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IMMACULEE CONCEPTION


serait inefïîcace. Les disputes continuèrent et Philipi )e III envoya, en septembre 1618, une nouvelle ambassade, plus solennelle que la première. L’orateur choisi fut un ancien ministre, général des franciscains, Antoine de Tréjo, évêque de Carthagène. Parvenu à Rome sur la fin de décembre, il plaida pendant deux années, dans une suite de discours soignés et solides, la cause dont il était chargé. Paul V étant mort le 28 janvier 1621 et Philippe III le 31 mars suivant, le nouveau roi d’Espagne, Philippe IV, renouvela les instances auprès du nouveau pape. Le résultat ne fut pas encore la définition souhaitée, mais Grégoire XV ajouta quelque chose aux mesures édictées par son prédécesseur. A la suite d’une congrégation générale du Saint-OfTice, il publia, le 4 juin 1622, la constitution Sanctissimus. La défense d’affirmer que la bienheureuse Vierge a été conçue dans le péché originel, était étendue aux sermons et aux écrits prives ; à moins de permission spéciale obtenue du Saint-Siège, on ne devrait plus du tout traiter de cette opinion. En outre, suivant le conseil donné par Bellarmin en 1617, ordre était donné à tous les ecclésiastiques, séculiers ou réguliers, de fêter la conception de Marie comme l’Église romaine, c’est-à-dire « de ne pas employer d’autre terme que celui de Conceplion à la messe et dans l’office divin, public ou privé. » C’était, pour les adversaires du privilège, la mise au silence. Grégoire XV lit cependant une exception en faveur des dominicains ; il leur permit, le 28 juillet, de traiter de la conception de la bienheureuse vierge Marie et de discuter sur ce sujet dans des conférences ou entretiens privés, mais seulement entre eux, et non pas en présence ou avec d’autres, inler se duntaxat, et non inter alios mil cum aliis.

Luc Wadding, ll^iToiia. xive J.egatio Philippi III et I V, c’itlmlicorum regnm IJixfjaniarum.ad SS. DD. NN. Paulum PP. V et Gregorinm XV, de definienda conlionersia immaculativ conee/itionis bentiv virginis Maria", » er lit. et Reii. Dotn. D. Fr. Antnniiim a Trrjo, episc. Cartltag., ex nrdine Minoriim. Louvain, 1624 ; Roskovnny, op.eit., t.n, p. 17-347 (actes de la inême ambassade) ; L. Prias, Espafia l>or la definiciôn dogmatica, dans Ba : ôn i/ /c, Madrid, 1904, nuin. exfraor.I., p. 06 ; kl., Felipe III y la inmaciilada concepciôn. Inatanciax n la sar.la Sede par la definiciôn del miate.rii), Ibid., sept. 1904 i sept. 1905 ; Devociôn de los Reijes de Fspafia a la inmaculada concepciôn, Ibid., sept. 1918, janv. 1919 ;. !. Mir, op. cit., c. xxii, p. 410sq. ; IL Maracci, Polyan’.hea Mariana, sort. V, c. i, S S, dans Hou rassé, Summa aitrea, t. i, col. 959 sq. ; l’iazza, op. cit., Act. V, n.l24 sq. ; X.AL I o Harhelet, Vcn.serri Dei lioherti cardinalis Bellarmini de immaculata beatæ Mariic » irgini.s conceptione Votiim, Paris, 1005 ; cf. Études, Paris, 1904, t. <.i, p. 6.56 : le « Volum liellnrniini » sur i Immaculée conception.

.5. Alexandre VII : bulle SOLLICITUDO OMXlUil ECCIRSIARVU (1661). —.Malgré les résultats obtenus, le roi d’Espagne et son peuple n’étaient pas satisfaits. Après l’avènement d’Urbain VIII (1623), Philippe IV revint à la charge, et d’autres princes joignirent leurs instances aux siennes : Sigismond, roi de Pologne ; Ernest de Bavière, archevêque de Cologne ; Wolfgang Gaillaunic, comte palatin du Rhin ; Maximilien, duc de Bavière ; Léopold, archiduc d’Autriche ; l’empereur lui-même, Ferdinand II, en 1624. Roskovàny, op. cit., t. H, p. xvii, 3.")9. Dans sa réponse au roi de Pologne, le pape ne se montra pas disposé à marcher de l’avant : « Les causes qui ont empêché jusqu’ici de trancher la controverse nous engagent également h ne pas accéder, pour le moment, à vos demandes ; elle ne brille pas encore dans notre esprit, la lumière du Saint-Esprit, qui seule peut dévoiler aux hommes ce mystère céleste. Ni>ndum enim Spirilus sanrii lux pontificiæ menti af/ulget, cœlesle hoc arcnnum hominibus delegens. Ibid., p. 361..Appelés à se prononcer sur le mémorial envoyé par Philippe IV, les cardinaux du Saint-OfTicc

