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IMMACULEE CONCEPTION

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Le poète Théodore Prodromes, qui vivait sous les Comnènes, a laissé un Commentaire des canons de saint Cosmas de Jérusalem et de saint Jean de Damas, dans lequel se lit le passage suivant : « Le feu de la divinité ne consuma point le sein virginal, dit le mélode. S’il est vrai, comme dit l’Écriture, que Dieu est un feu qui consume le péché, comment aurait-il pu consumer la Vierge qui le reçut dans son sein ? Il est absolument impossible, en effet, de supposer ou d’imaginer en elle la plus légère trace de souillure ou de péché… Comment, dès lors, ce feu innnalériel, qui dévore les péchés, aurait-il pu consumer le corps saint, immaculé et complètement exempt de toute souillure de la ToujoursVierge" ? Rien dans ce corps qui pût être la proie des flammes divines, rien de peccamineux, » iv Tj oùSîv rj-(oaTic13v p’j-aptaç r àixapTia ; t’/vo ; o-ovoTJaa : t’çavraaGrjvat oÀ’oç âvoÉysta’.. Iltîjç av’scpXîÇî to aa7 : ’.Àfjv y.’xl -avapp’j~ap6v xa ; oi’^'.rrj tv ;  ; aiir.açJti’/ryj aôjaa. H. M. Stevenson, Thendori Prodromi commentarii in carmina sacra melodoium Cosmæ Hicrosolymitani et JoannisDamasceni, ’Rome, 1888, p. 52. Quand Théodore aflirnie qu’il est absolument impossible de supposer ou d’imaginer en Marie la moindre trace de souillure ou de péché, il n’a pas seulement en vue les péchés personnels, mais aussi la souillure originelle. Ce théologien d’aventure, en effet, parle plus de vingt fois de cette souillure dans le commentaire liturgique d’où nous avons tiré le passage qu’on vient de lire. 11 l’appelle « le péché qui se glisse furtivement en nous pour notre malheur, » f) TrapîiïOapcïia y.axojç f| ; j.ïv àaipT’ï, ibid., p. 35 ; la mort, la corruption, la souillure que lave le baptême, la souillure peccamineuse de la nature humaine, ^jâ-T^aaa Lâdapi ;  ; ’j-iy/i -f, : âiiipTia ; Tôiv iy. yf, ; -/ aïOivtfov, — ô âaapTT|T’.zoç -f^ : àvOp’oTTivi, ; fJiitoç pj~oç, p. 76, 79.

L’historien et théologien Michel Gljkas, qui mourut dans les premières années du xiie siècle, a manifesté sa croyance à la conception immaculée de Marie en parlant de son assomption glorieuse. A deux reprises, dans ses Annales, P. G., t. CLXvm, col. 440, et dans sa XXII^ lettre théologique, S. Eustratradès, Mi/ar, / -.r)) V’kMy.i cl’; TΠ; àrop-aç Tr, ; 0 :  ; a ; ypxs ?, ; y.îçâXa’.a, Athènes, 1906, t. i, p. 262, il a transcrit le passage de l’homélie de Jean Phournès sur la Dormition que nous avons cité plus haut, où il est question des deux corps de Jésus et de Marie, prémices de l’incorn’ptibilité, par opposition aux deux corps d’Adam et d’Eve soumis aux ravages de la rorruplion à cause de la transgression.

Nous trouvons aussi un témoin du privilège mariai en Néophyte le Reclus (t vers 1220), qui a laissé un volumineux sermonnairc encore inédit. Le cod. 1189 du fonds grec de la rilbliothècpu’nationale de Paris renferme deux de ses homélies mariâtes i)0ur les fêtes (le la Nativité et de la Présentation au temple. L’homélie s)]r la Nativité contient ce passage significatif : .

ne, flélivrée par le créateur de la nature des liens de la stérilité, conçoit de son éyioux, .loarlilm, Marie, la Fille de Dieu, qu’elle a enfantécaujourd’lmi comme les prémices de notre salut et la mère immaculée de Dieu le Verbe, et comme les prémices de la rénovation de notre nature vieillie et ternie par la transgression du commandement divin, y.% àrap/r, v xa’.voupyi’aç xf, î -a) ai’.>Onîr, : ôià rapa’îâî : ) ; Oî-a ; âvToXf, ; y.ai àçavtlir, ; çjij’o ; f| ; i.(T)v. Imitant la femme de la parabole, qui mêle un peu fie levain à trois mesures de farine pour faire lever toute la pvle, le créateur a renouvelé par ce levain très pur formé de ses mains divines {= la Vierge) toute notre pvle vieillie, fi’.x Tf| ? OsorÀMTOu ÇJ ; j.T, ; Taj-r, ç y.%[ ur.iyLnfiiwj oXov TO T.r’f.x : i<)()’v/ ïJia[/a r/xCiv àva-z.âîa ; ô -Àaa’o-jpyoç èx « iv’/jp7r, a :. Mais voici le plus étonnant, la merveille des merveilles : le Roulanger divin, qui est la bonté

