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IMMACULEE CONCEPTION


conceplione ex antiqiiis 1 loris acccplum, novo et pio usu receplum, à la suite d’un opuscule intitulé : Typas prœdeslinationis et conceplionis Mctriæ, filiæ Dei immaculatæ, Anvers, 1630. De même ces autres : Officium purissimæ et immaculatæ conceplionis Dciparæ Vir(jinis. Douai, 1632 ; L’O/fice de la sainte et immaculée conception de la glorieuse vierge Marie, Paris, 1()63. Lesêtre, op. cit., p. 107 sq. ; Edm. Waterton, l’ielas Mariana britannica, Londres, 1879, p. 132 sq. ; P. Debuchy, voir la bibliographie.

Un autre genre d’hommages, rendu à la Vierge sans tache, consistait dans des dédicaces ou consécrations. En l’honneur et sous le vocable de l’immaculée conception, on érigeait des lieux de culte, comme, à Paris, des chapelles dans les églises des chanoines de Saint-Victor, des augustins, de l’ancien Saint-Sulpice. Lesctrc, p. 103. Dans l’une de ces chapelles, le Parlement de Paris offrait un cierge chaque année, le 8 décembre. Dans ses écrits et ses lettres, encore inédits, la bse Louise de Marillac parle souvent de la Vierge immaculée dans sa conception et témoigne ainsi de sa dévotion envers ce glorieux privilège de Marie. A Saint-NicoIas-du-Port, en Lorraine, au cours du xviie siècle, régnait une contagion qui faisait périr beaucoup d’hommes et d’animaux. La population en était fort attristée. Saint Pierre Fourier, qui, nous l’avons vii, fut un grand apôtre de la dévotion à l’immaculée conception, vint alors chez les religieuses de Notre-Dame. Renseigné par elles, il leur dit que, si on écrivait sur des billets les paroles : Marie a été conçue sans péché, ceux qui les porteraient avec respect en recevraient du soulagement. Les voisins du couvent demandèrent de ces billets ; nvais, dépassant la pensée du saint, ils les enveloppèrent dans des sortes de sachets d’étoffe et les suspendirent au cou de leurs bestiaux. Plusieurs estimèrent avoir échappe à cette peste par l’emploi de cette sauvegarde. Guillaume, Histoire du culte de la très sainte Vierge en Lorraine, Nancy, s. d. p. SC-SI ; P. Rogie, Histoire abrégée du B. Pierre Fourier, Paris, 1897, p. 212-213 (d’après le P. Bédel). En Espagne et dans les pays soumis à son influence, des villes et des provinces, énumérées dans l’ouvrage de J. Mir et dans les articles de la revue Razôn y fe, indiqués ci-dessous, se mettaient sous le patronage direct de Marie immaculée, ou faisaient le vœu de célébrer solennellement sa fête, ou, à l’instar des universités et de certains ordres religieux, s’engageaient par serment à défendre et à promouvoir la pieuse croyance.

Les chefs d’États n’adhéraient pas seulement à ce mouvement général de dévotion ; ils le favorisaient et le provoquaient. En 1615, Philippe II, roi d’Espagne, commence auprès du saint-siège des démarches, secondées ensuite par l’empereur Ferdinand II et par le roi de Pologne Sigismond III, en vue d’obtenir la définition du glorieux privilège ; démarches dont il sera parlé à propos des actes pontificaux qu’elles amenèrent. En 1629, l’empereur Ferdinand II témoigne publiquement de son attachement à la pieuse croyance ; le 8 décembre, il se rend solennellement à la cathédrale de Saint-Étienne et assiste à l’office célébré par un chapelain de la cour. En même temps il obtient une indulgence plénière pour l’année suivante. Th. Wiedemann, Geschichte der Reformation und Gegenrejormalion im Lande unter der Ems, Prague, 1879, t. i, p. 624 sq. En 1647, son successeur, Ferdinand III, consacre ses États d’Autriche à Marie immaculée et lui fait élever dans sa capitale une statue colossale. En 1646, Jean IV, roi de Portugal, émet avec les grands du royaume le serment de l’immaculée conception. En France, Louis XIV donne, en 1657, une preuve spéciale de son attachement à la même cause.

