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JACQUES (ÉPITRE DE), ORIGINE


der sans hésiter et avec constance. La richesse du riche passera comme l’herbe se flétrit, et l’homme qui aura supporté avec fruit l’épreuve recevra la couronne de vie.

Ce n’est pas Dieu qui tente l’homme, c’est sa propre convoitise. C’est de là que vient le péché : de Dieu il ne vient que du bien ; car il nous a engendrés par la parole de vérité, pour que nous soyons les prémices de ses créatures.

3. Comment il faut recevoir la parole, i, 19-27. — Il faut éviter la colère et la méchanceté, et recevoir avec douceur la parole qui est greffée en nous ; c’est une parole qui sauve. Mais il ne suffit pas de l’entendre ; il faut tenir son regard fixé sur elle et pratiquer cette t loi parfaite », qui est loi de liberté. Pour être vraiment religieux, il faut mettre un frein à sa langue et accomplir des cçuvres de miséricorde.

4. Il faut aimer le prochain sans faire acception de personnes, ii, 1-13. — Si on n’exerce point la miséricorde, si on accueille avec empressement les riches et qu’on repousse les pauvres, on viole la loi au même titre que celui qui tue ou commet l’adultère. La « loi royale » commande l’amour du prochain ; si on y manque on viole la loi tout entière. Personne, en aucun cas, ne peut se dispenser de l’amour du prochain.

5. La foi et les œuvres de miséricorde, ii, 14-26. — Il faut accomplir des œuvres de miséricorde. Sans elles la foi ne sert à rien, elle est morte. Abraham fut justifié par les œuvres et non par la foi seule, en offrant son fils Isaac ; Rahab f ut justifiée par les œuvres en sauvant les envoyés de Josué.

G. L’usage qu’il faut faire de sa langue, iii, 1-12. — La parole est cause de beaucoup de péchés. Aussi, ceux qui s’érigent en docteurs, seront-ils jugés sévèrement. La langue dirige l’homme comme le gouvernail dirige le vaisseau. Elle est comme l’étincelle qui peut embraser une grande forêt ; comme la contagion qui infecte tout le corps-r Elle est un fléau que personne ne peut arrêter : elle bénit Dieu et maudit les hommes faits à l’image de Dieu. Il ne doit pas en être ainsi ; de la même source ne peut jaillir l’eau douce et l’eau saumâtre.

7. La vraie et la fausse sagesse, iii, 13-18. — Une sagesse qui ne conduit pas à la paix, qui est pleine d’amertume et de jalousie, ne vient pas d’en haut : elle est terrestre, charnelle, diabolique. La vraie sagesse, qui vient de Dieu, est simple, ennemie du mensonge, de la jalousie et de la discorde.

8. Contre tes discordes et l’esprit du monde, iv, 1-7. La cause des discordes est que chacun cherche à satisfaire ses désirs aux dépens de son prochain. Mais en réalité, l’on n’obtient aucune satisfaction ; les prières sont inefficaces, car elles sont imprégnées de l’esprit du monde : l’intention est mauvaise. Qui veut aimer le monde se rend ennemi de Dieu.

Dieu veut le service du cœur tout entier. Il ne se révèle qu’à ceux qui s’humilient et tournent vers lui leur volonté. Il faut donc résister au diable, qui est prince de ce monde, et se tourner vers Dieu avec un cœur repentant.

Ne révélez point les fautes des autres. Ceux qui condan nent leur prochain condamnent la loi elle même, en se faisant juges et en usurpant le rôle du Seigneur de la vie et de la mort, qui seul a le pouvoir et le droit de juger.

C’est aussi une pratique du monde, que de faire des projets sans s’en remet tic à la volonté de Dieu : l’homme n’est qu’une vapeur qui se dissipe ; l’avenir esi à l Heu.

9. Avertissements aux riches, exhortations à la patience, v, l-ll. — - Les riches vont recevoir leur Châtiment ; le malheur va fondre sur eux ; leurs riches

ses sont perdues. Leurs injustices sont parvenues aux oreilles du Dieu des armées. Il n’y a qu’à attendre patiemment l’avènement prochain du Seigneur : c’est lui qui fera tourner à bien toutes choses. Comme modèle de patience et de générosité dans l’épreuve, il faut imiter les prophètes et Job.

