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IMMACULEE CONCEPTION


en grec les deux Soinincs. Ce fervent disciple de l’angle de l'école, qui était bien au courant de la théologie latine, ne suit pas son maître préféré sur la question de l’iminaculée conception Dans son long discouis sur l’Annonciation, encore inédit, il résume la doctrine thomiste sur l’incarnation telle qu’elle est exprimée dans la III" partie de la Somme Ihéologiquc. Mais lorsqu’il en vient à parier de la mère du Sauveur, loin de dire, comme saint Thomas, II I", q. xxvir, a. 2, ad 2'"", que Marie a contracté le péché originel, il écrit : « Quand vint la plénitude des temps dont parle Paul, le Verbe de Dieu trouva en Marie le digne séjour de sa divinité. Dès l’origine, il avait mis dans la création plusieurs emblèmes, il avait caché dans le culte mosaïque plusieurs symboles et représentations de cette Vierge, qu’il fit aussi annoncer à plusieurs reprises par la bouche des prophètes, et dont il fit proclamer la gloire et les louanges dans l’univers entier. A cette Vierge, sans retard et avant sa naissance, il communiqua le Saint-Esprit ; il l’embellit du don de la sainteté, se préparant ainsi à l’avance un palais digne de sa royauté, » taûtr) s-jûj ; ijljv zai 7 : po tt, ; y£vvr|as(' ; ç, Hv£-j|j.aTO ; àyîou iaï-j80)Le, Lai tt) xJi ây.toajvri ; âLâ ; j.71puv ; Stopsà. x : o’pp’oO : v Trj ; saoTùS [JaiiÀïia ; aÇiov to fJacicÀs^ov âTO'.aâÇfDV. Cod. 1213 du fonds grec de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 340 v". Car s’il choisit Jéiémie avant sa formation dans le sein maternel, et s’il le sanctifia avant qu’il en sortît ; s’il remplit Jean du Saint-Esprit, alors qu’il reposait encore dans les entrailles maternelles — et pourtant il ne devait habiter en ces personnages que par sa grâce, sans rien leur emprunter pour lui-même de leur substance — combien plus éclatant, combien plus saint devait-il rendre son propre temple, je veux dire cette Vierge, en laquelle il devait habiter corporellement, de la substance de laquelle il voulait se former un corps à l’abri de tout péché, -oao) ÀaijL7 : po’T£pov -i a ; j.a Lal âj'.iDZiorj^/ Tov : xjTo3 vaov àjrosat’vstv ky^f]v. Jbid. Et après cju’elle fut venue au monde, il ne laissa pas la nature agir seule en elle, cette nature qui incline plus ou moins violemment les hommes au péché, et dont la faiblesse est pour tous une source de fautes ; mais il se fit lui-même le gardien vigilant de la pureté de son âme, empêchant qu’aucune laideur partant du corps n’en vîntternir l'éclat, au demeurant, la laissant pour tout le reste soumise aux lois communes. Ainsi, dans le corps de cette Vierge, la loi du péché était enchaînée et ne pouvait faire la moindre incursion déshonorante dans le sanctuaire de Dieu, (oais âv tcô awiiatt TaÛTT|ç ô t% àjxaptiaç vo’ij.o ; èSeosto, s : ' ; tÔ xrrj 0ôo3 Ti[j.£voç uêpi’a-at xc ; j.Yj8aij.w ; a-jy/fDpoûaîvoç. S’il est vrai que la vertu des parents est glorieuse pour les enfants, il est incontestable aussi que leurs tares portent atteinte à l’honneur de leurs descendants. Comment, dès lors, s’arrêter à l’idée que la mère ait pu, par le péché, souiller la pureté et la gloire du Fils ? Et si, d’après Salomon, la sagesse ne peut résider dans un corps soumis au péché, comment supposer que la Sagesse de Dieu ait consenti à faire son séjour dans un corps esclave du péché, plus que cela : à tirer de ce corps le sien propre ? Mais il est clair que Dieu conserva de toute façon la Vierge dans une pureté immaculée, comme cela convenait à celle qui devait contracter avec Dieu l’union la plus étroite et devenir le siège des mystères surnaturels, àÀÀà orjXov (j'>ç TïavtayoOîv 6 Wsci ; à/^pav-civ t/jv TTapOivov êXTj’pYiCTEV, ol’av si’Lo ; sivat tViv s'. ; aLpov 0£Û xotv’ovrj^o’jcav Laï tcov (jtzïo zacav çûiiv èao|j.ivï|V Soysïov, Ibid. Telles furent les prérogatives de la Vierge avant son enfantement : une virginité véritable, dont il est impossible de trouver le prototype, et qui a brillé en elle pour la première fois, et en elle seule ; une pureté surpassant celle même des anges.

