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BBIACULEE CONCEPTION


célèbre, mais qui, personnellement, ne croit pas à la sainteté de la conception. Xnl renseignement sur le nom de l’auteur, ni sur la provenance des écrits, ni sur l’époque précise où ils furent composés. Deux noms apparaissent dans la première pièce : Magislcr Hugo parisiensis, qui a lola ecclesia pro auctorilate suscipitur, puis. Abbas clarevallensis Bcrnhurdus, Mjui ab omni recipiiur ecclesia. L’absence, dans ce dernier cas, de l’épithéte beatus ou sanctus semble indiquer que l’écrit fut composé avant la canonisation de l’abbé de Clairvau. v (1174), et même, comme l’auteur cite un passage du second sermon sur l’Assomption : Qui vacuain dixeril Mariam, etc., P. L., t clxxxiii, col. 420, sans faire jamais la moindre allusion à la lettre aux chanoines de Lyon, on peut douter que l’écrit ait été composé aiirès la lettre ou du moins que l’auteur en ait eu connaissance. Il en va tout autrement de quelques notes qu’on lit au bas des pages : elles viennent d’un moine cisterciLMi, écrivant après la canonisation dî son fondateur, comme l’attestent CCS remarques : Beatus Birnhurdus pater ncster jccil libeUumvcltractaiumadcanonicos Ln(jduncnses, scribens eis et probans conccplioncm Béate Marie sanctam non esse, évidente anctoriiale dirine scriptare ostendens. Sancto Bernhardo plus credendum est quam huic scribenli. Ou encore, vers la fin de la première pièce, à propos de l’argument tiré de Rom., x[, 16 : Islud (trgumentum bonum est et subtile, sed beatus Bernlmrdus djclor est auctorisalus, isle nescio quis ; tanicn ei sempcr Birnhardus in hoc pnefcrendus est.

L’aiionvme soutient la fête de la Conception dans le sens immaculisle et en des termes dont la vigueur et la précision surpassent tout ce que nous avons r. ; ncontré jusqu’ici : Credo conceptionem beatissime vir-Hinis, et ipsum conceptam fuisse sanctam et sanctiftcalam a Spiritu Sancto, ac in ipso acta dumconcipcretur, per graciam qua plena fuit ab omni originali tube mundatam singulatim et singulari gracia inter omnes muliercs vel inter omnes filios hominum. C’est le glorieu-K privilège e.Kposé tout à la fois sous son aspect négatif, ab omni originali labe mundtlam, et sous s ;)n aspect positif : per gruciam qua plena fuit. Alfirmalion conlirmée ou renforcée par beaucou)) d’autres expressions ; celle-ci, par exemple, dans la même pièce : Ergo Iota fuit sol tam principio, qunm medio, quam ullimo : nullum enim tempus fuit, in quo non ipsa fuissrt .loi, quia omni lemporc ex quo fuit, gratta plena fuit ; ou CCS autres dans les suivantes : Conceptio propter gralinm celebratur… Ex qua cnncepta est, Spiritu Sancto repleta est… (in) omni sanctilate concepta, nala. Comme dans le traité d’ivadmer, le culte va droit à la N’icrgc, .sans distinclion formulée entre con -eption commencée et conception consonunée ; a la Vierge, san.tiliéc dans son ; me et dans son corps : Allissimus sanctificiwil illnd labernaculum, scilicet corpus et animant beale Marie ; à la Vierge, sainte dans sa conccption comme dans sa naissance, s))iriiuellement et corporcliement : suncla conecptione, sanctit nativitate, sancta spiritu, s meta corpore ; à la Vierge, pleinement délivrée du foyer de la con-.-upiscence originelle : non animadnrrlrns quod, dum conciperetur, per graciam qua plena fuit a foinite originalis concupisrrntiiC mund’irel.

