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BIMxVCULÈE CONCEPTION


TOtç -i>i ; v) yvoptÇs-cai. Ibid., col. 1477. Quelque temps plus tard, à l’époque de Photius, la fête parait avoir conquis droit de cité dans tout l’empire byzantin, et elle est peut-être déjà une fêle chômée ; car c’est fort gratuitement que certains liturgistes ne lui font accorder ce titre que par la constitution de l’empereur Manuel Comnène, datée de 1166. P. G., t. cxxxiii, col. 750. Cette constitution contient une énumération des fêtes chômées, mais il ne s’ensuit I)as que toutes les fêtes énumérées reçoivent alors pour la première fois cette dignité. Ce qui nous fait dire qu’à l’époque de Photius la fête était déjà universelle (huis l’Église grecque, c’est d’abord le nombre des discours sur ce sujet qui nous sont parvenus : quatre homélies de Georges de Nicomédie, une homélie de saint Euthyme, patriarche de Constantiiiople († 317), une homélie de Pierre d’Argos, sans parler du canon de Cosmas Vestitor. Dans sa i^ homélie, Georges de Nicomédie dit positivement que la fête de la Conception est au nombre des grandes fêtes ; bien plus, qu’elle vient en tête des autres non seulement par l’ordre chronologique, mais aussi par son objet, et qu’il faut la célébrer à ce titre, sans faire attention à son introduction tardive dans le cycle liturgique, TT|V ir^u.i’jV/ a-j-oaivriV -avT|yjpi’fovT£ ; sopTrJv, ’/jy ô)ç’jSTîpov r : p’ja=’jpri ; j-£vï|V, aàÀAov ôÉ, l’içTf ; TaçS !, ouT’o L% : ’oï : -^i’r’i.y.’j'. T : ç.oT’.0£ ; j.ivr|V. P. G., t. c, col. 13, 53. Cf. Homil., ii, in Concept., col. 355. Par ailleurs, on sait, par le calendrier napolitain du ixe siècle, que la fête était célébrée, à cette époque, dans l’Italie byzantine. Dans le Ménologe exécuté par ordre de l’empereur Basile II, en 984, la fête de la Ccnception est signalée à sa place, au 9 décembre. P. G., t. cxi, col. 196. Certains la découvrent dans ! e Nomocanon de Photius, P. G., t. av, col. 1070, sans faire attention que le scholion où elle est indiquée, dû à la plume de Balsamon, renvoie à ! a coiir.titution de Manuel Comnène. C’est fort gratuitement que d’autres veulent la faire remonter au vi<e siècle, ou même antérieurement aux schismes ncstorien et monophysite, sous prétexte qu’elleest signalée dans le Typicon, ditdesaint Sabbas, et quclesnestoriens et les monophysites, qui célèbrent la fête du 9 décembre, n’ont pu l’emprunter à l’Église byzantine orthodoxe, après Icurséparation. Le Tijpicon ne prouvera rien, tant qu’on n’aurapas trouvé l’édition contemporaine de saint Sabbas, car il est si’ir que dans l’état où il nous est parvenu, il a subi de fortes retouches. Quant aux emprunts faits par les sectes dissidentes à l’Église impériale sur des matières étrangères aux points controversés, ils paraissent incontestables, spécialement dans le domaine <lu culte mariai. L’inverse, du reste, n’est pas impossible. Les théologiens et les prédicateurs monopliysiles ont rivalisé de zèle avec les orthodoxes pour célébrer les gloires de la Toute-Sainte.

Mais quel est l’objet de la fête grecque du 9 décembre ? On a bcau( ; oup discuté là-dessus, et les discussions n’ont pas peu contribué à embrouiller la question, au lieu de l’éclaircir. Les deux opinions extrêmes, celle qui limite l’objet de la fête à la conception active d’.

nc, et celle qui le fixe à la conception [lassive, au point de faire d’emblée de la fêtegreccpie une fête de l’Immaculée conceplion de tout point identique à la fôte catholique après la définition de 1854, sont également fausses. La vérité est plus complexe, connue il ressort des dénominations quc reçoit la fête dans les livres liturgiques et les sermonnaires, ainsi que <lu contenu même des textes liturgiques et oratoires.

