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IMMACULEE CONCEPTION


mais au terme de la conception consommée, la personne même de Marie, ils essaient, soulevés par la vigueur de leur croyance, de la dépeindre sous des traits qui rendent en quelque sorte sensible le glorieux privilège. Au point de départ, nous trouvons « la femme revêtue du soleil, avec la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. » Apoc, xii, 1. Tel était, en particulier, le sceau de la confrérie des Palinods ; mais la Vierge reposait ses pieds sur un globe en écrasant le serpent. Gen., iii, 15. Par ce détail, le Protévangile et l’Apocalypse étaient reliés, dans l’intention manifeste de présenter Marie comme la femme qui, par mission et comme par notion propre, est l’adversaire et la triomphatrice du démon, impuissant à son égard.

Avançant encore, les artistes dépeignirent la Vierge, élevée au-dessus du sol, les mains jointes ou tendues vers le ciel, parfois entourée et soutenue par les anges, mais dans un tel éclat d’innocence ou dans une union à Dieu si étroite et si profonde, que l’impression nous vient d’une innocence et d’une union à Dieu qui ne sont pas en Marie quelque chose d’accidentel, mais fjui font, pour ainsi dire, partie de son être moral, qui constituent comme une propriété individuelle et, par conséquent, inséparable d’elle, à n’importe quel moment de son existence. C’est « l’Immaculée » ou la

Toute-Pure », telle qu’elle nous a été donnée par des artistes chrétiens comme, en Italie, Dominique Brusasorci († 1567), Louis Caracci († 1619) et surtout Guido Reni, dit le Guide († 1642), en Espagne, Ribera surnommé Spagnoletto († 1556), Juan de Roelas, ( t 1625), puis, pour couronner le tout, Esteban Murillo († 1685), le peintre « par excellence r de l’immaculada ou de la Purisima, dont il n’a pas fait moins de vingt-cinq peintures sans se répéter jamais complètement. Quel hommage à la Vierge sans tache que des toiles comme celles dont s’enorgueillissent, entre autres, les musées du Prado, à Madrid, et du Louvre, à Paris I

A ce dernier groupe de représentations se rattache encore celle qui est signalée et louée dans l’édition citée (le l’Histoire de Jean van der Meulen, loc. cit., col. 294 ; représentation composée par le peintre belge .Vntoine Coypcl, au début du xvine siècle, et souvent reproduite. La ierge foule aux pieds le serpent qui enveloppe la terre de ses immenses replis et fait de vains efforts pour mordre celle qui lui broie la tête. En haut, Dieu le Père, sortant d’un nuage, étend d’un geste protecteur la main sur Marie qui, les mains jointes et la tête modestement baissée, semble recevoir et goûterles divines influences de la grâce. G" est encore la femme du Protévangile, représentée conune remportant une pleine victoire sur le démon, et en même temps comme spécialement et indissolublement unie à Dieu par un effet de sa toute-puissance et de son amour.

r’alinnd.i, chants roiimir, hallartes, romhaiir et épigrnmmes Al’honnrnr de l’Immaculée cnncet>lion de la toute belle mère fie Dieu, Marie, patronne des Xorma’ids, pri-senlés au Puy à Houen composés par scientifiques personnages, etc. (Recueil de Pierre Vidoue), Paris, vers l.>2.j ; Recueil des poésies qui ont été couronnées sur le Puy de V ImmacuUc Conception de la Vierge, tenu à Cæn dans les grandes ficoles de l’I^ninersili, années ir, t ; r, .]795, Cæn, 17 !).t ; lutfm.-ird Frère, Api>rnhation et confirmation par le pape I.éon X des sintnis et prinUges de la confrérie de l’immaculée conception, dite académie des Palinods, instituée à Houen, réimpession d’une ancienne pièce avec’otice liistorique et bibliographique de l’académie des Palinods, Houen, 186 1 ; Jos. André Guiot, /, e « trois siècles palinodiques, rjij histoire générale des palinods de Rouen, Dieppe, etc., publiés pour la première fois par l’abbè A. TouKard, IVouen.Paris, 1808 ;.1. M. Aioardo, Inspiraciôn conception ista en los autos sacramentales de Calderon, dans Raz6n g fr, Madrifl. 1004, 11 » extraordinaire, p. ll.’l ; card. Stcrkx, Courte dissertation sur la manière de représentei par la peinture le mgslère de l’immaculée conception, .Ialincs, 185.5 ; Mgr.Malou, Iconographie de l’immaculée conception.