Otmme les autres défenseurs du privilège, l’aiiologislc anoiivnie ulilise l’argument de convenance. La conceplion de saint Jean-Hapliste ne saurait èlrc considérée comme immonde. puis{|u’on en fait la fêle ; a combien plus forte raison devons-nous tenir pour « uitile la coiu-eption de.Marie. Erre enim plus quam Jotinnrs hir. Il fait a|)))el au sentiment ciirélien, quc c’i()((ue l’idée d’une mère de Dieu soumise.))ar sa propre fa.itcou parcelle d’autr, ii, à l’enrpiredu démon ; le déshunneur de la mère ne rejaillirait-il |ias sur le fil » ’/ Injuria malris redundal in filiutn. Kl comme le

contradicteur était allé juscju’à laisser entendre que Dieu n’aurait pas pu préserver Marie du péché originel et qu’en tout cas, il ne l’aurait pas voulu, notre anonyme ne se contente pas de répliquer : Et d’où savez-vous cela’? il fait encore justement sentir a l’audacieux adversaire, dans le second écrit, combien il serait diflicile de sauvegarder alors sjit Vamour fdial du Sauveur, soit la toute-puissance divine : Ergo uut invidit matri, uul quod voluit non potuil, et sic, quod absit, omnipotens non fuit. Mais il insiste surtout sur ce qu’il appelle « les irréfragables oracles de la sainte Écriture. » Il apporte, en elïet, beaucoup de textes, mais en s’abandonnant souvent aux caprices de rinterprétation accommodalice ou purement subjective, par exemple, en appUquant à Marie ces paroles du patriarche à son fils Joseph, Gen., xlvui, 22 : Do libi partem unam extra fratres luos. La plupart du temps il se rencontre avec le prétendu Comestor : protévangile et salutation angélique, versets davidiques ou sapientiaux : Ps. xviii, 6, In sole posuit l i.bernaculum suum ; xlv, 5, Deus in medio cius non eommovebitur ; i.XKKi, 5, Ipse fundavit eam Altissimus ; I^rov., IX, 1, Sapientia xdificuvil sibi domum : Eccli., XXIV, 25, Ab initio et ante seecula creata sum. In me est gratta omnis viæ et veritatis ; Cant., iv, 7, Tota pulchra es, etc. Noyon, Notes, avril 1911, p. 179 ; juillet 1920, p. 302. Signalons plus parlicuUèrement Rom., xi, (> : Si dclibatio sancta, et massa, et si radix sancta est, et rami ; car ce texte réapparaîtra, parmi les objections qu’ils se poseront, chez les grands adversaires du privilège au siècle suivant. L’apologiste cite également quelque chose du témoignage faussement attribué à saint Fulgence, et, dans le second écrit, repousse l’hypothèse d’illusion diaiiolique, émise par l’adversaire à propos de la vision d’IIelsin..

Il est un autre point, beaucoup plus important, où l’anonyme d’Heiligenkrcuz se rencontre avec le prétendu Comestor : le recours à la théorie du germe conservé pur dans.dam. Voici, en elïel, ce qu’on lit presque au début du premier traité : Sanctorum numquc patrum, in quihus et Léo romanus pontifex est, oculata fide sanxit ouctorilas. quod mox ut malignus fraudis commentor diabolus virulentic sue languorc, mandate obedientic a domino, serpentinum indutus cxui’iem, viriditatem infecit, ilico medica Dei supienlie manus in inflictum mortis languorem antiaotum composait ; idem in eodem perdito hoinine in cadem massa Immanitatis corpus quaddam citra cxtraquc nevum omne peccali, ad prrditum cunctum homincm inveniendum, reparandum redimendunique preparavit. Voir, jiour le contexte, les Recberclus de science religieuse, Paris, 1910, t. i, p. Ô96 ; A. Noyon, .otes, avril 1911, p. 180. Ointinuant son explication, l’auteur afiinne l’unité de chair entre.iésus-(^hris( et sa mère, non pas seulement au moment de l’incarnation, mais même auparavant : Sed quis sane fidei astruat po.t conceptum sanctissimam virginem solummodo fuisse unum corpus cnm corpore Domini ? D’où cette conclusion : Constat ergo quod duin beala virgo Maria conciperetur, unum corpus fucrit in ipsa conecptione cum sanctissimo corpore Domini, quod et ipsani conceptam ah omni originali culpa in ipsa sua conecptione mundaint, sanctificaint et per onviem modum purificaril. (-e qui revient a dire que le germe conserve jnir dans -Adam servit à former le corps de la mère et celui du lils. Pour qui tenait cette théorie, l’objection tirée de VEcce in iniquitalihus roticeptus sum, n’avait aucune force, puisque la conceplion de la N’icrge échappait à la loi commune. En outre, l’auteur n’admet))as qu’une conce))lion, légitime par ailleurs, soit mauvaise du seul fait que la concupiscence s’y mêle : nullu légitima conceptio mnla est, licct cum malo et concupiscentia fiai. Enlin il pouvait encore trouver une