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IMMACULEE CONCEPTION


inénique, V"’de Latran (1512-1517), Léon X eut l’idée d’y faire discuter le problème de la Conception de

Iarie. Il chargea le cardinal Cajctan de lui exposer son

avis sur le sujet ; telle fut l’occasion du Tractalus de Conceplionc bealæ Mariæ l’irginis ad Leonem X, P. M. in quinqiie capita divisiis, Rome, 1515. L’illustre dominicain explique c. i, comment on peut discerner ce qui est conforme ou non conforme à la foi. Il montre, c. ii, que la doctrine de la conception ne rentre pas dans les objets qu’il faut croire de nécessité. Puis il distingue, c. iii, deux manières de soutenir la préservation de la bienheureuse Vierge : en la faisant porter sur le seul péché originel, ou en l’étendant au delà, notamment à la dclte du péché ; il reconnaît qu’on peut admettre la première sans encourir le reproche d’hérésie, mais déclare la seconde contraire à la foi. Il s’efforce ensuite d’établir, c. iv, combien grande est l’autorité dont jouit la doctrine suivant laquelle la "Vierge a été conçue dans le péché, (jiiam probabilis existai, appuyée qu’elle est, dans le passé, par des autorités si graves et si nombreuses. Renvoyant pour plus ample information aux travaux de ses confrères, Jean de Torquémada et Vincent Handelli, Cajétan se borne au témoignage de « quinze saints, » depuis saint Ambroise jusqu’à saint Vincent Ferrier. Enfin il apprécie, c. v, les arguments allégués par les champions du privilège ; qu’ils aient pour eux le nombre, c’est un fait, s’il s’agit des docteurs récents : Dodores ienenles bealum Virgincm esse pnescrvalam sunt numéro infmili, si ad mudernos speclemus ; mais, en face des témoignages opposés des anciens et des saints docteurs, la probabilité qui sort de là est très faible, valde exigua est. Conclusion : au pape de choisir entre ces deux ternies : « d’une part, quinze saints et les anciens docteurs en nombre incalculable ; de l’autre, les modernes et la masse populaire qui les appuie de ses clameurs. »

Malgré la modération relative de l’affirmation doctrinale, ce mémoire n’était guère propre à encourager Léon X dans son projet : il n’y donna pas suite. Mais l’écrit de Cajétan ne passa pas inaperçu. Un dominicain de marque, 711aître du Sacré-Palais de 1512 à 1546, Barthélémy Spina (Quétif et Echard, Scriplnres ordinis jinvdicalorum, t. ii, p. 126 s(|.) publia, en 1526, un traité De universali corruptionc generis humani seminaliter propugali : iilrum sit tenendum secimdum fidem, omnes homines ab Adam seminaliter desrendentes esse ronceplos in oiiginali pec.cato ? Argiimentum iinicum ]>ro negativa parte, multiplex autem con/irmatio pro aflirmativa. Toute la thèse de Spina était dans ce sous-titre, où les mots secundum fidem sont à noter. Sauf à protester qu’il ne prétendait pas lancer contre les adversaires l’accusation d’hérésie formelle, l’auteur reprenait purement et simplement, en se servant des mêmes preuves, les positions de Vincent Bandelli ; il concluait ainsi la P’partie du traité : Ex his omnibus ruique palere potest, quod priedictis conrlusionibus in sacris litleris aperte rontentis, et a sanetis dnrtoribus pra’dicutis, nullus potest contraria sentire vel dogmalizare, AliSQŒ PR/EJUDICIO VERITATIS CâTUO-LiC. E PlPlil, ut palet. Or, l’adversaire dircclement visé, ce n’était pas un défenseur du privilège, c’était (Cajétan, entrepris pour cette concession faite dans le Tractalus de Conceplione et dans son commentaire sur la Somme de saint Thomas, I » II^p, q. i.xxxi, a. 1 : « On peut, sans préjudice pour la foi, tenir rjuc tous les hommes descendant d’.dani par voie de propagation séminale ne contractent pas de fait le péché originel, mais qu’ils y sont seulement soumis de droit, sed solum quod sunt ohnoxii, c’est-à-dire qu’ils ont la dette et l’obligation de le contracter, étant donnée la façon dont ils sont engendrés. » En outre, la cinquième partie du traité renfermait une attaque directe et

violente contre le pape Sixte IV, accusé, entre autres choses, d’avoir commis un abus de pouvoir en interdisant aux adversaires de l’immaculée conception d’attaquer cette opinion connue hérétique. Voir quelques propositions significatives dans Roskovâny, op. cit., t. I, p. 424, et un résumé développé de l’ouvrage dans Pierre de Alva, Radii solis, col. 1954 sq.

