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JACQUES (ÉPITRE DE), ORIGINE


passages des évangiles. Nous allons voir que cette possibilité devient une hypothèse sérieusement appuyée par les Actes et Pépître aux Galates.

Les synoptiques mentionnent, en etïet. parmi les i frères i du Seigneur, un Jacques, qui est nommé le premier, avant Joseph. Simon et Jude. Mal th.. xiii, 56 ; Marc. vi. 3. Nous retrouvons les « frères » du Seigneur dans Act.. i. 13, où nous les voyons convertis, tandis que Joa.. vu. 5, nous dit que, du vivant de Jésus, ils ne croyaient pas encore en lui. C’est dans ce groupe qu’il faudra sans doute chercher l’évêque de Jérusalem mentionné Act.. xii. 17 ; xv, passim ; xxi, 18-22 : Gal., i. 18-19 ; il, 1-10 ; cf. I Cor., xv. 7. Or l’évangile selon saint Marc nous renseigne sur la mère des deux premiers ♦ frères » de Jésus, Jacques et Joseph ou José : il la place au pied de la croix, Marc, xv, 40, et personne n’oserait soutenir avec Helvidius, que dans ce verset il s’agit de la mère de Jésus : c’est Marie de Cléophas, sœur ou belle-sœur, àSsXçT), de la mère de Jésus, Joa.. xix. 25. Si Clophas est le même personnage qu’Alphée et s’il est l’époux de cette Marie. qu’il sert à désigner, Jacques le « frère » du Seigneur est le fils d’Alphée et l’un des « douze ». La principale objection que l’on fait à ce système est que les « frères » de Jésus ne croyaient pas en lui, Joa., vii, 5, et qu’ils se distinguent du groupe des apôtres. Mais le passage Joa., vii, 5, permet peut-être des exceptions : et puis la distinction des deux groupes ne dit pas forcément qu’aucun des parents du Seigneur n’appartenait au groupe des apôtres. D’ailleurs l’ensemble du système est échafaudé sur l’identité d’Alphée et de Clophas, qui n’est qu’une probabilité. Dans l’hypothèse contraire, la mère de Jacques le mineur et de José, Marc, xv, 40, n’en reste pas moins sœur ou belle-sœur de la mère de Jésus, Joa., xix, 25, ce qui suffit à écarter le système d’Helvidius, mais ne permet pas l’identification de l’auteur de l’épître avec l’un des « douze ».

On apporte, en faveur de l’identité de Jacques le mineur et de Jacques d’Alphée, l’apôtre, des passages de l’épître aux Galates et des Actes. On traduit Gal., i, 19 : i Je n’ai vu aucun autre apôtre, si ce n’est Jacques. » Il n’y a rien à redire à cette traduction qui paraît bien la meilleure, encore que l’autre traduction : « Je n’ai vu aucun autre apôtre, en dehors de Céphas, mais j’ai vu Jacques, » ait aussi sa probabilité. Mais ce texte n’est pas absolument décisif, car chez saint Paul l’usage du mot apôtre n’est pas réservé exclusivement pour désigner les « douze » ; il peut avoir un sens plus large. Cf. Act., xiv, 14 ; I Cor., xv, 7-9 ; Rom., xvi, 7 ; I Cor., xii, 28 : II Cor., viii, 23 ; Phil., ii, 25. D’après Marius Victorinus et l’Ambrosiaster, saint Paijl ne regardait pas Jacques comme l’un des « douze ». Cf. Lagrange, Épttre aux Galates, Paris, 1918, p. 19. Lorsque la tradition appelle apôtre » le « frère » du Seigneur, elle se réfère implicitement à saint Paul, sans trancher la question d’exégèse soulevée par Gal., i, 19.

Toutefois les Actes, xii, 17 ; xv, 13 ; xxi, 18 ; et Gal., ii, 9-12, nous montrent l’évêque de Jérusalem jouissant d’une grande autorité parmi les apôtres : il est une des « colonnes de l’Église ». Il ne pouvait, semble-t-il, acquérir une telle autorité sans être l’un des douze » et le disciple immédiat de Jésus. Cet argument est le plus fort en faveur de l’identité de Jacques de Jérusalem avec le fils d’Alphée, identité à laquelle rien ne s’oppose par ailleurs. On fait cependant remarquer que Barnabe lui aussi était un personnage considérable puisqu’il introduit saint Paul auprès du collège apostolique, Act., ix, 27, et qu’il est appelé apôtre. Act.. xiv. 14. Cette considération n’enlève pas toute sa forci’au dernier argument, car on conçoit difficilement que le chef de l’église de

Jérusalem n’ail pas été l’un des disciples immédiats de Jésus, instruits et choisis par lui. En somme l’identification île Jacques de Jérusalem avec Jacques d’Alphée nous paraît assez probable ; nous n’oserions la proposer comme certaine. Cf. Lagrange, Évangile selon saint Marc. Paris, 1911, p. 72-89 ; A. Durand, L’Enfance de Jésus-Christ, Paris, 1908, p. 219 : Les frères du Seigneur.

