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HYPOSTATIQLE (UNION)


médialtur de Dieu et des hommes. I Tim., ii, 5 ; cf. Heb., II, 17. D’ailleurs, la simple raison veut que le Christ, s’il a pris une humanité réelle, l’ait prise telle que son ûme ait été substantiellement unie à son corps : le corps n’est corps humain qu’en raison de cette union avec l’Ame ; l’âme n’est âme humaine qu’autant qu’elle est unie au corps pour constituer l’homme. De plus, à quelles dillicultés ii’aboutit-on pas logiquement en acceptant l’opinion de ceux qui nitnt en Jésus-Christ l’union substantielle de l’âme et du corps, pour faire de ces deux éléments pris si’parément un revêtement du Verbe I On aboutit forcément à l’hérésie : hérésie d’Eutychès, en niant que le "Verbe soit subsistant en deux natures ; à l’hérésie de Nestorius, en afhrmant une simple union accidentelle entre le Verbe et les éléments de l’humanité ; à l’hérésie d’Apollinaire et peut-être même de Manès, en rdmettant dans le Christ un corps non animé par l’âme rationnelle, et ne constituant avec l’âme, à laquelle il ne serait pas uni, qu’un être imaginaire. Contra génies, loc. cit. — b) Dans le Christ, il ij a eu union substantielle entre le Verbe et l’humanité, composée d’âme et de corps. — Admettie en Jésus-Christ une seule personne, mais deux hypostases, ou considérer l’humanité comme un simple revêtement de la personne divine, c’est, inconsciemment peut-être, mais à coup sûr, tomber dans l’hérésie nestorienne : à ce seul titre, la première et la troisième opinions 1 apportées par le Maître des Sentences doivent être rejetées. L’union selon l’hypostase, proclamée au V « concile œcuménique, n’est pas une union accidentelle, mais substantielle, non qu’il y ait fusion des natuies, mais parce qu’il y a « assomption » de la

atur humaine à l’être substantiel du Verbe dans l’unité d’hypostase ou de personne. Sum. theol., III", q. ii, a. 6, et ad 2’"". L’expression dont se sert saint Paul, Phil., II, 7, habitu inventus est ut homo, doit être entendre dans un sens métaphorique ou tout au moins analogique. Le revêtement de la divinité par l’humanité peut s’entendre de trois façons principalement : d’abord, parce que l’humanité en Jésus-Christ s’ajoute à la persoime divine déjà existante, comme le vêtement s’ajoute à l’homme qui le porte ; ensuite, parce que la nature humaine est une substance, tout comme le vêtement qui s’ajoute à l’homme ; enfin parce que, pas plus que le vêtement à celui qui en est recouvert, la nature humaine n’apporte de modification à l’être divin. In IV Sent., l. III, dist. VI, q. iii, a. 6, ad 1’"". Plus simplement encore on peut dire que la nature humaine fit apparaître visible le Verbe de Dieu, comme le vêtement est le signe extérieur sous lequel paraît celui qui en est revêtu. Sum. theol., III’, q. II, a. G, ad 1’"". Les adversaires de l’union substantielle revendiquent également, mais tout aussi à tort, un texte de saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, t. III, c. XV, P. G., t. xiiv, col. 1049 : la chair du Christ a été r instrument de la divinité. Mais il faut observer cjue ce terme, instrument, peut s’appliquer non seulement à un objet extérieur ne possédant aucune relation substantielle avec celui qui s’en sert, mais encore à une partie substantielle, appartenant à l’hypostase ou la persomie de celui qui use de cet instrument. Le corps, les membres de l’homme sont des instruments de l’homme et cependant lui sont unis substantiellement. Sum. theol., loc. cit., ad 1°’". C’est même dans cette notion de l’instrument substantiellement uni à l’hypostase dont il fait partie qu’il faut chercher le meilleur point de comparaison à l’union hypostatique dans l’union de l’âme et du corps. Cont. génies, t. IV, c. cli. — c) La réalité et l’intégrité de ta nature liumaine dans le Christ n’implique ni une I ijpvstase nouvelle, distincte de l’injpostase du Verbe, ni une personne nouvelle en Dieu. — La raison de cette

