débris du peuple de Juda restés en Palestine. C’est bien de la chue de la grande Babylone, la dominatrice des peuples, qu’il s’agit, et l’angoisse du prophète, 3-4, ne provient pas de la crainte de la voir s’accomplir, mais de l’impatience avec laquelle il l’attend. Dos lors, la question de l’authenticité de cet oracle se pose exactement dans les mômes conditions que celle des chapitres xiii-xiv, 23, et nous n’avons rien à ajouter à ce qui a été dit à ce propos.

i) xxiii. — L’authenticité et la date de l’oracle contre Tyr soulèvent des questions complexes. On s’est demandé si l’oracle actuel sur Tyr n’était pas un remaniement d’un oracle antérieur sur Sidon. Cette interprétation est fondée sur la mention de Sidon aux versets 2, 4, 12. Un auteur postérieur en aurait fait un oracle sur Tyr en ajoutant les versets 15-18 qui, sans doute aucun, traitent de Tyr, et en interpolant, dans la première partie, la mention de Tyr aux versets 5, 8, et dans le titre (Dulini, Marti, Cornill, Sellin). L’oracle primitif serait une élégie sur la destruction de Sidon par Artaxcrxès III Ochus en 348. La transformation en un oracle sur Tyr aurait été faite après la prise de Tyr par Alexandre le Grand en 333. Sellin, Einleitung, p. 83, admet en partie ces conclusions de Duhm. mais ne voit aucune difficulté contre l’authenticité isaïenne de l’oracle primitif sur Sidon. Ce ne serait pas une élégie sur le destruction de Sidon en 348, mais un oracle de menaces visant le prise de Sidon par Sennachérib en 701.

Toutes ces déductions sont prématurées. Il n’est nulléinent prouve que nous ayons affaire à un oracle se rapportant primitivement à Sidon. La conjecturé que lé nom de Tyr a été interpole aux versets 5, 8,

est gratuite, et la mention de Sidon aUX versets 2, 4, 12 se comprend aisi’ment dans un oracle sur Tyr. 1) est probable que Sidon est une appellation de l.i l’hénicie tout entière, Pli. breu n’ayant pas d’autre mot pour désigna r ce pays. La stupeur et la boute des Phéniciens a la nouvelle de la chute de Tyr, leur grande ville commerçante, s’expliquent très bien. Et si le mot Sidon désigne la ville de ce nom plutôt que la Phénicie, i i honte île Sidon a propos du désastre « le Tyr serait encore vraisemblable, Tyr étanl la voisine et probablement li tille de Sidon (Condamin). Liant admis que nous son, ; les ni présence d’un oracle sur Tyr, la question de i uthenticJté et la date du passage dépend beaucoup d l’Interprétation du verset L3 qui est

comme le pivot des difficultés. H nous semble que le texte massorétique pourrait se traduire de la façon suivante : « voici, — le pays des Chaldeens fut ce peuple, ce ne fui pas Assur, — il l’a livrée aux bêtes sauvages. Ils ont dressé leurs tours, abattu ses palais, ils en ont fait une ruine, a Nous considérons comme glose les mots : le pays des Chaldeens fut ce peuple, ce ne fut pas Assur. Il s’agit, dans ce verset, de la destruction de Tyr, et le sujet de la phrase, ici comme aux versets précédents est Jahvé. Mais un lecteur postérieur, probablement du temps de l’exil, croyant qu’il était question dans cet oracle du siège de Tyr par Nabuchodonosor (587-574), aura intercalé ce commentaire : la terre des Chaldeens fut ce peuple (qui détruisit Tyr), ce ne fut pas l’Assyrie. Il faudra attribuer au même commentateur de l’époque de la captivité l’addition des versets 15 à 18. Les soixante-dix ans d’oubli et d’humiliation de Tyr, 15, 17, représentent les soixante-dix années de domination chaldéenne prédite par Jérémie, xxix, 10. Il est de nouveau supposé, comme au verset 13, qu’il s’agit de la prise de Tyr par les Chaldeens. Au lieu des strophes lyriques de 1-14, nous tombons ici dans le style prosaïque. On signale dans les versets 1518 la présence d’expressions singulières, étrangères à Isaïe. Tyr y est comparée à une courtisane, tandis qu’au verset 12 elle est appelée une vierge. Le fait de s’adonner au commerce est appelé une prostitution : « Au bout de soixante-dix ans, Tyr se prostituera de nouveau à tous les royaumes du monde sur la face de la terre. » 17. Ce langage ne se comprend guère qu’après l’exil, dit Condamin ; les anciens prophètes appelaient prostitution le culte des idoles et l’infidélité d’Israël à Jahvé.

L’authenticité des versets 1-Il peut parfaitement se maintenir. Rien ne nous oblige à y voir une élégie sur un événement passé et à descendre en conséquence jusqu’après la destruction de Tyr par Alexandre le Grand pour trouver la vérification du tableau de la ruine de Tyr. Nous pouvons les considérer comme la prédiction d’un événement futur dont il ne faut pas attendre la réalisation jusque dans les moindres détails : la place réservée à l’hyperbole et à la mise en scène est plus grande dans un tableau prophétique que dans un récit historique. Il ne manque pas d’événements survenus pendant la carrière d’Isaïe, qui auraient pu lui fournir l’occasion d’une prophétie sur la ruine de Tyr : l’invasion de la Phénicie par Sennachérib en 701 ; le siège de Tyr poursuivi pendant cinq ans par Salmanasar (727722) et peut-être achevé par Sargon, comme celui de Samarie. Si l’on exige un accomplissement littéral de la prophétie d’Isaïe, il faudra le chercher au cours des différents sièges auxquels Tyr fut soumise, jusqu’à celui d’Alexandre le Grand en 333. Il faudra ainsi descendre plus bas que le commentateur qui a glosé le verset 13 et ajouté les versets 15 à 18, et qui a cru voir une réalisation suffisante de la menace d’Isaïe dans le siège long et épuisant que Nabuchodonosor fit subir à la célèbre métropole de Tyr (587-574).

/) xxiv-xxvii. — a. — L’unité littéraire de l’apocalypse d’Isaïe était généralement admise avant les attaques de Duhm, de Cheyne et de Marti, même par des critiques qui en présentaient des analyses différentes. La négation de l’unité littéraire a conduit à la négation de l’unité d’auteur Duhm enlève a l’auteur liai les cantiques qui, à son Jugement, interrompenl l’apocalypse : l’action de grâces, xv, 1-5 ; le chanl contre Mdab, xxv, 9-12 ; le cantique des rachetés, xxvi, l -lit ci la chanson de la vigne, xxvii, 2-ii. Le resté torme un poème continu, offre une suite de pen-il ni elles que viennent Indûment briser les chants. CeUX-ci se distinguent d’ailleurs de la poésie

principale aussi bien par la structure poétique et le

rythme que par le point de vue : xxv, l-. r > semblé