Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/516

Cette page n’a pas encore été corrigée
1017
1018
IMMACULEE CONCEPTION


simus. Outre le témoignage de saint Augustin qui vient d’être rappelé, il en emprunte deux ou trois à d’autres Pères, le principal, attribué à saint Fulgence, est en réalité de saint Fulhert, Scrm., iv, de Nalirilate, cité col. 985.

Ces témoignages ne constituent évidemment pas un argument proprement dit : ils ont néanmoins leur intérêt comme essai ou ébauche de preuve positive. .utre d’ailleurs est le véritable argument de nos trois apologistes ; c’est celui-là même dont Eadmer et Osbert de Glare s’étaient servis, l’argument de convenance, concluant à la nécessité morale du glorieux privilège, il est à la base des textes d’Abélard déià cités : si.Jésus-Christ a dû faire davantage pour Marie que pour.Jean-Baptiste, c’est qu’il pourvoyait à son propre honneur en honorant sa mère, ncc dubium est ad laudem tilii perlinere quidquid ipse. /acil pro matris honore, p. 136. Comestor n’oublie pas le rôle de nouvelle Eve, associée au nouvel Adam, que Marie devait jouer un jour, mais il insiste particulièrement sur l’identité que la maternité supjwse entre sa chair et celle du Verbe fait homme, cuin una et cadem caro sii matris et tilii, et qiialis agniis, taUs et mater agni, p. 5. Remontant plus haut, Cantor rattache le privilège mariai au plan de la rédemjition. telle que Dieu l’a voulue, accomx)lie par le Verbe divin recevant sa chair de Marie, de Marie qui devait être digne de lui et qui ne le serait qu’à la condition de jouir elle-même d’une chair engendrée et conçue saintement : ut mcileria et mater fuerit, diqmt non esset, nisi caro ejus sancte genila sancteqiie concepla /iiissct, p. 115. Arguments qui nous ramènent à la manière de voir d’Eadmer et d’Osbcrt : Marie sainte dans sa conception, non seulement quant à l’àme, mais aussi quant au corps. Manière de voir facile à comprendre par opposition à celle de tant d’autres qui, d’après les’théories courantes, attribuaient une double souillure à l’enfant conçu : l’une alTectant directement la chair, l’autre atteignant l’àme indirectement et par voie de conséquence. Là se présentait la grande objection, celle que les adversaires de la fête et du privilège tiraient de VEcce in iniquilalibus concepliis simi. ri in pcccalis concepit me mater mea, apiiliqué à Marie comme aux autres descendants d’.Vdam déchu. « Comment y aurait-il société entre l’Espril-Saint et le péché’? ou comment n’y aurait-il pas péché s’il y a volupté charnelle" ? » demandait saint lîernard. Les défenseurs de la fôte font appel, conuue Eadmer, à la sagesse et à la puissance de Dieu qui n’a pas pu manquer de moyens pour préserver de toute corruption le fondement de l’édifice divin qu’il voulait construire : Xiimquid sapicntem iqnoranliu, uni fortem inftrmitas aliqna, aiit omnipotentem impedioil impotentia, qitominus slabile et incorriiptum locaret /iindamentum, cui non corruplibile, sed dininum siiperponerct ivdiftciiim ? (k)mestor, p. 3. Mais ils ne se contentent pas de cette réponse générale ; ils en donnent deux autres, qu’il ne faut pas confondre. La première consiste à distinguer entre la conception active et la conception passive consommée, entre l’acte générateur de.Joachim et d’Anne, et le terme complet ou final, c’est.’-dlrc la Vierge Marie considérée comme pcrs ;)nne humaine. D’après la théorie courante sur le développement progressif du germe humain, la formation complète de l’individu f)u constitution de la personne n’avait lieu qu’au moment où l’embryon sudisaminent développé recevait l’àme humaine ; jusqu’alors il ne pouvait donc pas être le sujet d’un péché proprement dit, comme l’avait montré saint Anselme, I>e conceplu virqinnli, c. m et vii, P. L., t. (.i, viii, col. 435 sq.. 440 sq., passages cités tout au long par Canlor. Cette doctrine supposée, , bélard répond, ayant en vue la conception prenrière ou charnelle :

