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IMMACULÉE CONCEPTION


de zôle pour honorer la Toute-Sainte par quelque discours parliculièrement soigné. La plupart de ces morceaux sont niallieurcusement inédits. Nous avons pu en consulter quelques-uns. Ils sont en général remarquables pour le fond comme pour la forme, et presque tous formulent d’une manière expresse ou équivalente la doctrine de la conception immaculée.

Signalons d’aliord le discours de Jean Gabras sur la Présentation de Marie au temple, publié dans le m^ volume des Anecdota grieca de Boissonnade, Paris, 1831, p. 71-111, et non encore utilisé par les historiens de l’immaculée conception, Migne ayant oublié de l’insérer dans sa Patrologie. L’intervention spéciale de Dieu dans la naissance de Marie y est particulièrement mise en relief : « De même, dit l’orateur, que, lorsque Dieu créait le ciel et disposait le cours harmonieux des astres, tous les anges le louèrent ; de même, lorsque Dieu créait cette Vierge, lui donnant d’abord les premiers traits encore indistincts, puis achevant de lui donner la forme humaine, tout le chœur de l’armée céleste, instruit par Dieu lui-même de la grandeur du mystère, éclata en hymnes de louange. C’était là, en effet, une grande œuvre, une merveille jetant dans l’admiration les anges et les hommes. Les choses les jikis éloignées les unes des autres se trouvaient réunies. La terre, oublieuse de sa nature, s’élevait miraculeusement jusqu’au ciel, et le ciel, sans rien perdre de sa dignité, s’abaissait vers la terre. La terre fut alors remplie de la connaissance de la gloire du Seigneur (llabacuc, ii, 14) ; l’univers se sentit près de Dieu, et une joie divine s’empara de lui. » Op. cil., p. 82-83. Cette joie apportée par la naissance de Marie, Gabras l’oppose à la tristesse causée aux hommes par la désobéissance d’Adam et d’Èvc, désobéissance qui a attiré sur les hommes la condamnation. Ibid., p. 84. C’est qu’en ciïct Marie doit, d’après les desseins éternels de Dieu, régénérer l’humanité pécheresse. Ibid., p. 100.

De Grégoire Palamas, archevêque deTliessalonique (tl360), soixante-cinq homélies ont été publiées ; cjuarante-trois se trouvent dans la P. G. de Migne, t. cli, vingt-deux autres dans le recueil de Sophoclis, ’l’oj Èv âyt’ot ;  ;  : aTpo ; f, [j.ôjv roïiyoptVju to’j IIavajj.à’j).ùJ.o.i L’p', Athènes, 1861.’La doctrine mariale qui y est contenue, et qui est restée inaperçue, est de tout point remarquable et mérite de retenir l’attention. Quand on parcourt ces pièces, une chose frappe tout d’abord : c’est l’insistance que met le docteur hésychiaste à rappeler l’universalité du péché originel, à dire que Jésus-Christ seul a été conçu sans péché, et qu’il n’aurait pu être immaculé ni un homme nouveau, s’il avait eu un père selon la chair. Il semble que l’idée de la sainteté initiale de la mère de Dieu soit résolument écartée par ces déclarations réitérées. Il n’en est rien cependant. Palamas a f-i une vue très nette de la difficulté à concilier la cotiLeption immaculée de la Vierge avec sa naissance selon les lois ordinaires, difficulté d’autant plus grande pour lui qu’il paraît, à certains endroits, considérer le péché originel comme une sorte de qualité morl.ide se transmettant par la génération. Cette difRcullé, il l’a résolue d’une manière tout à fait inattendre. Voici le texte capital qui nous livre le fond de sa pensée. Il est tiré d’une homélie sur la généalogie du Christ et de sa mère : « Le premier homme, cédant aux suggestions malignes du Méchant, transgressa le commandement divin, perdit l’Esprit, gage de sa Pdiation divine, et traversa ainsi le dessein de Dieu. Mais comme la grâce est sans repentance et son dessein infabillile, un choix est fait parmiles descendants d’Adam, afin qu’après de longs siècles se trouve à la fin u’i vaisseau convenable de cette grâce et de cette divine fdiation pour la réalisation du plan divin, aꝟ. 1 qu’apparaisse un vase d’élection digne de servir à l’union hj’postatique de la nature divine et de la