10. Recommandations diverses, v. 12-20. — Il ne faut pas jurer ; l’affirmation doit être « un oui », la négation « un non ». Il faut sanctifier l’affliction comme la joie, l’affliction en priant, la joie en chantant des psaumes, ce qui est encore une manière de prier. Dans la maladie il faut appeler * les presbytres de l’Église », pour qu’ils prient et fassent une onction sur le malade afin de le sauver et de lui remettre les péchés. Il faut confesser réciproquement ses fautes et prier les uns pour les autres, car la prière du juste a une grande puissance, comme le prouve l’exemple d’Élie. Ramener un pécheur de la voie où il s’égare, c’est sauver une âme de la mort et couvrir une multitude de péchés.

IV. Origine de l’epÎtre. — 1° Données de la tradition. — Malgré les hésitations signalées par Origône, Eusèbe et saint Jérôme, l’épître est attribuée par la tradition à Jacques, Jacques apôtre, Jacques frère du Seigneur (Voir CanonicitkJ. Sous le nom de Jacques, la tradition désigne l’évêque de Jérusalem, mentionné dans les Actes, c. xv, et dans l’épître aux Galates. i, 18-19 ; ii, 1-10, dont saint Jérôme résume la vie dans le De viris ill., 2. Le concile de Trente, sans vouloir définir la question d’auteur, s’appuie sur les données de la tradition et attribue l’épître à Jacques 1 l’apôtre, sess. xiv, De Extrema Unctione, can. 1, 3, à Jacques apôtre et « frère » du Seigneur, ibid., c. i. Dès lors la question se réduit à savoir avec quel personnage du nom de Jacques, mentionné dans le Nouveau Testament en dehors des Actes et de l’épître aux Galates, il faut identifier l’auteur de l’épître. C’est une question fort complexe, que la tradition n’a pas résolue, parce que les données du Nouveau Testament permettent plusieurs hypothèses ou plusieurs combinaisons.

Rappelons d’abord les passages où nous lisons le nom de Jacques. Outre le fils de Zébédée. mort SOUS Agrippa 1 er, en 44, et qui n’est pas en cause, nous connaissons Jacques le fils d’Alphée, Mat th.. x. 3 ; Marc, m. 18 ; Luc, vi, 15, Act., i, 13. L’évangile selon saint Luc, vi, 1C, parle d’un Jacques nui est probablement le frère de Jude et que l’on peut identifier avec assez de vraisemblance avec le fils d’Alphée. L’évangile selon saint Marc, xv, 40, parle de Jacques le « mineur », 6 ii, ixp6ç, c’est-à-dire le petit ou le jeune : il est frère de José ou de Joseph et fils d’une Marie qui était au pied de la croix. Nous le retrouvons dans Marc, xvi, 1 ; Luc, xxiv, 10 ; Matth., xxvii. ! ")(>. Ce Jacques le mineur csl-il distinct du fils d’Alphée ? Sa mère, que nous retrouvons Joa., xix, 25, y est nommée Marie de Clophas (que l’on entend généralement : femme de Clophas), et sœur ou belle-sœur, àSeXqjï), de Marie, mère de Jésus. Si Clophas est le même personnage qu’Alphée, Jacques le mineur s’identifie sans peine avec Jacques lils d’Alphée. Mais on reconnaît, aujourd’hui, qu’il est impossible de faire du mot Alpliée l’équivalent sémitique du nom grec IO.w7râç ou KXeoipaç, abrégé de KXeénaTpoç. Cependant comme une même personne pouvait porter deux noms, selon un usage assez courant à cette époque, l’identification du lils d’Alphée et de Jacques le mineur n’est pas Impossible. On objecte que Luc connaît certainement Alphée, et que cependant il parle de Clophas comme d’un inconnu. Luc. wiv. 18. Mais dans ce passage rien n’indique qu’il s’agisse du Clophas de Joa., xix, ’_ !  : "> L’identité de Jacques le mineur avec le lils d’Alphée et le Jacques de Luc, VI, 16 apparaît donc comme une simple possibilité, d’après les seuls