S’il y a eu là désordre et péché, ce fut le fait des parents, et non de Marie qui n’existait pas encore, parentum potius crat quam Mariée, quæ uondum eral, p. 123. De même, Comestor distingue le double aspect de la conception : porro est coneeplio concipientis et est conccptio concepts prolis, p. 8 ; puis séparant la cause de Marie de celle de ses parents, il conclut : Que ceuxci aient été soumis, en l’engendrant, à la loi du péché, c’est possible, mais Marie elle-même fut toute sainte : concepla est (orsitan in iilritisque parentis delicto Virqo Maria, sed ipsa sanctissima, p. 1). El Cantor d’ajouter que la conception (passive et consommée) étant l’œuvre de Dieu, elle ne saurait être souillée par ce qu’il peut y avoir de déréglé dans l’acte générateur préalable : ncc peccalo delectaiionis conccptionem præcedentis, conceptionis piiritas inficitur, nec concipientis delicto coneeplio aliquatenus commacnlatur, p. Il’2. Passage inexplicable pour qui ne tient pas compte de la terminologie particulière de l’auteur ; distinguant les deux termes de qénéralion et de conception, il réserve le premier à l’acte générateur des parents, c’est-à-dire à ce qu’on appelle communément la conception charnelle prise au sens actif ; vient ensuite la conception, entendue passivement de l’embryon considéré dans son développement jirogressif et surtout dans l’arrivée au terme, quand jiar l’animation ou infusion de l’âme il devient personne humaine. C’est de la conception prise ainsi, de la conception passive consommée, que Canlor parle, quand il dit qu’étant l’oeuvre de Dieu, elle ne saurait être souillée par ce qu’il pourrait y avoir de déréglé dans l’acte générateur préalable ou dans le péché de celui qui, au sens actif, conçoit, c’est-à-dire le père ou la mère

La première réiionsp de* défenseurs de la fêle reenait donc à ceci : Ni l’acte générateur de siinl.Joachim et de sainte Anne ne s’est pas accompli sans péché de leur part, s’il a été souillé iiar la concupiscence ou volupté charnelle, il ne s’ensuit pas que le terme de cet acte ait été souillé lui-même, que Marie ail été (passivement) conçue dans le jiéché. A quoi les autres de riposter : Si le principe de l’acte a été souillé et soumis à la loi du jiéché, connnent lo terme ne l’aurait-il pas été aussi, d’abord le terme immédiat, la chair de Marie, puis, par voie de conséquences, le terme médiat, l’àme et toute la personne de Marie ? Il fallait une nouvelle réponse, et cette réjionse n’est plus la même chez nos trois apologistes. Abélard conteste que, même dans l’ordre actuel, l’acte générateiu’soit nécessairement péché ; à saint Hernard et à tous ceux qui supposaient le contraire, il reproclie de rabaisser outre mesure l’acte auquel le genre humain doit sa conservation et son dévelop]>ement. Noyon, Notes, juin 1911, 1). 291. A plus forte raison n’a-t-on pas le droit de considérer connue entaché de péché l’acte générateur dont il est question, acte accompli par deux saints en vue de mettre au monde celle qui devait nous domicr le Sauveur. ICst-il même certain que dans cet acte, il y ait eu intervention de la volupté charnelle’? Pourquoi ne pourrait-on pas croire à un privilège spécial, accordé par Notre-Seigneur aux parents de sa propre mère ? Quid enim nos impedit credere hanc gratiam Dominum parentibus siiir genitricis passe et velle con/crre, ut absque omni carnalis conciipiscentia ; labe sanctissimiim illud corpiisciiliim generareni ? P. 129.

Canlor répond comme Abélard, mais avec plus de décision ; il n’hésite pas à soustraire à la loi connnune de la volujjfé charnelle l’acte générateur accompli par des saints, dans un but saint et pour obéir à une injonction céleste : sancte generatnm, sanctiiis conceptam, quam constat sanctissime natam. Sanctam quippe genitam non inimrrito dixerim, cujus generatores in ejus generalione non conlraxit slimulanlis lascivia Ubidinis, sed præoplalæ spes sobolis, sed obc-