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IMMACULEE CONCEPTION


humnna jrayilihdc. 01)scures eu elles-nièines, ces (ieux expressions acquièrent une signification plus précise si on les raiiproche du passage correspondant du Liber nalivilatis Mariie, dont elles s’inspirent manifestement. Voici, en effet, comment l’ange y parle à saint Joachim, iii, 3 : > ; Ainsi ton épouse t’enfantera une fille, et tu l’appelleras Marie. Elle sera, comme vous en avez fait le vœu, consacrée au Sei- ] gneur dès son enfance, et remplie du Saint-Espril dès le sein de sa mère, adhiic ex utero malris. » Un peu j plus loin, IV, 1, l’ange dit à sainte Anne : « J’ai été envoyé vers vous pour vous annoncer la naissance dune fille, qui s’appellera Marie et qui sera hénie par-dessus toutes les fenunes. Remplie de la grâce du Seigneur dès l’inslanl de sa naissance…. a natiL’itate sua stnlim… » E. Amann, op. cit., p. 348. Cet auteur se demande s’il n’y aurait pas dans ces derniers mots « Uiie légère inconsistance avec ce qui précède. L’ange avait annoncé à.Joachim que Marie serait remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. 11 s’agit ici du moment de la naissance ; à moins qu’il ne faille prendre le mot natioitas dans un sens plus large et y voir la conception. » La contradiction disparaît, en effet, en ce cas-là ; car l’autre expression, dès le sein de sa mère, est indéterminée et peut s’appliquer indifféremment à une sanctification opérée soit au dél)ut soit au cours de l’existence de Marie au sein de sa mère. Il n’en va pas de même pour la sanctification de saint Jean-Baptiste, puisque l’Evangile, Lie, ꝟ. 44, la rai)porte à un moment déterminé et postérieur à sa conception. Quoi qu’il en soit, les termes employés indiquent au moins une sanctification de Marie affirmée par l’ange dans la même annonce prophétique où il révèle ie nom qu’elle portera ; et c’est là ce qui send)le expliquer la phrase laconique des deux bénédictions pontificales de Gantorbéry et d’Exeter. Dans la première, le nom de la future mère du Verbe et la première descente du Saint-Esprit sur elle sont unis comme faisant partie l’un et l’autre du message prophélique : præsignavit nominc Spiritus Sandi obumbrntiono.. Dans la seconde, les deux objets, nom et sanctification, sont encore unis, la sanctification se trouvant en fonction du nom considéré dans la dignité qu’il suppose en celle qui le portera ; et cette sanctification est doimée comme antérieure à la naissance, sans que rien n’en fixe l’époque à un moment déterminé et postérieur à la conception : prias sanctiflcavil nominis dignilnte qunm édita gigneretur.

Peu importe ici la valeur objective de la source utilisée dans les pontificaux ou missels anglo-saxons ; peu importe que tels ou tels détails, relatifs à la conception de sainte.

ne et à la sanctification de son

fruit béni, aient été calqués sur ce que, dans les Ecritures, on dit d’.

ne, mère de Sanuiel, et d’Elisabeth, mère du précurseur, ou du précurseur lui-même ; car il s’agit maintenant de constater la croyance subjective de ceux ((ui ont composé ces écrits et de ceux qui, ensuite, s’en sont servis. Une remarcque, faite par E. Amaim au sujet du Protévnngile de Jacques, a déjà été signalée, col. 876 : « La Vierge qui devait mettre au monde.Jésus, devait-elle être moins favorisée que le précurseur du Christ ? On ne le pensait pas dans les milieux chrétiens où fut composé le Protévangile, et Instinctivement la piété populaire y faisait le raisonnement qm revient à chaque page des traités modernes de mariologie : il faut admettre que la Vierge Marie non seulement a reçu les mômes faveurs que les saints les plus cminents, mais qu’elle les a eues d’une manière plus excellente. La remarque n’a pas moins de valeur pour les remaniements latins que pour ! a rédaction primitive du Protévangile.

