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JACQUES DE SAROUG — JACQUES DE VITERBË

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Voici quelques passages caractéristiques, p. 226 : < Ceux qui comptent et classent les natures après l’union, qui reconnaissent leurs propriétés et leurs singularités, ceux-là l’Église les déclare étrangers à sa communion. El encore, p. 219 sq. : i Tour moi, je reçois cet édil d’union (l’Hénotique), j’en connais bien la force et la cause, il expulse de l’Église l’addition faite à la foi, à Chalcédoine, comme une bête corruptrice. .. C’est pourquoi j’anathématise l’addition et je la relègue parmi ceux qui ne croient pas, de même que l’Hénotique l’a l’ait, en l’expulsant de l’Église. J’anathématise également ceux qui. après l’union, divisent, distinguent ou comptent, dans un seul Christ, les natures, avec leurs propriétés, leurs particularités et leurs opérations, pour donner à Dieu ce qui est de Dieu, et à l’homme ce qui est de l’homme. » On ne saurait faire plus explicitement profession de monophvsisme.

J.-B. Abbeloos a tracé, op. cit., p. 120-136 et 1861 18, un bref exposé de la doctrine proposée par .Jacques de Saroug sur l’ensemble des dogmes chrétiens. Rien de spécial dans son enseignement relatif à la création, au péché originel, à la satisfactio vicaria ; l’éternité des sanctions et la nécessité de la grâce sont fortement affirmées contre les origénistes et les semipélagiens, mais le problème de la prescience divine relative au mérite et au démérite des hommes ne parait pas traité. Le pécheur est justement puni éternellement parce qu’il avait orienté sa volonté de telle manière qui ! aurait péché éternellement.

Les témoignages de Jacques sur l’Eucharistie sont assez nombreux ; il affirme nettement la transsubstantiation, J. Lainy, Diss.rtalio de Sgrorum flde et disciplina in re eucharislica, Louvain. 1859, p. 25, et traite longuement de l’offrande eucharistique pour les morts dans une homélie métrique publiée par P. Bcdjan, Homiliæ selectæ, Paris et Leipzig, 1905, t. i, p. 535550, et traduite en anglais par Dom Connolly, A Homily of Mar Jacob of Sarug on ihe mémorial of the departed and on Ihe Eucharistie loaf, dans Downside Review, 1910, t. xxix, p. 260-270. L’auteur se plaint de ce que par manque de foi, l’offrande du sacrifice pour les morts, est devenue moins fréquente : il invite les fidèles à revenir à cette pratique, il y aura profit pour eux et pour les morts, tandis que des larmes versées dans les cimetières ne servent de rien. Jacques répond à l’objection que le sacrifice peut bien profiter aux vivants qui l’offrent, mais non aux morts qui n’y ont aucune action : le baptême donné aux enfants leur profite, bien qu’ils n’en sachent rien.

J. S. Assémani, Bibliotheea Orientalis, Rome, 1719, t. i. p. 283-340 ; 1721, t. ii, p. 321 ; 1725, t. iii, part. I, p. 385-388 ; p. Martin, Un evéque poète au V’et au VIe siècles ou Jacques de Saroug, sa vie, son temps, ses œuvres, ses croyances, dans Revue’les sciences ecclésiastiques, 18715, série IV, t. i, p. 309-352 ; 385-419 ; W. Smith et H. Wace, A dictionwy of Christian biography, t. iii, p. 327 sq., art. de C. J. Bail ; KirchenUrikon, 2e édit., t. vi, col. 1173 sq., art. de Bardenhewer ; Realencyclopàdie fur protestantische Therilogie uwl Kirche, 3e édit., t. viii, p. âô’J sq., art. de E. Nestlé ; W. Wrijtht, A short tiistory of syriuc literature, Londres, 1904, p. 67-72 ; R. Duval, La littérature syriaque, 2e édit.. Pans, 1907, p. 351-354 ; The catholic encgclopœdia, t. viii, p. 278, art. de II. Ilyvemal ; A. HaumstarU, Geschichte der syrischen Llteratur, Bonn, 1922, p. 148-158, contient une bibliographie très complète et toute récente et donne pour chaque ouvrage | a liste des manuscrits connus ; cinquante huit homélies en traduction arabe ont été publiées par le Jacoblte Michel Athanase Roumeb, Kitâb mawâ’iz al-Sarudfi, Le (aire, 1905.