La fête ayant été, avec plusieurs autres, rayée de hi liste des jours chômés, par Urbain’III, le monarque sollicite pour ses États et obtient d’Alexandre’II de « remettre la feste de l’immaculée conception de la Vierge au nombre de celles qui se font avec obligation. » H. Chérot, Louis XIV et V immaculée conception en 1657, dans les Études, Paris, 1904, t. xcviii, p. 803. Le zèle que le roi mit à poursuivre l’affaire jusqu’au bout, est attesté par une lettre qu’il écrivit, le 17 octobre de la même année, à Mgr de la Guibourgère, évêque de La Rochelle, lettre publiée en 1905 dans le Bulletin religieux de cette ville ; il lui transmet une copie du bref pontifical et l’exhorte vivement à en procurer l’exécution dans son diocèse.

En somme, le culte de la conception était devenu, au milieu du xviie siècle, universel dans les pays catholiques, et, pour le très grand nombre, le culte s’adressait à l’immaculée conception. Le progrès s’était accompli sous la dépendance de l’Église hiérarchique ; car presque tous les hommages dont il a été parlé supposent, par leur nature même, l’intervention des pasteurs. Bien plus, c’étaient souvent ceux-ci qui les avaient provoqués, et plus souvent encore, ils s’étaient unis aux fidèles pour honorer Marie. Et n’était-ce pas de concert avec les évêques de leurs États que les rois d’Espagne faisaient à Rome des démarches pressantes et répétées pour obtenir la définition du privilège ? Mais là ne s’était pas borné le rôle de l’Église enseignante.

b) Les pasteurs. — C’est surtout à l’enseignement public que la pieuse croyance devait son développement. Les sermons sur la conception de Marie, fréquents déjà dans la période antérieure, se multiplient dans la mesure où le culte s’étend et où les confréries surgissent. Pierre de Alva nous en a conservé, pour la fin du xVe siècle et la première moitié du xvi « , un certain nombre : cinq du franciscain Jean Tisserand, dans les Monumenla antiquu seraphica ; trois de Guillaume Pépin, dominicain de Paris, dans les Monunienta dominicana ; toute une série de religieux célestins, Guillaume Vincent, Claude Rapinat, Denis le Fèvre (Faber), Pierre Bard, Antoine Pocquet, dans les Monumenla ex novem auctoribus antiquis. Un écrit de Dominique Carpani, donné dans les Monumenta ilalo-gallica, sous le titre de Tractatus de immaculata virginis Mariæ conceplione, n’est qu’un recueil de douze sermons, avec cette particularité qu’ils sont composés en langue vulgaire : Sermoni de la sanctissima conceplione de la virginc beata et gloriosa dcl cielo Regina Maria… composti alla serenissima Regina del Regno di Napoli, Madonna Johanna de Aragonia, per la sua prsecipua devolione, 1496.

Cette introduction de la langue vulgaire dans la prédication était d’autant plus propre à favoriser le développement de la croyance, que le même fait se produisait dans les écrits, ascétiques ou apologétiques, qui commençaient à s’imprimer. Un des plus anciens livres allemands, Der sicher Ingang der Hymmel, Mayence, 1465, contient un chapitre sur la beauté de Marie, considérée dans son immaculée conception. Der atteste Druck und die Immaculata, dans Der Katholik, Mayence, 1903, t. ii, p. 171 sq. En France, le même souci de vulgarisation apparaît dans Le Défenseur de l’originelle innocence de la glorieuse vierge Marie, traduit du latin de Pierre Thome pur Antoine de Lévis pour Jeanne de France, duchesse de Bourbonnais, Bibliothèque nationale de Paris, ms. franc. 98 ! >, cité par E. Mâle, L’art religieux de la fin du moyen âge en France, Paris, 1908, p. 218. Plus notable est un ouvrage publié par Pierre de Alva, Monumenta ilalogallica, et intitulé : Le Défensoire de la conception de la glorieuse vierge Marie, Rouen, 1514, sous forme de dialogue entre deux personnages, dont l’un « ramaine

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