Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/272

Cette page n’a pas encore été corrigée
529
530
HYPOSTATIQUE (UNION)


S. Thomæ, q. xvii, a. 2, disent que saint Thomas s’est rétracté dans la Somme. D’autres enfin, tout en concédant l’autlieiiticité de l’opuscule, cf. Mandonnet, Les écrits authentiques de saint Thomas d’Aquin, dans la Rei’ue thomiste, 1909, p. 683 ; 1910, p. 302, nient que saint Thomas ait posé, dans le texte incriminé, des principes contraires à l’unité substantielle de l’existence dans le Christ : « Dans cette doctrine Thomas d’Aquin maintient, comme partout ailleurs, le principe de l’unité d'être dans le Christ, mais il cherche aussi à maintenir un rapport entre la substance divine et la nature humaine au point de vue de l'être. Ici, il semble aller plus loin qu’ailleurs en distinguant un esse principale et un esse sccundarium, le premier étant l'être éternel de la personne divine, et le second l'être temporel que contracte la personne en s’unissant à la nature humaine dans le temps. Sans doute, cette façon de formuler la doctrine ne recouvre exactement aucun des passages signalés plus haut (c’est-à-dire, In IV Sent., t. III, q. ii, a.2- Quodlibct, IX, a.3 ; Sam. Iheol., III^, q. xvTi, a. 2). Mais elle ne s’en écarte probablement pas assez pour faire renoncer purement et simplement à l’attribution, étant données les observations que nous avons déjà présentées, en laveur de l’authenticité. » Mandonnet, op. cit., p. 306. — d. Enfin, entre les deux systèmes thomistes, , le système de Cajétan prétend seul résumer la tradition catholique de l’union selon l’hijpostase, c’est-à-dire la subsistance LaO' jj : icTTa^ V. C’est là, à proprement parler, l’argument théologique apporté en faveur de cette opinion. Nous avons déjà fait remarquer qu'à l’origine le xaO" j-oira7'./ signifie simplement : selon la réalité, la vérité. Voir Hypost.sl ;, col. 388. Ce n’est que postérieurement que le sens théologique actuel : selon l’hijpostase ou la personne, a été donné à cette expression. Mais encore faut-il entendre ce sens comme les Pères et toute la tradition jusqu’au xive siècle l’ont entendu. La subsistence dont il est question ici n’est pas une modalité, conçue par abstraction, mais l'être concret, subsistant, c’est-à-dire existant en soi et par soi. D’où il apparaît clairement que l’opinion de Cajétan ne peut prétendre résumer une tradition vis-à-vis de laquelle précisément la conception du mode substantiel accuse une innovation réelle. D’ailleurs, l’union se ferait-elle, comme le conçoit Cajétan, selon le mode de la divine personnalité, il ne s’ensuivrait pas encore que l’union selon la subsistencc se trouverait formellement réalisée. Formellement, en elïcl, la personnalité divine est constituée par la relation comme telle, qui n’est subsistante qu’en raison de son identité matérielle avec l’essence. Il est donc tout aussi simple de s’en tenir à la théorie de Capréolus, qui, elle du moins, ne supprimant pas, dans la nature humaine du Christ, le mode réel qu’y place Cajétan, maiidient la parfaite ronsubslantialité de cette nature avec la nôtre, ^'oir, sur ces arguments, l'.iliot, op. cit., p. 135-137, et, en ce qui concerne la réfutation de l’argument théologi'|ue de la thèse de (Cajétan, op. cit., c. xxix.

2. Les caractères de l' union hi/postatiquc. — a) C’est une union immédiate. — Quekiues théologiens ont imaginéentreriuinianité et la divinité en Jésus-Christ un lien substantiel, espèce de trait d’union entre le Verbe et l’humanité. Celle théorie a revêtu plusieurs formes différenles. Au temps de saint Thomas, certains théologiens imaginèrent une grâce d’union, qui naturellement aurait la force d’unir l’humanité au Verbe. On attribue cette o))lnion singulière tout empreinte de ncslorianisme à Alexandre de Halès, Summn, III', q. vii, m. ii, a. 1, et à saint Honavenlure, In IV Sent., I. III, dist. II, a. 3, q. ii. Il est plus exact <ra(Tirmcr rpi’onen retrouve des traces chez Gabriel I31el, //i IV Senl., I. I. dist. XXX, q. iv, et I. HT, dist. I, q. iii, a. 2. Quoi qu’il en soit, celle