I-^xaniiiions tout d’aborfl les titres. Le premier et le pins ancien paraît être celui-ci : Iv !  ; tov /OT, ; j.aT ; a ; j.’)'/ (ou : j a YT’'’! ’')’-'n -’j'-ay^-’.) : -.7, ; if-.o. ; OrotoV.o-j, <iie porte la i" homélie <le Georges de Nicomédie ; ou bien cet autre, qui lui est équivalent : Iv’? tov îjav y£À ; 7 ; j.ov Ttov âyf’ov oixaî’ov’l’oaxîia y.nl "Avvri ;, qui se trouve en tête de l’homélie de Jean d’Eubée, Ce dernier orateur détermine ainsi l’objet direct de la fête : « La première de toutes les grandes fêtes est celle en laquelle Joachim et Anne reçurent l’annonce (le la naissance de la Tout-Immaculée Marie, mère de Dieu, » : Tp(i)’: rj -aaûiv tùiv vj’jtI’j.i^)’/ iooTûv, ; v r ; âôiÇavro -% ïùayyÉÀ’.a’ItoaxsifJL xai "Avva -f^ : yivvrjaHfi) ; Tr ;  ; nava/pâv-roj za ! OjotoV.oj Mapîaç. P. G., t. xcntc, col. 1473. Plusieurs ménologes et synaxaires mettent aussi en première ligne Vannonciation de la conception et de la naissance de Marie de ses parents stériles. Cf. le synaxaire inséré au milieu du canon de saint André de Crète, P. G., t. cit., col. 1313 :

a’j"r, v Tviv v^aspav -avriyjp ; po ; j.£v (o ; àvà|ji.vr|3’.v ïyowsm

Tojv’j-’cty^ivfrj ooGivffov yoT^rs’j.Côw, ->, ’/ àyt’av aûÀÀTji|/tv jjayysÀiaaaévou Tf) ; àyvrj ; 0£o ; jLr|- : apo ;. La même phrase est répétée dans le ménologe contenu dans le cod. Medico-Laurcntianiis 787, écrit en 1050. H. Delehaye, Sijnaxariuni Ecclesiæ Constantinop., p. 290, en note. Le ménologe de l’empereur Basile Il débute par cette phrase : « Notre Dieu et Seigneur, voulant se préparer un temple vivant et une maison sainte pour en faire son séjour, envoya son ange aux justes Joachim et Anne, qu’il choisit pour les parents de sa mère selon la chair. » P. G., t. cxvii, col. 195, et Dclehaye, op. cit., p. 290. Ainsi la fête grecque est appelée, à l’origine, non la fête de la conception active d’Anne, ni la fête (le la conception passive de Marie, mais l’annonce de la conception de la mère de Dieu faite par un ange, de la part de Dieu, à Joachim et à.une. C’est cette annoncialion miraculeuse, calquée sur l’annonciation (le la conception de saint Jean-Baptiste racontée dans l’Évangile de saint Luc, annoncialion dont le récit se trouve dans le Protévangile de Jacques, Amann, Le Protévangile de Jacques et ses remaniements latins, Paris, 1910, p. 99-100, qui paraît avoir déterminé primitivement l’introduction de la fêle du 9 décembre, comme le récit de saint Luc détermina la création de la fête de la conception de saint Jean-Baptiste, le 23 septembre. Ménologe de Basile, P’^partie, P. G., t. cxvii, col. 68. Entre ces deux fêtes la similitude est complète dans la liturgie grecque, pour ce qui regarde l’objet l)remier et direct, et cet objet est suffisant pour légitimer un culte spécial. Il explique suffisamment pour(|Uoi la conceplion de Jean-Baiilistc, dans la même liturgie, est qualifiée de sainte, iyix, de divine, ()-J.7., de glorieuse, j’/ooro ;, toutes épilhètes qui sont également doiinécs à la conception de Marie et qui par elles-mêmes, on le voit, seraient insuflisanles à prouver que les byzantins admettaient la concept ion innnaculéc. Saint.Ican-Baptiste est appelé une lampe préparée par Dieu, ô OsoizrJxcïTo : ÀJ/voç. tout comme Marie est nommée un paradis planté par Dieu, Kapàôsiso ; Ojosjtjjtoç, ou un rejeton divin, <)i’i[ù.7.’j-o ;.

Mais ce serait une erreur de croire que l’objet total de la fête a été limité à l’annonce de la conceplion. Il a embrassé aussitôt et en même temps deux autres points de vue : le fait de la conception active dans un sein stérile et le terme de cette conceiition active, c’est-à-dire la conception passive ou Marie conçue. C’est ce qul nous explique pourcpmi les en-têtes des homélies comme les titres des synaxaires sont inditïérennnent : Poi ; r la conception d’Anne, fêle de la conception d’Anne (n^" homélie de Georges de Nicomédie, homélie d’Ivuthyme, litre du.Ménologe de Basile). ou bien : Pour la conception de ta mère de Dieu, /été delà conception de la mère de Dieu (homélie de Pierre d’.rgos dans un manuscrit de la bililiotiuHpie Barbcrin, ni’" homélie de Georges de Nicomédie, titre de la fèti dans le Noinoc.nnori et dans la constitution de Manuel Conmène). Il est donc faux de dire, comme on le répète communément, que le titre de la fête "-.oit exclu-