Ce ne fut pas tout. Huit ans plus tard, ayant eu connaissance de l’opuscule composé par Cajétan à la demande deLéonX, Spina publia un nouvel écrit : Tractalus contra opusculum Ca jetant de conceplione Virginis, Venise, 1533. Il y réfute, d’après les mêmes jirincipes et par les mêmes arguments, la position moyenne prise par le cardinal et les points qui s’y rattachent : Opportunum jutlicai’i pro verilatis et fidei zelo, per singuln, prout fulsitatem continent, cidem me, licet (oh brevilatem lemporis) obiter et substantialia tantum percurrcntem, opponere. Enfin, un frère mineur espagnol, Louis de Carvajal, ayant fait imprimer à Sévillc, en 1533, un mémoire en faveur du)riicge, Declamatio expostulatoria pro immuculala conceplionc (lenitricis Dei Mariiv, Spina lança contre cet écrit, en 1541, quinze objections à titre de réfutation : Quindecim objcctioncs contra « Ludovici Carvajalii, Ord. Min.cleclamedionemexpostulaloriam proimmaculala conceplionc. » Le franciscain riposta en insérant un appendice dans xiiie nouvelle édition de son livre faite à Paris en la même année : Dilulio quindecim argumenlorum, qu ; r adversus prasentem Declamedionem quidam cidem Luduvico Parisiis objccil. On y lit cette phrase à l’adresse du fougueux adversaire : .Von multum hic dejaligor Spinæ scdisfacere ; ejus lamen supercilium in præcipitandis sententiis non j>ossum salis mirari, pnesertim in libeUis illis, quos contra purilalem Virginis edidil. Pierre de.lva, Monumenta anliqua scraphicu, p. 486.

La position intermédiaire que Spina reprochait à Cajétan d’avoir prisc relativement à la conception de Marie, un autre dominicain la lui reprocha également, mais dans un sens opposé. Dans ses annotations sur les commentaires du cardinal, Ambroise Catharin l’attaqua, non pour avoir concédé qu’on pouvait sans danger pour la foi soutenir la pieuse croyance, mais pour avoir critiqué et rejeté cette croyance. Il soumit en particulier, les témoignages des « quinze saints » à une critique serrée, qui devait être reprise ensuite par d’autres théologiens, par exemple le cardinal Hellarmin dans son Volum du.31 août 1617, et Hippolyle -Maracci, dans des écrits spéciaux. Catharin ne se cx)ntenta pas des susdites annotations ; il publia en 1542, une seconde dissertation sur l’immaculée conception, Disputatio altéra, qu’on peut considérer comme une réplique aux attaques de Barthélémy Spina.

Cajétan Opuscula omnia, Venise, 1594, t. ii, tractatùs prinius ; Catharin, Annolatin cloctis.tima dans Pierre de Alva, Monumenta doininicaim, p. 317 ; Td., /)i.spii<a(io nllcra pro immaculala Dri (ictiilrlcts conreptionc, ibid., p. 387 ; Ilippol. Maracci, l’idvs Cnictana in controversia Conrcptionis tfealic virginis Maria : ad libram vrritatls appensa, et nidin innenta, Lyon, 1059 ; Id., 'indicati<>.S. Cnlhnriixie Seuensis a rommentitia revelatione eidem S. Callwrincc Senensi adscripta contra immciciilulani conceplinnrm bealissimæ virginis.A/ario’, l’ouzzoles, 1003.

2. I.a question de V immaculée conception <ni concile de Trente (1546). — Quand les Pères abordèrent la doctrine du péché originel, le cardinal espagnol Pierre l’achcco, évêque de.laën, profita de l’occasion pour demander, dans la séance du 28 mai 1546, qu’ « on songeât à ce (lu’il faudrait faire relativement à la conception de la bienheureuse Vierge ; queslion qui s’impose maintenant que le saint Concile s’()ccupe du ]>éché originel, et qui doit dire tranchée. » Arloriim pars altéra p. 166. Quelques Pères souscrivirent à cette motion, mais la plupart jugèrent ou que la c|uestion devait être