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IMMACULEE CONCEPTION


sivcutis iiweleravil. ul imllus jain ab ea deduci vel dimol’cri possit. » In IIl^^’^ partem Siimmæ, disp. CXVII, c. II, Lyon, 1619, p. 20. Le dominicain Vincent Justijiien Anlist faisait éclio en des termes plus énergiques encore, op. cit., § 14 : < A présent dans l’Espagne, dans les Indes, en France, et presque par toute l’Europe, IH’ècher, écrire ou enseigner quelque chose contre cette dévotion, est ressembler à celui qui prétendrait monter une meule de moulin à force de bras au haut d’une montagne. > (lajétan lui-même dans son opuscule De coiiceptione beatw Viryinis, c. v, se voyait obligé de reconnaître le fait ; < Cette opinion est maintenant devenue commune, en sorte que presque tous les catholiques de l’Église latine croient rendre hommage à Dieu en la suivant, ila ut omnes [erc catholici latinæ l’cclciix urbilrentur obsequiuni se præstare Deo in Inijusmodi sequelu opinionis. « En face des froissements, des récriminations, parfois même des tumultes que provoquaient les prédicateurs opposés à la pieuse croyance, on pouvait répéter avec beaucoup plus de force ce que Jean de Ségovie avait dit au concile de Bâie, de l’autre opinion : i Elle est devenue… si désagréable et si odieuse au peuple chrétien, qu’il ne supporte plus de l’entendre. » Ce qui, dès le début du vi<e siècle, suggérait à un auteur italien, Pierre Monti, cette réflexion que, pour éviter les scandales, il faudrait faire cesser l’opinion adverse : Quod ut scandala cuitentur, deberel in hue matériel dominicanorum fralrum opinio cessare. De unius Icgis reritate et sectarum falsilate, c. Lxxxiv, Milan, 1509, dans Pierre de Alva, Mnnumenta antiqua ex variis auctoribus, t. ii.

La valeur du sentiment commun en cette matière n’échappait pas à de bons esprits, que la seule considération des autorités scripturaires et patristiques laissaitperplexes. Tel, entre autres, le docte et grave Petau :

Ce qui m’impressionne le plus et me pousse de ce cêité, c’est le sentiment commun de tous les fidèles c|ui portent fixée au fond de leurs esprits, et qui attestent jiar toute sorte de manifestations et d’hommages, la conviction que parmi les œuvres de Dieu rien n’est l)lus chaste, plus pur, plus innocent, plus en dehors de toute souillure et de toute tache que la Vierge Marie ; qu’il n’y a rien de commun entre elle et le diable ou ses suppôts, et que par conséquent elle a été exempte de toute oITense vis-à-vis de Dieu et de tout sujet de condamnation. « De incarnatione Verbi, I. XIV, c. II, n. 10, édit. ïhomas, t. vii, p. 24.3. En réalité, le peuple chrétien ressentait comme d’Instinct, en face de l’opinion défavorable à la Vierge, ce que Denis le Chartreux a parfaitement exprimé : >. Nous éprouvons un sentiment d’horreur, liorremus, à la pensée qu’à un moment de sa vie, la femme qui devait broyer la tête du serpent, aurait été broyée par lui ; que la mère du Seigneur aurait été la fille du diable ; que la souveraine des anges aurait été la servante du |>éché ; et que la fille très aimée de Dieu le Père aurait été un enfant de colère. » In IV Sent., t. III, dist. III, f[. I, Opéra, t. xxiii, p 98. L’avenir devait confirmer la justesse de ce sentiment.

Mgr Malou, o/>. cit., t. i, c. v ; II. Lcsctre, op. cit., c. m ; l’aul Dcbuchy, S..1., Rcche clics sur le Petit Office de l’immaculalion conception, extrait de la revue des Précis historiques, Hruxelles, 1886 ; cf. Les liymnes du Petit Office de l’immaculée conception, dans les ÏCtudes, Paris, 1905, t. ciii, p. 416.

