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IMMACULEE CONCEPTION


E. (lu Boulay, Thsloria Thiiversilatix Pctrisiensis, Paris, 1665 sq., t. VI, p. 739, 742 sq. ; d’Arsentré, Colleclio judicionim, t. ii, p. 413 sq. ; Roskovâny, op. cit., t. i, p. 428 sq. ; Pierre de Alva, Militici immaciilntæ conceplionis virginis MariTT, Loiivain, 1663, au mot.loannes Maldonalns.

2. L’immaculée conception peut-elle devenir une vérité de foi ? — Cette seconde question s’imposa nécessairement à l’étude des docteurs quand les princes chrétiens commencèrent à faire des instances auprès du Saint-Siège en vue d’obtenir la définition du glorieux privilège. D’ailleurs, pour les théologiens, la meilleure manière de seconder le mouvement, c’était de justifier à l’avance ou de montrer comme faisable ce qu’on demandait de faire. IIais il y avait deux camps. « ) L’opinion négative. — Tous ceux qui niaient la réalité ou la probabilité du privilège niaient du même coup qu’il pût être question de le proposer, à un titre quelconque, comme vérité. Ce genre d’adversaires ne nous intéresse ici que par l’objection formulée. Mclchior Cano l’a nettement résumée, De locis theologicis^ t. VII, c. III, 4’= concl., Bassano, 1776, p. 159 : « Les Livres saints pris à la lettre et dans leur vrai sens, n’alTirment nulle part que la bienheureuse "Vierge ait été totalement exempte du péché originel ; au contraire, ils énoncent en termes généraux, sans exception aucune, la loi du péclié, pour tous ceux qui descendent d’Adam par voie de propagation charnelle. On ne peut pas dire que la croyance nous serait venue des apôtres par la tradition. En effet, les croyances traditionnelles n’ont pu venir des apôtres à nous que par l’intermédiaire des évêques, successeurs des apôtres ; or il est manifeste que les premiers Pères n’ont pas reçu des apôtres la doctrine de l’immaculée conception ; s’ils l’avaient reçue, ils l’auraient transmise à leurs successeurs. »

A ce premier et principal groupe d’adversaires, s’ajoutait celui des théologiens qui admettaient de fait le privilège, qui le jugeaient inéme définissable comme croyance pieuse ou comme conclusion théologique certaine, mais non pas comme vérité de foi. Le plus illustre représentant de cette opinion au xvie siècle est le cardinal Bellarmin, dans le Votum qu’il émit, le 31 août 1617, sur la conception de la bienheureuse Vierge, et qui sera cité plus loin. Il dit, dans sa quatrième conclusion : « On peut définir que tous les fidèles doivent tenir pour pieuse et sainte la croyance en la conception sans tache de la Vierge, en sorte que désormais il ne soit permis à personne d’admettre ou de dire le contraire sans témérité, scandale ou soupçon d’hérésie. ».Mais il avait dit auparavant, dans la seconde conclusion : « On ne peut pas définir que l’opinion opposée soit hérétique. » II n’admettait donc pas qu’on pût définir la pieuse croyance comme vérité de foi, puisque c’eût été définir implicitement que la proposition opposée était hérétique. Pourquoi cette restriction ? Evidemment parce que, au jugement du docte cardinal, on ne trouvait, ni dans la sainte Écriture, ni dans la tradition, tout ce qu’il estimait nécessaire pour que le pieuse croyance fût une doctrine révélée. Telle était aussi, scmble-t-il, la pensée de Maldonat quand il objectait : « Ce qui est de foi a dû être révélé par Dieu immédiatement ou médiatement, explicitement, c’est-à-dire en propres termes, in propria forma verborum, ou implicitement, c’est-à-dire, pour parier comme les théologiens, en vertu d’une conséquence logique ou nécessaire, in neces.^aria et bona consequentiu. Or que la bienheureuse Vierge ail été conçue sans péché, c’est une assertion, qui d’aucune de ces quatre manières, ne nous apparaît comme révélée de Dieu. » Bibliothèque Valicanc, ins. lat. 0433, fol. 11.

b) L’opinion affirmation. - - Il est presque inutile de signaler ceux qui regardaient le privilège comme strictement défini au concile de Bâle ; ceux-là pou DIC. DETIIÉOL. CATIIOI..

