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IMMACULEE CONCEPTION

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caius vohtntas poleittia, cuius opus misericordia est, stalini ni nos diaholica malignitas vencno suo morlijicavit, Tcnoimndis mortalibus suæ pietatis remédia inlcr ipsii mundi pr.mordia pricparovil ; désignons scrpenli futiimm m : Aurtm, quic noxii capitis elalioncm sua rirlul conhrfn t, Christum vcrum Driim < l hoininem signons, qui naius ex miilicrc, violalorem hitmanæ propaginis incorrupta nalivitale damnavit : Inimicitias, inquil, ponam inler te et mnlirrem, et inter scmen tuiim et semen illiiis, et ipsa contrret capiit titum. Pierre de Alva, Moniimenta antiqua ex variis authoribus, t. i, p. 229.

L’argument de /P « (/(ïion, patristiqnc ou poslpatrislique, était particulièrement difficile à cette époquc-là, car la connaissance des anciens documents était très restreinte et, dans ce qui était connu, l’authentique et l’apocryphe s’entremêlaient. On cite surtout le texte classique de saint Augustin, De natiira et gralia, c. XXXVI, et quelques autres, sous les noms des saints Jérôme, Ambroise, Cyrille d’Alexandrie, P’ulgence, Ildephonse, etc. On cite saint Anselme, en lui attribuant indifféremment le De conr.eptu virginali et le Traclatus de conccptionc avec VEpistolct ad episcopos Anqliæ : ce qui embarrasse bien un peu Jean Bacon. à cause de la différence de doctrine qui lui semble exister entre le premier de ces écrits et les deux autres. Quodlibeta, t. III, Qiiodl., XIII, XIV ; cf. boncœur, loc. cit., p. 50 sq. (280 sq.). Parmi les théologiens antérieurs à Guillaume de Yare et Duns Scot, on cite, mais de confiance, Robert Grossetète, Alexandre Neckam, Richard de SaintVictor. Beaucoup allèguent même les grands scolastiques du siècle précédent. Alexandre de Haies, Albert le Grand, saint Bonavenlure, saint Thomas et autres, en supposant des rétractations fictives ou en interprétant les textes, chacun à sa manière. Enfin quelques-uns se lancent dans un genre d’arguments délicat en lui-même et malheureux dans ses conséquences, à cause des graves abus qu’il devait entraîner : ils font appel, en faveur de la pieuse croyance, aux miracles, qui vont toujours croissant en nombre, et aux révélations, anciennes ou récentes, notamment celles de sainte Brigit’e.

Les défenseurs du privilège devaient expliquer les textes de la sainte Écriture et des Pères qui semblent comprendre Marie dans la loi commune, expliquer aussi l’attitude défavorable des grands docteurs. Pour répondre aux textes, Jean Vital énumôre, dans la IIP partie de son sermon, dix-huit distinctions qu’il reproche aux adversaires de négliger, mais la plupart sont verbales ou rentrent les unes dans les autres ; quelques-un s seulement ont une portée réelle, 1 1 elles nous sont déjà connues, comme celle qui porte sur l’exemption de droit, propre au Christ, et l’exemption de fait, par simple privilège, dont sa mère a joui. Plus pratiques et plus efficaces sont les considérations émises par Gerson à la fin de son sermon sur le même sujet, t. iii, p. 1330 sq. Si les écrivains sacrés ou ecclésiastiques semblent parfois comprendre Marie dans la loi commune, cette manière de parler signifie que la Vierge aurait, comme les autres, contracté le péché originel en vertu de son origine, abstraction faite d’un privilège spécial. Les grands docteurs se sont tenus sur la réserve ; leur coutume a toujours été, quand il s’agissait de matières touchant à la foi et à la religion, de procéder avec beaucoup de maturité et sans mettre de presse à trancher les vérités controversées ; de là vient que, dans la question présente, ils ont parlé comme des gens qui cherchent plutôt qu’ils n’affirment d’une façon catégorique, magis inquirendo qaam detcrminundo, prêts d’ailleurs à se soumettre dès que Rome aurait parlé.