.1..Mir, op. c17.. c. xxii. xxiv ;.I.-B. Fcrrcrcs, La Iglesia ial6lica aciamando 18, t. Ml, p. 413 ; t. Mil, p. —, .

.1" Les arts an service de V immncnt<’e conception. -In fait s’ajoute au sentiment commun des fidèles,

pour attester la popularité dont la pieuse croyance jouissait aux xvi" et xvii<e siècles : c’est la part notable que les poètes et les artistes font au mystère qu’elle concerne. En même temps il y a là un réel tribut de vénération à l’adresse de la Vierge immaculée.

1. Hommages de la poésie.

Les documents liturgiques nous ont déjà fourni un premier apport ; il s’agit maintenant de témoignages indépendants, ou du moins distincts des hymnes chantées à l’église. Certains pays, comme l’Allemagne et l’Italie, pourraient nous en offrir beaucoup, mais trop isolés ou trop disparates pour qu’il soit opportun et même possible de les présenter en détail. Contentons-nous de remarquer que dans le premier de ces pays, les chants en l’honneur de l’immaculée conception apparaissent dès le début de l’imprimerie. En 1192, Jacques Wimpfeling, de Schlestadt, consacre 2096 vers à dépeindre la triple beauté de Marie, De triplici candnrc Mariæ, en particulier la beauté de son âme au premier instant de sa conception. La poésie en langue vulgaire a son tour, en 1509, dans un poème de Nicolas Manuel sur l’immaculée conception de la Vierge.

Autre est la condition en France : nous y trouvons une institution créée tout exprès pour chanter d’une façon permanente la Vierge sans tache. Il s’agit de la célèbre confrérie rouennaise de la Conception Notre-Dame, considérée non dans sa forme primitive de simple association pieuse, mais dans son développement ultérieur, quand elle prit aussi, en 1486, un caractère littéraire, par la fondation de l’Académie ou Puy des Palinods. en instituant que chaque année des prix seraient donnés à ceux qui auraient le mieux chanté l’immaculée conception. Constituée définitivement en 1515 et installée au couvent des carmes de Rouen, cette confrérie fut confirmée et enrichie d’indulgences par Léon X, bulle Ine/fabilia, 1521, avec spéciale approbation du but principal : ut a viris eruditis per publica cdida invitandi quoi’is anno componantur poemula atque opéra in Unidem sanctissimw conceptionis bcatæ Virginis, inviter chaque année par des annonces publiques les gens érudits à composer des poèmes et d’autres écrits à la louange de la très sainte conception de la bienheureuse Vierge. Que d’hommages rendus pendant les trois siècles que durèrent les Puys des Palinods, celui de Rouen et celui de Cæn et d’autres faits à l’instar ! Et parmi les lauréats ou candidats de ces joutes poétiques, que de noms illustres, ceux, par exemple, des Malherbe, des Jean et Clément ^Iarot, des Fontenellet Pierre Corneille lui-même, composa, en 163.3, des stances pour le concours palinodique de l’Étoile d’argent. Sa pièce, de six strophes, roule tout entière sur l’idée de Marie, nouvelle Eve, par opposition à l’ancienne.

Homme qui que tu sois, regarde ftve et Marie, Et comparant ta mère à celle du Sauveur, Vois lafiuelle des deux en est le plus chérie, Et du Père éternel gagne mieux la faveur. « 

Le poète développe l’antithèse dans les trois strophes qui suivent, puis arrive dans les deux dernières à l’immaculée conception :

Cette Eve cependant qui nous cngaRc aux flammes, Au point qu’elle est formée est sans corruption. Et la Vierge, bénie entre toutes les femmes. Serait-elle moins pure en sa conception ?

Non, non ! N’en croyez rien, et tous, tant que nous som-Publions le contraire i tovite heure, en tout lieu ; [mes. Ce que Dieu donne bien ! ^ la mère des hommes, Ne le refusons pas à la mère de Dieu.

Edouard l-’rère. Une séance des Palinods en 16 40, Rouen, 1867, Appendice, p. 17.

L’Espagne ne pouvait manquer de chanter, elle aussi, la N’ierge immaculée, lui 147 1, la cité de Valence