nature humaine, union qui non seulement élèvera notre nature à un état surnaturel, maLs qui rétablira dans l’état primitif le genre humain tout entier. Ce vaisseau, ce vase d’élection, c’est la fille de Dieu, la Vierge, mère de Dieu, qui l’a été. C’est pourquoi elle a été proclamée pleine de grâce par l’archange Gabriel, comme étai’.t véritablement l’élue des élues et le vase sans tache et immaculé, bien digne de coopérer à l’incarnation et de recevoir la personne théandriquc. Cette Vierge, Dieu se l’est donc réservée avant tous les siècles. Il l’a choisie parmi toutes les générations et lui a départi la grâce dans une mesure supérieure à celle de tous les autres, faisant d’elle-même, avant même son enfantement merveilleux, la Sainte des saints, et lui faisant les honneurs de sa propre maison dans le Saint des saints. » In Christi yciwulogiam, Sophoclis, op. cit., p. 213-214. Palamas explique ensuite en quoi a consisté ce choix de Dieu parmi les descendants d’Adam, et il nomme quelques-uns des ancêtres bénis de la Vierge : Seth, Énos, Hénoch, Lamech, Noé. Puis il continue en ces termes : « L’Esprit-Saint préparait à l’avance la venue en ce monde de la mère de Dieu. Il choisissait dès l’origine’et purifiait la série de ses ancêtres, admettant ceux qui étaient dignes de ce choix, rejetant complètement les indignes. C’est au sujet de ces derniers que le Seigneur dit un jour : Mon Esprit ne restera point dans ces hommes, parce qu’ils sont chair (Gen., vi, 3). C’est qu’en elïet, bien que la Vierge, à qui le Christ a emprunté son humanité, soit née de la chair et de la semence d’Adam, cette naissance ne s’est cependant pas produite sans l’intervention du Saint-Esprit qui, dès l’origine, a, de diverses manières, purifié les ancêtres, les choisissant suivant leurs mérites parmi les générations. Voyez comme il est clair, pour tous ceux dont l’Esprit-Saint illumine l’intelligence, que toute lÉcriture inspirée a été composée à cause de la Vierge, mère de Dieu, > -prjioy.uvoaî ; 8è -La !  ; >// Ta-j-r, ; î : ’ç to £tva’. ~pûo30v ocvojÔîv sxXcydjAEVov zaî àvay.aOaîpov’7 ; ’/ -ou yivouç astpiv,, . liî yàp Laï è/, aapzoç -La ! a-spuaTo ; ’7à[j. r, riapOivoç, à ? tjç x6 zatà ci(, y.a. Xptaxo ;, àÀÀ’àz FlvïûijLaTo ; àyLOu, "Lay.£vou "oXusiotï) ; avfoOîv zaOatooaivo’j, Tojv L(xz’a. ysvsà ; àpii-ivSTjV ÈLÀEyoaévov, Ibid., p, 216. Voilà donc comment Dieu s’y est pris pour écarter de sa futuremère, élue avant tous les siècles, la souillure originelle, qui aurait dû l’atteindre, en vertu de sa descendance d’Adam. Il a pris soin, dès l’origine, de lui choisir des ancêtres dignes d’elle. Il les a purifiés, de manière à ce qu’à la fin, sic -iXoc, poussât sur cette souche ainsi sanctifiée une tige immaculée, la Vierge, fille de Dieu, digne par sa pureté de devenir sa mère, car « il est une chose impossible à Dieu : c’est de s’unir à ce qui est impur, avant de l’avoir purifié. C’est pourquoi il fallait de toute nécessité, pour concevoir et enfanter l’ami et l’auteur de toute pureté, une Vierge très pure et parfaitement immaculée, » o’.à to3to y.a ! à|j.oÀjvTOu -iXioi : za’. y.aOap(’)T(XTr, ç 5 ; àvayzf, ; ’iost TrapOivoj, In Præsent. Deiparæ, Sophoclis, p. 123. Pour restaurer le genre humain, dit encore Palamas, le Verbe devait s’unir hypostatiquement à la nature humaine, et il lui fallait une chair qui fût à la fois nouvelle et tirée de notre masse pour nous renouveler nous-mêmes par nous-mêmes. Il a trouvé en la Vierge Marie une parfaite coopératrice pour réaliser son dessein. C’est elle qui lui a fourni de sa propre substance une nature immaculée. Ibid., p. 120. On ne voit pas très bien en quoi a consiste au juste cette sorte de purification progressive des ancêtres de Marie. Mais l’important pour nous est que Palamas affirme une intervention spéciale du Saint-Esprit pour préserver la Vierge de la souillure originelle, afin qu’elle pût donner au Verbe une chair tout immaculée, une chair à la fois nouvelle et nôtre, sapzo ; La’-vv ;  ; ô|jLoij za ! qa£Tipa ?,