Bruxelles, 1856 ;.ug. Crosnier, L’immaculée conccpfio/i de Marie proclamée par les iconograplws du moyen àgdans le Bulletin monumental, Cæn, 1857, t. xxiii, p. 57-7.’; Miss A. Jameson, Legends o/ Ihe Mndonna as representm in the fine Arts, 5’édit., Londres, 1872, p. 42 sq. ; Edm. Waterton Pietas Mariana Britannica, Londres, !. I, part. III, ^2, p. 227 sq. ; Mgr X. Barbier de Montault, Traité d’iconographie chrétienne, Paris, 1890, t.ll, p. 204-206 ; L. Cloquct, Éléments d’iconographie chrétienne, types symboliques, Lille, 1890, p. 1 33-142 (qui donne, p. 1 42, une bibliographie plus ancienne) ; IL Schmitz, Die Anna-Bilder in ihrer Beiiehung ztir unbeflecklen Empidngnis Mariae dans Der Kalholik, Mayencc, 1893, t.i, p.l4-37 ;.Ioh. Graus. Conceptio immaculata inalten Darstellungen, Gratz, 1905 ; Maxe-Werly, L’iconographie de r immaculée cepliconon à la /întZiJxvi = s iéc/e (extrait des Notes d’art et d’archéologie), Moutiers, 1903 ; E. ^âe, l’art religieux de la fin du moyen âge en France, Paris, 1908, p. 218 sq. ; Steph. Beisssel, Geschichte der Verehrung Marias in Deutschland in XYI-XVII Jahrhundert, c. xi, FribourR-en-Brisgau, 1910 ; L. Germain de Maidy, La chasse à la licorne et l’immaculée conception, extraitde l’Espérance, Nancy, 1897 ; La rencontre à la Porte dorée, première représentation allégorique de l’immaculée conception (5 articles, dans l’Jîspérance, du 19 mars au 26 mai 1897) ; Les types iconographiques de l’immaculée conception à l’époque de la Renaissance, extrait de lo Semaine religieuse du diocèse de Nancy etde 7 oul, ’Sancy, lÇ>l 1 ; Vnvitraildcla coUcctionDouglas vers 1525, symbolisant V immaculée conceplion (extrait des Mémoires de V Académie de Stanislas, 1915-1916), Nancy, 1916

4° L’élaboration Ihéologique aux XVI’^ et XVW siècles. — Les tenants de la pieuse croyance devaient la défendre contre les ennemis du dehors, les protestants en particulier. Nous avons vu qu’en plusieurs circonstances notables, ils ne manquèrent pas à ce devoir. D’une façon plus générale, qu’il suffise de rappeler le passage des Controverses où le Vénérable cardinal Liellarmin, prenant la croyance et le culte dans l’état où ils les trouvaient alors officiellement, justifie l’un et l’autre et réfute les arguments des adversaires. De ainissiune gratix et statu peccati, t. IV, c. xv-XVII. ! Mais ce ne fut pas dans cette direction que se poursuivit le mouvement théologique propre à cette période. La fermeté croissante de l’affirmation doctrinale et les démarches faites à Rome pour obtenir la définition du privilège amenèrent les théologiens à considérer des aspects nouveaux du problème général. Tout d’abord, ils durent répondre ; i cette question : Quel degré de certitude faut-il attribuer à la jneuse croyance ? Etait-elle déjà ou du moins pouvait-elle devenir vérité de foi catholicpie ? A ceux qui donnaient une réponse affirmative à l’une ou à l’autre de ces deux (luestions, la nécessité s’imposait de concilier l’assertion d’une préservation certaine de la bienheureuse Vierge avec sa rédemption par.lésus-Christ ; cette conciliation ne pouvait se faire qu’en étudiant cxjnoje.sso la question de la dette du péché originel en Marie. Restaient enfin l’objet du culte et celui de la croyance qui n’étaient pas encore nettement fixés, soil en eux-mêmes soit dans leur rapport mutuel.

1. L’immaciilce conccfvion psl-elle une vérité de foi ? - Telle qu’elle se posait au xvii"’siècle, cette question peut être résumée dans l’affaire survenue en 1574-1575, entre l’iniversité de Paris, et Jean Maldonat, professeur de Ihéologie au collège de Clermont, alTairc incxactement ra|)portéc par beaucoup d’auteurs, notamment Crevier disant de ce jésuite : « Il enseigna que la.sainte’ierge a élé conçue en pèche originel. >. Histoire de l’université de Paris, defmis son origine jusqu’en l’année 1660, Paris, 1761, t. vi, p. 294. Tel ne fut pas l’enseignement de Maldonat, comme le démontrent les pièces authentiques <lu procès, réunies dans un dossier qui se conserve à la bibliothèque Valicanc, ms. lai. 643.3. On y trouve d’abord le Uxie dicté dans son cours par le professeur : Dictuta a Muldonoto jesuita, circa roncefUionem imnuiculutarn virginis Mariic. Sur celle question : An rr ipsa feurit