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IMMACT’LÉE CONCEPTION


solennité réellement en usage. Cette raison n’a pourtant rien de péreniptoire ; car la note est de seconde main et d’époque postérieure, celui qui l’a insérée pouvait ignorer ce qui s’était pratiqué jadis. A tout le moins, les documents eux-mêmes prouvent que ridée d’une fête ou d’une commémoraison ayant pour objet la conception de Marie existait dans certains milieux irlandais aux ix<= et xe siècles. En revanche, ils ne nous donnent aucun renseignement précis sur la manière dont on comprenait l’objet de la fête ou de la commémoraison. à savoir dans le sens plus large d’une conception simplement miraculeuse ou dans le sens plus strict d’une conception sainte. Mais il serait arbitraire d’exclure a priori le second sens, quand, vers la même époque, on trouve dans une bymne sur la bienheureuse Vierge la strophe qui suit, où la mère de Dieu, nouvelle Eve, est mise à part des autres humains dans ses prérogatives, dans son rôle tt peut-être dans son origine.

Huic iiiatri nec inventa ante nec post similis, Nec de proie fuit plane Iiiinianæ originis. Per muliercm et lignuni niundus periit, Per mulieris viitutem ad saluteni rediit.

Cl. Blume, Analeda hymnica medii œvi, t. li. Die Hymnen des 5-Il Jahrh. iind die Irish-Kcllischc Hijmnodien, p. 305.

c) Anr/lclcrrc — Ou a vu plus haut qu’au iiie siècle, la dévotion envers la mère de Dieu n’avait pas encore pris son plein essor dans T’Église anglo-saxonne. Pourtant, c’est déjà une très hante idée de la sainteté de Xotre-Dame et de son pouvoir d’universelle intercession, que respire VOndio ad sanctam JMariam, contenue dans le manuscrit dit Book of Cerne, dont se servait, en 7 « )0, Ethelwald, évêque de Sherbourne : la prière s’y adresse à la » sainte mère de Dieu, toujours vierge, bienheureuse, bénie, glorieuse, … Marie immaculée, choisie par Dieu et l’objet de ses prédilections, ornée d’une sainteté unique et digne de toute louange, … avocate du monde en péril… »

Sancta dei Rcnctri> : scmper virgo beata benedicta gloriosa et gencrosa. Intacta et intemerata casta et incontaminata Maria immaculata electa et a deo dilecta. Singulari sanctitate prasdita, atquo omni laude digna. Quai es interpcllatrix pro totius mundi discrimina exaudi exaudi êxaudi nos sancta Maria.

Dom A. B. Kuypers, The prayer book of Aedeluald the bishop, commonly called the Book of Cerne, Cambridge, 1902, p. 154.

Rien qui mérite de fixer l’atiention au ixe siècle ; mais à partir du x’, des documents apparaissent, d’abord négatifs, puis positifs.

a. Documrnla nâr/alifs. — Les recueils de textes saxons, publiés en Angleterre, contiennent un ccr-’tain nombre d’homélies des x" et xie siècles : The Blicking homilirs of the ienlh century, édit. B. Morris, Londres, 1880 ; Wulfstan, Sammlung dcr ihm zugeschricbenen homilien, 1’" partie, érlit. A. Napier, Berlin, 1883 ; The homilics of the Anf/lo-Saxon Church, édit. Benjamin Thorpc. Londres, 1844, 1846. L’auteur de ce dernier recueil, Eifric, » araît s’identifier avec l’archevêque du même nom (1023-1051), qui fut le successeur immédiat de saint Wulfstan sur le siège d York.

