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HYPOSTATIQUE (UNION


natures jusqu’à leur division : sur ce point, pour mieux marquer l’unité du Christ, le concile afïirme que la distinction doit être admise ûî’opia [Jovi, : c’est une concession de terminologie faite aux monophysites ; mais pure concession de terminologie, car il ai)paraît bien ici, d’après le contexte, que la distinction réelle, à laquelle s’oppose la distinction purement théorique dont il s’agit, serait celle qui aboutirait « à avoir des natures séparées et douées chacune de sa propre hypostase ». L’expression sv (j^’oofa est empruntée à saint Cyrille. Voir col. 475. A noter, à la fin de cet anathématisme, l’expression o’.oj-’iaTaTo ;, pour exprimer la subsistence propre à la personne ou hypostase.

Quelles que soient les concessions de terminologie faites au monophysisme, le concile ne pouvait laisser passer l’expression kI. oJo çjjî’ov, voir Euty-CHÈs, t. V, col. 1596, ou encore la formule : ata oja ;  : To3 Ao’yoj j ; aapL’i> ; j.Év7| sans l’expliquer : c’est l’objet du viii" anathématisme, qui vise directement la doctrine du monophysisme : « Si l’on ne prend pas ces expressions, conformément à la doctrine des saints Pères, dans ce sens que, de la nature divine et de i humaine, l’union selon l’hypostase une fois réalisée, il est résulté un Christ ; mais si, par ces expressions, l’on tente d’introduire une nature ou essence de la divinité ou de la ehair du Christ », on mérite l’anathème. « En affirmant que le Verbe unique s’est uni selon l’hypostase, nous ne disons pas qu’il s’est produit une confusion quelconque des natures entre elles, mais nous concevons plutôt que le Verbe s’est uni à la chair, l’une et l’autre des deux natures restant ce qu’elle est. C’est pourquoi un est le Christ, Dieu et homme, tout à la fois consubstantiel au Père selon la divinité, et consubstanliel à nous selon l’humanité. » Sur cette consubstantialité double, le concile ne fait que reprendre les expressions mêmes du concile de Chalcédoine. Voir t. ii, col. 2195. L’unité d’adoration suppose en Jésus-Christ l’unité de personne, mais non pas la confusion des natures. Tel est, en résumé, le sens de l’anathématisme IX.

Quant à l’anatliématisme x% il canonisait la formule tant discutée : un de la Trinité a souf/ert. En rapportant à Jésus cette affirmation, elle est pleinement orthodoxe et constitue simplement un cas particulier de la communication des idiomes. Approuvée déjà par Jean II, Denzinger-Bannwart, n. 201, cette formule, à laquelle tenaient tant les instigateurs du concile, reçoit ici une consécration définitive.

3. Le concile de Latran de 649. — On fait ici une place à part à ce concile romain, parce que son autorité, dans l’Église catholique, est presque aussi considérable que l’autorité d’un concile œcuménique. Sur VEcthèse et le Type qui provoquèrent les définitions et anathèm ?s pontificaux, voir Constantinople (’///< concile de), t. iii, col. 1263, 1264. Le symbole rédigé dans ce concile n’est que la répétition et la traduction de celui de Chalcédoine, auquel s’ajoute une profession de foi relative aux deux volontés et aux deux opérations naturelles dans le Christ. Mais, et ce point intéresse directement le dogme de l’union hypostatique, le concile fait dériver la foi en deux volontés et deux opérations, du dogme de l’union hypostatique lui-même : (credimus) et duas ejusdem, sicuti naturas unitas inconjuse, ita et duas naturales voluntates, etc. ; eumdem veraciter esse perfectum Deum et hominem perfectum, eumdem atquc unum Dominum noslrum et Deum Jesum Christum… Mansi, t. x, col. 1150 ; Hahn, op. cit., p. 238-242. Parmi les vingt canons qui furent promulgués à la suite de ce symbole, le 1° concerne spécialement le dogme trinitaire : les personnes y sont désignées sous le nom de subsistentiæ. Voir Hypostase, col. 391. Tous les autres canons ont pour objet de préciser le dogme de l’incarnation.

