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HYPOSTATIQUE (UNION

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€st l’image de l’union hyposLatique. Nestorius se serait contenté d’une telle analogie. Alexandre de Halès et saint Bonaventure approfondissent davantage la comparaison. S’ils ne choisissent pas l’union de l’âme et du corps comme syml^ole de l’union hypostatique, c’est qu’ils y voient l’expression de l’unité de nature bien plutôt que celle de l’unité de personne. Ils cherchent donc un autre symbole, celui de l’implantation, en faisant du tronc, à l’instar de saint Paul, Rom., xt, 24, l’image du Verlje, attirant à son unité de sujet la nature humaine. Alexandre de Halès s’exprime ainsi : Unio quæ fit, utraque natura servata, est duplex : quia ctut ex illis fit iertium aut non, sed unum fit de altero. Secundo modo est unio sicut dicimus quod surculus piri unitur arbori oui inseritur, sicut porno vel alii ; scrvatur enim natura utriusque, scilicet piri et pomi, ncc unquam fiet pirum pomnm ncce conversa, nec ex illis efjicitur terlium, scilicet arbor, quæ nec sit pirum nec pomum, quia in insertione dominans trahit alterum ad sut unitalem, ita quod est de illo, sed non est illud.

C’est en expliquant l’enlacement des organismes résultant de l’insertion qu’Alexandre de Halès a paru aboutir à une théorie attribuée également à saint Bonaventure (mais, à tort, semble-t-il), cf. col. 529, à savoir que le lien de l’union hypostatique du côté de la nature humaine serait une grâce créée. Saint Bonaventure reprend la comparaison, en accentuant encore le point précis de l’analogie : quando arbor una inseritur stipili altcrius, tune ulraque arbor servat naturam propriam et tamen una arbor substunliftcatur instipiie altcrius, ita quod unus est slirps utriusque… Quia… in unione naturse divinæ cum humana, … est ultcrius scilicet divinæ naturse prædominanlia, necisse est quod divina natura Immanam trahat ad unitatem… ita ut una et eadem hjiiwstasis sit divimv et humanas naturæ cl quasi humana natura fundetur et substantificetur in divino stipite. Saint Thomas reprend l’idée fondamentale de cette analogie et l’adapte à l’incarnation dans la Somme theologique, HI*, q. xvii, a. 2.

3. Comparaison de l’union de l’accident à la substance. — L’école franciscaine abandonne rapidement la comparaison chère à saint Bonaventure el à Alexandre de Halès pour prendre, avec Scot et Gabriel Biel, In JV Sent., t. III, dist. 1, l’analogie plus métaphysique de la dépendance de l’accident à l’égard de la substance : analogie faible, artificielle, qui ne rappelle en rien l’union substantielle de l’humanité avec le Verbe, le perfectionnement sul>slanliel de l’une par l’autre, la possession personnelle d’une autre substance qui n’est concevable que dans une substance spirituelle. Le point de comparaison, c’est la dépendance suppositale qui, chez les scotistes, caractérise le rapporl de l’accident à la substance, transportée dans l’humanité du Christ jiour expliquer comment elle n’est point, grâce à cette dépen(lance, un sujet doué de personnalité. Voir Hypostasi., col. 412. Conception assez étroite et, répélons-lc, superficielle, qui, à elle seule, suffirait à expliquer les lacunes de la christologie de l’école franciscaine, (^f. Srheeben, op. cit., p. 73f.-737.

Sur ces trois comparaisons, voir.hinssciis, o ; >. iH., p. 180. G.’12. Sur les sinaloKiL-s, consulter spécialement Th. Itaynaud. Opéra, t. i, Christus Dcus Itiinio, I. ii, sect. v, où oet auteur étudie successivement les nombreuses métaphores ou analogies proposées par les Pères et les th<'>olo( ?iens, e. j.Verbuin prnlaliim ; c. ii, Vfrtnim.icriiiliim ; e. iii, Verbinn i’rstibini : c. IV, Verbum calrealiim ; c. v, ’erbiim iiiiimbraluni <ir tenrbratuiit ; c. vi, ’crhiin) rffu.stim ; c. vi, Vcrbiim iniliim ; c. vui, ’(Tbiiin iihbreviatuni ; c. ix, Verbiiin incqiiilan.’i ; c. x, Verbiim negotians ; c. xi, Verbum lianialiim ; c..ri, ’erbum fermenlans.