Dans les Blicking Iwmilies, deux sermons se rapportent directement à la mère ile Dieu : l’un pour la (dte de l’Annonciation, incomplet au début ; l’autre pour la fête de l’Assomption. La pensée de l’orateur ne va jamais au delà de ces trois i<lécs : pureté perpétuelle et parfaite, rôle de médiatrice, place privilé-Itiée au-dessus de toutes les autres créatures. Aucune des homélies de saint Wulfstan n’a pour objet propre Notre-Dame ; incidemment elle est mentionnée sous

les appellations de < sainte Marie, mère du Christ, pure vierge, femme sans tache, vase destiné à contenir un trésor. Serm., n et xliv, p. 13 sq., 251. Elfric proclame Marie riche de toutes les vertus, toute belle et toute brillante, temple du Saint-Esprit comme nul autre, possédant la grâce en sa perfection, nouvelle Eve et notre médiatrice auprès de son divin Fils, t. I, p. 447 sq., 455 ; t. ii, p. 23. Il affirme qu’elle est née, comme les aulrcs humains, d’un père et d’une mère, Joachim et.’nue, personnes pieuses selon la Loi, mais dont il ne veut rien dire de plus, par crainte de tomber dans l’eiTeur, t. ii, p. 466. Paroles où perce un sentiment de défiance à l’égard des amplifications contenues dans les Évangiles apocryphes. En somme, dans ces divers documents, nulle manifestation d’une croyance à la sainteté originelle de la bienheureuse Vierge, nulle mention d’une fête en l’honneur de sa conception. Mais ce n’est pas là tout l’apport de l’Éghse anglo-saxonne, antérieurement à l’invasion normande de 1066 ; il y a d’autres sources utilisées surtout par Edm. Bishop et le P. Thurston.

b. Documents positifs. — Un premier groupe nous présente la simple mention de la fête ; tels deux calendriers, provenant des abbayes d’Old Minster et de Newminster, à Winchester, et rédigés l’un vers 1030, l’autre sous le gouvernement de l’abbé Aelfwin (1034-1057). La fête y figure au 8 décembre, sous ce titre : Conceptio sancte Dei genitricis Maria’. R. T. Hamplon, Mcdii a=vi kalendarium, Londres, 1841, t. I, p. 433, 440. Dans un martyrologe, composé vers 1050 au monastère de Saint-Augustin de Cantorbéry, on lit également à la même date, ri id. dec. : item ipso die conceptio sonde Marie Dirginis. Londres, British Muséum, i/s. CoWon., Vitelliiis, c. xii ; cf. Thurston, Abbot Ansclm of Bury and the immaculate conception, dans The Month, juin 1904, p. 570 ; Eadmeri traciatus, p. xxxvii sq.

D’autres documents, formant un second groupe, sont plus précis que les précédents, car ils contiennent des formules de bénédiction ou des oraisons pour la fête. Dans un pontifical, dressé pour l’église primitialc de Cantorbéry après 1023, mais dans la première moitié du siècle, on lit, sous ce titre : Benedictio in die conceptionis sancte Dei genetricis Marie, les prières suivantes :

Cwlestium carisnialum Daigne l’auteur des dons inspirator tcrrcnaruinqxio célestes et le rénovateur des rcparator, qui bentam dei esprits terrestres, qui a fait gonitriccm angclico conciannoncer par un ange la piendani prccona it oraculo, conception de la bienheuvos benedictionum suanini rcuse nicrc de Dieu, vous ubertate dignctur locupleenrichir de ses plus abontare et virtutum floribus. dantes bénédictions et des Amen. fleurs des vertus. Ainsi

soit-il.

Et qui illani priiis sanctiLui qui l’n sanctifiée par ficavit nominis dignitate l’imposition d’un nom auquam édita gigncretur hugusfe avant que l’humaine luana fragilitate, vos virlufragilité ne lui donnât le tum copiis adiuvct pollcre. joir, qu’il vous fasse posscet in nominis sui a cueratida der les vertus dans leur confessione infaligabiliter plénitude et persévérer infaprrsevernre. .Viiicn. ligablement dans la respectueuse confession de son

nom. Ainsi soit-il.

Obtineat vobis gloriosis Qu’elle-même vous obinterccssionibus prospéra tienne par sa glorieuse iutempora, iucunda et pacilereession la prospérité, le fica, et post prcsenlia secula, bonheur et la paix ici-l>as gaudia sine fine manentia, et, après cette ie, les joies cuius vonerand.T conceptio- éternelles, celle que nous bonis frcqui nlamini magnifira norons en fêlant les glorieux sacramenta. Anicn. mystères de sa vénérable conception. Ainsi soit-il.

Londres, British’Sluf.cum, mu. Jlarleinn. 2892, iol. ICI : cf. Thurston, Eadmeri traciatus, p. 85.