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iv ai :

bridge. 1905, t. vii, n. 4, par une longue et minutieuse comparaison du commentaire des Épîtres de saint Paul et d.-s Qnæstiones Vrteris et Novi Testamenti, tant sous le rapport de l’illustration et des allusions, des citations de l’Écriture (textes antéhiéronyiniens) que sous celui de la langue, du style et des idées, il recherche quel est l’auteur des deux écrits. Après avoir écarté saint Ambroise pour le premier et saint Augustin pour le second, il prouve que l’auteur unique, sans être Romain d’origine, avait vécu à Rome et probablement y avait écrit sesouvrages, sous le pontificat du pape Damase I", enfin qu’il n’était pas un membre du clergé, mais un laïque, versé dans les questions juridiques et très au courant des usages juifs. Tous ces indices suggèrent qu’il n’était pas Decimus Hilarianus Hilarius. Saint Jérôme aurait connu ce dernier, et l’aurait sans doute ment ionne soit d.ms le De viris soit dans la préface du commentaire de l’Épîlre aux Galales, où il déclare entreprendre un travail que nul des latins n’a encore tente Au contraire on comprend très bien qu’il ait pas*é sous silence le juif converti puis relaps, adversaire de Damase, le grand protecteur d Jérôme.

M. Souter a soutenu la même thèse, et avec plus de force encore, dans tes Prolegomena de son édition, déjà citée, des Quæstiones Veteris et Novi Testamenti. L’examen des manuscrits, sur lesquels repose l’établissement da lexle a ete fait dans la dissertation. De codicibus manuscriptis Augustini quæ /eruntur quæstionum Vrteris et Novi Testamenti CXXVl, d s Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften in Wien, Phil.-hist. Klasse, Vienne, 1905. t. exux, Abhand. 1, et dmlidiiion ds Quæstiones, p. xxvt-xxxiii. Cette étude montre que le texte a ex ste en trois recensions. La première comprend et questions (la cu e étant perdue) dont lvi portent sur l’Ancien Testament et xciv sur le Nouveau, numérotées séparément. La seconde ne compte que cxxvii questions, dont la numérotation est continue dans les manuscrits. La troisième en a cxv, dont xxxvin pour l’Ancien Testament et i vi pour le Nouveau, avec, en plus, un Liber qiifpslionum de xxi questions, numérotées séparément De ces trois recensions, la troisième est certainement postérieure, et dès lors présente moins d’intérêt pour l’étude du texte. La comparaison de la seconde et de la première fait ressortir l’ancienneté de celle-ci. Toutefois la seconde doit être considérée comme sortant elle-même de la plume de l’auteur, en sorte que l’on devrait parler d’une première et d’une deuxième édition, celle-ci corr ; gée et remaniée.

Cette seconde édition contient beaucoup d’indices de l’époque de sa composition. Le stvle est du ive siècle et la doctrine celle du temps de saint Augustin. L’auteur nomme les empereurs Constantin, Constance et Julien. Trois cents ans à peu près se sont écoulés depuis la ruine de Jérusalem. La dévastation d la Pannonie, opérée par les Quades et les Sarmates en 374, est mentionnée. Eusèbe de Verceil, mort en 371, n’est plus du nombre des vivants. Les rites païens qui sont décrits ne pouvaient plus être accomplis après le rescrit de Gra tien de 382, qui abolissait les privilèges des prêtres. Le recueil cependant a pu être publié un peu plus tard, d’autant qu’il est très vraisemblable que les plus longues questions au moins ont été éditées séparément. En 384, Jaint Jérôme répondait a cinq questions, que lui avait posée* saint Damas et qui sont les mêmes que les questions vt, ix, x. xii et xi du recueil. L" pape interrogeait le saint docteur sur des questions, que son adversaire avait traitées, cette année -là même.

