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JACQUES (ÉPITRE DE) — JACQUES BAR SALIBI

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dans International Critical Commentary, Edimbourg, 1916, l’auteur regarde l’épître comme un écrit pseudonyme, composé par un chrétien d’origine juive, de l’an 75 à l’an 125 ; il donne une étude approfondie des rapports de l’épître avec l’hellénisme.

J.-B. Colon.

JACQUES BAR ADAI, Voir Monophysites.

JACQUES BAR SALIBI appelé aussi Denys, du nom qu’il prit lors de sa consécration épiscopale, mort métropolite nionophysite d’Amid (Diarbékir) en novembre 1171. — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Jacques naquit à Mélitène, aujourd’hui Malatiyah, dans la Petite Arménie, d’un père qui portait le nom de Salibâ. Nous ne savons rien de sa jeunesse : il était diacre et déjà réputé pour son éloquence, lorsqu’il écrivit un traité sur la Providence divine, où, distinguant les châtiments que Dieu envoie aux hommes des malheurs qui arrivent par leur incurie, il réfutait Jean, évêque de Mardin, auteur d’un ouvrage sur le même sujet. Cet évêque avait écrit après la prise d’Édesse par Zen gui et’fait scandale dans l’Église jacobite, en prétendant que le désastre était un événement purement naturel, et que la ville n’eût pas été prise, si l’armée franque s’y lût trouvée. Irrité de ce qu’un simple diacre eût osé en remontrer à un évêque, peut-être aussi, sentant que son adversaire l’emportait, Jean le dénonça au patriarche Athanase VIII et réclama contre le téméraire une sentence d’interdit. Sans aller au fond de la question, le patriarche, désireux de faire respecter l’autorité, prononça la condamnation demandée, mais Jacques, afin de se justifier, se présenta devant le synode, et, pour tout plaidoyer, lut le mémoireincriminé. Le patriarche, alors, approuva le texte qu’il avait condamné sans le connaître. Bien plus, il donna toute sa confiance à Jacques et, après l’avoir nommé évêque de Mar’asch, le consacra sous le nom de Denys, en 1 154, semble-t-il. Il l’envoya ensuite se réconcilier avec l’évêque de Mardin, et prendre possession de son siège. Barhebrseus, Chronicon ecclesiasticum, t. i, p. 503 sq. et 511-514.

Les jacobites étant, au xii° siècle, assez clairsemés dans la Mésopotamie du Nord, les patriarches décidèrent à plusieurs reprises de réduire le nombre des évêques ; c’est ainsi qu’en 1155 Denys vit ajouter à son diocèse celui de Mabboug, Ibid., t. i, p. 515 sq. L’administration de semblables communautés laissait sans doute bien des loisirs, Denys les employa en homme studieux ; autant que Jacques d’Édesse, dit Michel, il aurait mérité le surnom de « DiXércovoç. Chronique de Michel le Syrien, édit. Chabot, p. 698, trad., ’t. iii, p. 344. Quel qu’ait élé le lieu de sa résidence habituelle, il se trouvait à Mélitène, sa patrie, lorsqu’il fut appelé au clievel du patriarche gravement malade. Celui-ci voulait lui confier le siège métropolitain d’Amid, mais Denys refusa cette offre très honorable, Chronicon ecclesialicnm, t. i, p. 351 sq. Quelque temps après, le patriarche mourait et les évêques se réunissaient pour l’élection de son successeur. Denys contribua puissamment à faire élire Michel (1166) ; et, quelques semaines plus tard, prononçait l’homélie à la prise de possession du patriarche. Celui-ci, désirant sans doute le conserver à proximité de sa résidence, lui confirma le siège d’Amid et obtint qu’il allai se fixer dans cette ville, Chronicon ecclesiaslicum, t. i, p. 53 !) sq., 543 sq. Les historiens ne signalent aucun événement Important pour cette dernière période de sa vie ; ils racontent, toutefois, qu’il restaura l’église de la Mère de Dieu et y institua une école, dont le professeur fut son propre syncelle, le diacre Abraham. Michel note même qu’Abraham s’instruisail d’abord auprès du métropolitain, puis allait communiquer aux jeunes gens Sa science fraîchement acquise, p. 097, trad., t. iii, p. 340 sq. C’est dans cette même église que Denys fut enterré, dans le cours de tesrin II 1483 des Séleucides (= novembre 1171). Chronicon ecclesiasticum, 1. 1, col. 559 sq.

