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HYPOSTATIQUE (l NION]


articles dans la Formula concordiw, part. I, vii, 15 ; part. II, VII, loi,

i, ii, diiniiH-dSQ, I.ibrisijmboliciEcclesixcuancjclicæ, Leipzig, 1846, p. 000, 752, 783. Brenz a parliculièreinent exposé son point de vue dans De personali iinione diiarum naturanim in Christo, Tubingue, 1561, et dans le De majeslale D. N. J. C. ad dexleram Dei Putria, Francfort, 15( ! 3. On retrouve l’iibiquisine chez bon nombre de théologiens luthériens ; citons, avec Bellarmin, Chemnitz, De duabus naturis in Christo, de htjposlatiea eanim unione, de communicatione idiomatum, etc., léna, 1570 ; Nicolas Selnecker, De pedagogia spiriluali ; Jean Wigand, De communicatione idiomatum, et. au cours de ses écrits de controverses, Flacius lllyricus. Les controversistes catholiques n’ont pas manque de s’attaquer à la doctrine de l’ubiquisme. Parmi les principales réfutations, il faut citer Grégoire de Valencia, Contra lundumenta duarum seclarum, ubiquetariæ et sacramentariæ, Ingolstadt, 1582, et In Summam theologicam S. Thomæ, III*, I. I, q. ii, p. m ; le P. Jean Buys (Busaus), Disputatio de persona Christi adversus ubiquetarios, Mayence, 1585 ; cf. Werner, Geschichte der apologctischen und polemischen I.itteratur der Christian Théologie, Schafl’ouse, 1861-1867, t. iv, p. G21 sq. ; Bellarmin, dans les Controverses, De Christo. t. III, en entier ; Bécan, Manuale controversiarum hujus temporis, t. II, c. i, Opéra omnia, Mayence, 1649, t. II, p. 1499 sq. ; Th. Baynaud, Christus Deus liomo, t. II, sect. iv, c. ii, dans Opéra omnia, Lyon. 1665, t. I, p. 147 sq. Du côté des sacramentaires calvinistes, citons, parmi les adversaires de l’ubiquisme, Théodore de Bèze, De corporis Christi omnipnrsenlia, Genève, 1578 ; Bullinger, De duabus ncduris Christi, Zurich, 1564 ; Pierre Martyr (Vermigli), Dialogus de loco corporis Christi, dans Loci communes, Heidelberg, 1603. Nous n’avons à nous occuper ici de l’ubicpiisme que par rapport à l’union liypostatique.

1. Exposé.

L’ubiquisme est une exagération de la doctrine de la communication des idiomes, renouvelant l’iiérésie monophysite. Chose remarquable, en effet, l’attribution de l’ubiquité à l’humanité de Jésus-Christ, en raison de l’union hypostatique, avait été déjà condamnée explicitement par le VIP concile œcuménique, sess. "VII : Sur celui qui ne reconnaît pas que le Christ a, dans son humanité une forme déterminée, anathème : El’- ;  ; Xp’.axov tov (-)cOv 7| ; j.’ov 7 : £p ; ypa~T0V où/ ôiJ.oXoy ; ? xatà to àvOp(’)~ ; vov. àvâO£ ; j.a Ë3-’o… Mansi, t. xiii, col. 898 ; Denzinger-Bannwart, n. 379. Le raisonnement fondamental sur lequel s’appuient les ubiquitaires pour asseoir leur doctrine est ainsi résumé par Bossuet : « L’humanité de Notre-Seigneur est unie à la divinité ; donc l’humanité est partout aussi bien qu’elle. Jésus-Christ comme homme est assis à la droite de Dieu : la droite de Dieu est partout ; donc, Jésus-Christ, comme homme, est partout. » Histoire des variations, t. II, c. XLi. Les développements que la dogmatique luthérienne a donnés i ce fondement méritent d’être rappelés succinctement. En voir l’exposé « dogmatique » dans la Formula concordise, viii, 64, op. cit., p. 778-779. Dans l’incarnation, en raison de la communication des idiomes, il faut distinguer pour ainsi dire trois moments : la y.Tïia’. ;, en vertu de laquelle, dès le premier instant de l’incarnation, la nature humaine fut en possession des attributs divins ; l’état de l’humiliation qui s’offre à nous sous deux aspects, la Livr.iai ;, en ertu de laquelle le Christ renonça absolument à faire usage des prérogatives divines, ou la Loj’}'. :, en vertu de laquelle il v.’y fit appel que d’une façon secrète etmomentanée, suivant son bon vouloir ; l’état d’exaltation, la Grïpjil’oatç, qui comporte l’usage complet et à découvert des prérogatives divines, usage par lequel, cf. Concordia, op. cit., p. 779, « le Christ révéla