opinion a dû être enseignée du temps de saint Thomas, puisqu’il la réfute dans son commentaire sur le Maître des Sentences, t. III, dist. II, q. ii, a. 1, q. iii, en ces termes : « Il faut savoir que, dans l’union de la nature humaine et de la nature divine, il ne peut pas y avoir une sorte de milieu qui produirait l’union par manière de cause fornielle, et auquel la nature humaine s’iudrait d’abord avdnt de s’unir à la personne divine. De même, en effet, qu’il ne saurait y avoir entre la matière et la forme un milieu qui saisirait la matière avant la forme (autrement l'être accidentel serait avant l'être substantiel, ce qui est impossible), ainsi, entre la nature et le suppôt il ne saurait y avoir un intermédiaire. » Cf. Sum. theoi, III*, q.n, a. 10 ; q. vi, a. 6 ; De verifate, q. xxix, a. 2. Pour bien préciser la force de l’argumentation, il suffit de rapporter cet autre texte de saint Thomas, In IV Sent., art. cit., q. iii, ad 3'"" : « Rien n’empêche qu’un accident apparaisse comme un milieu dans une union substantielle, s’il s’agit simplement de manifester l’union déjà existante, mais cela est impossible, s’il s’agit de causer l’union. » Ainsi toute l'école thomiste, et avec elle la plupart des théologiens catholicpies professent que l’union immédiate de l’humanité au Verbe se traduit, du côté de l’humanité, par une relation réelle prédicamenttde, qui, par conséquent, est rpielque chose de créé, niartpiant le rapport de la nature humaine au Verbe qui l'élève à l’unité de son hypostase. Voir S. Thomas, Sum. Iheol., HT', q. ii, a. 7, et tous les commentateurs de ce texte. Cette relation prèdicamentalc, aliquid crcalum, est niée par certains nominalistes ; ciui ne voient entre l’iuimanite du Christ et le Verbe cju’une relation Iransccndantale. Cf. Durand de Saint-Pourçain, In IV Sent., t. III, dist. V, q. Il ; Scot, dist. I, q. i ; Occam, t. I, dist. XXX ; t. III, dist. I, q. I. La relation prèdicamentale admise par l'école de saint Thomas est une relation réelle, du côte de la nature humaine ; du côté de la nature divine, il ne peut être question, conformément à la doctrine générale de saint Thomas, De potentia, q. VII, a. 8-11, que d’une relation de raison. La raison en est que l’incarnation n’apporte aucun changement à la divinité : tout le changement se trouve du côté de la nature humaine, qui, dès le premier instant de son existence, a été élevée dans le Christ à la dignité de l’union hypostatique. Mais ici encore, tout en maintenant la doctrine commune de l’union immédiate, certains théologiens, sidvant en cela Suarez, Dr incarnationi', dis]). VIII, secl. nr. n. S, notamment Vasquez, In Sum. S. Thomw, III*. dis]). XVIII, c. III, quckjues thomistes, dont les théologiens de SalanuuKjue, /)( incarnalione, dis]). IV, dub. i, et, en général, les scotistes (voir, dans les Salmanticenses, loc. cit., § 1, n. 3, rénumération des))arlisans de cette opinion) ; cf. Frassen, De incarnalione, disp. I, a. 2, sect. i, q. i, concl. 1, prétendent que la nature humaine ne peut être unie immédiatement au Verbe sans y être disposée par un mode substantiel qui lui enlève son indifférence jiar rapport à l’union, et soit le terme de l’action de la trinité dans l’incarnation. Sur ce point, voir Incarnation. Le mode substantiel, à la façon dont le comprennent ces auteurs, n’est pas un accident, mais une modification de la substance elle-même. On a fait remarcjucr <léjà, voir 1 Iypostase, col. 422, la contradiction (lu’impliquc cette conception du mode sidistantiel. mais, si contradictoire en soi que paraisse l’hyiiothèse envisagée, l’argument de saint Thomas ne peut ]>liisêtrc invoqué contre un milieu constitué, cidre deux substances qui s’unissent par un simple accident. Cf. Cionet, Clijpcus, III ». dis]). VI, a. 3, n. lO-.'jO. La vraie démonstration de rimililité et de l’improbabilite de l’hypothèse suarézienne. c’est que le Verbe, par lui-môme, est le terme et le