Le 2’= affirme que l’un de la sainte et consubstantielle Trinité, Dieu le Verbe s’est incarné, qu’il a été crucifié, qu’il a souffert spontanément pour nous, qu’il a été enseveli, qu’il est ressuscité, etc. A noter l’incise finale, dirigée contre les apollinaristes : cum assumpia <ib eo atque animata intellectualiter carne ejus. Le 3° canon consacre à la fois le dogme de la maternité divine et de la virginité ante et post partum de Marie. Le ! ’canon rappelle que, « selon la vérité, il y a, du même et unique notre Seigneur et Dieu, .Jésus-Christ, deux naissances, l’une éternelle, du Père, avant tous les siècles, l’autre, dans le temps, de Marie, toujours vierge et mère de Dieu ». La consubstantialité selon la divinité avec Dieu, avec nous selon l’humanité, est affirmée dans les mêmes termes qu’aux conciles de Chalcédoine et de Constantinople, et le canon ajoute la raison théologique de cette double consubstantialilé : ut loto homine eodemque et Deo tutus homo reformaretur, qui sub peecalo cecidil. Les canons suivants méritent d’être cités en entier :

J

Can. 5. Si quis secundum sanctos Patres non confitetur proprie et secundum veritatem unam naturam Dci Vcrbi incarnatam, per hoc quod incarnata dicitur nostra substantia perfecte in Cliristo Deo et indiminute absque tantummodo peccato significata, condemnatus sit.

Si quelqu’un ne confesse pas, selon la doctrine des saints Pères, proprement et en toute vérité, une nature incarnée de Dieu le Verbe, en ce sens que notre substance est dite incarnée dans le Christ-Dieu, dans sa totalité et sans diminution (sauf seulement le péché), qu’il soit condamné.

Une fois de plus, la formule pseudo-athanasienne, reprise par saint Cyrille, et introduite par le II « concile de Constantinople dans le langageofficiel de l’Église, reçoit sa signification déterminée. L’incise, absque tantummodo peccato, reproduit sans doute le texte du symbole. Le texte latin de ce symbole, dans la partie ajoutée à la formule chalcédonienne, porte simplement : eumdem esse (credimus) perfectum Deum et hominem perfectum eumdem atque unum Dominum nostrum Jesum Christum… Le texte grec ajoute, après hominem perfectum eumdem, ; j.ovi, ç oî/a -f, ; âaapTiaç. Mansi, t. x, col. 115.

Si quelqu’un ne confesse pas… que de deux natures et en deux natures unies substantiellement, sans confusion, sans division, est le même et unique Seigneur et Dieu Jésus-Christ, qu’il soit condamné.

Dans ce canon, apparaît le génie latin, qui ne s’embarrasse pas des subtilités orientales. Que l’on dise que Notre-Seigneur est de ou en ( : ? ou Jv) deux natures, peu importe : ce qui importe, c’est d’affirmer l’union substantielle de ces natures, leur inconfusion, leur indivision, et l’unité du sujet qui constitue la personne de Jésus-Christ.

Can. 6. Si quis… non confîtetur… ex duabus et in duabus naturis substantialiter unitis inconfuse et indivise unum eumdemque esse Dominum et Deum Jesum Cliristum, c. s.

Can. 7. Si quis… non confîtetur… substantialem differentiam naturarum inconfuse et indivise in eo salvatani, c. s.

Si quelqu’un ne confesse pas… que les natures conservent en lui (Jésus), sans confusion ni division, leur différence substantielle, qu’il soit condamné.

Les canons 8 et 9 expliquent cette doctrine sous les deux aspects qu’elle comporte, l’aspect de l’union substantielle, l’aspect des natures unies.

Can. 8. Si quis… non conSi quelqu’un ne confesse filetur… naturarum subpus… l’union substantielle stantialeni unitionem indides natures reconnue en vise et inconfuse in eo ce-.Jésus-Clirist, sans division, gnitam, c. s. sans confusion (des natures

entre elles), qu’il soit condamné.