E. IlSSI.HANT

JACQUES DE VITERBE

I.Vie. Jacques Cappoci naquit à Viterbe de parents nobles. On Ignore la date de sa naissance. Il entra de bonneheure dans l’ordre des ermites de Saint-Augustin.

En 1281, on le trouve étudiant à l’université de Paris, où il devient maître en 1293. Le chapitre de son ordre lui alloue une pension annuelle pour lui permettre, de s’adonner complètement aux études. Elle lui est renouvelée, jusqu’en 1296. Déni fie et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. n p. 62. Le - septembre 1302. Jacques est nommé par Honifacc VIII archevêque de Bénévent. Le 12 décembre de la même année, il devient archevêque de Naples, à la demande du roi Charles IL II y meurt en 1308.

II. Œuvres. —

Jacques de Viterbe a laissé des œuvres nombreuses, foutes sont encore manuscrites. Leur authenticité n’est pas encore, pour toutes, déterminée avec rigueur. On n’en peut même pas, dans l’état actuel des recherches, dresser la liste avec certitude. Jordan de Saxe, son contemporain, a pris soin, en effet, de nous avertir que certains manuscrits de Jacques ont été recopiés sous d’autres noms : Post mortem suam non omnes [ conceptus ] venerunt ad lucem, quia quidam furatî sunt opéra sua mulla, jacientes sibi de falso cornua. Voici le catalogue des œuvres qu’on peut lui attribuer avec le plus de sécurité.

1° Quodlibcla. On désigne sous ce titre, deux recueils différents de dissertations philosophiques et théologiques. L’un se compose de trente articles, l’autre de quatre livres. Ces pièces sont dispersées dans d’assez nombreux manuscrits, et nulle part, à notre connaissance, elles ne se trouvent réunies en un seul volume. Les thèses les plus diverses sont juxtaposées, sans aucun ordre. Il est intéressant de les étudier, pour se rendre compte de la réaction produite sur un esprit ouvert par le courant aristotélicien du xiii 1 e siècle. —
2° Commentarii super quatuor libros sententiarum. Les trois premiers livres de ce commentaire, les seuls qui paraissent avoir survécu, sont conservés à Oxford, collège Balliol, n. 62. —
3° Lectura super quatuor libros sententiarum. Une copie de cet ouvrage s’est conservé d’après Gandolfo, chez les augustins de Sienne. —
4° Abbrcvialio sententiarum JEgidii Columnoe. Ce résumé de la doctrine de Gilles de Rome fut fait, semble-t-il, sur l’ordre des supérieurs de Jacques de Viterbe, désireux de mettre en valeur les œuvres de l’une des lumières de l’ordre des ermites de Saint-Augustin. Mais cet abrégé n’est pas du tout scrvile. Jacques, comme nous le verrons plus loin au sujet du De regimine chrisiiano, se séparait, sur nombre de points, des opinions de son éminent prédécesseur. Ce n’est pas sans raison que, sur un exemplaire manuscrit de l’A bbreviatio, conservé chez les augustins de Naples, ont lit la note suivante écrite par le cardinal Gilles de Viterbe : Abbrcvialio sententiarum JEgidii Romani per rev. P. magislrum Jacobum Vitcrbiensem, archiepiscopum Neapolitanum, omnium scientiarum gloria illuslrem, JEgidii volumen in compendium adducit, mulla tamen addit ubigue ut fere Jacobi potius quam JEgidii dici debeat. —
5° De prsedicamentis in diuinis, Quæsliones Parisiis disputatse. —
6" Quæsliones de Spirilu sancto quinquaginta. —
7° Recollectiones, seu catena Patrum supnepistolas I). Pauli. Ces opinions des Pères sur les épîl res de saint Paul ont été conservées dans un manuscrit de la bibliothèque du couvent de Saint-Jacques à Bologne. —
8° Sermones diversarum rerum. Ces sermons formaient un volume conservé dans la bibliol hèque des chanoines de Saint-Pierre, à Rome. —
9° Concordantise Psalmorum David. Cette concordance était dédiée par Jacques de Viterbe lui-même, au roi de Naples, Charles IL —
10" De cœlorum animatione quæslio percelebris. On ne conii. nl pas de manuscrit de eei niais Jacques Viterbe j tail lui-même allusion dans la question xxrv du troisième livre de ses Quodlibeta.

Telles sont les principales ouvres de Jacques de