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HYPOSTATIQUE (UNION


la seconde personne de la Trinité avec l’humanité : Fateor ista dogmata duo non includi lormaliier et explicite in nolionc Filii Dci, qimlis a nobis describitur aut deftnitur. Dans l’hypothèse où Dieu, tel que les Juifs le connaissaient, c’est-à-dire un Dieu unique et personnel, mais sans la trinité des personnes, se serait uni une humanité afin de racheter le genre humain pécheur, cette humanité unie à Dieu, JésusChrist, devrait encore être dit et cru Fils véritaljle et naturel de Dieu : oporterct (crcdi) rcvclanti Dco, Jesum Christum esse venim naliiralemque Dei Filium, per vcram et pbysicam unionem. sanctissima ; suie humanitatis cum Deo sic cognito et rcuclalo in unilalem personie, p. 76-78. — c) Il n’y a cependant pas deux Fils en Jésus-Christ, mais un seul, dont la filiation est doublement justifiée : Per aclionem unientem, … fil ut secundae personis divinis, qaæ prius erat Filius Dei, propter generationem œternam, sub alia ratione denominetur in tempore Filius Dei propter generationem temporalem, sive aclionem Dei ad extra, qua humanilas Christi unila est hijpostatice personæ uni divinie. Cette dénomination nouvelle affecte directement l’humanité en tant qu’unie au Verbe et devenue par son union l’humanité du Verbe, complète dans sa subsistance à l’instar d’une hyposlase. — d) Ces dernières paroles nous amènent à la conclusion philosophique qui est à la base du système de Berruyer : l’humanité en Jésus-Christ est une quasi-hypostase, en raison de son union avec le Verbe divin. On peut lui accorder les attributs du suppôt : expliquant le texte de l'Épître aux Romains, i, 3, De Filio suo qui factus est ei (Deo) ex semine David secunduni carnem, Berruyer s’exprime ainsi : Verba, ut jacenl, in obvio et nalivo sensu nulla formidine inlerpretare de Jesu Christo Deo et homine, qui ex semine David per Mariam in Filium suum derivato, factus est in tempore Deo uni et vcro Filius secundum carnem ; intcHige dicta instar supposili et in masculino génère de sanctissima Christi humanitate, quæ superveniente Spiritu Sancto in Mariam, et virtute Altissimi ei obumbrante, conjuncta est in tempore cum persona una divina, unione reali, phijsica et substantiali in unitatem personæ et individuam societatem naturee, p. 109. On trouve les m’emes formules dans Hardouin, Comment. N. T., Rom., i, 4. — e) Relativement à la sainte Vierge, Hardouin et Berruyer admettent pleinement le titre de mère de Dieu. Marie est mère de Dieu en raison de la double filiation du Verbe incarné, Berruj^er, op. cit., p. 55 ; filiation du Verbe et filiation de l’humanité unie liypostatiquement au Verbe. L’affirmation touchant la maternité divine de Marie est orthodoxe, mais les raisons de cette maternité auraient dû conduire leur auteur à concéder à la sainte Vierge une maternité divine d’honneur dans le sens nestorien. Voir plus loin. Évidemment de telles assertions ne trouvent pas de fondement dans l'Écriture ni dans la tradition, et cependant Berruyer est obligé de rendre compte des affirmations si précises de la sainte Écriture touchant la filiation divine en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il le fait en expliquant que les attributs et toutes les dénominations qu’accorde à Jésus-Christ l'Évangile, concernent en réalité l’humanité, entendue comme on vient de V exposer. Eo sensu intelligendasuntonmia… quæ de Jesu Christo Filio Dei a scriptoribus sacris in tertia persona narrantur aut pronuntiantnr ; omnia nul fere omnia quæ in illorum scripiis de scipso Jésus Christus Filius Dei in prima persona loquens dixisse perhibctur. p. 90. Cf. p. 3, 4, 5. Aucun attribut, même celui de Fils de Dieu, qui ne concerne donc l’humauité du Christ, en tant qu’unie au Verbe : tous ou presque tous les prédicats qui, d’après l’interprétation traditionnelle, ne conviennent au Sauveur qu’en raison de sa