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[SAAC D’ANTIOCHE — [SAAC DE NINIVE

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. ruinant etiam Antiochia.’eleganti carminé planxit eo auditores imbuens sono, quo Ephrœm diaconus S’icomedia lapsum. Moritur Leone et Majoriano imperantibus. La ruine d’Antloche ayant eu lieu en 459 et Majorien étant mort en 461, au mois d’août, c’est vers 460 qu’il faudrait placer, au témoignage de Gennade, la mort d’[saac. Ceci prouve que l’Isaac dont parle Gennade n’est pas celui qui serait venu à Antioehe. selon Jacques d’Èdesse, à l’époque de Pierre le Foulon ; et comme ce dernier Isaac est l’auteur de la plus grande partie des poèmes qui nous sont parvenus sous le nom d’Isaac, et qu’il fut en outre monophysite, il faut en conclure, contrairement à l’avis de G. Bickell, <iu’Isaac le Grand n’est point Isaac le catholique, mais Isaac le monophysite, lequel était originaire, non pas d’Amid, comme le premier, mais d’Èdesse, et auquel d’ailleurs conviendrait exclusivement le titre de presbyter Anliochense Eccl sise octroyé par Gennade a l’unique Isaac qu’il connaissait. Il est d’ailleurs fort difficile, il faut l’avouer, de discerner, sans autre s cours que la tradition paléographique, la part de l’un et de l’autre.

L’héritage littéraire d’Isaac est considérable, mais presque entièrement inédit. P. Zingerle a publié, en syriaque, le De amore doctrinæ, Monumenta syriaca, Inspruck, 1868, 1. 1, p. 13-20, et des extraits des pièces, De crucifixione, De perfectione fralrum, De Adam et Eva, Dr Abelo et Caino, dans sa Chrestomathia, Rome, 1872, p. 299-306, 395-416. Il en traduisit une partie en allemand dans la Tùbing. Quartalschrijt, 1870, p. 92-114. G. Bickell, de son côté, publia d’abord en allemand quelques morceaux d’Isaac dans les Ausgewàhlte Schriften der syrischen Dichter Cyrillonas, Balùus, Isaak von Antiochien und Jacob von Sarug, Kempten, 1872, p. 190191 ; simple réédition, en 1912, par Simon Landersdorfer, O. S. B., formant le t. vi de la Bibliolhek dr Kirchenvâter, in-8°, Kempten et Munich. Il entreprit ensuite une édition complète des œuvres d’Isaac, ayant pour titre : S. Isaaci Antiocheni docloris Syrorum opéra omnia ex omnibus, quolquot exstant, codicibus manuscriptis cum varia lectione syriace arabveque primus edidit, latine vertil, prolegomenis et glossario auxit Dr G. B., Pars I, Giessen, 1873 ; Pars II, ibid., 1877. Après la publication de ces deux volumes, le courageux éditeur dut s’arrêter, faute de ressources. Toutes les œuvres d’Isaac, sauf de rares exceptions, sont en vers, le plus souvent de sept syllabes ; l’auteur y traite ordinairement de l’ascétisme en s’adressant à ses frères en religion ; il aborde quelquefois le dogme, surtout les sujets controversés de son temps, comme la trinité, l’incarnation, le libre arbitre ; dans d’autres pièces, le poète raconte les grands événements contemporains, comme les guerres contre les Huns, les Arabes ou les Perses. Toutes cespagessont d’ailleurs dépourvues de vigueur ; elles se distinguent parcette exubérance asiatique, plus sensible encore, j’allais dire plus désespérante, chez les poètes que chez les oraUurs. Ainsi, le poème du Perroquet, consacré à l’addition au trisagion : Qui crucifixus es pro nobis, n’a pas moins de 2136 vers ; un autre sur la pénitence en a 1928. Et l’on compte 200 poèmes de ce genre, dont 37 seulement ont paru dans les deux premiers volumes publiés par Bickell.

Sous le titre de Ilomilias S. Isaaci Syri Antiocheni, Paul Bedjan a publié à Paris-Leipzig, en 1903, un premier volume in-8° de xxu-850p., qui constitue, au dire de l’éditeur, un vrai trésor autant par la sublimité des pensées que par la beauté du style. » Ces homélies sont-elles du premier Isaac ou du second ? Probablement du premier, qui a dû, à l’exemple de saint Éphrem, écrire en cette prose rythmique si chère aux Syriens, et c’est bien du premier que Grégoire Barhébrseus écrit dans son Historia dynasliarum, p. 91 : Theodosii Junioris († 450) temporibus floruit Mur Isaac, discipulus Mar Jphraimi, sermonum rliythmicorum auctor. Seule, l’édi tion complète des œuvres de l’un et de l’autre permettra de trancher la question.