jugèrent, le 28 janvier 1627, que les prédécesseurs d’Urbain VIII s’étaient avancés à un tel point qu’on se trouvait en face de cette alternative : vel quæslionem definire, vel œquipollentia dejinilioni statuere, définir la question, ou faire quelque chose d’équivalent, Ibid., p. 362. Urbain VIII en resta là.

L’n document qui a donné lieu à de vives discussions se rapporte à la dernière année du même pontife. C’est un décret du Saint-Ofïîce qui aurait été porté le 20 janvier 1644, mais ne serait devenu public que trois ans plus tard : Decreverunt quod, quando agitur de .tribuendolitulolMMACVLATÀ CONCEPTIONI bealæ Virginis, nullo modo permiltatur, sed solum dicatur conceptio IMMACULATA VIRGINIS. « On ne doit pas permettre d’attribuer le titre à’immaculée à la conception de la bienheureuse Vierge ; il faut dire seulement : Conception de la bienheureuse Vierge immaculée. »

L’authenticité de ce décret a été contestée, mais d’une manière assez arbitraire, par beaucoup de défenseurs du privilège, son autorité l’a été davantage encore, et non sans quelque fondement, car on reconnaît communément qu’il n’a été ni approuvé ni confirmé par l’autorité pontificale, et les circonstances dans lesquelles il fut porté restent obscures. Roskovâny, t. II, p. XXI, xxv. Comme jusqu’alors la fête était officiellement désignée sous le titre de Conception, les membres du Saint-OfTice, se plaçant sur le terrain strictement juridique, ont pu être d’avis de maintenir ce titre, mais, dans les conjonctures, le décret pouvait devenir, et il devint réellement, une arme entre les mains des adversaires ; sous le pontificat d’Innocent X (1644-1655), les agents du roi d’Espagne paraissent s’être heurtés contre cet obstacle. L. P’rias, Espafia por la definiciôn dogmâlica, dans Razôn ij fe, 1904, num. extraord., p. 108. Là est aussi la raison d’être des écrits composés alors pour défendre le titre d’immaculée conception, en particulier ceux d’Antoine Calderon, chanoine de Tolède, et du jésuite français Théophile Raynaud, cités dans la bibliographie.

A l’avènement d’.lcxandre VII, en 1655, la situation se modifia. Dès la première année de son règne ce pape avertit le Maître du sacré palais de ne pas inquiéter les auteurs qui se serviraient dans leurs écrits des termes d’immaculée conception ; il autorisa, entre autres, l’impression d’un ouvrage composé par un professeur du Collège romain, le P. Martin de Esparza Artieda, et intitulé : Immaculata Conceptio beatæ Mariiv virginis deducta ex origine peccali originalis, Rome, 1655. Encourage par ces débuts, le roi d’Espagne fit partir l)our la cour pontificale, en 1659, un nouvel envoyé, Louis Crespi de Borgia, évêque de Plasencia, avec mission de solliciter, non plus une définition formelle du privilège, mais une déclaration qui fixât d’une façon nette et authentique l’objet du culte, comme se rapportant à la conception même de Marie, en tant qu’exempte de toute tache du péché originel au premier instant de son existence. Cette fois, les clïovs furent couronnés d’un plein succès ; ils aboutirent à la célèbre constitution SoUicitudo omnium ecclesiarum, 8 décembre 1661.

Alexandre VII commence par rappeler " le sentiment de dévotion ancien déjà, sane velus est, dont les fidèles font preuve envers la bienheureuse vierge Marie en croyant que son ; une, dès le premier instant de sa création et de son infusion dans le corps, a été, par une grâce et un privilège spécial de Dieu, en vertu des mérites de Jésus-Christ son fils, rédempteur du genre humain, pleinement préservée de la tache du péché originel, et en célébrant dans ce sens, avec beaucoup de solennité, la fête de sa conception, n II parle ensuite des progrès que ce culte n’a cessé <le faire depuis les constitutions émises par Sixte IV et confirmées par le concile de Trente ; puis, des diverses mesures prises