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IMMACULEE CONCEPTION

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Pierre de Vicence : Opusculum de verilate conceplionis beaiissimæ viryinis Marias, s. 1. n. d. Le genre du travail est indiqué à la page 8, où le titre est répété, avec cette addition : in qiio contincntiir dicta ducentorum sexdecim doclorum de conceplione bealæ Virginis. C’était, en somme, une reprise du traité de Bandelli, utilisé dans sa partie positive. Réimprimé à Toulouse deux siècles plus tard, cet opuscule fut condamné en 1040 par la faculté de théologie de cette ville ; peu après, il fut passé au crible d’une juste critique par le jésuite Pierre Poussincs, Viiicenlia uiclus sive conjiilalio libri cui titulus est, Fratris Pétri de Vinrentia opusculum de veritate conceptionis bealissimir virginis Maria’. Montauban, 1660.

Vincent Bandelli, devenu général de son ordre (15011506), rentra lui-même en scène d’une autre façon, s’il est vrai, comme on l’affirme communément, qu’il composa pour la fête du 8 décembre un office, dont la principale originalité consiste dans le remplacement du mot de conception par celui de sanctification. Ainsi lit-on dans l’invitatoire : Saxctificatwnem virginis Maria’cclebremus, Christum eius Filium adoremus Dominum. De même, dans la collecte où la portée de la substitution se révèle nettement : Dcus, qui beatissimam virginem Mariam post unimæ injusionem per copiosum gratiæ munus mirabililer ab omni peccali macula mundasti et in sanctiledis purilale poslea confirmasti, prœsta quæsumus, ut qui in lionorcm suæ SASCTiFlCATioms coiujregamur, eius intercessionibus a le de instantibus periculis eruumur. Pierre de Alva, Regeslum universale, col. 220, d’après un bréviaire dominicain de 1527, où il est dit : // ! sanctificatione bealissimie virginis Muriic, fud ofjicium per i^mum. p. Mag. Vincentium de Castronovo, totius ordinis nosiri olini generalem mugistrum editum.

Les défenseurs du privilège ne firent pas défauL Une vingtaine d’écrits composés à cette occasion, de 148C à 151.3, ont été reproduits par le même compilateur ; quelques noms méritent d’être signalés. Dans les Monumenla antiqua seraphica : p. 377, Louis délia Terre, de Vérone, Traclatus de conceplione beutsc virginis Mariir. adressé « aux vrais dévots de la Vierge et à ceux qui sont affectionnés à sa conception toute bénie, » Brescia, 1186 ; p. 5.33, Antoine Bonito de Cuccaro, évoque d’Acerno (1501-1510), Elucidarius virginis, de conceplione incontaminalie Virginis gloriosæ, dont la première partie énumère tout au long les autorités invoquées par Bandelli, et les deux autres contiennent les preuves de la thèse opposée et la réfutation des arguments adverses. Dans les Monumenla anliqua ex variis auctoribus, t. i : Dominique Bollani, Traclatus de immaculnla Virginis conceplione, avant 1492 ; Jean de Meppis, augustin allemand, qui cite beaucoup d’écrivains de son ordre, Traclatus de immaculalie Virginis conceplione, 1482 ; au t. ii : Paul de Heredia, espagnol, converti du judaïsme, /)c conceplu immuculutic Deipuræ Virginis, présenté au pape Innocent VIII (1484-1492) ; Robert Gaguin, trinilaire († 1501), Traclatus de conceplione beativ virginis Maritc centra Vincentium de Castronovo ; surtout Jean Clichtoue, De purilale conceplionis bcalæ Mariir virginis libri duo, Paris, 1513.

La plupart de ces écrits font peu avancer la question ; les auteurs utilisent les travaux de leurs devanciers et repoussent de leur mieux les attaques portées contre la pieuse croyance ; ils ont surtout l’avantage de la vulgariser. Ils savent reconnaître la liberté d’opinion laissée par le saint-siègc, mais en même temps réclamer le respect dû à la pieuse croyance : Ex lilterarum igitur apuslolicarum lenorc palet, qualiler quæ magis placcl opinio leneri potest, licet non minus patral quam grave sil de hirresi imjiugnarc (eos) qui i mulrcm iJomini de cjus perlecla innocenlia luudare

sludent. Louis délia Torre, loc. cit., p. 438. Ils savent aussi tirer parti du sens que, dans la constitution Grave nimis. Sixte IV avait attribué à la célébration de la fête : Ecclesia sacrosancta agit (estuni CONCEFTiokis, cl non sanctificationis. Bollandi, loc. cit., p. 320.