Données dr l’épître.

1. L’épître est d’origine

chrétienne. — L’épître se donne pour l’œuvre de « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ », i, 1. Les uns invoquent l’absence des mots « apôtre » et frère du Seigneur >, contre l’authenticité de l’écrit ; d’autres, au contraire, voient dans cette absence une marque d’authenticité. Jacques était un personnage assez connu des Juifs convertis auxquels il s’adresse, pour n’avoir pas à décliner ses titres ; personne ne pouvait s’y méprendre. Sûr d’être écouté, l’auteur n’a besoin de se prévaloir ni de sa qualité d’apôtre, ni de sa parenté avec Jésus. Un écrit pseudépigraphe voulant se couvrir de l’autorité de Jacques n’aurait pas gardé une telle réserve. Ilarnack, Die Chronologie, t. i, p. 485 sq., regarde l’adresse comme une interpolation tardive ; mais Windisch, Die Katholischen Brieje, Tubingue, 1911, p. 1, fait remarquer que c’est là une hypothèse bien invraisemblable, à cause du lien étroit qui rattache les versets 1 et 2 (xocîpew…. X « pàv).

L’épître se présente comme l’œuvre d’un judéo-chrétien. (Voir Caractères généraux.) Elle se rapproche souvent de l’enseignement de Jésus dans les synoptiques : plus qu’aucune autre lettre du Nouveau Testament elle rappelle le Sermon sur la montagne. Elle contient aussi des éléments judaïques, mais aucun de ces éléments, nous l’avons déjà fait remarquer, n’est spécifiquement juif. Elle laisse au second plan l’œuvre de salut de Jésus parce qu’elle ne veut pas faire un exposé doctrinal, mais donner une suite d’exhortations pratiques. Spitta, DcrBrief des Jakobus (Zur Geschichle und Literatur des Urchristentums), Gôttingen, 1896, et L. Massebieau, L’épître de Jacques est-elle l’œuvre d’un chrétien ? dans la Revue de’V histoire des religions, t. xxxii, p. 249, l’ont regardé comme un écrit juif antérieur au christianisme et interpolé par un chrétien pour être introduit dans le Nouveau Testament. C’est dans ce but qu’aurait été ajoutée la mention de Jésus-Christ, i, 1 et ii, 1, et ce travail de surcharge serait particulièrement reconnaissable dans h, 1, grâce à l’accumulation des génitifs. La thèse de Spitta a trouvé beaucoup de faveur auprès de l’auteur de l’article James (General Epistte o/). de la Jeivish Encucfopedia, t vii, p. 68, et a été acceptée par lui sans hésitation. Elle a été péremptoirement réfutée par Jùlicher, Einleilung in das Neue Testament, p. 195 sq. Il est impossible, en effet, d’attribuer à un Juif, i, 18 ; i. 25 ; ii, 5, 7-8, 12 ; iv, I ; v, 7. La lettre ne cont : ent aucun passage que seul un Juif ait pu écrire ; elle est plutôt opposée aux tendances pharisiennes du judaïsme palestinien, car elle marque un affranchissement du légalisme. Elle ne reflète pas les controverses provoquées par la mission de Paul et exposées dans les Actes et l’épître aux Galates. Le judaïsme de l’épître est très libéral et se rapproche de l’hellénisme. D’ailleurs, plus d’un livre du Nouveau Testament renferme des éléments auxquels un Juif aurait pu souscrire sans difficulté. Cf. I Pet., ii, 1, 11-2(1 ; m. 1-14.

Si un écrit, supposé d’origine juive, pouvait être transformé en une épître chrétienne par la seule addition de quelques mots, il est encore bien plus simple de regarder un tel écrit connu. l’œuvre d’un chrétien. Pour cette raison, il v a lieu de rejeter aussi l’hypothèse de Von Soden, dans 1 1’andkommentar mm