C’est à Rome qu’écrivait l’auteur. Il décrit exactement la vie de cette ville ; il combat la jactance des lévites Romains. Ce qu’il dit des novatiens convient à Rome, où ils étaient très nombreux. On ne trouve au cun indice d’un autre lieu de composition. Il est permii d’en conclure qu’une bonne partie du recueil, sinon peut-être l’ouvrage entier, a été rédigée à Rome. Quelques traits cependant se rapportent à l’Italie du nord ou à l’Espagne. Samuel Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 139, a dit que le texte des Épîtres de saint Paul de l’Ambrosiaster est « le texte milanais par excellence ; et il est le même que celui des Quæstiones. L’auteur semble aussi connaître le symbole d’Aqui ée. Sa façon de parler de l’Espagne montre qu’il a quelque chose de commun avec cette région. Seul des latins, avec Priscillien, il connaît un démon nommé Saclas. Tous deux combattent les manichéens qui étaient alors nombreux en Espagne. Deux particularités orthographiques de l’ouvrage sont propres aux manuscrits espagnols de la Vulgate. M. Souter en conclut que le plus ancien archétype des Quæstiones a été écrit en Espagne.

L’auteur appartient à l’Eglise catholique, dont il accepte très fermement les dogmes, toutefois à sa manière. Il connaît très bien les lois romaines, et il emploie les termes usités dans les tribunaux ; il a été avocat. Il connaîtles mœurs et les opinions des juifs aussi bien que les institutions romaines. Il a la mentalité juive, et il traite des généalogies et des nombres comme le faisaient les Juifs. Quel est-il donc enfin ? Aucun érudit ne peut nier que l’Ambrosiaster ait écrit ses commentaires de saint Paul sous le pontificat de Damase I" (366-384), qu’il ait le même caractère, les mêmes opinions et le même style que l’auteur des Quæstiones. La plupart des savants pensent qu’il est le même que le juif converti Isaac, parce que la doctrine et le style de ses écrits sont d’accord avec la doctrine et le style du De ftdt Isatis. Ce qu’on sait de la vie d’Isaac concorde aussi avec ce qui a été dit plus haut de la vie de l’Ambrosiaster. Enfin la difficulté, qu’on tirerait du silence gardé par saint Jérôme sur le juif Isaac a disparu" depuis que Zahn et Schanz ont signalé que le saint docteur l’a nommé à mots couverts, mais assez transparents, quand il a écrit, dans son commentaire surl’Épître de saint Paul à Tite, iv, 9 -.Audiui ego quemdam de Hebrxis, qui se Romse in Christum credidisse simulabat, de genealogiis Domin, nostri Jesu Christi quæscripta sunt in Malthœo et Luca, facere Question es quod uideliceta Salomone usquead Joseph, née numéro sibi, nec uocabulorum qualitale consentiunl. Qui cum corda simplicium pervertissel, quasi ex adytis et oraculo deferebat quasdam, ut sibi videbatur, soluliones, cum magis debuerit jusliliam et misericordiam et dilectionem Dei quærere et posl illa, si fart’occurrissel de nominibus et numeris dispulare. (Cf Question, lvt) P. L., t. xxvi, col. 396. Isaac ayant été relégué en Espagne qui était peut-être son pays d’origine, connaissait cette province. On sait aussi qu’il a visité l’Italie du nord et par conséquent Milan. Tout concourt donc à prouver que l’auteur des Quæstiones fut h juif converti Isaac. Voir Augustin (saint), 1. 1, col. 23U8.

La démonstration de M. Souter emportera-t-elle la conviction de tous les érudils ? M. Ardold en doute encore, Realenrychpûdie, t. xxiii, p. 35. La parole est au P. Br wer, jésuite de Feldkirch (Autriche), qui prépare, pour le Corpus de Vienne, l’édition du commen taire pseudo-ambrosien des treize Épîtres de saint Paul.

3° A utres ouvrages, attribués récemment à F Ambrosiaster, et par Cunséquent au jui converti Isaac. Mis en goût pur le succèf de l’hypothèse précédente, plusieurs critiques ont reporte sur la tête de l’Isaac-Amb siaster un certain nombre de biens sans mi î re. — 1. Fragmenta contra arianos, — Mgr A. Mercati, Note di letleratura btblicae crislianaantiqua, dans Sludi e trsli Rome, 1901, n. 5, p. 102, note, ayant attiré l’attention sur un traité Contra arianos, contenu dans le