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IMMACULEE CONCEPTION

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Un autre pontifical, appartenant à l’église cathédrale d’Exeter et qui paraît avoir servi à révêqque Léofric (1050-1073), renferme sous la rubrique : Benedidio in’conceptione sancte Marie, une prière du même genre :

Que la bienheuriîusc vierge Marie vous obtienne pour toujours la bénédiction divine par sa pieuse intercession, elle dont le Tout-Puissant, qui la destinait pour mère à son fds unique, a fait annoncer la conception par un ange ! Et qu’elle vous assiste sans cesse de son secours bienveillant, celle qui est la bienveillance mêmel Ainsi soit-il.

Daigne celui qui l’a désignée par son nom avant qu’elle ne fût conçue et qui l’a couverte du Saint-Esprit, vous accorder de concevoir vous-mêmes en vos âmes la grâce et la confession de la sainte Trinité ! Qu’il vous préserve de tout mal et vous confirme dans la sainteté déifiante ! Ainsi soit-il.

VA que la sainte mère de Dieu Marie vous obtienne de Dieu un accroissement de paix et de joie, en sorte qu’ayant reçu dans l’heureux enfantement de la bienheureuse Vierge le principe du salut, vous obteniez aussi Jésus-Christ pour éternelle récompense et source d’une vie permanente au ciel.

Londres, Brit. Mus., ms. addil. 2888, fol. 189 ; cf. Thurston, Eadmeri tradatas, p. 84.

Enfin, le Missel de Léofric, donné par cet évêque à la cathédrale d’Exeter, contient, pour la fête de la conception de Marie, V ! id. décembres, trois oraisons dont la première et la troisième méritent d’être signalées :

Scmpiterna(m’) a deo beuedictionem vobis béate Marie virginis pia deposcat supplicatio, quam concipiendam omnipotens, ex qua eius conciperetur Unigenitus angelico declaravit preconio, quam et vobis iugiter suffragari benigno, ut est benignissima, sentiatis auxilio. Amen.

Quique illam ante conceptum presignavit nomine spiritus sancti obumbratione, vos divinam gratiam mente annuat concipere in sancte Trinitatis confessione atque ab omni malo protcctos deifica confirmet sancti ficatione. Amen.

Sancta vero dei genitrix Maria vobis a Deo pacis et gaudii optineat incrcmentum, ut quibus felix eiusdem béate virginis partus extitit salutis exordium, sit etiam ipse Jhesus Christus premiam in celis vite pernianentis sempiternum.

(Collecta). Deus qui beatæ Marice virginis conceptionem angelico vaticinio parentibus priedixisti, presta huic prcsenti familire turc eius præsidiis muniri, cuius conceptionis sacra solemnia con^rua frequcntatione veneratur. Per Dominuni…

AU coniplendum. Repleti vitalibus alimoniis, et divinis refecti mysteriis, supplices rogamus, omnipotens Deus, béate Marie semper virginis, cuius venerandam colimus conceptionem, pia interventioneasqualorumerui immaniuni dominatione. Per Dominum. ..

Dieu qui, par l’entremise d’un ange, avez prédit la conception de la bienheureuse Vierge Marie à se-s parents, accordez à votre famille ici présente d’avoir pour protectrice et soutien celle dont elle s’efforce, en cette sainte solennité, de vénérer dignement la conception. Par Notre Seigneur…

Repus des aliments vivi-Tiants et restaurés par les divins mystères, nous vous supplions, ô Dieu tout-puissant, de nous délivrer du joug des funestes souillures, grâce à la pieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge, dont nous fêtons la conception vénérable. Par Notre Seigneur…

The Léofric missal, édit. F. E. Warren. O.xford, 1883, p. 268.

