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IMMACULEE CONCEPTION

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des anciens maîtr.cs dominicains, en revanche saint Laurent Justinien, premier de patriarche de Venise († 1455), proclame l’innocence originelle de la bienheureuse Vierge dans plusieurs de ses écrits ascétiques et dans un sermon sur l’Annonciation :.16 ipsa sui cunccplione in bencdiclionibiis est præventa dulcedinis, Clique a damnationis aliéna chiiographo, ab omni peccati labe extranea. Roskovâny, op. cit., t. i, p. 116 ; Mgr Malou, op. cit., t. ii, p. 148. Même note, plus accentuée encore, chez saint Bernardin de Sienne († 1464). Partant de ce texte des Proverbes, viii, 24 : Nondum erant abijssi, et ego jam concepta cram, il ratlache à l’éternelle prédestination de Marie comme future mère du Verbe incarné le glorieux privilège (le son immaculée conception..Suivant la métliode habituelle aux théologiens franciscain » —, il montre d’abord la possibilité et la convenance de l’exemption puis il en établit la réalité par sept preuves composées chacune de sept unités, preuves qu’il compare aux septem signacula de l’Apocalypse, v, 5 : sept saints canoiiisés (y compris saint Bernard, saint Dominique et saint Thomas d’Aquin) ; sept « docteurs fameux » de l’ordre séraphiquc ; sept autorités scripturaires, sept réponses à un nombre égal d’arguments ; sept figures de l’Ancien Testament ; sept exemples tirés de l’ordre naturel ; sept miracles. Synthèse artificielle, mais destinée sans doute à piqucr et à soutenir l’attention des auditeurs. Scrmo scii tracteJii.’; de eonccptione bealie Mariæ virginis, dans Pierre de Alva, Moniimenta antiqua seraphica, p. 1. Mais à des affirmations si fermes s’opposèrent bientôt des dénégations violentes qui provoquèrent, comme on le verra plus loin, l’intervention du saint-siège.

2° Développement cultuel : expression de pins en plus nette et fréquente du sens immaciilisle. - Qu’après le concile de Bâle, la fête de la Conception ait continué à gagner du terrain, c’est là un fait qu’il serait aussi facile qu’inutile d’établir ; ainsi ^Igr X. Barlnr de Montaull a publié L’office de la Conception, à Luçon, nu XVsilcle. Vannes, 1885, (extrait de la Revue du Bas Poitou) : il importe davantage de montrer par quelques exemples comment le sens immacuUste va toujours en s’acccntuanl et en se précisant.

La France nous fournit des témoignages d’une netteté parfaite. Une formule de bénédiction pour le jour de la fêle, contenue dans un pontifical de Sens et de l’aris, énonce en termes exprès la préservation du péché originel : Omnipotens J)ci filius qui beatissimani semperque uirginem Marinm ub originali peccain in sua ronceplione prcscrvavit, vos ab codem per sacri baptismutis laværum purgatos ab omni pcec.ato preseruarc dignetur. Bibiiolhéquc nationale de Paris, ms. lat. 062 ; de même, ms. ! >(>’/, fol. xi.ii r.

L’aPlirmation du privilège se retrouve dans les liynnies sur la Conception fréquemment et sous des formes multiples. D’abord, exclusion du péché originel, considéré comme tel ou comme obstacle à lu grâce sanctifiante.

(^anit virgo : nrcilum ernl (^ulpn^ ninluni, l’ui concepta. G. Drcves. Analeeta liumnicn. t. xxxix, p..’tO. Toulouse, missel de 1490.

Oaudc, virgo singuluris.

Tu quH’sola gencraris

Omni carens vllio.

Ibid., l. xi.ii, p. h’.i, Lourges, missel de 1 19.3.

Virga summi pontificis

N.ira virtute lloruit,

Maria vero oliicis

Gratiaspmpcr cnriiit. Ibid., t. XII, p. }ti. >iarseill(. I)réviairc ic ! i I r « ^rc.s de .Salnl-.Jcan ; BIbli dlièque natioiiale de Paris, nis. lat. 1276, bréviaire parisien.

Singulièrement expressives sont des strophes, où l’idée de préservation est, soit opposée à celle de purification, soit associée à celle d’immunité totale par rapport au péché :

Quam non mundavit Deus,

Sed pra’servavit altlssimus. Ibid., t. XXXIX, p. 10. Nevers, bréviaire imprimé à Paris en 1490.

In tuae matris utero

Te, virso, sanctus spiritus

Sic pripservavit, quod vero

Peecatum nescis penitus.

Ibid., t. XIX, p. 23 Marseille, bréviaire des I-’rèrcs de Saint-Jean.

Appel est fait au miracle et à la puissance divine, pour justifier une telle préservation :

Surgit gi"ata, gratis data.

Prœter rerum ordinem. Caro piira de natiira,

Caro surgit unica. Nubes levis carens nævis

Per diem producitur, Tota candens…

Ibid.. t. XI, i).35. Bibliothèque nationale de Paris, ins, lat. 1032, bréviaire de Touns. Ave, in innocentia

Concepta et prreservata. Nulla labe niaculata, DcxtraDei potentia, Peccati originalis Nec cuiuscjuani aclualis.

Ibid., t. I., ]>. 650. Bibliothèque nationale île Paris, ms. lat. 30, 3 !) : hymne de Jean Tisserand, frère mineur († 1494).

Mais le privilège de l’immaculée conception ne dit pas seulement préservation du péché, il dit aussi jus^ tice et sainteté positive. Marie nous est présentée comme une semence bénie qui doit apporter le salut aux nations, comme un char de feu qui s’allume aux rayons de la grâce sanctifiante :

Exsultct novo carminé l.aurians ca’tus fidoliuni In bencdicto seniino Quo datur salus gentium. Currus ignis accenditur Sanctiricante gratia. Ibid., t. XI, p. 41. Bréviaires d’Avignon et d’Arles. Glorieuse est cette conception ; car, si dans l’ordre naturel elle est charnelle, dans l’ordre spirituel elle est sainte :

Concepta carnaliter, Sancta spintalitcr, Cuius est conceptio Gloriosa. Ibid., t. VIII, p. 45. -Alissel de Troycs, à lu Bibliothèque nationale de l’aris, ms. lat. HGS.

C’est qu’en ce jour le I-ils imiquc du souverain Père se construit un nouveau temple, temple consacré par la grâce du Saint-Esprit :

Novum templum n-dificat Sibi nunc unigenitus Sumnii patris, quod iledical Gratia sancti spiritus. //)/(L, t. XII, p. 53. Bréviaire de Nevers.

Ainsi commence-t-il |iar sa nuTC son œuvre de rénovation, celui qui doit tout renouveler : Nova lacturus omnin Nova matris primnrdia No^o lustrât décore, l’t novitatis gratia Deus honiinein gloria Coronct et honore. Ibid., t. XXIV, p. 1)7. Bréviaire de Tours, à la Biblicthèquc nationale de Paris, ms. lut. 1032.