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HYPOSTATIQUE (UNION


point, de passions mauvaises, subordination absolue de la partie inféri.-ure à la volonté, impossibilité pour le corps cependant passible d’être atteint par la souffrance au point de subir une corruption contraire à sa <lignité. De /îde or// !., t. III, c. xx, xxiii, xxviii, col. 10841088, 1089, 1097-1100 ; De duabus voluntatibus, n. 36. 37, col. 173, 176, 177. / ; Enfm, dualité d’opération et de volonté. Voir Monothélisme. Cf. Tixeront, op. ciL, p. 496-501.

II. THÉOLOGIE LATINE.

1° La théologie catholique. -1. Son caractère dogmatique. — La théologie latinedu "e siècle, avons-nous dit, col. 462, se contenta d’affirmer le dogme de l’union hypostatique. Saint Augustin n’ajoute rien aux aflirmations de ses devanciers : sa théologie christologique est encore un exposé, plus complet peut-être, mais strictement dogmatique du mystère. Voir Augustin (Saint), t. i, col. 2363-2365. A noter l’usage fait par le docteur d’Hippone de la comparaison de l’âme et du corps, col. 2366. Saint Augustin ramena à une conception orthodoxe de l’union hypostatique le moine Leporius, nestorien avant Neslorius, dont on possède la rétractation. Libellas emendationis, P. L., t. xxxi, col. 1221-1230 ; Cavallera, Thésaurus, n. 669-673. L’époque suivante, malgré les controverses qui agitent l’Orient, reste tout aussi calme. « Sur les formules qui sortirent de la délibération des conciles, remarque à bon droit M. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 348, l’Église latine avait, et depuis longtemps, son siège fait, son langage acquis. Sa doctrine, que saint Léon proclama dans sa fameuse lettre à Flavien, offrait évidemment, dans son ex-I )ression, plus d’affinité avec celle de l’école d’Antioche qu’avec celle de saint Cyrille ; mais, comme on évitait d’en trop raisonner, on se gardait des excès qui perdirent Nestorius et compromirent Théodoret, et l’on conservait en somme entre les deux tendances, et par le sentiment de la tradition, le juste milieu nécessaire. »

Celte attitude traditionnelle, sans addition théologique, se retrouve chez tous les Pères : Cassien, De incarnatione Christi, où l’auteur, contre Nestorius, démontre la légitimité du Ohotozoç, l’unité de personne en.Jésus-Christ, la consubstantialité du Christ au Père, par la divinité, à Marie, par l’humanité, nonobstant son unité de personne ; enfin, la communication des idiomes, t. II, c. ii, iv ; t. V, c. vii, viii ; I. VI, c. xxii, xxiii, P. L., t. l, col. 31-37, 41, 42, 112119, 184-196 ; S. Vincent de Lérins, Commonitorium, xii, XIII (à noter, dans ce dernier chapitre, l’exposé dR la comparaison de l’âme et du corps), P. L., t. L, col. 654, 655 ; S, Prosjjcr, In ps..i.iv. 1, P. L., t. xii, col. 411 ; S. Maxime de Turin, Serai., xliii, P. L., t. lvii, col. 621 ; Gennade de Marseille, De ecclesiasticis dogmatibus, eu, iii, P. L., t. lviii. col. 981-982 ; S. Fulgence, Epist., xvii, c. v, P. L., t. lxv, col. 457. Le mot substantia est quelquefois substitué h natura. Confliclus Arnobii cutholici et Serapionis, t. I, n. 18, P. L., t. lui, col. 272. L’emploi du terme substantia amènera .Julien de Tolède à reconnaître en Jésus-Christ trois substances. Mais cette façon de parler mérite d’être étudiée particulièrement. Voir plus loin.