3° f-Jtat de la croyance ri du culte en Occident â la

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

fin de la période allant du concile d’Éphèse jusqu’au milieu du A/e siècle. — Fixons en quelques mots les résultats acquis ; car l’époque où nous sommes arrivés est doublement importante : d’une part, la séparation définitive de l’Église grecque s’effectue par le schisme du patriarche Michel Cérulaire (1054) ; fie l’autre, un nouvel âge va commencer, l’âge scolastique qui marquera en Occident une période nettement distincte des précédentes, pour la croyance et pour le culte.

Dans ces six siècles postéphésiens, la croyance à rimmaculéc conception de la mère de Dieu ne se présente pas encore en Occident sous une forme explicite, généralement parlant ; des lueurs apparaissent, mais éparses et mêlées d’ombres. Certains témoignages font pressentir les difficultés qui surgiront bientôt ; d’autres semblent déjà une anticipation de la croyance formelle, mais pour une raison ou pour une autre, surtout parce quc la question n’est pas encore posée expressément, aucun n’a cette clarté qui force la conviction. Il reste pourtant incontestable qu’un mouvement progressif se dessine ; mouvement comparable à celui qui. pendant les mêmes siècles, se produit en Orient, bien qu’en ce dernier pays il ait été plus brillant et plus rapide : la bienheureuse Vierfe est consiilérée ou proclamée sainte en mère de Diev, d’une façon et dans une mesure proportionnée à son rôle et à sa dignité. L’application va tout d’abord à Marie devenant effectivement mère du Verbe incarné au jour de l’annonciation ; mais, par voie de conséquence, il y a réaction sur son existence antérieure ou sa préparation préalable : c’est en future mère de Dieu qu’elle vit, qu’elle naît, qu’elle est formée. Remontant ainsi du plein midi à la première aurore, les latins comme les orientaux arrivent à saluer en Marie, dès le début, le temple que le Verbe divin s’est choisi de toute éternité et qu’il s’est construit lui-même, ayant dès lors en vue ses destinées futures. C’est par là surtout qu’ils anticipent, à leur manière le dogme de l’inmiaculée conception ; par là que cette période posléphésienne, prise dans son ensemlile, peut se dénonuner l’aube de la croyance formelle.

Vers la fin de cette période, à partir du ix « ou du X'e siècle, la fêle de la Concejjfion de Marie apparaît, mais dans des cercles restreints, sans relation apparente avec le magistère ecclésiastique et dans des conditions qui ne permettent pas d’affirmer une connexion certaine entre la célébration de la fête et la croyance au privilège mariai. Là encore il y a, cependant, lueur d’aube naissante, car la fête n’a pas pu exister sans que cette question se posât dans les esprits : Pourquoi, à quel litre vénérons-nous la conception de la mère de Dieu ? Quoiqu’il en soit de la réponse donnée à cette époque, cpie cette réponse ait été unanime ou qu’elle ail été, connue plus tard, discordante, le problème était posé et demandait une solution. Que telle ait été la logique des choses, toute la suite de cette étude le montrera.

Passaglia, op. cit., part. III. sccl. vii, c. i, a. 2 ; Edni. Bishop, Origins o/ llie fenst o/ the ConcefUion o/ llte blessed V’irf/in Marii, dans The doivnside review, 1886, t. v, p. 107 ; réimpression en liré-ù-part, avec note préliminaire, Londres, 1904 ; II. Thurston, The F.nglish feast o/ oiir LAidy’x Conception, dans The Monlh, Londres, 1891, t. Lxxiii, p. 4.S7 ; The Irish oriqin.i o/ oiir I.ady’s Conception feasi, ibid., 1904, t. ciii. p. 449 ; cf. lirviic du clergé françai.^, Paris, 1904, t. XXXIV, p. 2’).'> : F. O. Holwcck. Fasii Mwiani. FribourK-on-Hris ! <au, ]892, p.28.3sq. ; X.-M.LrBachelct, op.ciL. II. L’Occident, c. i, S 2 ; c. ii, § 1 ; A. Noyon, Les origines de In fêle de la Conception en Occident (X’, SI’et XII’siècles), dans les fitiides, Paris, 1904, t. c, p. 763 ; M. Jugie, Origines de ta ffte de l’inimnciiléc conception en Occident, dans la Heviir aiigiislinicnne, Paris, 1908, t. xiii, p. 529 ; E. Vacandard.

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