Et l’on pense bien que le chœur entier des autres vertus ne lui faisait pas défaut. Bref, tout était digne de Dieu et de sa mère, rvi-t ui Hv>> La ; Trj ; aJToi

j.ï, Tpo ; 'il'.-j.. /ftirf., fol. 311.

En écrivant ces lignes, Démétrlus Cydonès avait sous les yeux les questions xxvii et xxviii de la III » partie de la Somme théoloç/ique. Il en reproduit fidèlement la doctrine, comme on peut le constater par la comparaison des deux textes. iNIais il y a divergence sur un point. Tandis que saint Thomas affirme que Marie contracta, pendant quelques instants au moins, la tache originelle, Démétrius déclare qu’elle reçut la communication du Saint-Esprit et la grâce de la sainteté tout de suite et avant sa naissance, ; jOJ ; La ! rco yEvvr^as’o ;. Tout, dans le contexte, suggère que cet sJOJ ; désigne le premier instant de la création de l'âme de la Vierge. Sans doute, notre auteur n’explique pas comment Dieu s’y est pris pour préserver sa future mère de la tache qu’elle devait régulièrement contracter par le fait de sa conecption, mais il laisse suffisamment entendre, par tout ce qu’il dit, qu’au moins, l'âme de Marie a toujours été à l’abri de la souillure : de toute façon, de tous côtés, -av-ra/'iO : /, Dieu a conservé Immaculée la Vierge Marie. Tout en elle, avant son enfantement, a été digne de Dieu et a échappé aux lois communes, ; ij-. ^ ti -y) Toi -ijL'.-j Toj ; LO'.vou ; vô ; j.o-jç Èçiç'jv ; 'L

Du reste, la pensée de Démétrius se fait encore jour dans le passage suivant : « Par ta joie, dit l’ange à Marie, tu dissiperas toute tristesse au ciel et sur la terre, et l’on verra les hommes se relever de leur chute et les anges se réjouir de leur retour à Dieu. Aussi, -comment ne serais-tu pas bénie au-dessus de toutes les femmes ? Car celles-ci ont tiré d’Eve la malédiction et la douleur, comme étant devenues pécheresses à cause d’elle, <> : iv -apaSâiîi o : ' iLî'vi, '/ (l'/oy.vjt :  ; mais toi, tu as communiqué à toutes la confiance. Ta giâcc, en effet, non seulement a plaidé leur cause au tribunal de la justice divine, mais encore leur a valu une gloire ineffable. Il n’y a pas de proportion entre ta grâce et leur faute ; pécher est le fait de l’humaine faiblesse ; mais ta grâce vient de la puissance divine, à laquelle rien n’est comparable, u oj yàp (oar.^p to sov yâp'.a’j.a. ojTto La ; to âLîîvov 7 : apâ~T(o[jia. Ibid., fol. 343-344. '

L’empereur Manuel II Paléologue (1391-1425), un élève de Démétrius Cydonès, enseigne la même doctrine que lui sur la sainteté originelle de Marie, dans un discours sur la Dormition, dont Jean Mathieu Caryophvlle a publié une traduction latine, reproduite dans la P. G. de Migne, t. clvi. col. 91-108. Le texte original se trouve dans plusieurs manuscrits, notamment dans le Valic. graccus 1619, du xive siècle, qui nous a été accessible. Voici le passage principal, où la doctrine catholique est clairement exprimée : o Marie supporta pendant quelque temps, non sans douleur, d'êtnt séparée corporellement de son Fils bien-aimé. Elle se réjouissait cependant de le voir retourner au ciel, et lui restait très unie par la pensée et le cœur, comme lui continuait invisiblement de viTe avec elle. D’ailleurs, dès que la bienheureuse Vierge fut née, je dirai même dès qu’elle fut conçue, celui qui l’avait choisie pour sa future mère la remplit de sa grâce ; oui, avant de naître d’elle, il était avec elle… Aussitôt qu’elle commença d’exister dans le sein stérile d’Anne, il n’y eut aucun moment où Jésus ne fût uni à elle, » oJ ar.v àÀXà La ! àaa xCj YjysvvfjaÛa ; -y'/ |jLaLap ; av iï-O'.u.'., o' a'/x.'J.l TM a-jv3 ! À-?|10at. ô TaJTr, v -poopiaa ; a-jTOj ijLT(Tipa -f, ; l'ôia ; yip'.-oi Èvï-i’ijL-Xa, tj.àÂ), ov 6s Lai — p6 "où tôLou. irj’vry vLiï'/oç aÙT ? ; … oùI. T)v 0£ cIts oJI. t{v aj-rj a’jvï|[A|jLSvo ; cjOj ; Àaôoûar] Ta ; il : to sivat TrpiÔTaç àpyàç èv t^ yaJTpi Tr, ; aisipa ; [ir-.zôz. Cod. Vat. græcus 1619, fol. 6 V ». La précision avec laquelle l’impérial théologien parle