c. Origine de la fête anglo-saxonne de la Conception de Marie. — Si les documents qui précèdent se présentent dans de meilleures conditions que ceux de provenance irlandaise, s’ils rendent indubitalole l’existence de la fête de la Conception en Angleterre dans la première moitié du xi’e siècle, ils ne disent pas ni ne permettent de conclure fermement sous quelle iii lUience elle fit son apparition. Comme tous les documents se rattachent à un groupe de monastères dépendant étroitement de l’abbaye de Nevminster, Edmoiu ; Bishop conjectura d’abord que Ks moines bénédictins de ce monastère, disciples iuimédiats ou médiats de saint J-2thelvoId († 984), auraient établi la solennité de leur propre initiative. Plus tard, le P. Thurstoi ! parla d’une influence irlandaise. D’autres attribuèrent l’introduction de la fêle en Angleterre à Théodore de Tarse, qui vint dans ce pays comme primat di Cantorbéry (669-690), en compagnie du moine Adrien, auparavant abbé d’un monastère napolitain ; conjc(ture renforcée par la présence, en d’anciens livrc^ liturgiques, de prières ayant une saveur orientale prononcée, et même de mots grecs transcrits en caractères anglo-saxons. Voir Lesètre. L’immaculée conception et l’Église de Paris, Paris, 1004, p. 16 ; M. Jugie, Origines de la fête, p. 532 ; cf. Thurston, The Englisli feast of our Lady’s Conception, p. 465. Enfin, dans la courte préface de son article réimprimé en 1904, Edm. Bishop s’est rallié ù l’hypothèse d’un emprunt fait à l’église de Xaples par les moines bénédictins de Winchester. Plusieurs clioses semblent, c ; effet, trahir une influence grecque : la célébratio-. de la tête en décembre et, dans les formules de béni diction comme dans lacollecte du IMissel de Léofric, L allusions au récit du Protéuangile de Jacques, vulgarisé en Occident par ses remaniements latins : VÉva : gile de pseudo-Matthieu et l’Évangile de la Nativile de Marie.

d. Sens de la fête anglo-saxonne. — Qu’en Angleterre comme en Irlande, l’hommage des fidèles allât droit à la personne de la mère de Dieu, on le voit par le titre commun de la fête : La Conception de Marie, el plus nettement encore par la troisième oraisoii du Missel de Léofric, où la conception de Marie est tout à la fois appelée vénérable et proposée comme objtl du culte : Beatæ Mariie semper virginis, cujus venerandam colimus conceptionem. îMais à quel titre cette conceplion était-elle considérée comme vénérable’.' Était-ce seulement à cause des circonstances extérieures auxquelles il est fait allusion dans les documents cités : la prédiction de la naissance, la révélntion du nom de Marie, la cessation miraculeuse de la stérilité de sainte Anne, l’annonce du prochain rédempteur dans la première apparition de sa mère ? Ou bien était-ce aussi pour le caractère de sainteté proprement dite qui se serait attaché à la personne de Marie dès le début de son existence ? S’il était permis d’interpréter le sens de la fête au xi « siècli par celui qu’elle aura un siècle plus tard dans les mêmes milieux, la question serait facile à trancher, car nous verrons qu’Eadmer et les autres partisar.s de la fête de la Conception l’entendaient bien dans le sens immaculiste. Mais à s’en tenir aux seuls documents rencontrés jusqu’ici, les données sont trop maigres pour autoriser une réponse ferme.

D’autre part, ce ne serait pas tenir un compte suflisant du contenu intégral des documents, que d’interpréter l’objet de la fête uniquement d’après les circonstances extérieures qui. dans la pensée de leurs auteurs ou rédacteurs, précédèrent ou accompagnèrent la conception de JNIarie. Dans la bénédiction du Pontifical d’Exeter, la bienheureuse Vierge est considérée en fonction de son rôle futur, ex qua eius conciperetur Unigenitus. Surtout la deuxième oraison de cette même bénédiction et l’oraison correspondante du Pontifical de Cantorbéry contiennent l’une et l’autre une expression où l’idée de sanctification proprement dite semble bien intervenir : quiqac illam ante conceptum prsesignavit nomine Spiritus Sancti obumbratione… Et qui illam prius sanctificavil nominis dignitaic, quam edlia gignerdw