Généralisation de la croyance.

Simple fait, que

nous constaterons en consultant plusieurs milieux, propres à témoigner du sentiment commun : les universités, les ordres religieux, les simples fidèles et les pasteurs.

1. Adhésion des universités.

Dès 1507, Antoine Benito nomme dans son Elucidarius comme acquises à la pieuse croyance, les universités de Paris, d’Oxford, de Cambridge, de Toulouse, de Bologne : Xec non universitates Parisicnsis, Oxoniensis, Cantabrigensis ac Tolosana, et plures alix idem firmiler asserentes, nobiscum, sicut Bononiensis. Loc. cit., p. 030. Cette adhésion se confirme et se manifeste par des actes éclatants, dont le principal est l’imposition du serment dit « de l’immaculée conception. »

a) La Sorbonne. — Les constitutions sixlines étaient de nature à exciter le zèle de la grande université française dans l’affirmation et la défense du glorieux privilège ; on le vit bientôt. En 1495, un frère mineur, prêchant à Saint-Germain l’Auxerrois, le 8 décembre, eut la singulière idée d’exposer alternativement, matin et soir, les deux opinions relatives à la conception de la Vierge, et d’abord l’opinion contraire au l)rivilège, en se servant aussi malencontreusement que métaphoriquement de ce texte, Joa., viii, 4 : Hac millier modo deprchensa est in adullerio. Le scandale fut considérable, et l’orateur dut faire, publiquement, amende honorable. D’Argentré, CoUeclio, 1. 1 b, p. 332. Deux ans plus tard, un dominicain, Jean Le ^’er, prêchant à Dieppe, avança cette proposition : « La bienheureuse’ierge a été purifiée de la faute originelle », et posa en même temps cette question ; autrement, « comment aurait-elle pu réciter l’oraison dominicale, en particulier ces mots : Dimilie nobis débita nostra ? » Enfin il ajouta qu’il n’y avait « ni péché grave ni hérésie à dire qu’elle a été conçue dans le l)éché originel. » La faculté de théologie censura ces propositions, la première connue fausse, impie et olTcnsive des oreilles pieuses, tendant à écarter les fidèles de la dévotion envers l’immaculée conception de la glorieuse vierge Alarie, mère de Noire-Seigneur Jésus-( ; hrist, et contraire au culte ecclésiastique, à la droite raison, à la sainte Éciiture, et à la foi. » I-^u conséquence, Jean Le ^’er dut faire, le 16 septembre 1497, rétractation et réparation solennelle. D’Argentré, ibid., p. 336 sq.

(^e fut à cette occasion que la Sorbonne prit une mesure d’une grande portée. Le 3 mars de la même année (1496 dans l’ancien style), elle décréta que, désormais, tous ceuxqui voudraient obtenir les grades académiques, devraient s’engager par serment à défendre l’immaculée conception de Marie ; Slaluenles ut nemo deinceps sacro huic nostro rollegiu adscribatur. nisi se liujus religiosiv doctrinæ asscrlorcm strenuumque propugnalorem scmpcr pro viribus fulurum simili inramento profileatur. Ibid., p. 333. Le décret fut publié le 23 août et le serment prêté le 17 scptembrc par 112 docteurs, 82 de rigore promoti dont les noms sont donnés par, Iean Trilhemius, à la fin d’un écrit intitulé : De purissima et immaculaln conceplione virginis .Maria’, et de Icslivitate sancte Anne matris eius, s. I. n. d. On y remarque 47 docteurs appartenant à des ordres religieux : 8 bénédictins, 3 cisterciens, 1 prémontré, L3 dominicains, 8 franciscains, 7 augustins, 5 carmes et 1 servile.

La Sorbonne jiril cet engagement au sérieux ; elle le prouva en plusieurs circonstances notables, (I (l’abord à propos des erreurs de Luther. Sur ce point