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ITALIE. ŒUVRES SOCIALES


modifier les courants de désagrégation sociale et les agitations provoquées par la lutte des classes et par la révolution anarchique : on grouperait ainsi tous les éléments de conservation : t de progrès dont dispose l'âme populaire, tout en respectant le principe d’autorité indispensable pour l’unité et la force d’action. Nous nous présentons dans la vie politique avec notre bannière morale et sociale, disaient, en finissant, les signataires du programme, en nous inspirant des principes salutaires du christianisme, qui consacra la grande mission civilisatrice de l’Italie ; mission, qui, aujourd’hui encore, doit resplendir, en opposition aux tentatives de bouleversement anarchique rêvées par les démocrates socialistes, qui veulent la matérialisation de tout idéal ; en opposition aussi avec les efforts de ce vieux libéralisme sectaire, qui veulent faire, de la centralisation exagérée dans les mains de l'État, un boulevard contre les aspirations légitimes d’affranchissement… »

2. Le péril d’une révolution anarchique ayant successivement augmenté durant la guerre, et après la guerre, il ne semblait plus suffisant, pour sauver l’ordre social, de dispenser, seulement pour des cas particuliers, les catholiques de l’observation du non expedit. Il convenait que toutes les énergies catholiques fussent unies, dans un programme commun de vie et d’action. Le non expedit fut donc aboli, et divers journaux catholiques, entre autres YOsservatore romano et l’Avvenire d’Jlalia, firent savoir que, la question ayant été posée à la S. Pénitencerie, celle-ci avait répondu que les catholiques italiens pouvaient, sans aucune limite ni réserve, accéder aux urnes, pour les élections législatives. En conséquence, YOsservatore romano, organe officieux du Vatican, exhortait tous les catholiques italiens ù accomplir entièrement leur devoir, dans l’imminente lutte électorale.

3. Le résultai aux élections législatives générales du 16 novembre 1919, dépassa toutes les espérances. Les premières nouvelles officielles, aussitôt après le dépouillement des scrutins, dans les divers collèges électoraux, annonçaient que 103 membres du Parti populaire avaient été élus, au premier tour, quoique ce parti fût organisé, depuis quelques mois à peine. Il fut, dès lors, évident que, si le parti populaire, s’inspirant des principes catholiques, n’avait pas, dès sa première bataille, obtenu encore la majorité à la Chambre, il y constituerait, cependant, un groupe puissant, avec lequel il faudrait désormais compter, car il ferait pencher la balance, du côté OÙ il se porterait. Il devenait ainsi, déjà, après une éclosion soudaine, l’arbitre des destinées de L’Italie. Dieu veuille que ces espérances ne soient pas trompées. La fin de la guerre européenne, en effet, n’a pas donné complètement la paix intérieure à l’Italie. Il reste encore bien des nuages à l’horizon du ciel politique, cl, dans les esprits, bien des causes de profondes et graves perturbations.

X. Œuvres sociales m. s ca i hoi iqi es n m.h.ns. — 1° L'Œuvre des congrès. LA la suite d’une encyclique envoyée par Léon XIII à l'épiscopat italien. Le l") juin 1882, et de diverses lettres du même pape aux évêques, au clergé et au peuple, le i"> octobre 1890, le 9 septembre 1891, Le 8 décembre L892, le 21 août 1895, l'Œuvre des congrès fut fondée ou réorganisée, afin d’opposer aux associations maçonniques les associations catholiques militantes, qui seraient groupées en un tout puissant. Le premier essai de ce genre remontait au mois d’octobre 1871. R. Délia Casa, Il movimehlo cattolico ilaliano. Note, commentie ricordi storici, 2 in-8°, Milan. 1905, t. i, p. 342 sq. ; (', . T., Manuale del propagandista cattolico, in H->. Florence, 1911.

