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JACOBEL

réformiste, qui ne tardera pas à soulever la Bohême contre l’Église romaine. Quand, en février 1413, le roi Wenceslas convoque un synode général pour tenter île mettre un terme aux discussions religieuses déjà fort vives. Jacobel s’élève avec véhémence contre tous les abus ecclésiastiques, simonie, inconduite des clercs, surabondance du temporel. Il est grand temps. dit-il. que les clercs se mettent à vivre selon les règles de l’Évangile, que soient extirpées toutes les coutumes ouvertement introduites contre la loi du Christ Palacky, p. 493.

C’est déjà tout le programme auquel Jacobel restera fidèle sa vie durant : la lutte contre les abus ecclésiastiques, le retour aux prescriptions et à l’esprit de la primitive Église, nonobstant toutes coutumes. toutes prescriptions contraires, fussent-elles sanctionnées par l’autorité de’l'Église. Au moment où Jean Hus part pour Constance, automne de 1414, Jacobel est donc à Prague le vrai chef de ce qu’il faut déjà appeler le parti luissitc. C’est à lui que s’adresse une des dernières salutations de Hus. à la veille de son supplice. Palacky, p. 129. Aussi bien dès la fin de Mil. Jacobel a trouvé, le moyen de donner au parti un signe de ralliement : en un geste symbolique et populaire il résume tout l’essentiel de la nouvelle doctrine. De quoi s’agit-il ? De remonter par-dessus les abus et les corruptions modernes à la pureté de l’Église primitive ; de chercher dans l’Écriture la règle terme contre laquelle ne saurait prévaloir aucune autorité humaine. Ce programme s’exprimera au mieux dans la distribution de l’Eucharistie aux laïques sous les deux espèces. Dès la fin de 1414, dans l’Église Saint-Michel de Prague, Jacobel inaugure le rite nouveau. Quelques auteurs, tous dépendants d’Eneas Sylvius Piccolomini (le futur Pie II) prétendent que Jacobel aurait emprunté l’idée de la communion sous les deux espèces et l’argumentation qui l’appuie à un certain Pierre de Dresde, plus ou moins contaminé par l’hérésie vaudoise. Voir un bref aperçu de la question, dans Hôfler, Fontes rerum austriacarum, t. vii, p. 155 sq. C’est peut-être aller chercher un peu loin. Von der Hardi avait déjà lait remarquer depuis longtemps qu’à Prague même, vingt-cinq ans avant Jacobel, la même controverse avait été soulevée, et que le curé d’une des églises avait déjà institué le rite utraquiste, qu’il avait d’ailleurs rapidement abandonné sur les injonctions I de l’autorité ecclésiastique. Res Conslanlienses, t. m. Leipzig. 1008, Prolegomena, p. 17, 18,

Quoi qu’il en soit d’ailleurs, la participation des laïques au calice fut aussitôt considérée comme le signe de ralliement des partisans de Jean I lus. Celui-ci pourtant, qui de sa prison de Constance suivait avec attention le mouvement tchèque, avait d’abord hésité à approuver l’innovation de Jacobel, qui n’était pas sans compliquer son propre cas. C’est seulement dans les derniers jours de juin, presque à la veille de son supplice, qu’il écrit à l’un des prédicateurs de Bethléem de se rallier sans ambages à la pratique inaugurée a Saint -Mi< bel Palacky, Documenta, p. 128. A ce moment le concile de Constance avait déjà condamné la pratique utraquiste (décret du lô juin), et Jacobel. excommunié depuis le début de l’année par le vicaire général de Prague, se trouvait maintenant en rupture complète avec l’Eglise romaine. Durant les derniers mois de 11Il et les premiers de

