Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

293

JACQUES DE NISIBE (SAINT]

294

Quelques années plus tard. Jacques était au concile de Nicée, et il semble qu’il y joua un rôle assez important, saint Athanaso le mentionne comme un îles plus valeureux ennemis de l’ariauismc. Apolog. contra arianox, P. G., t. xxv, col. 357. Son nom figure dans toutes les listes de signataires du concile. Cf H. Gelzer, H. Hilgenfels et O. Cuntz, Patruni Nicsenorum nomina, Leipzig. 1898, p 20, 21, 64, 84, 102, 100, 196 ; C. H. Turner, Ecclesiæ occidentalis monumenta iuris anliquissima, Oxford, 1899, p. 54 sq. Les auteurs de l’article de la Realenci/klopàdie lùr protestantisrhe Théologie und Kirche, 3, % édit., t. viii, p. 559, Rôdiger et Nestlé, ont cru bon d’ajouter, se référant, semble-t-il au passage d’Kusèbe cité en tête de l’article, Vita Constanlini, IV, 43, P. G., t. xx, col. 1193, que saint Jacques de N’isibe assistait à la dédicace de l’Anastasis, à Jérusalem (336-7), mais Jacques n’est pas nommé par Eirèbe, et il semble pour le moins douteux qu’Eusèbe ait eu l’idée de le désigner comme « l’ornement sacré des évoques de Perse >, alors que Nisibe se trouvait sur le territoire de l’empire romain. L’auteur de la Cours de la fondation des Écoles, BarhadLs.ibba’Arbaya, aflîrme qu’au retour du concile, Jacques fonda l’école de Nisibe. et y installa comme commentateur son disciple, saint Éphrem, P.O., t iv, fasc 4, p. [’.’] 377. Il se peut qu’il y ait eu dès lors à Nisibe une école analogue à celle d’Alexandrie, pourtant son existence n’est pas attestée ailleurs, et la véritable école de Nisibe ne fut fondée qu’en 457 par Narsès le lépreux.

Jacques se trouvait à Nisibe lorsque Sapor attaqua cette ville en 338. Il prit une part active à la défense, saint Éphrem, Carmina Xisibena, Leipzig, 1866, p. 22, trad., p. 99. et les habitants proclamèrent qu’il avait sauvé leur ville ; pourtant, il est probable qu’il ne vil pas la fin du siège ; en tout cas, il mourut cette même année, saint Jérôme, Chron’con, P. L., t. xxvii. col. 499 sq. ; Chronicon Edessenum dans I. Guidi, Chronica minora, fasc. i, dans Corpus scriplorurn christianorom orientalium, Scriplorts syri, sér. III, t. iv, p. 4, trari., p. 5. L’opinion de certains auteurs, qui reportent à 350 la mort de Jacques est à rejeter, car elle repose sur une confusion qui remonte à Théodoret. Le corps de saint Jacques fut enseveli à l’intérieur des murs et devint le palladium de la ville : d’après Théodoret, loc. cit., col. 1305, les habitants l’emportèrent lorsque N’isibe fut remise aux Perses par Jovien en 363, mais ce renseignement n’est affirmé par aucun historien indépendant de Théodoret.

Telles sont, à ce qu’il semble, les données à retenir : la découverte de l’arche de Noé sur le mont Ararat, bien que racontée dès le ve siècle par Fauste de Byzance, Faustotsi Bouzanlatsuoy patmouthiun Hauols, 2e édit., Venise, 1914, p. 37, le voyage à Constantinople, etc., appartiennent à la légende.

Saint Jacques de Nisibe est vénéré par toutes les Églises : il est déjà mentionné dans l’ancien calendrier ique de 412, J.-B. De Rossi et L. Duchesne, M irtyrologium Ilieronymianum, dans Acta Sanclorum nov., t. ii, p. lix, à la date du 15 juillet. Il est inscrit à la même date dans le martyrologe romain. Le synaxaire de Constantinople lui consacre une notice le 13 janvier, édit. Delehaye, Bruxelles, 1908, col. 338, celui de Michel de Malig également (= 18 toubahj, l.’jass( : l, Lrsi/naxairearabe-jacobite, P.O., l. xi, fasc. 5, p. [580-582] 015-016 ; Forgct, Si/naxarium Alexandrinum, Corpus scriplorurn christianorum orientalium, Seriplores arabi, sér. III, t. xviii, p. 219 sq. Les Syriens fêtent saint Jacques le 18 iyyar (=18 mai) et les Arméniens le 7 khalots ( =-- 15 décembre) ; c’est chez ces derniers qu’il a obtenu le plus de popularité ayant été mis en relations d’amitié avec saint Grégoire ITlluminateur.