Plus tard, de par la volonté expresse de Léon XIII,

toutes les associations catholiques, de quelque genre qu’elles fussent, durent adhérer, non pas seulement de nom, mais de fait, à l’Opéra dei eongressie dei comita’ti callolici in llalia. Le programme de cette vaste union comprenait : la diffusion de la bonne presse ; les études sociales ; les bibliothèques circulantes ; les caisses rurales ; les questions d'économie sociale ; l’action catholique pour les élections administratives ; l’inscription des catholiques sur les listes électorales ; les pèlerinages aux sanctuaires les plus voisins, ou les plus vénérés ; l’enseignement du catéchisme dans les écoles ; les conférences populaires contre le socialisme et contre les autres erreurs du jour ; l’assistance, en corps, aux offices paroissiaux ; l’adoration quotidienne du très saint Sacrement ; les ligues pour le repos dominical et la sanctification des fêtes : les sociétés de secours mutuel ; les cercles catholiques ; la défense des droits des œuvres pics ; les sociétés coopératives agricoles ; la défense de la petite propriété ; les salaires ouvriers ; l’assistance personnelle des pauvres et des infirmes, etc.

Toutes les régions de l’Italie rivalisèrent dans ce travail de reconstruction chrétienne de la société. Des comités paroissiaux, des cercles catholiques, des associations de tout genre surgirent un peu partout, four être rdhscigné exactement à ce sujet, voir le Bollettino del movimento cattolico, revue mensuelle, publiée à Bassano.

Grâce à l’Opéra dei eongressi, les nombreux comités paroissiaux, qui devaient s’occuper, dans leur région, des œuvres sus-énoncées, ne furent plus des associations isolées et autonomes, mais firent partie d’une seule et grande œuvre, ayant sa hiérarchie et son chef suprême, le souverain pontife. De ce centre, ils recevaient l’impulsion et l’unité de vues.

2. Les régions du nord de l’Italie furent les premières à répondre à l’appel du pontife. La Vénétie, à elle seule, comptait, en 1896, déjà 1 178 associations catholiques ainsi affiliées à l'œuvre des congrès. La Lombardie et le Piémont marchaient de pair. Peu à peu le reste de l’Italie suivit. De nombreuses lettres pastorales des évêques rappelèrent au clergé, qu’il devait s’occuper avec zèle d'œuvres sociales. Le thème général était : // elero deve finalmente uscirc di sacrislia. On trouvera les détails de cet important mouvement social, dans les ouvrages suivants : F. Crispolti, 1 eongressi c l’organizzazionc dei eatlolici in llalia, in-8°, Home, 1897 ; T. Veggiano. // movimento sociale cristiano nella seconda meta del xix" secolo, in-8°, Vicence, 1902 ; L. Mari, Dope quindici hnni d’azione caltolica pratica, in-8°, Milan. 1907 ; Raffælle Délia Casa, Il movimento catlolico ilaliano. Soie, commentie ricordi slorici, 2 in-8°, Milan, 190.3 : ('.. T., Manuale del propagandista catlolico, in-8°, Florence. 1911.

3. Cette trop grande centralisation ayant eu, cependant, des inconvénients, Pie X. le 28 juillet 1904, modifia cette vaste organisation et la rendit plus régionale,

2° L’Unione popolare Ira i callolici d' llalia. - ' Le Il juin 1905, l’ie ? publiait l’encyclique Il fermo proposito, au sujet de l' action catholique, en Italie, et lui donnait, avec une nouvelle constitution, une impulsion plus forte. Suivant les termes mêmes du document pontifical, l'.Unione popolare était destinée a grouper les catholiques de toutes les classes sociales, mais spécialement les grandes multitudes du peuple, autour d’un seul centre commun de doctrine, de propagande et d’organisation sociale. Le pape insistait afin que les catholiques en vinssent à se rendre aptes, par une meilleure organisation électorale, non seulement a prendre une plus large place, dans la vie administrative, en entrant dans les conseils des municipalités et des provinces, mais aussi dans la vie poli-