Deux autres considérations avaient précédé, qui « empiètent la doctrine de Gerson « L’Esprit Saint,

dit-il, révèle parfois à l’Église ou aux docteurs subséquents des sens, aliquas virtutes, ou des interprétations de la sainte Écriture qu’il, n’a pas révcKs à leurs prédécesseurs… Ainsi Moïse a eu plus de connaissances qu’Abraham, les prophètes plus de connaissances que Moïse, les apôtres plus de connaissances que les prophètes ; et les docteurs ont ajouté bcaucou] ! de vérités à celles que les apôtres avaient connues. En conséquence, nous pouvons dire que cette propo.sition : La bienheureuse Marie n’a pas été conçue dans li péché originel, fait partie de ces vérités qui ont été révélées ou déclarées de nos jours, tant par les miracles dont on lit le récit que par l’adhésion donnée à cette proposition par la majeure partie de la sainte Église. > Rien d’étonnant en cela : « De i.out temps, les docteurs versés dans les Écritures ont eu, pour exposer et déclarer les vérités, la même autorité que les anciens docteurs. Et si l’on objecte qu’ils n’ont pas la même sainteté, je réponds : Cela n’empêche pas qu’ils n’aient la même autorité ; ainsi les prélats de notre temps ont pour gouverner leur peuple, la même autorité que les anciens, quoiqu’ils n’aient pas la même sainteté. »

Cette doctrine est susceptible de deux interprétations très différentes. On peut entendre ce que dit Gerson, d’une révélation objective simplement nouvelle, en sorte que les vérités ainsi manifestées nt seraient pas comprises, même implicitement, dans le dépôt antérieur de la révélation, dépôt qui, par le fait même, s’accroîtrait proprement au cours des siècles chrétiens. Alors il serait vrai de dire que le célèbre chancelier aurait eu sur le développement du dogme des idées trop larges et maintenant inadmissibles. Concile du Vatican, const. De fide, c. iv ; Pie X, décret Lameniabili, prop. 21, Denzinger-Bamiwarl, Enchiri(/(’on, n. 1800, 2021. Mais on peut entendre aussi ce qui dit Gerson, d’une révélation plutôt subjective qu’objective, ou d’une révélation objective dans un sens relatif, c’est-à-dire d’une manifestation de vérités qui étaient dans la sainte Écriture, mais à l’état latent ou virtuel ; alors il s’agirait moins de la vérité prise en elle-même que de la connaissance de la vé. ité, et la contenance implicite de la vérité dans les sources de la révélation ne serait pas exclue. Quoique la discussion soit possible à cause de la comparaison établie entre Abraham, Moïse, les prophètes et les apôtres, il semble pourtant que le second sens soit le vrai, car Gerson parle expressément d’interprétations ou de sens de la sainte Écriture révélés, c’est-à-dire manifestés aux docteurs subséquents, et la comparaison susdite ne porte expressément que sur la connaissance, plus grande dans ceux qui viennent après que dans leurs devanciers.

Souvent, à cette époque-là, on rencontre cette idée de révélation nouvelle, mais app iquée au jour même, et non pas au caractère immaculé de la conception. Soit un exemple très frappant, d’après un office de la Conception conservé à Rome, bibliothèque Vittorio Emmanuele, ms. Sessor. 13$1-$238 (1I881JS9) ; bréviaire côté xiV siècle et dit de Nimes, eseniplar unico. On y lit ce qui suit, aux leçons du premier nocturne, très courtes comme tant d’autres à la même époque : Crescente rcligione crisliuna Dei filius. via, Veritas et vita, qui revektt sécréta et producil in lucem abscondita secretorum, ad edifuationem ecclesir multa revelavit congruis temporibus sanctis viris, que in primitiva ecclesia erant occultala et incognito fidelibus christianis. | Quocirca quia dies eoncepcionis béate mariel’irginis ex secreto dinini consilii per multa lemporum curricula fuerat ortodoxis cristianis occultatus, voluit eum spiritus sanctus speciali privilégia hunorare et congruis temporibus revelare, ut verbi prophetici veritas impleretur quo dicitur Dominus revelabit condensa et in templo eius, id est in beata virgine, omnes dicent yloriam, .