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IMMACULEE CONCEPTION


c-criviL plusieurs fois à l’empereur Sigismond pour le supplier de promouvoir la double cause, de la croyance et de la fête ; en particulier, dans une lettre du 18 mars 1417, il parle de deux petits traités transmis auparavant : l’un, De sacralissima conceptione Virflinis Matris Dei ; l’autre, De concordia opinaix ^ontradiciionis in diclis beati Thomæ super materia supradicta. Fita, op. cit., p. 82. L’affaire u"ayant pas abouti à Constance, le roi d’Aragon renouvela ses instances auprès de l’emp^veur, aussitôt qu’il fut question d’une autre assemblée. Nous le voyons par une lettre du 16 mai 1425, où le désir est particulièrement souligné en ce qui concerne la fête : Ul in diclo generali concilio dictai purissimæ conceplionis unirersalis et perpétua celebratio ad cl/ectuni pervenial toliens supplicatum. La lettre était accompagnée d’un écrit peu étendu : De possibilitate uc contjrua necessitale purissimæ conceptionis Viryinis Matris Dei. Jbid., p. 83, 85 ; Roskovâny, op. cit., 1. 1, p. 111. Cette pièce, de saveur lulliste très prononcée, avait pour auteur Jean de Palomar, archidiacre de Barcelone, qui devait assister au concile de Bâle, comme délégué pontifical. Après la réunion de cette nouvelle assemblée d’autres lettres suivirent, adressées les unes à l’empereur, juillet 1431 et janvier 1432, le, ; autres au cardinal Julien Césarini, président, et aux Pères, 17 décembre 1431 et 9 janvier 1432. Fita, p. 88, 92, 94, 96.

1. La discussion au concile.

Rien n’indique que, pendant les trois premières années, les Pères de Bâle se soient occupés activement de la question. Ils n’oubliaient pourtant pas la Vierge immaculée ; le 8 décembre, ils lui rendaient leurs hommages. En 1432, il y eut, par respect pour la solennité, ob reverenliatn solemnilutis Conceptionis bcate Marie Viryinis, messe solennelle et sermon d’apparat par l’évêque de Cavaillon (Caixdliccnsem). En 1434, il y a vacance, pour le même motif : non juit deputacio. De nouveau, en 1435, il y eut, par respect pour la Conception, messe solennelle et sermon par un docteur, Jean de Roniiroy. J. Haller, Concilium Basiliense, t. ii, p. 287 ; t. iii, p. 266, 587. On cite encore Jean Eymeric, Sermo pro immuculata conceptione beutie Virginis, vers 1436. Roskovâny, op. cit., t. i, p. 261 ; Pierre de Alva, Monumenta antiqua ex variis auctoribus, t. s p. 335.

Plus importante est la pièce qui nous a été conservée dans ce même recueil, p. 356, sous ce titre : Tractatus auctoris anom/mi de conceptione immuculata bealx oirrjinis Dei genitricis Mariæ. C’est la pièce indiquée par Aug. de Roskovâny, op. cit., t. i, p. 260, n. 1708 : Joannes de Roreti, ran. Aniciensis, sermo de immaculatfi conceptione beat » Virginis, 1436. In concilio Basileensi propositus, et Lovnnii 1485, impressus. Le nom du personnage est peut-être un peu déformé ; ce serait, d’après Jean de Ségovie, Ilistoria geslornm generutis sijnodi Basiliensis, t. ii, p. 379, Magisler.Johannes Roceti (ou, comme dit Plazza, op. rit., p. 213 : Rocheli). Dans ce discours, relié au texte : Tota pulclira es, arnica mea, et macula non est in le. le chanoine du Puy énonce aussi exactement que nettement la thèse immaculiste : La mère de Dieu a été préservée de la tache originelle dans sa conception vénérable, au moins dés l’instant où l’âme fut unie au corps : ub exordio saltem infusionis animve. in corpore, ub originali macula præscrvatam. Quatre chefs de preuves sont apportés : figures de r. cien

