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IMMACULEE CONCEPTION

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Ceux qui, pour une raison ou pour une autre, commencèrent par admettre la fête de la Conception, abstraction faite du moment précis où l’âme de Marie fut sanctifiée, rentraient nécessairement dans l’un ou l’autre des deux groupes indiqués, suivant qu’ils faisaient porter leur culte sur la conception considérée ou comme vénérable en elle-même, ou comme jointe à la sanctification de l’âme. Ce dut être le cas, pendant un certain temps, pour les milieux où la solennité fut introduite avant que la pieuse croj’ance ne fut communément admise : universités ; ordres religieux, comme ceux des frères mineurs, des carmes, des augustins et autres ; diocèses et monastères particuliers ; cour pontificale. La généralité et l’élasticité des offices primitifs rendaient possible cette position moyenne. Mais elle n’était que provisoire, puisqu’elle devait cesser le jour où il y aurait adhésion à la pieuse croyance.

Pour ce motif, le dernier groupe, comprenant ceux qui fêtaient non seulement la conception, mais la conception immaculée, s’accrut au cours du xiv<^ siècle ; il devint beaucoup plus considérable dans la seconde moitié que dans la première. En même temps, un progrès notable se dessine dans la liturgie. A côté des anciens offices qui s’arrêtent surtout à l’aspect extérieur du mystère, c’est-à-dire au fait de la conception de Marie et à ses rapports avec notre salut, d’autres apparaissent où l’aspect intérieur, celui qui a trait à l’âme de la Vierge et à ses perfections, se détache plus vivement, à tel point que l’affirmation du glorieux privilège y est contenue d’une façon formelle ou équivalente.

Invitation est adressée aux fidèles d’adorer le Verbe incarné, qui préserve du péché la conception de sa mère :

.dorcmus Dci patris Natum ex pura virgine. Qui conccptum suæ matris Préservât a criminc.

Dreves, Analecla, t. v, p. 53. Cracovic, Vienne et Vorau.

Cette conception est présentée comme sainte et pure, de par la providence du Christ :

Fulgct flics hodicrna,

Per quam mundo hix a’icrna

Cœpit ilhiccsccre. O quam sanc.ta conceptio,

Quam bcata !

Conserva nos morlis a va>, Qua ; pro identia C ; hristi

    1. MUNDA CONCEPTA fuisti##


MUNDA CONCEPTA fuisti.

Jbid., t. XXIV, p. 70 : Toul, brév. xiv-xv siècle. Telle l’épine qui produirait une rose, Anne con-VOit Marie pure de toute faute :

Profcrs vcUit spina rosain

    1. MUNDAM A PIACX’I##


MUNDAM A PIACX’I.O.

Ibid., t. xxxiv, p. Gl : saint Vincent de Breslau, graduel de 1319 et missel de 1407. Et tant d’autres où. sous diverses formes, la même idée revient :

Tux laudi, flagrans rosn, Nata spinis, nec. spinosa, l.oca nos in rcquic.

Ihid., t. IX, p. 47 : Paris, Biblioth. nat., ins. 9412, missel de Chaumont.

Ave, florcns lilium,

    1. ROSA SINE SPINA##


ROSA SINE SPINA,

Conccpta os, omnium Ut si » medicinn.

Ibid., t. xi.i a, p. 111 : hymne sur la Conception, par Christans von Lilicnrield (t avant 1332). Marie est saluée comme toute pleine de grâce dès

le début de sa conception, comme une fleur exempte de contagion :

Gaude, fclix Maria,

Tota PLENA GRATIA

CONCEPTUS EXORDIO…

Gaude lelix genimula, Refulgens per ssecula Flos sine contagio.

Ibid., l. xxxii, p. 87 : Reichenau, xiv^-xv » siècles. Elle est saluée comme conçue dans la sainteté, créée toute pure et toute belle :

Tu CONCEPTA SANCT1T.^.TE

Es, virgo, sine vitio. Puritate, caritate

Creata a principio

Tu concepta gloriosa

In DeI SANCTlTUDINE,

Tu es pulchraque formosa…

Ibid., t. XLi b, p. 211-213 : Novus liber hijmnorum cl orationum, de Boncore di Santa Vittoria (1340).

Saluée comme innocente dès le début, soustraite à la loi commune, prévenue et préservée par la grâce d’en haut :

Fuisti innocentula, Cum a communi régula Exempta sis magnifica, Sanctificata parvula Te mundante præambula Gratia mea cœlica.

Ibid., t. XLviii, p. 382 : Guillaume de Deguéleville, prieur cistercien de Chaalis (t après 1358), Super Cantica canlicorum.

Enfin, suivant une image déjà rencontrée col. 1035, comparée, au moment où elle est créée, à un rayon de soleil brillant dans les nuages :

Ut radium

Solis in nebula, Crcavit hanc

Salvator omnium.

Ibid., t. IX, p. 46 : Paris, Biblioth. nat., ms. lat. 9442, missel de Chaumont.

Au-dessus de tous ces témoignages un autre devrait être placé, s’il était permis de l’utiliser sans réserve ; c’est l’oraison suivante, contenue dans un missel carme conservé à V Ambrosiana de Milan et signalée par Mgr Battandier, art. Messe de l’immaculée tonceplion au xi v<e siècle, dans la revue Notre-Dame, Paris, 1911, p. 45 : Deus qui per immaculatam nimis virginis Mariæ conceplionem digiuim fdio tuo habifaculum privparasti : concède quæsumus ; ut sicut ex morte eiusdem filii lui prævisa cam ab omni labe prœservasti, ita nos quoque mundos eius intcrcessione ad te pervenire concédas. Per eumdem… C’est, à quelques mots près, l’oraison actuelle de la fête. Mais la messe dont il s’agit n’est pas celle qui figure dans le corps du missel, c’est une autre placée à la fin, « comme si elle formait un appendice et qu’on l’eût mise là pour mieux préciser l’objet propre de la fête et en faire ressortir le caractère. L’appendice est-il réellement du même siècle que le reste ?

Quoi qu’il en soit de ce dernier témoignage, les autres suffisent pour faire comprendre le progrès réalisé dans la liturgie. Faut-il en conclure que la fête n’avait plus le même objet ? Ceux qui la soutenaient alors dans le sens immacuHste, ne le pensaient pas, puisqu’cux-mêmes faisaient appel aux anciens offices. L’auteur anonyme du sermon Audile somnium meum, arguait de ce chef, que dans l’office en usage à l’université de Paris et en Angleterre, on chantait des paroles nettement expressives de l’iminaculéc conception : in qua snlemnitate canlantur aliqua quæ expresse ipsam désignant sine peccato