double allirmation est que l’humanité en Jésus, à la différence de l’humanité jjossédée par les autres hommes, ne subsiste pas par soi ; en Jésus, l’humanité subsiste par le Verbe, au<iuel elle est hypostaliquement unie : elle n’est pas un sujet distinct, une hypostase diflérente du sujet, de l’hypostase qu’est le Verbe. Sum. theol., loc. cit., a. 5, ad 1’"". De l’union de la nature humaine au Verbe ne résulte d’ailleurs aucun changement dans la Trinité : la personne du Verbe, en élevant jusqu’à elle l’humanité, n’en reçoit aucune modification intrinsèque : tout le changement se tient du côté de l’humanité. Cont. génies, I. IV, c. xlix, n. 2, 8. Cf. n. 5. Voir, de plus, Abklard (Articles condamnés), t. i, col. 46-47.

2° L’union personnelle du Verbe et de l’humanité en , Iésus-Christ est-elle une union de sujets ou d’hypostases ? — Après ridentification officiellement promulguée par l’Église des termes hypostase et personne, une telle question semble résolue d’avance. Elle se posait toutefois encore au xiie siècle et le Maître des Sentences n’avait pas osé réprouver comme hérétique la réponse afiirmative, qui constitue la première des opinions rapportées par lui. On ne peut expliquer l’attitude des théologiens partisans de la dualité d’hypostases en Jésus-Christ que par l’impossibilité pour eux de concevoir une substance complète et concrète qui ne soit point par le fait même subsistante en soi. Nous avons déjà fait observer à ce sujet que la définition de Boèce pouvait facilement prêter à confusion. Voir Hypostase, col. 393. Ces théologiens, pensant d’ailleurs exprimer une opinion catholique, mais, en réalité, formulant une hérésie, voulaient d’une part conserver à l’humanité prise par Notre-Seigneur son intégrité, et, d’autre part, sauvegarder le dogme de l’unité de personne en Jésus. Cette position « procède d’une ignorance touchant l’habitude de l’hypostase à la personne ». Sum. theol., III-’, q. ii, a. 3. La doctrine catholique sur ce point ne peut faire de doute : il ne s’agit pas ici d’opinion, mais d’article de foi, a. 6. La tradition est résumée succinctement, mais d’une manière extrêmement précise, par saint Jean Damascène, reconnaissant en Jésus deux natures, mais une seule hypostase. De fide orthodoxa, t. III, c. iii-v, P. G., t. xciv, col. 988-1001, et le Damascène n’est en ceci que l’écho de saint CyTille d’Alexandrie, Anath., ui, iv, de saint Grégoire de Nysse. Epist. ad Cledonium, et plus encore du V « concile où l’anathème fut porté contre « ceux qui introduisent dans le Christ deux personnes et deux substances », c’est-à-dire deux hypostases. Sum. theol. loc. cit., a. 3 ; cf. Cont. génies, t. III, c. xxx^^^. 11 convient de noter que la formule y.aO’j-ojraaiv de saint Cyrille, Anath., ii, est prise au xiii » siècle dans le sens précis de selon l’hypostase, hypostatice.

La théologie du moyen âge n’ignore pas, sur l’unité d’hypostase ou de sujet en Jésus-Christ, les preuves scripturaires, basées principalement sur la communication des idiomes ; « dans l’hypothèse de deux sujets, il faudrait donc, dit saint Thomas, appliquer séparément les prédicats divins et les prédicats hamaius que l’Écriture attribue cependant au même Christ ». Cont. génies, t. IV, c. xxxviii. Quelle que soit d’ailleurs la bonne intention de ceux qui préconisent cette doctrine, il faudra reconnaître qu’elle constitue précisément l’erreur condamnée dès le début par le pape Félix l". Cf. Denzinger-Bannwart, n. 52.

3° Doit-on affirmer que le Christ, en tant qu’homme, eslALicvJUSiiODi ouALiQViD.’—L’argument de ceux qui tiennent que le Christ, en tant qu’homme, ne peut être dit aliquid était ainsi présenté par Pierre Lombard : « Si, en tant qu’homme, le Christ est aliquid, il est, de ce chef, ou une personne, ou une substance, ou quelque autre chose. Ce dernier terme n’est pas pos-