Testament, autorités palristiques, raisons proposées par les docteurs pour établir celle doctrine, miracles qui l’ont confirmée. Mais le véritable intérêt de ce « liscours n’est pas dans ces généralités ; il vient du but que l’orateur avait en vue et qu’il dit tout haut : « xciter les Pères du concile à s’occu])cr enfin de

l’exaltation de la Vierge immaculée et à formuler des conclusions qui pourraient être discutées dans la sainte assemblée, atque ad exaltati.neni conceptionis immaculatæ Virginis conclusioncs aliquas eliciendi, proponendas in sacris dispuiationibus. Il propose lui-même à ses auditeurs d’offrir à la bienheureuse Vierge, pour se concilier sa faveur, un double hommapc, i n canonisant sa conception et en déclarant a- ".^ile fut préservée du péché originel : si munus ci’jOluleris sux conceptionis canonizandx simul et dràarandx immunitatis eius ab originali.

L’appel fut entendu. Avant la fin de l’année, le cardinal Louis d’Aleman, cardinal-archevêque d’Arles, fut chargé « de faire rechercher avec soin dans les bibliothèques et les archives des universités, des églises, des monastères, des rois et des princes, tout ce qui pourrait avoir quelque rapport avec la question, comme livres, écrits, actes, délibérations, décisions, conclusions, publiques ou parliculières, soutenues dans des universités et ailleurs, puis de déférer le tout au concile, afin qu’à l’aide de ces documents les Pères pussent résoudre et définir la question. » Henri de Sponde, Continuât. Annal, ecclesiast., ad ann. 1435, n. 12, t. i, p. 835. L’enquête eut lieu, mais les résultats manquent, à peine quelques débris sont-ils connus, comme ce que le P. Doncœur a signalé, La condamnation de Jean de Monzon par Pierre d’Orgemonl, p. 2 (177), dans la bibliothèque de Troyes, ms. 981 : Instrumenta varia revocationnm (actaram a quibusdam fratribus ord. prsedicatorum, aliisquc, certarum erronearum propositionum super Conceptione bcatissimx virginis Mariæ, cum aliis quibu.’idam scriptis ad camdem Conceptioncm pcrtincntibus, ab universilate Parisiensi missa ad concilium Basilicnsc, anno 1436.

En même temps, des discussions nombreuses et très vives se poursuivirent à Bâle pendant les mois d’avril, mai, juin et juillet de l’année 1436, comme le raconte Jean de Ségovie, Ilistoria, I. XV, c. xxii-, t. II, p. 362. Le principal représentant de l’opposition au privilège fut Jean de Monténégro, général des frères prêcheurs : Rclatio sive allegationes de conceptione beatæ virginis pro sua opinione de sanctificatione virginis Mariie post contractionem originalis maculæ. Roskovâny, op. cit., t. i, p. 285, n. 2066. Cet écrit n’a pas été conservé, mais il est probable que la substance s’en retrouve dans l’ouvrage de .Jean de Torquemada, dont il sera question dans un instant. En outre, nous en connaissons le plan général par la réponse du champion du privilège, celui-ci nous disant qu’il a suivi le même ordre. Ce champion fut Jean de Contreras ou de Ségovie, chanoine de Tolède et envoyé au concile par le roi de Castille. comme son agent, tout exprés pour promouvoir la cause de l’immaculée conception. Son ouvrage, tel qu’il a été publié à Bruxelles en 1664 par Pierre de Alva, se présente sous ce titre : Septem allegationes et tolidem avisamenta, pro informatione Patnim cnncilii Basiliensis, præsidente tune judicc fidci D.I). cardinali Arelatensi, anno Domini 1430, circa sacralissima’virginis Mariai immaculatam conceptioncm ejusqur prœservationem a peccato originali in primo su.t animationis instanti. Mais ce volume comprend trois parties non seulement distinctes, mais composées séparéinent et successivement.

Jean de Ségovie rédigea d’abord les Septem allegationes. Après quelques notions générales sur l’état de la question, en parlicidicr sur la nature du pèche originel, Alleg. i, il établit que la mère de Dieu a pu être préservée, qu’il convenait qu’elle le fût ol que, par conséquent, elle a dû l’être et l’a été. Alleg. ii et m. II expose ensuite d’une favon plus préci.sc les diverses manières dont la préservation a pu se faire