IL Œuvres. — Placé par Théodoret en tête de son Hisloria religiosa, le nom de Jacques de Nisibe occupe aussi la première place dans le supplément de Gennade au De viris illustribus de saint Jérôme : Iacobus cognomenlo Sapiens Nizebenæ nobilis Persarum modo civitatis episcopus. A la fin du v c siècle, Jacques de Nisibe jouissait donc dans certains milieux d’une réputation d’écrivain. Gennade essaie d’expliquer pourquoi saint Jérôme aurait omis le célèbre métropolitain de Nisibe : c’est, pense-t-il, qu’au moment où il composa le De viris, il ne connaissait pas encore la langue syriaque. Piètre raison ! quelle qu’en soit la valeur, Gennade s’est trompé : les traités qu’il attribue à saint Jacques appartiennent au moine ou évêque Aphraate, surnommé le Sage persan, quelquefois appelé Jacques, de son nom d’ordination, voir Aphraate, t. i, col 1457 sq. On n’attendit pas d’ailleurs la découverte des Démonstrations pour récuser l’attribution de Gennade : en 1684, J. Garnier, Auctirium Theodorelianum, diss. ii, de libris Theodorzli, § 3, P. G., t. lxxxiv, col. 245, exprimait sa surprise de ce que Gennade était seul à placer un ouvrage sous le nom de Jacques de Nisibe, tandis que Théodoret, saint Jérôme et le syrien Ebedjésus, successeur de Jacques sur le siège de Nisibe, ne lui reconnaissait aucune activité littéraire. J. S. Assémani commença par penser de même : Bibliolheca Orienlalis, Rome, 1719, 1. 1, p. 19-23 : il ne se rendit plus tard à l’opinion courante que sur la nouvelle de la découverte à Venise d’un manuscrit arménien appuyant l’affirmation de Gennade, Ibid., Addenda et corrigenda, p. 557.

Il est juste d’ajouter que la confusion commise par Gennade ne lui est pas imputable : elle a pris naissance dans un milieu syrien ; c’est par là seulement que l’on peut expliquer sa diffusion, non seulement en Occident mais aussi en Arménie et en Ethiopie. Une collection incomplète des Démonstrations s’est conservée en arménien sous le nom de Jacques de Nijibe, précédée d’une lettre à saint Grégoire l’illuminateur ; elle a été éditée par N. Antonelli, Sancti patris noslri Jacobi episcopi Nisibeni sermoncs, Rome, 1756. Il nous est parvenu, d’autre part, également sous le nom de Jacques, une traduction éthiopienne de la cinquième démonstration dans le manuscrit de Paris, Bibl. nat., éth. n. 146. i. 245r°-252v°, cf. J. Parisot, dans l’alrologia syriaca, t. i, p. xxxix. La plupart des auteurs syriaques ont perdu de vue l’ouvrage d’Aphraate qui semble avoir été très peu copié dans son texte original, du moins ils n’ont pas propagé la fausse attribution.

Il y a toutefois dans la littérature syriaque un écrit placé sous le nom de saint Jacques de Nisibe, c’est la cinquième des leLtres adressées à Papa bar’Aggaï, évêque île Séleucic-Ctésiphon, dans le dossier qui nous a été transmis à l’ombre du synodicon nestorien, texte inédit, traduction d’après le manuscrit de la Bibliothèqie Vaticane, Borgia syriaque 82 (autrefois K. VI. 4), parO. Braun dans Zrit.scluilt liir die kalholische Théologie, 1894, t. xviii, p. 167-109. Mais cette correspondance est apocryphe : elle remonte, en très grande partie du moins, au catholicos Joseph, mort en 575-6. Cf. A. Baumstark, Geschichle der syrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 124, n. 10.

Abraham Ecchellensis a revendiqué pour Jacques de N’isibe la rédaction d’une collection de 84 canons, dits de Nicée, que l’on connaît en syi laque et en arabe, Labbeet Cossart, Concilia…, Paris, 1671, t. ii, col. 400 ; cl. Mansi, Concilia, Florence, 1759, t. ii, col. 1072. Cette attribution ne repose sur aucune tradition, elle a été combattue dès 1678 par Emmanuel Schelstrate, qui a proclamé l’impossibilité d’attribuer a un l’en de Nicée la composition de canons dont la