désormais sa majesté, plenc, et efficacissime alque manileste, devant tous les saints au ciel et sur la terre ». Une difficulté théologique concerne la conciliation, pendant la vie terrestre du Christ, de ces deux moments : l’entière abstention de l’usage de la majesté divine, ou l’usage secret des attributs divins, avec la possession réelle de la divinité, la LTriiiç et la y.ivior :

; OU la zpj’l'ç. Une controverse s’éleva à ce sujet,

à partir de 1616, entre les théologiens de Tubingue. Luc Osiandcr, Melchior Ni(-olaï, Théodore Thunnius. et les théologiens hessois, Balthazar Menzer et Juste Feuerborn. La controverse portait exactement sur cette question : An homo Christus, in Deum assumptus, in statu exinanitionis tanquam rex præscns cuncla, licei latenter, gubernarit ? Les Souabes lépondaienl affirmativement, nonobstant certaines restrictions de détail ; les Hessois niaient cette proposition, sans nier toutefois que le Christ se servît de sa majesté divine pour opérer ses miracles. L’opinion souabe est bien dans la ligne logique de la communication des idiomes, telle que l’entendent les livres symboliques de l’Église évangélique. D’après l’opinion luthérienne, cette communication a donc dû s’opérer en trois moments successifs, correspondant aux trois états dont on vient de parler, et qui distinguent les trois « genres » selon lesquels peut exister la communication des idiomes. Le premier genre, correspondant à l’état de possession des deux natures par une seule personne, est le genre « idiomaticpie », genus idiomaticum, ou IZ’.o-rr.t-.rLôv, contenant toutes les propositions, par lesquelles les propriétés de l’une ou l’autre nature sont attribuées au sujet concret de la personnalité, genus idiomaticum complectitur eus proposiliones quitus idiomata alterutrius naturie conrreto personæ tribuuntur. Sur la subdivision de ce premier genre en trois espèces, cf. Luthardt, Compendium der Dogmatik, Leipzig, 1878, p. 180. C’est la périchorèse, dont parlent les Pères de l’Église à propos de l’incarnation, voir col. 504, et qui, dans une certaine limite, exprime une idée juste. Les luthériens ont le tort, d’un principe juste en soi, de déduire une conclusion forcée et, par là, fausse : de ce que les attributs d’une des deux natures peuvent être rapportés à la personne concrète, ils concluent que les attributs de la nature divine sont renfermés d’une manière véritable et réelle dans la nature humaine. Tel est le vice radical et fondamental de la thèse luthérienne, vice qui apparaît pleinement lorsque les théologiens de l’Église évangélique exposent le second et le troisième genre relatifs à la communication des idiomes. A l’état d’humiliation correspond le genre apotélesmatique (le mot est emprunté à saint Jean Damascène, £)e fide orthodoxa, t. III, c. XV, P. G., t. xciv, col. 1056 ;. Ce second genre de propositions idiomatiques renferme toutes les propositions « par lesquelles les actions de l’œuvre rédemptrice, appartenant à la personne entière, sont attribuées à l’une ou l’autre nature considérée séparément ou concrètement : quibus apolelesmata, id est actiones ad opus redemptorium ad totum inde personam pertinentes, de altéra tantum natura vel ejus concreto prsedicantur. Ainsi la formule de « l’ancienne Église orthodoxe » : una natura agit seu operatur cum communicatione alterius, quod proprium est, cf. col. 430, doit être ainsi comprise : itaque Christus st noster Mediator, Redemptor, suwmus Pontijex, Caput et Pastor… non secundumumun naturam tantum, sive divinam, sivc humanam, sed secundum utramque naturam, part.. II. Cf. Formula coneordia% viii, 47, p. 773. Les théologiens luthériens sont peu d’accord pour déterminer le sens exact du coneretum ejus ; d’après la Formule de concorde, loc. cit., il semble qu’il s’agisse, non pas tant du principe même de la comniunication des idiomes, de Vunio prr.sonalis, que de la coexistence