valent dire : Ab aclu ad passe valet illatio. En dehors d’eux, la grande majorité des défenseurs de la pieuse croyance la considéraient comme se présentant dans des conditions telles qu’elle pouvait être définie comme vérité de foi. Idpersuasum est niihi citra fidem esse veritatem certissimam, et qux, Deo volente, aliquando, cERTioR erit, écrivait le cardinal Tolet, Sum. theol., llh, q. xxvii, a. 2, concl. 2. Et Suarez : Dico veritatem banc passe definiri ab Ecclesia. quando id expedirc judicaverit. In III^"’part., t. ii, disp. III, sect. vi, n. 4. De même Vasquez, In III^’^ part., t. ii, disp. CXVII, c. xiv ; chez les augustins, Gilles de la Présentation, De immaculala beatæ Virginis conceptione ab omni originali peccato imnmni, Coïmbre, 1017, t. III, c. vin ; chez les carmes, Philippe de la Très-Sainte-Trinité, Maria sicut aurora consurgens, Lyon, 1667, disp. IV. Bientôt ce ne sont plus desimpies assertions émises en passant, mais des livres entiers dans de grands traités, par exemple, J. B. Poza, Elucidarium Deiparse, Lyon, 1627, t. IV, et Jean Ant. ^"elasquez, Dissertationes de Maria immaculate concept<i, Lyon, 1653, t. V, ou même des ouvrages spécialement consacrés à la question, comme ceux des franciscains Christophe Davenport (Franciscus a S. Clara) et Jean Merinero et de l’oratorien Louis Crespi de Borgia, indiques ci-dessous dans la bibliographie.

Parmi les motifs que ces théologiens mettent en avant, il en est qui ne prouvent pas, par eux-mêmes, que le privilège puisse être défini de foi divine ; tels ceux que le dernier auteur énumère dans la conclusion de son Propugnacuhim theologicum, p. 413 : miraculorum adminicula, religionum apostolica approbatio, silentiuni parti oppositæ impositiim, rcligiosorum cœtuiim vota, academiarum celeberrimariim suffragium, maior probabililas, et pielas principum, instantia et populorum desidcria. Ce sont là ce que le même auteur appelle, disp. III, des moyens extrinsèques, cvterna adiumenta, » propres à mouvoir le magistère ecclésiastique dans le sens de la définition, mais sous la condition préalable de motifs ou fondements intrinsèques suffisants. Ceux-là, Crespi les énumère d’abord, disp. II, p. 413 : teslimonia sacræ Scriptura’, traditio ecclesiustica, Patrum auetoritas. Ces fondements ne diffèrent pas de ceux que les théologiens des siècles précédents avaient assignés, col. 1090, mais il y a progrès constant, non chez tous, mais chez beaucoup, dans le choix des témoignages et dans la manière de les présenter.

Relevons quelques particularités. Oux qui proclament le privilège définissable de foi divine reconnaissent c|u’une doctrine ne peut pas devenir objet de foi sans cire contenue dans la sainte Écriture ou dans la Tradition, mais ils font remarc|ucr que l’interprétation de ce principe demande de la discrétion et une certaine largeur de vues, car nous croyons aujourd’hui (les vérités que l’Église ne croyait ]ias auparavant d’une foi explicitc, quoiciu’clles fussent renfermées implicitement dans la doctrine primitive, « et souvent l’Église, en verlu de son autorité et avec le secours du Saint-Esprit qui l’assiste, a décidé des controverses semblables, sans révélation nouvelle, comme on peut le montrer par des exemples manifestes. » Suarez, In 1 1 1^’" part., t. ii, disp. III, sect. vi, n. 4. Dans une note manuscrite sur les conditions requises, dans l’occurence, pour une définition dogmatique, un théologien de l’époque ajoutait qu’à presser trop l’objection tirée de ce que le privilège n’est pas clairement contenu dans la sainte Ecriture et l’antique tradition, ou qu’il n’en est pas clairement déduit, on s’exposait à de nombreuses dimcullés dans la controverse avec les protestants : Parro c(n<cndum, ne quir.Mt Hioini- ; rxigil ad definitiancnu nt c.t.scriptura vcl ex traditionc res depnicnda colligatur, favcal hirrcticis,

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