Sur les deux Isaac originaires d’Èdesse, le deuxièma et le troisième de la lettre de Jacques d’Èdesse, voir la Chronique publiée par Brooks : Corpus scriptoruin cliristianorurn orientalium. Syri, III » série, t. iv, p. 217 du texte et 165 de la traduction.

Sur Isaac d’Antloche, voir U. Chevalier, Répertoire, à ce nom ; H. Ilurter. Xnmenclator lilterarius, t. i, col. 398 ; K. Ahrens et G. Kriiger. Die sogenannte Kirchengeschichtt des Zacharias Rbetor, Leipzig, 1899, p. 20 et 296.

L. Petit.

    1. ISAAC DE NINIVE##


3. ISAAC DE NINIVE, auteur ascétique syrien, (vu* s). Il a été longtemps tenu pour catholique, mais son hétérodoxie ne fait plus aujourd’hui de doute, depuis la publication par J.-B. Chabot du Livre de ta chasteté de Jesusdénah, évêque de Basra, au viiie siècle. Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’École française de Rome, 1896, t. xvi, p. 277-278. En complétant ce document par les trop rares données que l’on possédait déjà, il est possible de fixer avec assez d’exactitude la carrière de cet écrivain. Originaire du Beith Qatarayé ou Qatar, région d’Arabie sur la côte occidentale du golfe Persique, en face des îles du Bahrain, il embrassa dès son jeune âge la vie monastique au couvent de Mar Mattai, dans le djebel Makkloub, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Mossoul. Élevé au siège épiscopal de Ninive, à la mort de l’évêque Mosès ou Moyse, par le patriarche nestorien George, qui siégea de 660 à 680, il ne put s’y maintenir, sans doute à cause de la jalousie du clergé local pour un prélat étranger à la Mésopotamie, et il abdiqua au bout de cinq mois, pour se retirer d’abord dans les montagnes du Beith Houzayé ou Khousistan (Susiane), au nord du golfe Pirsique, puis au couvent de Rabban Schabor, où il mourut dans un âge très avancé ; il avait depuis un certain temps perdu la vue à la suite de ses austérités et de son assiduité à la lecture.

J. Assémani, Bibliolheca orientalis, 1. 1, p. 446-459, et J.-B. Chabot, De S. Isaaci vita, scriplis et doclrina dissertatio theologica, Louvain, 1892, p. 27-53, ont dressé de ses œuvres un catalogue que l’on peut regarder comme complet. Il comprend, d’après J.-B. Chabot, quatrevingt-trois numéros, sans compter six autres qui sont à éliminer, quatre comme douteux, et deux comme appartenant sûrement à d’autres. Divisés, dans la recension arabe, en quatre livres, et, dans la traduction grecque, en deux, ces divers traités ne comportent en syriaque aucune répartition de ce genre. Ni le syriaque ni l’arabe n’ayant été jusqu’ici publiés intégralement, il faut recourir, pour avoir une idée de l’œuvre, à la traduction grecque. Faite par deux moines de Saint-Sabas en Palestine, Patrice et Abraham, cette traduction a été publiée, au xviiie siècle, par Nicéphore Théotoki, aux frais d’Ép’.rem, patriarche de Jérusalem, sous le titre suivant : To-j oatou rcaxpoç 7)|xwv Iaaax E7ucrL07rou Niveui tou Supou TæupeŒvxa aaxTjxixa, a^tcoæi (jlev tou [iaxapiwxaxou Osioxaxou xai ao<pcoxaxoi> 7taxpi.ap3(ou tt)ç (xyiocç ttoXewç IepouaaX7)[zxoa ttxcttjç naXcaaxivTjç xupiou xupiou Eçpoau., e7tiu, eXeia Se Nixïjçopou iepou, ovaxou tou ©eoxoxou Y)Sv) 7tpo>Tov xutcoiç exSoôevxa.’Ev Asujna TÎ)Ç Ea ? ; ovîaç èv t7j xuTcoypacpîa xou BpeïxxoTC9."Exei, y.'>o’in-4° de 1 pi., 5 fol., xiv p., 22 p. chiffrées en grec, 5 fol., 584 p., 20 fol. non chiffrés. Une seconde édition a paru à Athènes, en 1895, par les soins de Joachim Sp tsi ri, moine du Saint-Sépulcr., en un in-8° de xlvi-434 p. et une pl. Le volume comprend quatre-vingt-six discours et quatre lettres. C’est à peu près, on l’a vii, le compte obtenu par J.-B. Chabot. Malheureusement cett édition, fort méritoire par ailleurs, est de consultnUon dilluile, non seulement à cause de son extrême i iieté (le cardinal Mai en a vainement cherché un exemplaire dans toute l’Europe), mais parce que l’éditeur, on ne