II. Œuvres.

Bar Salibi est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages, dont plusieurs parties ont été traduites en arabe. Deux catalogues syriaques de ces œuvres sont connus, l’un d’eux se trouve dans la Chronique de son contemporain, le patriarche Michel, p. 699, trad., t. iii, p. 344 sq., l’autre, qui est un morceau isolé a été imprimé par J. S. Assémani, Bibliolheca Orientalis, t. ii, Borne, 1721, p. 210 sq., d’après le ms. Vatican syriaque 37.

Bar Salibi a commenté la plupart des livres de l’Ancien Testament et tous ceux du Nouveau, même l’Apocalypse ; sur ces commentaires et la méthode exégétique de l’auteur, voir l’article de F. Nau. dans le Diction, de la Bible, t. iii, col. 1098 sq. Il s’est occupé également de formulaires liturgiques, revisa peut-être Yordo baptismal et donna une recension de l’office férial ; deux anaphores portent son nom. Un compendium de l’histoire des Pères, des saints et des martyrs lui est attribué, ainsi qu’un résumé des canons apostoliques. Ses lettres avaient été réunies en corps. Il écrivit peu de vers, on ne connaît du moins que sept pièces, dont deux sur la prise d’Édesse et trois sur celle de Mar’asch.

Comme ouvrage intéressant spécialement la théologie, nous avons à citer :

1. Un compendium de théologie, dont nous ne possédons aucun manuscrit, et que Denys intitule dans son explication de la liturgie : « Lime de la théologie et du mystère de V Incarnation, sur les natures intelligibles et sensibles, sur les sacrements de l’Église, etc. » Voir Corpus scriptorum christianorum oricnlatium, Scriptorcs si/ri. sér. !  !, t. xciii, p. 1, trad., p. 33.- — 2. Une confession de foi, une explication du symbole de Nicée, et celle d’un symbole jacobite : aucune de ces œuvres, dont on a d’ailleurs des manuscrits, n’a élé éditée. — 3. Un traité contre les hérésies, auquel il est fait plusieurs fois allusion dans l’explication de la liturgie sous les titres : Livre de controverse contre les hérésies modernes, op. cit., p. 27, trad., p. 51 ; Traite et controverse contre les chaleédoniens. p. 15. trad., p. 43 ou encore Livre de réfutation des chaleédoniens, c’est-à-dire des melkites, p. 72, trad., p. 84, Ample dispute contre les Arméniens, p. 71, trad.. p. 83. Dans le ms. Vatican syriaque 96, un chapitre contre les musulmans est donné comme extrait du Livre de la réfutation de celui qui scrute la foi. La liste des ouvrages de Bar Salibi publiée par Assémani annonce des écrits contre les musulmans, les juifs, les nestoriens, les chalcédoniens, les arméniens, les idolâtres ; il semble que ce soient les parties d’un vaste traité. Il existe peut-être un manuscrit du tout à ! leir-Za’laran. Moïse ibn’Atasah a largement utilisé ce traité dans son apologie en arabe du monophysisme jacobite, dont il existe une copie dans le ms. Vatican arabe 74. Trois parties sont représentées dans des bibliothèques d’Europe, rien encore n’a été publié. — I. In traité sur la Providence, qui doit être celui écrit contre Jean de Mardin. Il n’en reste, semble-t-il, cpie deux Fragments insérés par Michel dans sa Chronique, édit. J.-B. Chabol, p. 634-6, trad.. t. iii, p. 272 27 1 : p. < ;  : >l sep, trad.. t. iii, p. 300-302.— 5. Des homélies ; celle prononcée pour l’intronisation du patriarche Michel a été insérée par ordre de celui-ci dans le pontifical jacobite pour Être lue aux intronisations de patriarches et, nuitatis mutandis. d’evèques et de métropolites, cf. J.-B. Chabot, Discours de Jacques ( Demis) bar Sirfibi à l’intronisation du patriarche Michel dans.lournid Asiatique, X e série, t. IX, 1908, p. 87-115. Une homélie contre ceux