VIII. Krrkurs mooRrnks.- ".}c(m Hus et Auf/uslin de Rome. — 1. Siirles erreurs de.lean Hus louchant

la constitution de l’Église, voir Église, t. IV. col. 2 112, se grelîeune erreur christologique, rappelant le nestorianisme ? Pour Jean Hus, le pape n’est, à aucun titre, le chef de l’Église, réunion des prédestinés : les deux natures, la divinité’et l’humanité, sont un seul Christlequel est la tête unique de son épouse], y ÈglKeunixerseWe, c’est-à-dire la réunion des prédestinés. Cette proposition, la 4^^ des 30 propositions condamnées par le concile de Constance, XV^ session, Mansi, Concil., t. xxvii, col. 754, n’est pas ordinairement rapportée dans son texte complet. Par un oubli du copiste, les mots entre parenthèses ont été supprimés. « Le texte actuel, dit Mgr Hefele, duse natura’, divinitas et humanitas, sunt unus Christus (cf. Denzinger-Bannwart, n. f130), peut être considéré aussi bien comme orthodoxe que comme erroné. Dans le sens strict cependant, on ne peut pas dire : « La nature divine et la nature humaine sont un seul Christ », car on en pourrait aisément conclure que la divinité et l’humanité constituent ensemble la personne du Christ. Cet article fait d’ailleurs partie d’une des argumentations les plus spécieuses du livre de Hus. Dans le iv<^ chapitre de son livre De Ecclesia, il dislingue entre le chef intérieur et le chef extérieur de l’Église ; ce dernier est au-dessus de l’Église, le premier en dedans de l’Église, comme la personne principale à l’intérieur de l’Église même. Maintenant, le Christ, secundum suum divinitatem, est le chef extérieur de l’Église, et, secundum suam Iiumanitatem, son chef intérieur ; par conséquent le pape ne peut pas être le chef de l’Église, .bstraction faite des derniers mots, tout cet arginnent est, pour ainsi dire, par hypothèse, le fondement de l’hérésie nestorienne, qui enseigna que le Christ suivant son humanité est une personne distincte. Sans doute, Hus n’était nullement neslorien, mais, à force de subtilité, en distinguant ainsi entre le chef extérieur et intérieur, il tomba dans des erreurs dogmatiques. * Trad. Leclercq, Paris, 1916, t. vii, p. 317. — 2. Quelques années plus tard, le concile de Bàle, dans sa XXIP session (15 octobre 1435), condamnait le livre d’Augustin de Rome, archevêque de Nazareth, De sacramento unitatis Jesa Clirisli et Ecclesiæ. Parmi les propositions erronées que les Pères et principalement’Torquemada, dans son Mémoire sur ce livre, relevèrent, se lit celle-ci : " I.a nature humaine dans le Christ est le vrai Clirist, la personne du Clirist. » Mansi, Concil., t. XXIX, col. 108 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. vii, p. 894.

2° J.’ubiquisme. — C’est à propos de lapréseiu’e simultanée en de muUi))les endroits que le corps du Christ acquiert dans l’eucharistie, que certains luthériens, à la suite (le Luther lui-même, inventèrent la doctrine hérétique de l’ubiquisme. On a déjà (lit un mot de cette erreur, voir Eucharistie, t. v, col. 1317. L’ubiquisme, proposé par les luthériens, peut être ramené à deux formes |irinci{)ales, distinctes l’une de l’autre par une simple nuaiKe d’accentuation dans la doctrine. Certains héréticjues fChemnitz, Wigand, Selnecker) soutiennent que de l’union hypostatique n’-sultr une communication réelle des propriétés divines à l’humanité. D’autres vont plus loin et affirment que l’union hypostatique consiste dans une réelle communication des propriétés. Cette dernière formule, d’un monophysisme plus accentué, est la formule de Brcnz, qui passe en général pour le père de l’ubiquisme, bien que cette erreur ait été enseignée déjà jiar Lcfèvrc d’Élaples, Episloln’divi l’/uili cum commentariis, Paris, 1531, dans les commentaires sur 1 Cor., xii ; cf. Commentarii initialorii in quatuor Evangclia. Paris. 1522, commentaire sur Joa., xiv ; et expressément par Luther, dans sa Drfensio vrrbnrum rænie, Wrrke, Weimar, 1883, t. xxiii, p. 149. Les Ihéologicns de la Confession d’Aupsbourg lui consacrent plusieurs