même, s’est mêlé lui-même d’une manière ineffable à ce levain très pur, et, en ayant pris une petite partie, il a travaillé d’une manière admirable toute la pâte et toute la fournée. C’est pourquoi il disait dans la suite : Je suis le pain vivant ; je suis le pain de vie. Celui qui me mange n’aura jamais faim ; » x ? LaOaptoTâTr, Toij-r, Ta-j-ij (j-jvs[j. ; ?£V jauxov àpprjffoç 6 C-îp-y. âOapo ; àp- : o~o : ’j ;, y.x’. s ? ajtr|Ç [J.épo ; -’. avaÀajBo’iJ.îvo ;, ciÀciv TO ijpaaa qacôv y.7.1 oÀr|V ~î]’j ô’.apT ; av ;  ; pvïaa’: û Oa’jaaa : ")ç. Cod. cit., fol. 13 v°. Sous une comparaison vulgaire. Néophyte cache ici une pensée profonde. Il indique bien la raison pour laquelle la Vierge devait être séparée de la masse du genre humain infecté par le péché d’origine. Devant fournir au Verbe une chair immaculée, il fallait qu’elle fût elle-même exempte de toute souillure ; il fallait qu’elle fût les prémices de l’humanité restaurée. C’est pourquoi Dieu est intervenu directement pour former sa future mère, que notre moine appelle un levain pétri de ses mains divines, fiiÔT.Aanxo : ’Çù’j.r^.

Germain 11, patriarche de Constantinople (12221240), a composé, entre autres discours, une longue homélie sur l’Annonciation, qu’a publiée A. Ballerini, Sylloge, t. ii, p. 283-382. Deux passages de cette pièce méritent d’être cités ici. Expliquant les paroles de la Vierge à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? « l’orateur s’écrie : « Que tu ne connaisses point d’homme, ce n’est pas là pour toi chose bien considérable. La merveille, c’est que ton esprit est d’une pureté souveraine et reste inaccessible au moindre mouvement déréglé et inconvenant. Tu es un paradis planté par Dieu, et dès que tu as été engendrée d’après les lois particulières qui t’ont donné ta nature. Dieu a chargé les chérubins d’agiter en cercle autour de toi leur épée flamboyante pour te conserver de toute part inaccessible aux embûches du serpent perlide, » -apà3s ; ao ; il Ojo^jtjutoç-y. ixi cÇ fJTO’j toïç ao’.'ç -îifjTOupyrijat ç’j-off~dpoi ; çuacu ; vd ; j.O’. ;, xà XîpO’jSîjj. ïxa’çiv ô Hcdç zaî tï|V çÀoytvf|V poaçaîav Trjv OTpîço ; j13’vr|V y.uLÀoOiv crou aTpeç£cOai, y.a.1 TravToOsv av£-160’jÀs’jTov a’jvxripjîv zy. xoj ooÀidspovoç 058( » ç. Op. cit., p. 370-371. L’idée de la sainteté originelle de Marie et de sa préservation de la tache originelle nous paraît se dégager clairement de ce passage. Germain marque bien que l’intervention spéciale de Dieu dans la formation de sa future mère a eu lieu dès le premier instant de sa conception, : ? dxou -îçjxoupyf |7at xoïç ! TO ! ç çuxoa-fJpoiç çjsj^) ; vo|j.O ! ç. Du reste, la même doctrine est exprimée dans cet autre passage : « Eve a été maudite ; Marie a été remplie de la grâce. La racine est amère ; le fruit est plus doux que le miel. La racine a été ensevelie dans la terre pour y être la proie de la corruption ; le fruit plane au-dessus de la terre par rincorrupliliilité qui vient (le la sainteté ; car là où se trouve la sainteté, là aussi se trouve l’incorruptibilité, LrLaxrjpaxa ! r, IvJ’a, I. :  ; / ap : ’x)xa ! S ; f, Map’.âa- /, L’-Xv- "izpi, '> oi y.ap-oç yL’jxû-Tîpo ; ! jiiX ; xo ; …’.rouyip r, v.^’.i’t’jù’ir, , ky.i’.ii xa ; xo àzr, ’patov. Les premiers membres de notre nature ont été ensevelis dans la terre pour servir de tête (de souche à l’arbre de l’humanité), et ces racines sont devenues la proie des vers. Mais voici qu’enfin le fruit a reçu l’incorruptibilité en partage, et, contrairement à l’ordre de la nature, il infuse cette incorruiilibililé aux racines. Le rejeton régénère ceux qui l’ont porté… La Vierpe, en eflet, surpassant incomparablement par son innocence et sa pureté la nature dont elle est issue, et placée comme au sommet de l’humanit-S a reçu la première la pluie divine qui descend du ciel. » Ibid., p. 308-310.

Théologiens des XI V ci X Y’siècles.

Au xive siècle.

la théologie mariale atteint son apogée, à Ryzance. Tous les grands théologiens fie cette époque rivalisent