Le traité De duabus naturis de saint Gélase, édité par A. Thiel, Epistolæ romannrum pontificum genuinæ, liraunsberg, 1808, t. i, mérite une mention particulière. La dualité des natures, l’unité de la personne sont fortement indiquées, contre Kutychôs et Nestorius, n. 3. Denzingcr-Daninvart, n. 168 ; Cavallera, Thésaurus, n. 693. La communication des idiomes est formulée, n. 4. Denzinger-Iiannwarl, n. 169. Puis le sens, sinon les termes mêmes de la lettre de saint Léon .sont rappelés. Au sujet des natures, on doit croire sine defeclu allcriua utramque pcrsisterc, in utraquc unum eumdrmque Dominum.Jrsiim Christum tntum t)eum

hominem et lotum hominem Denm, sine sui confusione, sine ulla divisione quam condilio possit quæcumque perslringerc, sine privalione vel defectione cujusquam e.v ils proprie vel in iis veracitcr manere, ex quibus vel in quibus unus et perfeclus et verus est Christus…, n. 8. Cavallera, n. 694. Gélase reprend, n. 9, ibid., n. 695, la comparaison classique de l’union de l’âme et du corps ; exphque, n. 10, n. 696, l’expression una natura incarnala. La comparaison empruntée à la « substance » ou n nature » du pain et du vin qui demeurent, dans l’eucharistie, nonobstant la présence réelle, est plus célèbre ; n. 14, n. 698. Sur la véritable signification (le ces termes, voir EucH.msTiE, t. v, col. 1180-1181 ; cf. Lcbreton, art. Eucharistie, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique de M. d’Alès, t. i, col. 1575-1570. Rapprocher de ces déclarations dogmatiques du pape Gélase, la lettre d’Anastase II à Laurent de Lignido (497), n. 2. Cavallera, Thésaurus, n. 700-701.

2. Précisions dans la terminologie.

Il suffit de rappeler ici brièvement le progrès réalisé dans la terminologie latine, pour exprimer l’union hypostatique, en fonction des définitions des conciles orientaux. Le terme persona devenu équivalent d’j-r.ôri-^’j :  ;  ; le mot substantia pris indifiéremment d’abord dans le sens d’-i-oatagt ; et d’ojjia, en attendant que Rufin trouvât un meilleur équivalent latin d’hypostase avec subsistenlia, équivalent consacré par les papes et traducteurs des conciles œcuméniques ; sens concret donné au mot subsistentia chez les Pères latins et dans les conciles. Voir Hypostase, col. 391.393. Boèce, avec son De persona et duabus naturis. Rustique, qui fut un acharné défenseur des Trois Chapitres, avec son dialogue Contra acephalos dispu/((/i’o, restent les deux auteurs cjui ont le plus contribué

'i ce progrès des formules doginatiques et théologiques.

Outre sa célèbre définition de la personne, cf. Hypostase, col. 392, Boèce, dans son De duabus naturis, a laissé une solide réfutation des hérésies opposées, nestorianisme et monophysisme, et, en faveur du dogme de l’union personnelle, apporté « trois arguments décisifs », dont nous allons résumer les idées fondamentales. P. L., t. lxiv, col. 1345-1317. « S’il y a deux personnes en Jésus-Christ, l’huma iiité et la divinité restent juxtaposées, ù peu près comme deux corps, comme deux blocs qui se touchent, sans se fusionner, et, partant, plus de Christ : le Christ alors n’est plus rien, puisciue rien ne résulte de deux personnes moralement unies : Nihil est Clvislus… omnino enim ex duabus pcrsoiiis niliil unquam fieri polesf. « Deuxième considération. L’incarnation a toujours été regardée comme la grande nouveauté des siècles, comme le gigantesque miracle qui ne s’est produit qu’une fois. Tout cela est vrai si Dieu, qui est tellement loin de l’homme, fait un avec lui, si des natures qui sont tellement distantes s’embrassent dans une seule personne. Mais dans la théorie de Nestorius, <iu’y a-t-il de si nouveau et d’extraordinairement mystérieux, l’union morale de l’homme avec Dieu s’étant produite et devant se renouveler tant de fois ? Où il y a deu.x personnes, les deux natures ne forment pas un tout substantiel : Dieu n’est donc pas devenu liomme. « Troisième preuve. Nier l’unité de personne, c’est proclamer que le genre humain n’a pas été racheté, que la génération du Christ ne nous apporte aucun salut, quc les Écritures de tant de prophètes ont nourri d’illusions le peuple croyant ; c’est mépriser l’autorité de l’Ancien Testament, qui nous promettait le salut par l’avènement de Jésus. Selon un principe fondamental dans la tradition, le Verbe n’a sauvé que ce qu’il a pris : donc, pas d’humanité sauvée si