1415 les polémiques s’étaient exacerbées au sujet

de la communion sous les deux espèces, lui des soute Dances publiques a l’université, Jacobel avait défendu son point de vue. Les théologiens favorables a la pratique courante avaient répondu : ce fut pendant quelque temps une guerre de plumes. OÙ se ressassèrent d’une manière fatigante les mêmes arguments. On

trouvera dans von der Ilardt, op. cit., p. 339-882, un certain nombre des traités composés à peu près vers ce moment par les tenants de l’un et l’autre parti. Mais bientôt la querelle allait prendre une allure autrement tragique. Nous n’avons pas à faire ici l’histoire des guerres hussites dont l’exécution de Jean Hus a donné le premier signal. Qu’il suffise de signaler l’attitude que va prendre Jacobel. Au début il est considéré par tout le monde, comme l’un des chefs religieux du mouvement, si bien qu’à ce moment jacobite et hussite. c’est tout Un. A sa première innovation de la communion des laïques sous les deux espèces, Jacobel. fidèle à son principe de ressusciter les usages de l’Église primitive, ajoute bientôt la pratique de la communion des tout petits enfants ; il en soutient vivement les avantages et même la nécessité dans plusieurs discussions publiques à l’université, Palacky, Documenta, p. 073, et finira par la faire adopter dans toute l’Église hussite. Mais voici que parmi les disciples de la première heure un certain nombre veulent tirer toutes les conséquences des principes posés par le maître. Le parti extrémiste, qui sera bientôt lepartitaborite, au nom du retour à la simplicité primitive, en arrive à supprimer tout l’appareil extérieur des cérémonies saintes ; vases sacrés, images des saints, costumes et prières liturgiques, autels, églises, tout cela ce sont des superfétations modernes, auxquelles il faut renoncer. Rapidement on glisse de la suppression des rites extérieurs à des négations plus radicales. Ressuscitant des thèses plus ou moins ambiguës de Wiclef, les extrémistes en viennent à nier et le purgatoire, et la transsubstantiation et même la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Contre ce radicalisme religieux, Jacobel prend nettement position dès 1417. On signale de lui à cette date un traité, ou plutôt une véritable encyclique contra purgalorium negantes et cseremonias ïontemnenles. Fontes…, t. ii, p. 548, note 3. La Chronique de Laurent de Brézina décrit longuement la conférence qui eut lieu en décembre 1420 entre les hussites modérés de l’université de Prague et les docteurs taborites. Après que le recteur eut faire lire soixante-dix articles des extrémistes, respectivement qualifiés d’erreurs ou d’hérésies ; après que les taborites eurent bruyamment protesté contre l’intolérance des universitaires, pire, déclarèrent-ils que celle du concile de Constance, Jacobel s’etïorça de sauver les pratiques de son parti relativement à l’usage des ornements liturgiques. Sans doute, disait-il, il n’y a rien là d’essentiel à la foi et au salut ; ce sont choses accessoires et secondaires, qui peuvent être omises. en diverses circonstances de temps et de lieu, mais qui, en d’autres, peuvent et doivent être gardées. Et, ajoutait-il, généralisant la question : sic eodem modo intelligendum est de omnibus humanis sanctorum patrum institutionibus. qu.se non sunt contra tairai Dci, nec eam impediunt, s>'d polius <diq : ia promovent myslicc significanda. Fontes…, t. u. p. I fi. I es radicaux avaient beau jeu ; il leur suffisait de mettre en parallèle avec ces assertions conservatrices, d’autres théories émises par le même Jacobel. peu de temps auparavant. Il y avait en particulier certaine affirmation du maître sur la missatio Pétri (la Façon dont saint Pierre disait la messe) que les taborites aimaient a rappeler, car après avoir décrit a sa manière la messe brève du prince des apôtre Jacobel avait ajouté : ita curte faciens, nolens /dus addere reliquit hoc in exemplum poster is. Grande Chronique des taborites dans Fontes…, I. vi. p 190, cf. p 557.

Beaucoup plus grave que ces dl putes, après toul secondaires, étail la question de la présence réelle el du mode d’existence du Chris ! dans l’Eut liarisl ie. Ici encore un certain notl affirmations priini-