divinité, se vérifient directement dans son hu manité sainte. D’après Berruyer, ce sont tous les auteurs du Nouveau Testament qui ont parlé de Jésus en ce sens, p. 8 ; et les textes de saint Jean, Joa., i, en entier, et I Joa., v, 7, font à peine exception, p. 105. L’exégèse de Berruyer part de ce principe absolu, auquel il n’ai)porte pas ou presque pas de tempérament : Dico propositiones fere omîtes quæ sunt de Jesu Christo in Scripturis sanctis Xovi præsertim Testamenti, habere pro objecta in recto Ilominem-Deum, sive humanitatem Christi in Verbo subsistentem. Dico insuper omnes et singulas ejusmodi propositiones a Christo Dei Filio et a Deo Christi Pâtre et a scriptoribus.'sacris prolatas semper et ubique vcrificari directe et primo in Homine-Deo, sive in humanitate Christi divinitati unita et Verbo compléta in ratione personæ. nisi, quando propositiones quæ habent pro subjecto in recto compositum illud Iheandricum, habent pro præaicato attribuium aliquod, quod vel naturæ divinæ, ut natura divina est, vel naturæ humanæ, ut est natura humana, essenlialiter convenit, v. g. Jésus Christus est Deus, Jésus Christus est homo. Reliquæ, quotquol sunt, et laies sunt fere omnes, verificantur in Jesu Christo Hominc-Dco, quia mixtæ sunt et résultant ex unione facta in tempore humanitatis Christi sanctissimæ cum persona una divina in unitatem personæ : quod est scriptorum omnium Novi Testamenti objectum in recto fere perpetuum, ). 18-19. Quant à la tradition, Berruyer entend bien être d’accord avec la tradition primitive : l’appellation de Fils de Dieu chez les premiers chrétiens n’avait pas d’autre sens que celui qu’il lui accorde. Au temps où écrivait saint Jean, Filius, selon l’usage courant, signifiait, en parlant de Jésus-Christ, l’humanité unie au Verbe. Voilà pourquoi saint Jean, pour rappeler l’incarnation, ne dit pas Filius caro factus est, mais Vcrbum caro faclum est, p. 195 ; voilà pourquoi aussi, dans la formule trinitaire du baptême, c’est le mot Filii et non Verbi qui est employé, afin de bien désigner ici que l’on entend parler de l’humanité sainte de Jésus, p. 150-154. Même sens dans les doxologies : per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, etc., ou dans les formules du signe de la croix ou des bénédictions, p. 154155. De plus, sur ce point, la doctrine des Pères est difficilement appréciable et le P. Berruyer semble plutôt l’esquiver. Cf. Legrand, op. cit., col. 831-834. 2. Critique.

Toutes ces interprétations des textes scripturaires et des formules de la tradition catholique sont fantaisistes. Non seulement elles sont contraires au sens véritable de l'Écritureetauxdonnées traditionnelles, mais elles aboutissent, dans l’interprétation des formules, à des conclusions si évidemment fausses, qu’elles sont par là même condamnées. Si, en effet, dans les formules scripturaires et traditionnelles, le terme Fils de Dieu, par exemple, doit être toujours entendu de l’humanité de Notre-Seigneur dans le sens où l’explique Berruyer, que faudra-t-il entendre par l’Esprit-Saint, dont l’invocation termine ces formules ? La formule du signe de la croix : in nomine Palris, etc., signifiera nécessairement : au nom de Dieu subsistant en trois personnes, qui est Père du Christ, en tant qu’il a uni l’humanité au Verbe, et du Fils, c’est-à-dire de la très sainte humanité du Christ, qui, par son union avec une personne de la Trinité, est devenue le Fils de Dieu, et du Saint-Esprit. On se demande quelle peut être ici l’acception de ce dernier terme de la formule. Legrand, op. cit., col. 831. La faculté de théologie de Paris, en censurant plusieurs propositions de Berruyer, en 1762, a noté sévèrement son système d’interprétation des formules scripturaires et traditionnelles : on trouvera l’exposé des considérations théologiques des censures portées dans Legrand, op. cit., col. 857-893. Mais la principale des considérations est que le système d’in-