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IMMACUL’ÉE CONCEPTION


conception et les yrecs nioilvmei, dans les Échos d’Orient, t. viir, p. 257 ; M. Jugio. L’immaculée conception chez les Russes (lu XVII’siècle, dans les Échos d’Orient, t. xii, p. 60,

'>2t ; Id.. Le doyme de l’immaculée conception d’après un

théolofiien russe (analyse de l’ouvrage d’Alexandre Lebedev. dont il est parlé dans l’article, col. ÎIT.’i), dans les Échos d’Orient, 1020, t. xx, p. 22 ; A. Palmicri, De Academiu’ecclesiasticiv Uiovicnsis doctrina hcatam ^lariam yirtjinem preemunitam fuisse a peccato originuli, dans les, lr(a // conventus Velchradensis. Prague. 1910, p. 39.

M. Jlgie.


III. IMMACULÉE CONCEPTION DANS LES ÉGLISES NESTORIENNES ET MONOPHYSITES.

La littérature théologique des nestorienset desmonophysites est encore trop peu connue pour qu’on puisse donner un aperçu satisfaisant de leur doctrine niariologique. Le peu qu’il est possible d’en recueillir dans les documents édités jusqu’àce jour permet d’alTirmer que les adversaires du concile d’Éphèse, comme ceux du concile de Chalcédoine, n’ont jamais différé des byzantins orthodoxes sur la question de l’absolue sainteté et pureté de la mère du Sauveur, l^as plus que les byzantins, du reste, ces dissidents ne paraissent avoii agité ex professa la question de savoir si Marie avait été préservée de la tache originelle dès le premier instant de sa conception. S’ils ont affirmé cette vérité, ils l’ont fait en passant, sans y donner une attention particulière, comme une chose qui va de soi. Par ailleurs, les nestoriens, comme les monophysites, ont toujours professé une grande vénération pour saint Éphrem, le grand docteur de l’absolue sainteté de Marie, au ive siècle. Il n’est pas étonnant qu’ils soient restés fidèles à la doctrine de ce Père.

Nestorlus, nous l’avons vu. col. 905, bien qu’il refuse à Marie le titie de Théotocos, n’est pas loin d’affirmer explicitement son exemption de la faute originelle. Ceux qui dans la suite des siècles se sent réclamés de lui, tout en restant plus ou moins fidèles à son système christologique, nous ont parfois livré des expressions de tout point satisfaisantes de la doctrine de la conception immaculée ; tel ce Georges Warda, d’Arbèles, qui vivait dans la première moitié du xiii » siècle et dont les hymnes religieuses ont été insérées dans les offices de l’Église nestorienne. Dans une de ses hymnes sur la conception de la’Vierge, il salue en Marie « celle qui seule a échappé au déluge universel du péché et qui est restée intacte, comme jadis la toison de Gédéon. » Dans une autre, il écrit : « Qui pourrait dignement parler de cette Vierge intègre et immaculée, sainte et sanctifiée dans sa conception même, destinée qu’elle était, dès le sein de sa mère. à devenir l’arche, l’autel, le temple, le palais, le trône du Dieu vivant des siècles ? L<- vautour n ? l’a pas aperçue ; il ne l’a pas étreinte dans ses serres ; l’esprit rôdeur ne l’a pas rencontrée. » Pareri delV cpiscopaio caltolico sulla definizionc dommalica delV immacolaio conccpimento délia B. Vergine Maria, Rome, 1851-1854, t. IV, p. 179. Le patriarche catholique de Babylone, qui rapportait, en 1850, ce témoignage de Georges Warda, exprimait en ces termes la croyance de la nation chaldéenne : « Nous déclarons que notre croyance et celle de nos frères métropolitains, des religieux, des prêtres et de tous les fidèles de la nation chaldéenne au sujet de l’immaculée conception de la sainte Vierge dans le sein de sa mère, ne diffère en rien de la croyance des catholiques d’Europe… Nous sommes fortement attachés à cette doctrine. »

Plus nombreux et non moins explicites sont les témoignages que nous rencontrons chez les Syriens jacobites. Le grand théologien monophysite Sévère d’Antioche, dont les œuvres sont encore très imparfaitement connues, enseigne clairement que Marie fut exempte de toute souillure dans une Homélie sur

la saillie Xicnjc, publiée par le cardhial ! Mai. Spicikijium romnnum, Roiue, 181J, t. x ii, p. 212-210. Au moment de commencer l’éloge de la Vierge, l’orateur croit avoir entendu la voix qui parlait autrefois à Mo’ise : « N’approche pas d’ici, ôte tes chaussures de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte (Exode, iii, 5). i. Qu’y a-t-il. en efiet, de plus auguste et de plus élevé <.v la mère de Dieu ? Vraiment, celui qui va vers elle s’approche d’une terre sainte, qui touche au ciel. Car bien qui-Marie vienne de la terre et possède une nature humaine consubstantielle à la nôtre, elle est toutefois sans tache et exempte de toute souillure. Que dis-je’. De son sein, comme d’un ciel, est sorti l’Homme-Dieu qu’elle a divinement conçu et enfanté, qiiamquam cnim Maria de terra est, et humanam nuliuam nobisqw consubstanlialem sortila, allamen inlemcrata est omnique macula caiens. Mai, op. cit., p. 212. L’opposition qui est établie ici entre la naissance terrestre de Marie et sa pureté immaculée ne peut que signifier chez elkl’absence de la souillure originelle, dont Sévère park avec une précision toute scolastique dans son traité contre -Julien d’Halicarnasse. D’après lui, en effet, L grâce que possédait Adam avant sa chute était une participation à la nature divine ; elle était la condition de l’immortalité corporelle. Le morle moriemini de la Genèse ne doit pas seulement s’entendre de lu mort corporelle, mais aussi de la séparation de Dieu, qui est la vie et l’immortalité par essence. Le pécht originel ne nous a, d’ailleurs, dépouillés que des dongratuits, et ne nous a rien fait perdre de ce qui appartient à la nature proprement dite, non natura sed gralia spoliavit se homo ob suam declinationem. C’est ce qui explique pourquoi Jésus-Christ, tout à faif étranger au péché, a cependant pris une nature mortelle et passible. La douleur et la mort sont naturelle^ à l’homme et n’ont rien en soi de répréhensible et de déshonorant. C’est seulement si elles avaient atteint l’Homme-Dieu à cause du péché d’Adam qu’il aurait contracté, qu’elles auraient été pour lui une honte et une flétiissure. Contra Julianum Halicainassenscm, Mai, op. cit., p. 181.

Sévère indique bien la raison de l’absolue sainteté de la Vierge. C’est parce qu’elle devait fournir au Fils de Dieu une chair immaculée : « La mère de Dieu, dit-il, est le ferment de notre nature, la racine de cette véritable vigne dont nous sommes les branches, à laquelle nous devenons semblables par la grefte du baptême, terme de la réconciliation de Dieu avec les hommes. C’est pourquoi les anges chantaient ; Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la tene, sourire d’en haut aux hommes (Luc, ii, 14). Le souvenir de la Vierge doit donc être cher à nos cœurs, quand nous songeons à la haine implacable dont nous étions l’objet et à la magnifique réconciliation que nous devons à sa médiation. » Ipsa enim Icrmentum est formæ nostrie, radix ejus veræ vitis, cujus nos exstitimus palmiies, pares facli in bapiismalii gcrmine, quod est rcconciliationis Dci cum hominibus complementum. Hoinil. in B. Virgincm, op. cit., p. 219.

Un contemporain de Sévère, Jacques de Saroug († 521), enseigne une doctrine identique : o Si une seule tache, si un défaut quelconque avait jamais terni l’âme de la Vierge, sans nul doute le Fils de Dieu se fût choisi une autre mère, exempte de toute souillure. Abbeloos, De vita et scriptis S. Jacobi, Batnarum Sarugi in Mesopotamia episcopi, Louvain, 1867, p. 223. C’est à ce même Jacques de Saroug qu’est attribuée cette acclamation à Marie insérée dans l’office sjTien : « Salut, ô sainteté restée toujours intacte, Pus/(’^i(( nunquam leesa ; salut, ô nouvelle Eve qui avez enfanté l’Emmanuel. » Officium Jcriab juxla ritnm Ecclesix Syrorum, Rome, 1853, p. 292.